October...

Me voilà sans famille, heureusement que j'ai mon équipe au NYPD et surtout Sam. Néanmoins, le début de l'avant dernière phrase de mon père me gêne, "Paul Traître" si c'est bien ce qu'il a voulu dire, nous sommes encore plus empêtrés que je ne le pensais. Je n'arrive pas à réfléchir plus là dessus aujourd'hui, je verrais plus tard et certainement pas au sein du NYPD où nous sommes sur écoute en permanence.

Je me blottis tel un foetus sans défense contre Sam, tremblant comme une feuille et incapable de fermer les yeux au risque de revoir cette scène meurtrière en boucle. Déjà qu'elle va me hanter pour le restant de mes jours, surtout que cette balle m'était destinée...D'ailleurs ce sont les premiers mots qui sortent de ma gorge avec un suffoquement, relevant mes yeux rougis vers ma protectrice :

La balle m'était destinée...C'est injuste...

L'enfant prodige est très loin...Il n'en reste que des lambeaux : Faible, sans défense, sans famille. Et pourtant, aujourd'hui plus que jamais l'avenir du NYPD et la sécurité des New yorkais est entre mes mains. La mort de mon père fera la une de la presse et des journaux télévisés, et une panique la plus totale risque de se produire. Je vais rapidement devoir faire mon deuil pour reprendre le flambeau voire aller beaucoup plus loin que mon père bien que cela soit plus facile à dire qu'à faire.

Une page de l'Histoire se tourne, une autre s'écrit.

Je tente de me calmer, ou plutôt de faire passer ma rage de vaincre au-dessus de ma douleur, du vide que la perte de mon père a causé en moi. Lorsqu'elle me dit que l'on détruira celui qui a fait ça, je serre les mâchoires puis me redresse lentement cherchant une caméra dans un coin de la pièce, à défaut de la trouver, je fixerais un tableau avant de murmurer pour moi-même tout en lui permettant de comprendre ma phrase :

Détruire...A commencer par la tête du NYPD...

Je plonge mon regard noir dans le sien, je doute qu'elle comprenne pourquoi je viens de dire cela, mais moi je me comprends et c'est le principal. Si j'ai bien compris le message que mon père a voulu me faire passer, le responsable de sa mort, ou plutôt de son assassinat n'est autre que Paul Staer, par l'intermédiaire du "chef" des Niners certes, mais il reste le seul et unique responsable. Je l'imagine bien se gausser de ce qui s'est passé à la Station Franklin en criant victoire.

J'ai la rage, j'ai envie de hurler. Puis, sans avoir à fermer les yeux, je revis en accéléré les derniers moments que j'ai passé avec mon père, le moment de sa mort il y a quelques minutes bien sûr mais aussi lorsque je l'ai interpelé avec véhémence après avoir appris que les gangs surveillaient l'appartement de Sam. La scène ralentit dans mon esprit au moment où il tourne la tête vers la caméra. Encore une fois je parle seul, le regard vague, citant les paroles de mon père en susurrant :

"Si ça peut te rassurer, nous aussi nous sommes observés et de plus près que tu ne le crois..."

Je prends une profonde inspiration, me lève et commence à marcher dans la pièce, suivi de près par Sam qui doit craindre un traumatisme crânien de ma part, mais il n'est rien de tout cela, bien au contraire, je suis ultra lucide. En marchant de long en large je poursuis mon monologue :

Paul Staer Traître. Abigail Traîtresse. Abigail One Niner. Paul Staer One...? Je m'arrête là et me retourne brusquement vers Sam et hurle à plein poumons :

MAIS QUEL ENCULEEEEEEE !!!

Mon coeur bat la chamade, au moins, le mien bat, celui de mon père ne bat plus, lui. Cette explosion soudaine précédée de tous ces évènements me fait bourdonner la tête. Un vertige me prend et je suis contraint de m'appuyer sur le canapé.

Je baisse la tête le temps de récupérer quelque peu mon calme, puis la relève vers elle, la tristesse mélangée à la haine se lisant dans mes yeux :

Une douche...Oui mais pas seul...Avec toi.

Je m'assieds sur le canapé et la laisse prendre ma température : Oui j'ai chaud, oui la fièvre va sûrement monter mais je sais que j'ai raison, j'ai toujours raison et mon père l'a dit lui-même, je n'ai fait que rassembler les pièces du puzzle et maintenant je vois extrêmement clair, trop clair sans doute. Je lui prends les mains et l'attire contre moi lui murmurant à l'oreille :

Désolé Sam, je ne voulais pas te faire peur. Tu as sans doute raison, la fatigue de la mission et le choc subi doivent prendre le dessus. Je vais aller prendre une douche froide, cela devrait aller mieux...

Je prends ses mains que je pose sur mon visage et m'approche lentement du sien pour l'embrasser tendrement.

Malgré le démenti que je viens de faire en plaçant ça sur le coup de la fatigue, je n'en pense pas moins et compte bien apporter les preuves qu'il lui faut pour qu'elle comprenne que j'ai raison, même si au fond de moi je sais que j'ai raison, que mon père ne m'aurait pas menti. Mais je n'évoque pas ses dernières paroles pour le moment, préférant les garder pour moi afin d'effectuer mes recherches seul et ne revenir vers elle uniquement lorsque j'aurais toutes les preuves accablantes contre Paul Staer, même si cela doit prendre plusieurs années.

Détachant mes lèvres fiévreuses des siennes, je lui fais un timide sourire :

Tu viens avec moi ma puce ?

Ma puce, c'est bien la première fois que je l'appelle ainsi, le coup de crosse a du dérégler ma zone sentimentale.

Lorsqu'elle me déshabille, je grince des dents mais ne dis rien et la laisse faire. C'est là que je me rends compte que ma journée à été rude. Sur le coup je ne sentais aucune douleur, l'adrénaline était à son maximum. Les multiples bleus et blessures témoignent des souffrances endurées par mon corps en plus de celles de mon coeur.

Une fois rentré dans la cabine de douche, je fais couler l'eau plutôt froide, augmentant à peine la température durant les premières minutes tant mon corps est brûlant et que j'ai besoin de le rafraîchir. Je conserve une température fraîche lorsque Sam me rejoint sous la douche, à vrai dire, ayant la tête en arrière afin de laisser couler l'eau sur mon visage, je ressens plus sa présence par le contact de sa tête contre mon dos et ses mains sur mes abdominaux.

Je suis pris entre un sentiment de bien être en la sachant aussi proche de moi et de souffrance morale, aussi je lâche un mixte de soupir et de reconnaissance. Je pose mes mains sur les siennes et les remontent le long de ses bras, ressentant ses frissons.

Après m'être passé les mains sur le visage et mis mes cheveux en arrière, je prends une de ses mains dans l'une des miennes et me tourne en douceur afin de lui faire face, plongeant mes yeux dans les siens :

T'ai-je dit que je t'aimais Sam ? Je l'ai écrit sur le petit avion rose que je t'ai envoyé mais je ne suis pas certain de te l'avoir dit une seule fois. Tu es la femme de ma vie Sam, et je t'aime, plus que tout. Sans toi j'ignore ce que je serais en train de faire ce soir...

J'embrasse ses mains avec douceur avant de les déposer sur mon torse. Je prends ensuite son visage entre mes mains et approche à nouveau mes lèvres des siennes, l'attirant contre moi au fil de mes baisers.

Les clapotis de l'eau sur nos corps et sur le sol me font songer à la fois à une soirée romantique et à un douloureux soir d'orage lorsque l'on vient de perdre un être qui nous est cher. Je suis réellement pris entre deux sentiments opposés : Bonheur et Souffrance.

Pris entre la rage et l'excitation, je halète déjà avant d'entrer dans le vif du sujet, répondant à ses mordillements de lèvres par des gémissements de désirs ardents. Maintenant sa nuque d'un geste viril, je plonge mon regard flamboyant dans le sien et l'embrasse à pleine bouche sauvagement, faisant jouer ma langue avec la sienne de manière presque bestiale.

Je lui mordille à mon tour la lèvre inférieure avant de descendre dans son cou que je couvre également de baisers appuyés brûlant d'excitation. Je plaque entièrement son corps contre le mur carrelé et froid de la douche en plaçant les paumes de mes mains contre ses épaules, tout en poursuivant ma descente le long de son corps, en couvrant sa poitrine de baisers, et la mordillant au passage.

J'observe ses réaction, les écoute, un sourire ravageur sur les lèvres. Je lis encore un peu d'inquiétude dans ses yeux bien que le désir semble avoir repris le dessus. Je profite de ce moment pour l'embrasser à nouveau chaudement, tout en me serrant contre son corps, ma cuisse droite venant se frotter contre la sienne.

Puis, plaçant mes lèvres dans le creux de son cou que je mordille, je grogne presque son prénom :

Sam...

Ma poitrine se soulève à plusieurs reprises à un rythme de plus en plus rapide, mon coeur s'accélérant par la même occasion. Lorsqu'elle s'ouvre à moi en se serrant contre mon corps sous les jets d'eau tiède, je me calme quelques temps, l'embrassant avec plus de romantisme.

Mes mains parcourent ses formes pour venir enserrer ses hanches tandis que mes lèvres descendent à nouveau dans son cou, ce qui a pour effet d'augmenter mon désir de fusion. Mon membre viril trouve rapidement toute sa vigueur et vient se plaquer contre son mont de venus alors que nous échangeons de longs baisers.

Sans plus attendre, j'écarte mon corps du sien pour mieux revenir ensuite, nous offrant la fusion parfaite de nos corps tant attendue en entrant en elle sans aucune résistance. La sensation de ce contact entre nos deux sexes m'arrache un grognement rauque et sincère :

AHHH SAM !!

Je sens à nouveau cette puissance, cette énergie en moi, qui ne demande qu'à être extériorisée. Je maintiens donc ses hanches plus fermement, en me mordant la lèvre inférieure et entame des mouvements vifs et puissants de va-et-viens me faisant soupirer et gémir de plaisir...

Je soupire d'un désir inextinguible au rythme de mes mouvements. J'ai l'impression que je pourrais la prendre pendant des heures...

Je fixe le plafond n'osant pas bouger d'un millimètre de peur de réveiller ma dulcinée qui semble si confortablement installée et dormir paisiblement. Pour ma part, je sais que je ne fermerai pas ou peu l'oeil de la nuit. Trop de questions restées sans réponses, beaucoup trop. Le poids de mes responsabilités pèse très lourd sur mes épaules et pourtant je vais devoir les assumer. Et mieux que cela, je vais devoir faire preuve de perfection pour reprendre le contrôle total du NYPD et d'accroître rapidement ma notoriété ainsi que mon charisme. New York ne doit pas croire que la ville a coulé avec la mort de mon père ! Non, je suis tout aussi impliqué qu'il l'était dans les affaires touchant les gangs, si ce n'est plus que lui...

Dans les jours à venir je serai surchargé de travail car même si je compte respecter la hiérarchie qui me lie à Paul pour n'éveiller aucun soupçon de la part de mon équipe, et surtout ne pas la mettre en danger, je compte bien effectuer mes recherches sur la véritable nature de mon supérieur en parallèle des futurs dossiers que nous aurons à traiter.

Au cours de la nuit, jusqu'à ce que je trouve le sommeil, si tant est que je le trouve, je vais faire en sorte de décortiquer toutes ces questions qui se mélangent dans mon esprit afin de les hiérarchiser et de les traiter méthodiquement. La méthodologie sera la clef de ma réussite, c'était vrai au cours de mes études, ça l'est encore aujourd'hui sur mes dossiers et ça le sera encore demain pour assurer la remise dans le droit chemin du NYPD.

Je vais donc travailler dans l'ombre, en profitant du peu d'heures de sommeils des nuits à venir tant j'ai l'esprit occupé et le coeur en miettes, quand bien même Sam réussit à soulager mes blessures en étant si proche de moi, si adorable.

Commençons donc par le début :

Citation :

Quelles sont les failles du NYPD ? Comment les corriger ?

Elles sont nombreuses. La premières d'entre-elles c'est que le NYPD est entre les mains des One Niners par l'intermédiaire de Paul Staer ce qui signifie que ces derniers sont en permanence au courant de notre avancée, de nos réflexions et surtout de nos descentes sur le terrain, de sorte qu'ils peuvent décider de nous mettre des bâtons dans les roues à chaque instant. Comment parer à cela ? Je vais instaurer des réunions extraordinaires soit à l'appartement de mon défunt père, soit chez Sam, soit chez un autre membre de l'équipe, voire ailleurs. Quoiqu'il en soit, je ferai le maximum pour que les informations essentielles échappent aux gangs même s'ils auront sans doute accès aux vidéos, mais ils ne pourront pas nous mettre sur écoute tout en faisant leur petites affaires de leur côté, en tous les cas, pas en permanence. Je suis persuadé que si les Niners étaient au courant de nos actions, c'est parce que Paul l'était aussi. Or s'il ne l'est pas lui-même, cela me donnera une marge de liberté et de manoeuvre.

La seconde faille évidente, c'est le manque d'informations que nous disposons concernant les gangs. J'ai été trop rapidement mené à prendre la tête de mon équipe sans plus aucun appui. En effet, mon père semblait connaître énormément de choses concernant les gangs, aussi je vais devoir également cibler mes recherches sur l'histoire des gangs dans son ordinateur portable voire jusque dans ses archives qui doivent se compter par centaines de milliers de pages.

En d'autres termes, j'en ai pour un moment. Je vais donc devoir me documenter sur le passé des gangs jusqu'aux dernières informations les plus récentes que je pourrais trouver, tout en étant hyperactif dans les affaires courantes, grosses comme petites. En somme, je vais me déshumaniser et être encore plus travailleur que lors de mes études alors que je passais déjà mon temps dans mes bouquins et aux conférences.

Autant dire que mes hommes n'ont encore rien vu, jusqu'ici je leur ai à peine montré le cinquième de ce que je suis capable de faire pour arriver à mes fins. Rien que le fait de songer à formuler des éléments de réponses à mes questions de manière si structurée, c'est une facette qui démontre mon travail méticuleux et efficace.

Je soupire légèrement, évitant de bousculer Sam dans son sommeil. La regardant dormir, je lui passe une main dans les cheveux. Je poursuis ensuite la construction de mon plan, du squelette de mes actions et réflexions futures.

Citation :

Comment destituer Paul de son poste ?

Là encore, je vais avoir un énorme travail de recherche à faire, en toute logique, les preuves doivent être sur le portable de mon père, si j'ai bien compris. J'ose espérer qu'il s'est gardé de dévoiler ses doutes concernant la fiabilité de Paul, d'une part car si tel n'est pas le cas, il est fort possible que ce soit lui qui ait envoyé le Niner sur le terrain au dernier moment pour le tuer, et d'autres part, il pourrait avoir fait en sorte de détourner ses données informatisées. Encore une fois, si son intelligence est à la hauteur de ce que je le pense, il devrait avoir fait plusieurs sauvegardes à divers endroits, voire sous format papier. J'espère également qu'il a envisagé un tel scénario et qu'un jour j'aurais été amené à prendre sa place et donc qu'il m'ait "facilité" la tâche en me guidant, de manière aussi subtile soit-elle.

Concernant cette question, je ne peux pas vraiment plus détailler pour le moment puisque je n'ai pas encore eu l'occasion d'accéder à ses dossiers. D'ailleurs, j'espère trouver des informations sur la fille qu'il connaissait et qui se dit otage des Black Wolves, mais chaque chose en son temps.

Citation :

Que vais-je faire de l'appartement de mon père ?

Pour l'heure, rien. Si Sam veut bien m'héberger quelques temps chez elle pour le moment, l'appartement servirait de stockage, je ne peux pas me permettre d'amener tous les cartons d'archives ici. Je le ferai par petite dose en les étudiant notamment en son absence, et/ou lors de mes futures nuits d'insomnies. D'une part parce que cela prendrait une place phénoménale et d'autre part car cela attirerait son attention quant à mes intentions et surtout sur le fait que je n'en démords pas pour le cas Paul Staer. Lorsque j'irai un peu mieux, j'essaierai de m'y réinstaller, à moins que Sam insiste pour que nous vivions désormais ensembles. Cette décision lui revient à elle seule.

Quant à Abigail...Je l'ignore, pour le moment je préfère la mettre de côté à moins que son cas se représente à moi, par l'intermédiaire de sa mère par exemple, pour une raison ou pour une autre.

Je souris en posant mon regard sur le visage angélique de Sam, elle est à l'origine de toute cette motivation, elle me soutient et je sais qu'elle me soutiendra jusqu'au bout, quitte à me rappeler à l'ordre lorsque je divague. J'ai besoin de cela, j'ai besoin d'elle. D'un autre côté, j'ai retenu la mise en garde de mon père et si ma douce décidait de tout arrêter pour sa sécurité, je me plierais à sa volonté.

Mes paupières se font lourdes, je ferme les yeux mais le sommeil refuse de venir. Une ultime question primordiale se pose à moi : Dois-je aller au NYPD demain affronter le spectre de mon père à travers le debriefing de la veille ? La réponse est oui. Je ne peux pas abandonner mon équipe dans une situation aussi critique. Je serai fort, je ferais peut-être plus de pause que d'habitude. Mais je serai présent. Si je n'affronte pas son spectre demain, ce sera un autre jour. Quitte à souffrir, autant le faire tant que les blessures sont ouvertes et ne pas attendre qu'elles s'apaisent avec le temps pour les rouvrir ensuite.

Ultime soupir, je caresse sa joue libre du revers de la main en douceur puis commence à compter les moutons...