Salle d'interrogatoire 2

Je fronce les sourcils lorsqu'il fait allusion à "ma jolie avocate". Ni une, ni deux, je me lève, retire mon tonfa de ma ceinture et lui assène un coup du plat sur le torse sans lui faire la moindre marque mais ayant pour conséquence de le faire basculer en arrière avec un bruit sourd. Tout en remettant mon tonfa à ma ceinture et je lance :

Amenez-moi O'Malley qu'il me foute cette ordure en cellule.

A vrai dire, avec le boucan que j'ai causé il devrait rappliquer avant même qu'on vienne le chercher.

Ce n'est qu'après avoir porté le coup que je remarque la tête étrange de mon père. J'attends que O'Malley intervienne avant de demander des explications à mon père.

Je contracte les mâchoires en serrant les poings à m'en faire blanchir les jointures et contiens ma fureur pour éviter d'exploser ma question ou plutôt mes questions au visage de mon père, furieux qu'il m'ait caché quelque chose d'aussi importante à mes yeux :

Comment se fait-il que cette ordure sache tant de choses sur Sam et d'où tient-il ses informations concernant son appartement ?!

J'enrage, je vais exploser, mes barrières mentales sont au bord de l'éclat. Je l'aurais tué de mes propres mains s'il n'était pas en détention. O'Malley va être content de l'apprendre aussi tiens...

Je suis son regard vers la caméra puis lance un ton plus bas :

Si ça ne tenait qu'à moi je lui collerait une balle en pleine tête en plein interrogatoire à ce chien. Tu fais bien de le souligner, je suis un Summer et pour cette seule et unique raison je leur pourrirai la vie comme ils ont l'intention de me pourrir la mienne.

J'ai toujours su que les gangs avait le contrôle du NYPD, mais j'ignorais que de simple sous-fifres comme ce merdeux de O'Higgings seraient tenus au courant en temps réel des informations détenues par l'élite.

Ton conseil n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Mais tu peux être sûr qu'avant que l'on me détruise intérieurement, je ferais tomber des têtes et pas uniquement celles des sbires. Tu connais ma détermination, lorsque je veux quelque chose, je l'obtiens toujours...

Je me relâche un peu avant de terminer :

Je vais aller manger un morceau avant de corser mon interrogatoire et de lui montrer qui est réellement Bryan Summer, surtout lorsqu'il est de mauvaise humeur. Je ne t'assures pas de ne pas lui griller le peu de neurones qu'il a dans le crâne. Mais il crachera le morceau, quitte à le torturer.

Me dégourdissant les jambes en jouant des mollets et des chevilles :

Tu me rejoins ou tu as d'autres choses à faire ? Je vais aller chercher Sam en salle de réunion.

Je me fais beaucoup moins ouvert que lors du premier round. Le visage strict, je balaye sa réplique froidement :

Ici c'est moi qui pose les questions, et tu ne mangeras ni ne boiras pas tant que je ne l'aurais pas décidé. Autant dire que tu risques de crever de soif si tu ne réponds pas à mes questions favorablement.

Je place le portrait du Wolf au milieu de la table en face de lui et je l'encadre avec les photos des cadavres des asiatiques qu'il a tué, juste en dessous et donc en face de lui, j'y place la photo du corps de Chiyo afin de jouer sur son subconscient. S'il tente de détourner le regard sur O'Malley ou ailleurs, je ferai signe à ce dernier de lui imposer le regard de la scène qu'il a déjà vécu. Je vais être bien plus subtile et sadique qu'au premier acte.

Fixant son visage pour déceler la moindre faiblesse face aux photos d'asiatiques que je lui impose je demande simplement :

Quel est son nom et son rôle au sein des Black Wolves ?

En fait, ma technique est simple : elle consiste à attirer son attention sur les autres images pour en tirer les informations que j'attends de lui. Avant qu'il ne réponde, je rapproche l'ensemble des photos de manière à ce que ses yeux n'aient pas d'autre choix que de fixer les victimes.

Je continue mon manège en sortant une feuille en papier et dessine en gros la mallette que le Wolf est venu chercher au QG des Yakuza et place ladite feuille à côté du portrait de son coéquipier, ou plutôt ex coéquipier, je fais tourner les victimes en les changeant de sens tout en m'assurant que son regard suit mes gestes. Je dis simplement :

Tu la verras au moins une fois dans ta vie en face de toi.

Puis je reporte mon regard sur lui recherchant la moindre faiblesse de sa part.

Je hausse les épaules, l'air de dire "c'est toi qui vois". Je fais un signe de tête à O'Malley pour lui donner le feu vert et carte blanche. J'ignore ce qu'il compte faire avec l'encyclopédie mais qu'il s'amuse. Pour ma part je reste calme :

Visiblement, il manque un lien de connexion entre tes neurones ou tu me fais le coup de l'amnésique qui se persuade lui-même. Je vais t'aider à recouvrer la mémoire.

Je laisse agir O'Malley à sa guise puis je reprends ensuite :

Pour ce qui est de ton avocat, il viendra quand t'auras arrêté de faire ton autiste et que t'auras répondu à mes questions.

En serrant la mâchoire à la simple mention de l'échec de la mission de récupération de mallette, tu t'es trahi concernant l'affaire des meurtres de Chinatown que tu t'entêtes à nier en plantant la tête dans le sable comme une autruche. En tant que sous-fifre incompétent, tu remplaceras vite le rôle du "lèche cul des Wolves".

Sur ce point, de toutes façons, je ne te demande pas de m'avouer que tu es à l'origine de la fusillade puisque je le sais déjà, et la prise de sang qui te seras faite en présence de ton avocat me le confirmera.

Ce que je veux c'est que tu balances tes info sur ce spécialiste du léchage de cul. Son nom, et son statut au sein du gang. Je te le répète puisque t'as tendance à avoir le QI d'une huître et la mémoire d'un poisson rouge.

Je fais à nouveau signe d'O'Malley d'intervenir. Puis lance ensuite :

Je t'écoute l'écervelé amnésique.

Mes yeux flamboient au rythme des coups donnés par O'Malley, c'en est presque jouissif.

Eh bien, Patrick, il faut croire que l'encyclopédie est un remède plus efficace que celui du détecteur de mensonge. Tu vois quand tu veux tu sais faire fonctionner ta matière grise. Et pour une personne qui n'a "rien à voir avec l'affaire de Chinatown", tu en connais des détails.

Pour ta gouverne, le NYPD a été fondé en 1845. Tu te coucheras moins bête ce soir.

Je sors le transparent sur lequel j'ai dessiné toute la scène, que je place en face de lui après avoir rangé les photos. Je fouille ensuite dans la poche interne de ma veste pour en sortir le couteau que mon père m'a offert. Je touche le pressoir pour en faire sortir la lame.

Tu entres dans l'hôtel, et commandes un canard laqué au serveur, que tu recraches aussitôt en prenant le prétexte qu'il est dégueulasse et refuses de payer. Le serveur t'exhorte de payer, tu refuses encore et demandes à voir Chiyo Wasrika en pointant ta lame sur les parties intimes du serveur.

Je me lève, me place dans son dos, le bras gauche autour du cou que je tire en arrière pour le forcer à lever la tête et lui place la lame sous les testicules de l'autre main.

Comme ceci. Tu te souviens ?

Je n'hésite pas à faire une pression de sorte que la pointe lame pénètre son jean venant flirter avec ses bourses.

Pendant ce temps là ton attention a été détournée car tu n'as pas vu le serveur de la table 3 sortir dans ton dos pour faire intervenir les Yakuza.

Je le relâche et lui montre le parcours dudit serveur vers la sortie ainsi que l'arrivée des Yakuza.

A ce moment là tu joues les gros bras et tu exploses les pieds de Chiyo Wasrika te cachant ensuite derrière la table pour éviter les salves des Yakuza avant de sauter par-dessus le comptoir et de fabriquer deux cocktails molotov pour souffler tes adversaires. Sur ce coup là, c'était assez judicieux je dois l'avouer. Mais tu as oublié que Chiyo n'était pas mort et il en a profité pour te planter son couteau de cuisine dans le talon. C'était plutôt traître. D'ailleurs ton égo en a tellement pris un coup de se faire planter d'une telle manière par un chinois que tu en as oublié la mission que ton employeur t'as donné, je suppose que c'est Peter puisque c'est lui qui est venu chercher la mallette à ta place ensuite.

Je retourne à ma place et le fixe :

Pour la fabrication des cocktails molotov t'as été à bonne école puisque Peter utilise la même technique que toi. Par contre, je suis vraiment désolé de te le dire mais, le NYPD est bien en contact avec une geek qui dit être détenue par votre gang dans un hangar. A priori elle te connaît bien puisqu'elle t'as balancé sans aucun scrupule. Visiblement t'es la coqueluche du gang selon elle. Elle te dit quelque chose cette gamine ? Ca jase pas mal autour de tes déboires à la maison apparemment, au point que les otages en soient informés. A moins qu'elle ne soit pas si victime de votre gang qu'elle ne le prétend ?

Je me lève à nouveau, le visage fermé, sans aucune émotion, lui laissant craindre une nouvelle fourberie de ma part. Je le contourne et plaque mes mains sur ses trapèzes puis lance :

Je te crois pour la gamine mon petit Patrick. C'était juste pour voir quel était ton degré d'information au sein de ton gang. T'aurais pas des informations sur la localisation de certaines de leurs planques et les hangars qu'ils auraient acheté ou loué aux Little Dolls sur Staten Island par hasard ? En tant qu'homme de main tu dois avoir ça en mémoire.

C'est comme à l'école, plus tu parles, plus tu seras récompensé. A commencer par ton repas du midi. Dans le cas contraire tu connais le tarif.

Disant cela je fais un mouvement de tête vers O'Malley.

Lui tapant l'arrière de la tête :

Je te l'ai dit Patrick, j'ai le bras assez long pour t'éviter la peine de mort, alors te réduire ta peine de prison, ce n'est pas un problème majeur. Je devrais même pouvoir t'obtenir une cellule de luxe avec des technologies de pointes à ta portée pour t'occuper. Quand je suis satisfait, je suis toujours plus enclin aux négociations. Je n'ai qu'une parole.

Mais pour que je sois suffisamment satisfait, il va falloir me livrer tes informations sur les Planques de ton gang. Et bien évidemment, ne cherches pas à m'entuber, elles seront vérifiées. Si elles sont justes j'appuierai ton dossier sans aucun scrupule pour coopération, en revanche si elles sont fausses, c'est la peine capitale assurée.

Ton avenir est entre tes mains.

Je dis ça d'un air très sérieux que même le plus débile des hommes serait capable de déceler.

Je hausse les épaules :

Si tu veux que ma promesse soit retranscrite sur un document officiel, ça ne me pose aucun problème. Donne moi cinq minutes.

Je quitte la salle d'interrogatoire et sors mon portable pour appeler Sam afin de lui expliquer la situation et qu'elle me rejoigne dans la salle d'interrogatoire numéro 2 avec un document officiel mais aussi et surtout qu'elle s'arrange pour retarder encore un peu son avocat commis d'office.

Lorsque je vois Patrick lorgner sur Sam, je n'ai plus vraiment envie de lui offrir les faveurs du juge avec des preuves falsifiées. Etant toujours derrière lui, et après que O'Malley lui ait donné un nouveau coup sur la tête, pour ma part, je lui attrape les cheveux et lui tire la tête en arrière :

Tu inscris qu'après avoir menacé de mort un agent assermenté du NYPD, il a tenté de l'amadouer pour obtenir une réduction de peine en échange du nom et de la fonction du deuxième Wolf recherché. Ce devrait être un bon élément supplémentaire pour alourdir sa peine.

Contre toute attente pour le Wolf, ce dernier vient de subir un retournement de veste de la part de Junior Summer.

D'un geste brusque je lui lâche la tête et fais un signe de tête à l'attention de O'Malley puis reprends ma place en face de Patrick.

On change les règles du jeu : Une planque équivaut à un répit d'une minute. Un coup par tranche de trente secondes de mutisme. Une réponse que j'estime mauvaise à deux coups supplémentaires.

C'est parti. T'as quarante cinq minutes pour me donner toutes les planques des Black Wolves et Nordic's que t'as en tête.

J'ai un regard noir et le visage fermé, lui montrant que ce ne sont pas des menaces en l'air. Il ne fallait pas regarder ma dulcinée de la sorte. Je place ma montre en face de moi et surveille la trotteuse.

Je me lève et pose la main sur l'Encyclopédie pour lui murmurer à mon tour :

C'est bon, on ne tirera plus rien de lui, renvoie-le en cellule et assures-toi qu'il mange et boive avant l'arrivée de son avocat. Pour les Planques il m'aurait raconté des conneries et je lui aurai envoyé une décharge de 500 000 volt dans la gueule. C'est mieux ainsi. On a eu ce qu'on voulait.

Je le laisse sortir avec O'Higgins puis je m'accroupis aux côtés de Sam qui semble ne pas comprendre le revirement de situation. Je lui pose la main sur le bras puis me penchant vers son oreille :

Merci de m'avoir ouvert les yeux Sam en me faisant parvenir ton scepticisme quant à la grosse connerie que je m'apprêtais à faire pour une histoire de planques que je n'aurais certainement pas obtenu. Je crois sincèrement que je l'aurais invalidé à vie, ce qui aurait vicié son procès.

Pour son avocat, ne t'en fais pas, ce sera une toute autre chanson, il ne sera plus hissé au rang de criminel, bien qu'il ait avoué les meurtres de Chinatown, mais de suspect principal. Je compte simplement lui demander l'autorisation d'effectuer une prise de sang pour le confondre avec celui sur le couteau de cuisine.

Je lève les yeux sur son visage, lui laissant lire la haine envers O'Higgins qui commence à s'évacuer.

Je souris à mon tour et lui caresse la joue avant de compléter :

Si nous mettons la main sur Peter, le Bras Droit du chef des Black Wolves, je n'agirais pas de la même manière. Il est beaucoup plus intelligent que son sous fifre et je ne me laisserai pas porter par mes émotions.

Je manque de m'étouffer lorsqu'elle me donne le nom du Nordic's Levant un sourcil :

Je croyais que Abigail Jones venait de Chicago. Que vient faire son frère à New York ? Quand je disais qu'elle était louche celle-là. Tss.

Je hausse finalement les épaules :

M'enfin bref, c'est l'affaire du frangin qu'on a à gérer, la soeur viendra plus tard. Chaque chose en son temps. Allons rejoindre son avocate si tu le veux bien. Quel est son nom d'ailleurs ?

Ah et puis...Elle fait peut-être partie des meilleures avocates New Yorkaises, mais la meilleure ça restera toi, Sam, lui dis-je avec un grand sourire de fierté.