Que les jeux commencent ! Part I [Bryan]

Dès l'instant où Charlie entre dans la pièce, je suis d'ores et déjà concentré prêts à engranger l'information qu'il a à me délivrer et à réagir. Je réponds à sa poignée de main et écoute son plan jusqu'au bout. Un hochement de tête affirmatif de ma part pour confirmer que j'accepte le rôle qui m'incombe :

Bonsoir Monsieur Nine,

Je serai votre homme pour demain soir, vous pourrez me faire confiance. Le cavalier est un très bon choix, il s'agit de la pièce maitresse la plus traitresse de l'échiquier.

Je lève les yeux sur lui en joignant mes dix doigts entre-eux, en grande réflexion. Je reporte mon regard ensuite sur l'échiquier qui est apparu puis déplace plusieurs pièces du jeu de sorte à pousser l'adversaire à ouvrir sa garde.

Je déplace chacun des cavaliers de part et d'autre des pions que j'ai avancé de sorte que le roi et la reine adverses soient paralysés. Puis, derrière le cavalier qui s'attaque à la case devant le roi, je place un fou. En parallèle je déplace la dame qui vient épauler le fou, mais surtout pour que cette dernière porte le coup de grâce lorsque le cavalier prendra en fourchette la dame et la tour.

Je m'arrête là, persuadé qu'il comprend où je veux en venir puis me lance :

Au fond, la politique c'est comme les échecs, lorsque l'on est pris entre deux feux, il faut faire un choix. Une pièce maitresse en cache une autre dont le coup sournois peut être fatal. Nous sommes parés à passer à l'action finale Monsieur Nine, il ne me reste plus qu'à prendre Haruchiki sur deux fronts à la fois tandis que vos bras droit le prendront de face.

Nous savons tous que le Sénateur Haruchiki a étrangement pris la place en cours de mandat du Président Nolan pour maladie rare soi-disant. Voici ma fourchette que je vous propose Monsieur Nine :

En présentant mon plan de coup de filet massif de demain soir en direct de la Maison Blanche, je fais une pierre deux coups. D'une part j'affirme ma montée en puissance en écrasant les Yakuza dans leurs propres nids et d'autre part j'attire l'attention de Haruchiki sur moi dans la mesure où je remettrais en cause publiquement sa légitimité politique en mettant en avant sa prise de pouvoir en plein mandat du Président Nolan dont la maladie rare qui lui a été diagnostiquée ne peut être l’œuvre que d'un poison qui lui a été administré. Par ailleurs j'affirmerai la corruption du FBI vendu aux Yakuza depuis l'accession de notre actuel Président au pouvoir.

Il sortira de ces gonds et déploiera tous ses hommes présents à la Maison Blanche ou une grande partie d'entre-eux pour m'éliminer. C'est à ce moment là que vos bras droits pourront intervenir avec moins de pression sur les épaules.

Je le fixe du regard puis termine :

Ma présence à la Maison Blanche sera-t-elle suffisamment justifiée de la sorte ? Pensez-vous que cela donnera suffisamment de temps à vos hommes pour l'assassiner ? Mon intervention ayant lieu au dernier moment. Haruchiki devrait être prit de court.

Bien que la tension pour demain soir commence à se faire sentir, je suis un homme intègre qui a appris à paraître naturel malgré les dangers qui rôdent autour de lui. A l'instar de Charlie, je me lève et reprends la parole :

Je vous remercie pour la confiance que vous me faites pour cette ultime mission Monsieur Nine. Toutefois, bien que nous soyons vous et moi des stratèges, je sais parfaitement que votre expérience et vos qualité ne trouve aucun égal sur cette planète. Aussi, la réussite de vos bras droits dans l'assassinat de Haruchiki dépend de la qualité exceptionnel de ma couverture. C'est pourquoi, je suis ouvert à toutes réflexions de votre part afin de peaufiner la diversion du NYPD.

Par ailleurs, Monsieur Nine, vos hommes auront-ils besoin d'un coup de pouce d'ordre informatique afin de s'infiltrer plus efficacement au sein de la Maison Blanche ? Si nécessaire je peux faire intervenir un de mes hommes spécialiste du hacking pour brouiller les alarmes et caméras menant au bureau du Monsieur le Président...

Je fais quelques pas vers la porte, posant la main sur la poignée puis avant de la lui ouvrir je réaffirme ma coopération pour la mission de demain soir :

Nous ferons comme cela Monsieur Nine, nous effectuerons nos missions indépendamment et en simultanée. Demain soir, la tête du grand dragon tombera. La presse a-t-elle été convoquée pour demain soir ou dois-je le faire ?

Je le laisse me répondre et lui tends ensuite la main.

J'attendrai la suite de vos instructions après l'accomplissement de la mission. Bonne soirée Monsieur Nine.

J'ouvre la porte, le laissant passer puis fais signe à Noah de rentrer, je ne souhaite pas laisser planer le moindre soupçon quant à ma présence ici, pour le moment

Il est vrai que je fais beaucoup confiance aux Chefs de gangs, inversement, j'ai mis les doigts dans l'engrenage et ne pourrais pas m'en sortir de si tôt, si je décidais de me défausser maintenant je serai exécuté dans les secondes qui suivraient. Que je sois un simple pion à leurs yeux je n'en doute pas une seule seconde mais ils ont besoin de mes services, y compris lorsque Haruchiki ne sera plus de ce monde. Charlie comme moi, savons très bien qu'ils disposent de toute une panoplie de leader au Japon. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'ils nous en envoient un autre. Cette mission permettra simplement aux quatre autres gangs de se repartager les territoires en s'appropriant les parties ayant appartenu aux Yakuza.

Je vérifierai l'heure, me dirigerai vers le bar et proposerai un verre à ma coéquipière. Puis, je retournerai dans mon fauteuil, sans la moindre goutte d'alcool. Je contacterai ensuite O'Malley qui doit attendre mes instructions.

Me faire plumer au poker par une tricheuse ne me fais pas vraiment plaisir mais bon, contrairement à elle je suis réglo et lui donne ma montre en or. Je suis sauvé par l'appel de O'Malley. Je remettrai donc à plus tard ma technique pour la plumer à mon tour en adoptant sa méthode : la triche.

Je m'installe confortablement dans mon fauteuil, les pieds croisés sur la table basse et prend mon appel :

Salut O'Malley. En effet, je voulais te parler. Je suis actuellement en voyage d'affaires à Washington où j'y ai rencontré tu sais qui. Demain soir je rendrai une conférence de presse devant la Maison Blanche pour annoncer le démantèlement imminent du Dragon Noir et pour cela j'ai besoin de tes services.

Tu as de sacrés coups de filets à effectuer dans les quartiers chinois. Ils doivent pressentir un sale coup et tu risques d'en trouver moins que d'habitude mais tu auras de quoi t'en mettre sous la dent. L'assaut devra être lancé au moment où je l'annoncerai afin d'effectuer un effet surprise.

Possèdes-tu suffisamment d'effectifs pour frapper dans plusieurs quartiers à la fois ?

Je considère ses paroles en me passant un main sur le menton puis lui réponds :

Je ne connais pas suffisamment tes effectifs pour les envoyer dans les plus gros QG des Yakuza, mais si tu estimes que tu en as suffisamment pour faire au moins deux grosses descentes dans le Queens et Brooklyn ce serait parfait. En fonction des effectifs qu'il te resteras tu pourras également faire des descentes à Manhattan et dans le Bronx. Tu sépares chaque coup de filet par trois secondes d'intervalles maximum. Je te laisse t'organiser avec tes hommes pour cela.

Pour ce qui est des motifs de leur coffrages, commences par le basique, détention illégale d'arme et de drogue, je leur rajouterai la coopération du meurtre de l'ex Président Nolan sur le dos lorsque leur Chef de gang sera tombé dans la foulée, juste avant mon retour à New York.

Ca ira, tu penses que tu peux m'organiser tout ça pour demain soir ?

Je prends mon verre de menthe à l'eau et le porte à mes lèvres.

Désolé de ne pas t'avoir prévenu plus tôt, je viens juste de le mettre en place dans mon esprit pendant mon entretien. L'essentiel c'est de taper assez fort pour les détourner de Washington.

Si je fais abstraction du degré de confiance que je dois leur faire et me concentre uniquement sur notre rôle, oui je sais ce que je fais O'Malley. Je sais que nos pertes risques d'être très lourdes, mais je suis persuadé que c'est la meilleure stratégie pour les prendre en traitre et de faire tomber la tête de leur leader afin qu'ils subissent le même sort que leurs ancêtres. Afin de vous permettre d'agir et minimiser les pertes, je vais faire en sorte d'attirer au maximum leur attention.

Je n'ai rien d'autre à ajouter, si ce n'est de vous inciter à garder votre sang froid au maximum et d'être vigilants. Recontacte-moi, lorsque vous serez rentrés au bercail pour me faire ton rapport. Courage, c'est le dernier acte avant que le rideau ne tombe.

Je lui laisse le temps de répliquer avant de raccrocher et de m'enfoncer dans mon fauteuil, songeur quant au déroulement des évènements de demain soir. En espérant que nos pertes seront beaucoup moins lourdes que l'on pourrait l'imaginer.

Je me demande si je ne devrais pas faire appel à une compagnie privée afin de me faire envoyer un hélicoptère pour sauver ma peau au cas où cela ne se passe pas comme prévu. Encore que, mourir devant les caméras, ce serait sans doute l'une des plus belle mort pour le bon flic qui ne cherche qu'à éradiquer la menace des gangs dans l'Etat de New York.

La présence de Haruchiki ne faisait pas partie de mon plan d'origine mais qu'à cela ne tienne, je suis devenu un spécialiste des apparitions publiques et suis capable de faire de l'improvisation. Charlie Nine ne va pas regretter de m'avoir choisi comme cavalier, à moins que je sois à ses yeux qu'un pion suicide pour se débarrasser de Haruchiki, mais je ne compte pas me faire abattre ici, ni ailleurs.

Afin de faire plaisir aux gens qui me reconnaissent, je me retourne, me laisse toucher, le sourire aux lèvres. Puis, une fois au devant de la scène, j'écoute le discours du Président et repère rapidement ses tics nerveux qui ne me trompent absolument pas. A chaque mensonge proféré, il ne peut se retenir plus de quelques secondes avant d'avoir des signes faciaux qui le trahissent. Bien sûr c'est pratiquement imperceptible mais cela me permettra de soumettre des vidéos à un conseil d'experts en analyse comportementale pour soutenir ma thèse de trahison et d'assassinat.

Je le laisse terminer les premières phases de son discours et s'apprêter à entamer le chapitre des gangs avant de le rejoindre sur le parvis de la Maison Blanche, sous le tonnerre des applaudissement à son encontre. Je fais en sorte que Noah ne soit pas très loin de moi pour qu'elle puisse me couvrir en cas de problème, à défaut, elle pourra me laisser des recommandations dans les oreillettes. Il est certain que de nombreux yakuza sont disséminés dans les environs. Mon travail de diversion commence maintenant !

Tout en avançant je prends la parole en lui faisant face, en m'arrangeant d'être près des micros pour que ma voix porte devant tous les journalistes et spectateurs :

Toute l'Amérique attend beaucoup du Président des Etats-Unis et de son Gouvernement en ce qui concerne la sécurité de ses citoyens, et notamment de leur tolérance zéro vis-vis des gangs, Monsieur le Président Yamaguchi. A ce titre, je souhaite profiter de votre apparition publique afin de vous féliciter personnellement devant des millions de citoyens pour le geste que vous avez effectué pour l'Etat de New York, en accordant à nouveau des subventions au NYPD dont je suis le Directeur, pour une lutte efficace contre les gangs.

Depuis ma réhabilitation au sein du NYPD, suite aux procès calomnieux dont j'ai été victime, un gang a été rayé de la carte de l'Etat de New York, les Black Wolves. Les efforts que mes équipes produisent jours et nuits sont exceptionnels et cruellement efficaces. Depuis le démantèlement du gang le plus puissant, la sécurité des citoyens new yorkais a considérablement été améliorée. Et cela, c'est à vous Monsieur le Président que nous le devons.

Le peuple Américain, espère bientôt pouvoir respirer enfin et pouvoir vivre une vie normale, sans la peur au ventre lorsqu'il doit sortir pour ses obligations quotidiennes ou encore pour profiter du beau temps. C'est vers vous, vers votre intolérance envers toute menace sécuritaire que le peuple Américain se tourne.

Quelles mesures concrètes comptez vous prendre au cours de votre mandat pour éradiquer la vermine, Monsieur le Président ?

Puisqu'il est là, autant lui faire perdre son temps un maximum tout en réaffirmant ma propre initiative efficace dans l'Etat de New York.

Je vois que Monsieur le Président des Etats-Unis a du mal à jouer pleinement son rôle, et qu'à tout moment il risquerait de montrer sa véritable nature à la population. Pourtant, vis-à-vis des journalistes présents, mon discours est tout à fait élogieux, bien que je lui vole la vedette en mettant en avant l'efficacité des services du NYPD envers les gangs.

Malgré les quelques frissons qui me parcourent l'échine lorsqu'il prononce mon nom avec sa langue de vipère, je garde contenance. Je ne connais pas les plans de Charlie, mais il n'a pas intérêt de rater son coup. J'aurais effectué ma part de marché en occupant Haruchiki afin d'augmenter le temps de sa prestation.

Je me tourne face aux journalistes en restant aux côtés du Président :

Tout ce qui à trait à la Défense et à la Sécurité des Etat-Unis d'Amérique suscite de nombreuses questions Monsieur le Président. Aussi, ne souhaitant pas abuser de votre temps ni de la patience des journalistes qui n'attendent que la fin de votre discours pour vous poser les questions qui leur brûlent les lèvres, je souhaiterais simplement, si vous me le permettez Monsieur le Président, effectuer une intervention lors de la clôture du volet sur la sécurité afin que vous puissiez par la suite poursuivre votre allocution.

Je ne suis absolument pas surpris des révélations de Noah à propos des quatre snipers qui me tiennent en joue et n'attendent que le feu vert de Yamaguchi pour m'éliminer. Je l'ai lu dans ses yeux à deux reprises : lorsque je l'ai provoqué sur le thème de la sécurité et lorsque je lui ai volé son public. Je ne peux pas donner ma conférence de presse et surveiller mes arrière en même temps, je me tiens prêts à sauter mais laisse le soin à Noah de me dicter la direction et le bon moment.

Tout ce beau monde qui n'attend plus que mes propos me permets de rester parfaitement maître de moi-même, ne laissant échapper que quelques gouttes de sueur dans mon dos :

Merci Monsieur le Président. Nous avons en effet enregistré ces derniers mois une baisse de la criminalité ainsi que des délits commis par les gangs. Cela est inéluctablement lié au coup dur que nous avons porté à ces derniers, et ce, grâce à votre confiance.

Je laisse laisse mon auditoire réagir par ses applaudissements avant de mettre un bémol :

Toutefois, n'exagérons pas, nous sommes encore loin du risque zéro, bien que le NYPD travaille d'arrache-pied pour s'en rapprocher au maximum. Néanmoins, je ne suis pas là pour vous apporter une conclusion négative au discours très probant de Monsieur le Président, mais plutôt pour clore le chapitre sécuritaire en beauté. En effet, si je suis devant vous ce soir, c'est à la fois pour remercier encore une fois Monsieur le Président d'avoir fourni des subventions supplémentaire au service anti gangs du NYPD mais aussi pour vous annoncer que sous peu, le peuple américain gagnera une nouvelle bataille dans sa guerre contre les gangs. Un nouveau pas vers la liberté vous sera accordé !

A tout moment je peux me faire tirer dessus, je me tiens prêts à me jeter à terre. Même si je n'ai pas précisé quel gang allait tomber, le Président n'attends que la fin de mon discours pour me faire descendre.