Episode I : Dette [Dimitri]

Les portes de l'orphelinat se ferment dans ton dos alors que tu entends encore quelques petits rires et applaudissements de la part des enfants à qui tu as offert un précieux objet qui n'existe normalement pas dans les périphéries. Tu te mets à marcher sur un sentier délabré où traîne des rats, seuls animaux restants pour pouvoir te déchiqueter dans la nuit. Une vraie plaie ces bêtes. Ils couinent et marchent sur tes pas, dans l'espoir que tu fasses un malaise mais disparaissent bien vite en comprenant que ce n'est pas dans tes objectifs.

Ces rats ont évolués comme vous, tu as remarqué que leurs yeux ne sont pas les mêmes. A force de dévorer des corps où la nanotechnologie est incrustée depuis la naissance de l'hôte, celle-ci s'est déplacée en eux, faisant de ces animaux, des bêtes très dangereuses.

Tu tournes à l'angle suivant du sentier pour arriver dans une sorte de bidonville où des punks fument ce qu'ils ont trouvé. Ils se réchauffent et parlent comme toujours soit du Centre, soit du système pourri dans lequel ils vivent. Il fait frisquet. Bien sûr, depuis que le Soleil du 21ème siècle s'est éteint après une expérience scientifique, la Terre, du moins ce qu'il en reste n'est réchauffé que par des diffuseurs de chaleurs placés tout autour du territoire de New York. Tu n'as jamais vu le jour, la lumière non plus. Il fait toujours nuit. Encore une question sans réponse.

Des cris se font entendre près d'un taudis fait de planche et de métal et tu ne peux t'empêcher d'approcher. Manque d'Axion ? Non pas du tout, et cela tu le comprends lorsqu'on t'attrape par la gorge et qu'on t'emmène entre plusieurs taudis pour te plaquer contre l'un des murs instables.

Salut Dimi ! Alors tu croyais vraiment que je te retrouverai pas, c'est ça ? Non mais pour qui tu te prends ?! Tu vas me rendre les doses d'Axion que tu as volé ! T'as vu tout ce que tu as pris ? Rends les maintenant ! Grouille !! Ou sinon, je te jure que je t'emmène à la planque et notre charmant chirurgien va se faire un plaisir de récupérer tes augmentations des jambes !

C'est un homme assez grand qui te tient, il a des bras augmentés et un oeil cybernétique aussi en plus d'une crête de punk sur son crâne sale et rasé. Il porte un sweat gris sombre et un jean plutôt en mauvais état et surtout, il a une arme pointée sur ta tempe. C'est certain qu'il n'est pas seul, tu as affaire à un dealer et ces derniers ont toujours quelques chiens de garde pour assurer leurs arrières.

Je suis plongé dans mes pensées, les sourcils froncés, lorsque je sors de l'orphelinat. J'ai pris plus de doses que ma paye. Je le sais. Mais pour une fois, ils avaient relâché leur vigilance... Et bordel, si vous les voyiez, ces gosses, quand ils sont au bord de la crise de manque, et qu'on doit sacrifier la dose d'un autre pour éviter d'en voir un se faire bouffer par ses nano-robots ! Ca leur passe au-dessus de la tête, à tous, les gangs, les ricos, les poulets... Rien à foutre que de plus en plus de gamins sans parents soient élevés avec si peu de moyens. C'est sûrement parce que j'ai grandi là aussi, dans la même galère, mais moi, ça me révolte. Je me suis senti obligé de les aider, je n'ai pas pu m'empêcher de faire main basse sur un paquet qui ne m'était visiblement pas destiné... Evidemment, je ne m'imaginais pas que je m'en tirerais comme ça... Je ne sais pas trop ce que j'imaginais. Rien de précis, sûrement.

En tout cas pas de me retrouver serré contre le mur, coincé par un mec dont les bras augmentés m'écrasent la gorge, un flingue pointé sur la tempe. Pourtant, c'était à prévoir. Putain, je vais y passer... Hein ? Il me fait un mal de chien ce con, je sais pas comment je vais m'en sortir... Respire Dimitri. Ne pas perdre son calme. Montrer ma peur ne servirait qu'à me faire broyer un peu plus... même s'il doit bien sentir la vitesse de mes battements de coeur.

Du calme, mec, j'articule tant bien que mal. Je vais tout te dire... OK ? Mais lâche ce flingue, et laisse-moi respirer... De toute façon, si tu veux des infos ou même me charcuter les jambes, faut que je sois en vie, alors...

Je sais bien que pour l'instant, ça ne me sauvera pas, mais au moins, je peux gagner du temps, de l'oxygène, et m'éviter pour quelques instant de plus un trou dans le crâne... Et mine de rien, c'est déjà beaucoup.

Ton agresseur te considère d'un sale oeil, si l'on puis dire, sa pupille cybernétique rouge qui tremble un peu comme une folle furieuse fout sérieusement les jetons. Il finit par te lâcher mais te menace toujours de son arme en tapant sur le haut de ton torse, à l'endroit où se situe ton cœur.

Il appuie le canon de l'arme dessus. Et reprend :

Ouais ben, explique toi vite sinon ça va vite mal aller. Tu me rends l'Axion et on efface le tableau. Il est où ? Tu t'es pas tout enfilé j'espère ! Y'en avait au moins pour trois semaines de tranquillité !

Déjà ça de pris pour les enfants de l'orphelinat, c'était pas de l'Axion trafiqué... Mais du pur. Bien joué Dimitri.

Calme. Inspire par le nez, Dimi. Réfléchis, et vite. Quel bobard lui sortir ? Parce que je ne peux décemment pas lui dire que je l'ai refilé à l'Orphelinat, ils s'en prendraient plein la gueule, et s'il y a une chose dont ils n'ont pas besoin en ce moment, c'est bien ça. Bon, mais quoi alors ?

Je ne l'ai plus. C'est évident, je ne l'ai plus, je ne vais pas lui dire le contraire, vu que je suis incapable de lui rendre. Et je ne le reprendrai pas à la mère supérieure, maintenant...

Je ne l'ai pas consommé non plus. Il me descendrait sur le champ, et si ce n'est pas le cas, il s'apercevra bien au bout d'un moment que je n'ai pas une telle dose d'Axion dans les veines, même si j'en ai pris récemment.

Alors je l'ai perdu. Ou plutôt, on me l'a volé : perdre de l'Axion, personne ne se le permettrait dans le coin. Bon. Mais si je suis incapable de retrouver le voleur, je me fais descendre tout pareil. Faut trouver un autre moyen de "rembourser" ça... Ou bien...

Je me suis fait dépouiller.

Pas le temps de réfléchir plus. Dans la panique, les mots franchissent tous seuls mes lèvres. Je reste un instant en suspens, je peux voir clairement ses pupilles se dilater à mesure que l'information se répand dans son cerveau. Continue, continue, sinon tu vas te prendre une balle.

Mec, j'suis désolé, je l'ai pris parce que j'avais pas le choix et... Je m'en suis mis juste un peu à la sortie, sinon j'allais clamser dans deux jours, et là un type m'a sauté dessus, assomé, je l'ai pas entendu venir. J'ai plus rien... Je me serais arrangé pour t'en rendre, ou une compensation, je sais pas trop, j'y avais pas réfléchi, mais... Il m'a tout chouré, cet enfant de salaud. Même le matos que j'avais sur moi. La merde, je sais, c'était pas coupé si je comprends bien... Mais je vais me racheter, ok ? T'inquiète, je peux bosser, faire des petits boulots, des constructions, tout ça... Pour réparer...

Merde, merde, merde, merde de chiottes... Je sais que c'est très mauvais, ce deal que je suis en train de passer... Mais bon, ça ou crever... Bordel...

La pression de la main robotique augmente de plus en plus alors que tu parles et ton agresseur commence à te secouer comme une poupée de chiffon -jouet d'une rareté nulle donnée aux petites filles sages de l'orphelinat- avant de te cogner plusieurs fois le dos contre les plaques de tôles contre lesquelles il te tenait. Ses pupilles révèlent à quel point il est en colère :

VOLER ?! TU TE FOUS DE MOI ?!!! ESPÈCE D'ABRUTI ! Tu croyais quoi ?! Qu'on allait pas te sauter dessus alors que tu te trimballais avec une boîte de doses d'Axion sous le bras ?! Tout le monde en cherche ici !! Je vais te tuer !!

Le canon du Desert Eagle qu'il tient contre ta glotte est glacé. Tu remarques alors que ce type porte un tatouage au niveau du cou : signe distinctif de tous les gangsters des périphéries.

Une tête de mort tribale. C'est un Destroyer. Le gang dont il fait parti n'est pas le plus dangereux et le plus craint par ici, disons qu'ils savent faire quelques affaires. Mais depuis peu, ils ont décidé d'imiter leurs confrères les Chronos et de récupérer des augmentions des clients un peu trop gourmands et qui ne payent pas en temps et en heure. Le seul problème quand ils font ça, c'est que le patient meurt, évidemment et dans d'affreuses souffrances puisqu'il ne l'endorme pas. Tes jambes augmentées se vendent à un prix d'or par ici, et c'est bien par tes magouilles que tu as pu te les offrir.

Attends, un peu. Tu te souviens vraiment de rien ? Le mec qui t'a agressé, il avait pas un tatouage ? Un alligator ? Ou un autre ? Essaye de te souvenir putain ! Y'a pas que ta vie en jeu, connard, y'a la mienne aussi, ils vont croire que c'est moi qui ai volé l'Axion si je ramène pas la thune ! Alors t'as intérêt à te souvenir ! C'est un Chronos ? Il était black non ?! Réponds !! Tu vas me montrer où tu t'es fait attaquer et tu vas m'aider à récupérer les doses !

Il te repose par terre mais garde son arme sur ta gorge. Tu n'as pas le choix visiblement... Chance ou malheur ? Entrer dans une planque des Chronos relève du suicide, encore plus lorsqu'on veut leur voler de l'Axion... Mais mourir maintenant ou plus tard, est-ce réellement important ?

Je lève les mains en signe d'apaisement. Au moins il a gobé le bobard et n'a pas décidé de tirer tout de suite... Il n'a de toute façon pas intérêt : sans moi, pas d'Axion, sans Axion, il se fait descendre. Le risque était qu'on ne retrouve évidemment rien, et qu'on se fasse trucider tous les deux... Je suis loin d'avoir un plan, mais tant pis, l'important pour l'instant est de rester en vie jusqu'à trouver quelque chose pour sortir de cette merde, alors allons-y pour l'impro...!

Ok, ok, je vais te montrer où c'était. Peut-être qu'il y aura des indices là-bas, t'as raison. Mais je te jure que je n'ai pas vu le type : il faisait sombre, il est arrivé derrière moi, par surprise, et il avait une capuche et un foulard devant le visage... Je peux juste te dire qu'il était grand, baraqué, et armé... Une seconde plus tard j'étais assommé. J'te jure que c'est la vérité.

Je crache par terre pour montrer ma franchise, ça doit bien être le genre de geste qui lui parle, à lui.
Je ne sais pas trop ce qu'il faut espérer : qu'il n'y ait rien dans le coin à deux rues de l'endroit où il m'avait filé rendez-vous cette fois-là, pour ne pas avoir à entrer dans la planque d'autres gangsters encore plus dangereux ; ou bien au contraire avoir une piste pour ne pas être bredouilles et risquer de se faire refroidir dès que les patrons du gros punk l'auront découvert.

Quand tu craches par terre, à quelques centimètres des boots du dealer, celui-ci lève un regard meurtrier vers toi, et te rechoppe à nouveau pour te secouer :

PUTAIN ! JE RÊVE OU TU VIENS DE ME CRACHER DESSUS PETIT CONNARD ??!!

Raté pour le langage de la salive...

Oh putain de merde ! Mais il est con celui-là aussi !

Non ! Non, pardon, c'est pas ça ! Là d'où je viens, on dit "juré, craché", c'est pour ça... Une façon de dire qu'on ment pas. C'était pas pour te cracher dessus, mec, hé ! J'te le jure !

Et allez, enfonçons-nous un peu plus dans la merde noire, tout ça pour un geste débile comme ça...!

Il se calme et te repose au sol, avant de passer derrière toi et de te tenir par le col de ton vêtement.

Ouais bah y'a intérêt que tu te foutes pas de ma gueule, montre moi où tu t'es fait attaquer que je vois si y'a pas des indices ! Sale trou du cul, allez avance !

Il te pousse brutalement pour que tu le guides.

Je respire un peu mieux lorsqu'il me relâche. Evidemment, je vais pas non plus me mettre à chanter, mais bon... Il essaye plus de faire de la compote avec ma pomme d'Adam, c'est déjà ça.
Je me mets donc en marche, le gros punk dans le dos. Je l'emmène près de notre point de rendez-vous habituel : comme partout ici, il y a des petits recoins sombres, dont un que j'ai souvent utilisé pour prendre un peu de l'Axion que je venais de gagner, quand je ne pouvais plus tenir. C'est un endroit parfaitement plausible pour mon histoire, d'autant plus que je le connais. Plus facile à mettre en scène que si c'était une planque trouvée au hasard, ou dont je connaissais l'existence mais que je n'avais jamais utilisée.

Après un trajet qui me semble durer une éternité, nous arrivons enfin à l'endroit en question. Je fais un petit geste, et lâche :

- C'est là.

Et puis je me tais, triturant mon trombone dans ma poche et me mordant les lèvres, je le laisse inspecter les lieux à sa guise.

Ton agresseur inspecte le terrain, mais comme tu l'avais prévu, il n'y a aucun indice, à part des empreintes de pas dont les tiennes que tu reconnais grâce au dessin imprimé sous tes propres baskets. Il grommelle un peu avant de revenir vers toi :

Ouais, bon y'a quedal quoi !

Il marche soudain sur quelque chose qui se brise et baisse le regard, c'est une seringue d'Axion vide. Le verre a éclaté sous son poids. Il se penche et la regarde avant de se relever.

Ok, cet enfoiré a dû se prendre une dose après t'avoir assommé.

En réalité, cette dose date depuis un moment, tu l'as déjà vu au sol quand tu t'es injecté toi même quelques doses... Mais bon, autant de rien dire. Il te choppe de nouveau par le col de ton sweat et te traîne vers la rue principale de la périphérie est que tu connais bien.

Trois hommes vous rejoignent à qui il explique la situation et qui demandent pourquoi on ne te tue pas :

Parce que c'est lui qui va rentrer dans la planque des Chronos pour récupérer ce qu'il nous a volé. Pas question que je rentre dans ce nid à serpents.

Des hochements de tête d'assentiment se font suivre et après une bonne heure de marche, vous arrivez dans la zone nord-est des périphéries, deux grands immeubles délabrés pour la plupart vous entourent, et vous empruntez une petite rue qui mène directement à un barrage fait de poubelles, blocs de béton, et des voitures brûlées. Des hommes patrouillent, une capuche sur la tête et des armes à la main.

Le punk se planque derrière un mur avec ses compatriotes et te désigne la porte qui se trouve une dizaine de mètres après le barrage.

C'est l'entrée principale de leur QG. Tu rentres et tu trouves leur planque d'Axion, ramène tout ce que tu peux, et pas de la couper hein ! Je crois que tu sais combien de doses t'a volé au gang ptit connard. On t'attend là, et oublies pas que si t'essayes de nous enculer encore une fois, on te retrouvera pour te faire la peau. A toi et à tous ceux que tu aimes !

Te voilà seul de nouveau. Autour de toi, des immeubles, devant toi le barrage et la porte. Il y a des échelles de secours installées sur les immeubles, et ces derniers semblent possibles à escalader pour toi.

Plus le choix... Je déglutis en détaillant l'immeuble du regard. Si je n'y vais pas, pas d'Axion à présenter aux chefs du gang, donc une balle dans le crâne assurée. Je pourrais fuir, maintenant que je suis libre de mes mouvements... Mais pour aller où ? Dans le peu d'endroits sûrs que je connais, ils auront certainement leurs entrées, et me retrouveront rapidement. Donc... quand faut y aller, faut y aller.

Tout d'abord, il faut trouver une faille dans la ronde des types encapuchonnés qui surveillent l'entrée, pour ne pas être immédiatement repéré. S'il n'y a pas moyen... Une diversion. Mais quoi ?

Je peux passer le barrage sans difficulté, si on ne me regarde pas, mais je peux atteindre tout aussi facilement les échelles de secours, ce qui serait certainement plus discret et me permettrait une entrée au milieu du bâtiment, donc plus de chance d'arriver à des endroits intéressants rapidement que si je devais prendre l'escalier depuis le rez-de-chaussée.

Le plan est donc simple. Dès qu'il y a une opportunité, se faufiler dans l'ombre pour arriver sous une échelle placée dans un coin, moins facilement visible, et qui est elle aussi dans un coin sombre. Sauter, monter, et une fois dissimulé près de l'entrée, regarder à travers le mur quelques secondes pour voir si la voie est libre. Si oui, entrer... Et là, improviser.

Allez, Dimi. Tu peux le faire, t'en as vu d'autres des plans foireux. Bon, tu risquais pas ta vie en général, mais y a qu'à dire que ça fonctionne pareil. 3... 2...

Monter sur un immeuble adjacent au QG des Chronos est chose aisée pour toi. Tu grimpes rapidement et sans faire de bruit sur l'échelle de secours. Tu montes un peu plus haut, trois étages environ puis tu t'approches en prenant garde de ne pas alerter les gardes qui patrouillent toujours avec leurs armes automatiques.

Tu te concentres pour regarder à travers les murs qui ne sont pas très épais, tes yeux cybernétiques te révèlent que l'entrée du QG est en réalité un couloir laissant plusieurs options :

- Monter les escaliers pour accéder à l'étage.
- Descendre au sous-sol.
- Continuer tout droit pour accéder à une dizaine de pièces.

Tu n'es pas sûr pour ce qui est de la suite du couloir, car tes yeux fatiguent dès que tu passes la troisièmes pièce. De là où tu es, tu peux accéder à l'une des fenêtres du troisième étages du bâtiment. Tu peux aussi redescendre, plus tu t'approches et plus tu distingues qu'il n'y a que peu de monde à l'intérieur de la première couche de murs. Il y a deux gangsters qui sont dans la première pièce, après le couloir de l'entrée-qui est gardée à l'extérieur par un gangster qui change de position toutes les cinq minutes mais qui reste à six mètres tout au plus de la porte-.

A la fenêtre qui est entrouverte du troisième, tu distingues un gangster en train de faire l'amour violemment avec une prostituée sans doute. Il est occupé et ne te voit pas. Ceux du bas ne regardent pas dans ta direction. La voie semble libre, non ?

Ed, t'as rangé l'Axion ?

Ouaip.

Ok, va falloir qu'on le coupe pour vendre la marchandise demain.

Ouais, on fera ça dans quelques heures, on attend la patrouille et on s'y met.

Bon... Un bon point, déjà, j'arrive à me maîtriser, et jusque-là, tout se passe bien. Un très bon point maintenant : d'après la conversation qu'il me semble entendre, il y a de l'Axion dans le coin, et pas encore coupé. Une aubaine : si je ressors vivant d'ici au moins ça n'aura pas été pour rien. Déjà une chance de moins de me faire tuer... Même si ça ne me sauve pas encore franchement la vie.

De là où je suis, je ne vois que peu de gars. Ca aussi, c'est tant mieux. Mieux que s'ils étaient tous réunis à leur planque pour je ne sais quoi... Là, ce serait dur d'être discret. Il y a le type qui est dehors, en bas, et patrouille, les deux au rez-de-chaussée qui papotent d'Axion - Ed et son copain -, et puis l'autre avec sa pute... J'espère que je n'aurai pas de mauvaises surprises. En attendant, j'arrête mon système de vision spécialisé pour ne pas épuiser mes yeux. J'en aurai peut-être encore besoin et ils fatiguent encore vite...

Redescendre ne me paraît pas être la meilleure solution. Le patrouilleur finira par me voir, et je n'ai rien pour me défendre contre lui, sans compter qu'il appellerait sans doute du renfort. Ed et Machin ne me voient pas pour l'instant, autant en profiter et ne pas tenter le Diable...

Il reste donc la solution de la fenêtre qui me fait face. Espérons juste que la dame est assez... intéressante pour que son "ami" ne fasse pas attention à moi...

Tu t'approches donc lentement mais précautionneusement de la fenêtre que tu soulèves légèrement pour passer. Elle grince un peu, mais les grincements du lit du gangster couvre ton geste. Tu te faufiles le plus discrètement possible à l'intérieur de la chambre et longe le mur pour ne pas te faire voir.

HAA !! AAAAH !!! OH OUI !!! HAAAA !!!

HN HN !!

Le gangster semble sur le point de se lâcher pour de bon, tu accélères le pas et alors que tu ouvres la porte de sa chambre pour sortir, tu remarques qu'il y a quelque chose qui brille sur sa table de chevet. Un objet que tu n'as jamais vu auparavant dans les périphéries, même dans les petits bazars qui vendent de quoi survivre. Nul doute que tu pourrais le revendre assez cher...

A toi de décider, récupérer l'objet ou bien sortir de cette pièce et chercher l'Axion. L'homme grogne en se retirant et en éjaculant sur la femme.

Ah, vieille salope, c'était bon ça... Tourne-toi que jte prenne par derrière...

L'autre glousse et se tourne, c'est reparti pour quelques coups de boutoir supplémentaires... Il ne t'a pas vu encore, et a le dos tourné à toi. Tu as en face de toi, une belle paire de fesses noires. Et un dos couvert de tatouage et de cicatrices. Seuls ses bras sont augmentés et luisants...

J'étais sur le point d'arriver à la porte quand un éclair doré a accroché mon regard. Non rien à voir avec de la lubricité je vous assure... C'est assez laid à voir, ce remake grossier de mauvais porno, pas le genre qui m'exciterait. Et puis, quand on risque sa vie, c'est moins marrant, tout de suite. Non, ce que j'ai vu d'intéressant, c'est ce petit objet, sur la table, à deux pas... Je n'en avais jamais vu de semblable. Il scintille, doré, fin, parfaitement lisse ; il doit valoir cher. Je ne sais pas à quoi il peut bien servir, mais, s'il est là, sur la table de chevet d'un gangster, ce n'est sûrement pas pour la déco. Soit il vaut très cher, soit il est très utile, et dans ce cas il vaut cher de toute façon. Si je pouvais l'atteindre sans risquer de me faire voir... Quelques secondes suffiraient... Est-ce que ça en vaut le risque ?

Je décide que oui. Peut-être que, si je ne parviens pas à trouver l'Axion, il me permettrait de rembourser ma dette quand même... Un petit bijou comme ça, si on trouve son utilité, je n'imagine même pas le prix. J'avance donc doucement vers la table où il est posé, alors que les deux autres continuent à grogner comme des bêtes, dos à moi. Je ramène la manche de mon sweat par-dessus ma main par précaution, et prends l'objet, pour le fourrer dans ma poche et retourner à la porte, aussi rapidement et silencieusement que possible.

Et tout du long, je garde les dents serrées en priant pour que tout aille bien, et qu'ils ne me voient pas... J'ouvre la porte, doucement, jetant un coup d'oeil dans le couloir pour être sûr que la voie est libre. S'il y a une chambre à cet étage, il y en a sûrement d'autres, et les deux du bas, Ed et son pote, n'ont peut-être pas fait tout l'aller-retour du haut de l'immeuble à la pièce du rez-de-chaussée pour ranger l'Axion... Néanmoins, ça doit être une pièce assez sécurisée pour ne pas risquer de se faire voler la marchandise entreposée. Sans fenêtre, sûrement, donc, pas du côté de l'extérieur, d'où je viens, mais à l'opposé. Je descends donc le couloir, guettant le moindre bruit, et guettant les portes entr'ouvertes, histoire de jeter un coup d'oeil sans fatiguer mon augmentation visuelle... Comment deviner où l'Axion a été rangé dans tout ça ? Je continue de fouiner discrètement, et tenterai une descente vers l'étage inférieur si je ne trouve rien avant...

Par chance, ta discrétion n'a éveillé aucun soupçon. Te voilà avec un objet très étrange dans ta poche ventrale de sweat. Le couloir est vide, tes yeux te permettent de voir qu'à travers les murs se trouvent bien d'autres chambres où des gangsters se reposent ou bien vides. Il y a des armes le plus souvent, des pistolets pour la plupart.

Tu tombes finalement sur un escalier qui te fait descendre plusieurs étages. Tu avances très lentement mais sûrement pour ne pas te faire repérer. Les Chronos ne semblent pas t'avoir remarqué... A ta plus grande surprise tu te retrouves dans une espèce de sous sol. Tu as descendu en tout trois étages. Les deux d'avant étaient bien gardés ce qui t'a empêché d'aller fouiner.

Tu avances donc de nouveau en longeant les murs, jusqu'à ce que tes yeux te révèlent que la pièce que tu longes est occupé. Par un jeune homme brun et une femme. Tu les entends discuter depuis ta position. Ils semblent échanger sur leur capacités respectives. Ils sont allongés sur des tables et ce qui les entourent semblent être des outils de boucher pour récupérer des augmentations.

Tu t'arrêtes. Il te semble avoir entendu un bruit.

CONNARD ! Lâche moi immédiatement !!

Ta gueule ! Grogne un Chronos en donnant un coup de genou dans le dos du garçon qu'il tient. Celui-ci lâche un grognement de douleur et tombe au sol.

Fils de pute... Tu verras quand mon père va apprendre ça !

C'est ça !

Episode I : Dette [Dimitri] 600full-charlie-hunnam

Son visage ne te dit rien. Mais tu le vois se faire traîner jusqu'à une cellule. Son agresseur verrouille la porte et va se poser un peu plus loin sur un canapé miteux pour regarder la télévision.

Quand tu t'approches un peu, tu remarques qu'il y a un coffre fort à droite du canapé. Tes yeux te brûlent quand tu regardes mais ça vaut le coup : soigneusement rangées, des seringues d'Axion s'y trouvent... Environ 100 seringues.

Que souhaite-tu faire ?

Je reste planqué dans l'ombre à observer la pièce. Quelques cellules qui ne doivent pas être le comble du luxe, celle avec la table de torture et les deux personnes attachées dessus, et, au milieu de tout ça, en shérif de pacotille, le gangster avachi dans son canapé défoncé, devant son écran. À droite, le coffre-fort. Impossible de l'atteindre sans se faire voir, a priori... Il va donc falloir mettre le type hors-service, le temps de prendre ça et de se barrer.

Mon coeur cogne à tout rompre dans ma poitrine, et je respire profondément pour me calmer, reprenant mon trombone tout déformé pendant que je réfléchis.

Je ne suis pas armé, mais lui doit l'être. Il est fort, pour avoir dominé et enfermé le blond, même si celui-ci devait déjà être en difficulté par rapport à lui. Je ne suis pas faible, mais pas sûr que je fasse le poids contre lui. En tout cas, je préfère ne pas courir le risque... Non, mon véritable avantage, ce sont mes jambes, et l'effet de surprise. J'aimerais bien attendre qu'il s'endorme gentiment devant son film en ronflant, mais quelque chose met dit que ce n'est pas une option très très fiable...

Alors, je me lance un décompte dans ma tête, rabats ma capuche devant mon visage, et, à la seconde où je pense le "zéro", je bondis par-dessus le dossier du canapé, pour jeter le Chronos à terre. À l'aide de mes jambes, je le bastonne jusqu'à ce qu'il soit HS, et n'appelle pas au secours. C'est moche, sûrement, mais j'ai vu de pires bagarres dans ma vie au fond de ce putain de gouffre qu'est la périphérie Est. Je n'ai pas spécialement envie de le tuer, mais en tout cas, je frappe jusqu'à ce qu'il soit inconscient. Heureusement, nous sommes en sous-sol, les gangsters qui sont là-haut ne devraient pas entendre ce qui se passe... Espérons.

Dès que le gars ne bouge plus, je me redresse, haletant, et le fouille pour lui prendre ses armes : j'en aurai certainement plus besoin que lui dans les moments qui viennent. Ensuite, je me dirige vers le coffre-fort pour l'examiner. Parce qu'il ne suffit pas de tabasser le gars chargé de le surveiller : encore faut-il ouvrir cette saloperie...

Le gangster se bat comme un démon contre toi mais une nouvelle fois, la chance te sourit. Tu lui infliges un bon coup de pied en concentrant ta force dans tes jambes ce qui lui coupe totalement le souffle et le laisse à terre. Quelques coups de pieds dans le visage le laisse inerte sur le sol.

Sur lui, tu trouves une dose d'Axion à moitié utilisée, un flingue et une puce de crédit qui affiche 120 $. Tu vas ensuite rôder près du coffre fort qui demande un code pour être ouvert. Pas de trace de ce dernier sur le Chronos... Peut-être n'aurait-il pas fallu l'assommer...

Hé psst... T'es qui toi ? Lance le jeune homme de tout à l'heure. Il est assis par terre et menotté. Tu lui a filé une bonne leçon à ce sale négro !

Je jette un regard agacé au blond menotté. Qu'il me fasse pas chier, c'est pas le moment... Assommer le type par peur qu'il donne l'alerte n'était peut-être pas une bonne idée, après tout, avec ce putain de code... Maintenant, il faut trouver une solution de rechange. Je regarde le type un moment, silencieux, décidant de ne pas relever sa connerie raciste. Peut-être que... Bah, qui ne tente rien n'a rien, non ?

- La question c'est plutôt qui tu es, et surtout, ce que t'as vu... Ce coffre a été ouvert y a pas longtemps. T'étais là ? T'as vu le code qu'ils ont fait ?

Le blond lâche un léger rire. Avant de se frotter le front avec ses mains menottées devant lui.

C'est sûr que c'était pas malin d'assommer l'autre négro. Mais bon, c'est ma chance du coup. Ouais j'ai vu le code. Fais moi sortir de cette cellule, et je te le donnerai.

Je serre les dents. Je sais que c'était pas malin, pas la peine de me le rappeler, ducon. Peut-être qu'à ma place t'aurais pas été très malin non plus. Tss... Je le détaille encore du regard. Je n'ai pas spécialement envie de lui faire confiance, à lui comme à personne, mais est-ce que j'ai le choix ?
Et puis, il a parlé de son père, comme d'une menace pour eux. Homme influent, donc. Et qui dit père riche, dit rançon possiblement importante... Et otage potentiel, pour sortir de là en cas de problème. S'ils doivent gagner un tas de fric grâce à lui, ils n'auront pas spécialement envie que je le bute. Je m'avance vers sa cellule, l'arme du gangster à la main.

- Pourquoi t'es là ? C'est qui ton paternel ?

Il fronce les sourcils et crache par terre,

Ptain mais t'es flic ou quoi ? Casse-toi j'te raconterai pas ma vie. Tu veux le code, et moi je veux sortir. Alors choisis, j'suis pas ici pour faire copain-copain!

Ah tiens, en v'là un qui comprend le "langage de la salive". Un peu moins con que le gros punk.

- Ecoute coco, je sais pas si tu piges, mais je suis pas trop en position de m'encombrer n'importe qui, alors autant que tu me sois utile jusqu'au bout. Pourquoi t'es là ?, je redemande, en cherchant les clefs ou je ne sais quel système d'ouverture sur le gangster assommé, avant de retourner à la cellule et de l'ouvrir. Parce que c'est vrai, même s'il ne me répond pas, j'ai besoin qu'il me donne ce foutu code... Même sans servir d'otage après, il faut que je le sorte de là. Et puis, il est menotté, et j'ai un flingue. Donc, en faisant gaffe, je pense pas craindre grand-chose pour le moment.

Pour ressortir de ce merdier, par contre, ce sera peut-être autre chose... Pas sûr que blondinet ait des jambes augmentées, et s'il devient un boulet ou me fait repérer, ce sera la merde. Mais bon, pas obligé de le garder une fois que j'aurai l'Axion... Et pour l'instant c'est ce qui compte, on avisera ensuite. Je le fais donc sortir, en gardant mon arme braquée sur lui, pour l'emmener jusqu'au coffre.

- Allez, vas-y, génie.

Ton nouveau compagnon regarde quelques secondes le coffre et se relève pour regarder autour de vous. Il fait quelques pas sous ta surveillance et te désigne un coin sombre,

Ces abrutis ont gravé le code sur le mur, jles ai entendu le dire tout à l'heure.

Il te laisse t'approcher un peu et une fois qu'il a au moins un mètre de distance entre toi et lui, tu le vois soudainement disparaître de sous tes yeux.

Tu entends un rire,

Allez ciao ducon !!

Impossible de savoir où il est ! Ce garçon est équipé d'un système de modification de la peau. Plus précisément d'une augmentation d'invisibilité...

Sur le mur, il n'y a rien du tout. Tu t'es fait berner, et en beauté.

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» Episode I : Morsure [Nolan]
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