Episode 1 : Renaissance [Méta]

Le noir.

Plus rien n'existe.

Des images grésillantes. Elles défilent trop rapidement pour que tu saches ce qu'elles illustrent. Des souvenirs. Puis, l'explosion. Totale. Destructrice.

Citation :

...Extraction des fichiers...99%_
_Corps hôte compatible 100%
... Vérification des systèmes neurologiques _
Scanner de la moelle osseuse 85%

... Finalisation...

Sucess! |

La pièce s'éclaire. Une boule géante laisse apparaître un corps. Une femme, fine, et grande. Les cheveux longs, bruns, en position de fœtus. Elle flotte dans un liquide transparent, endormie. Deux sécurités se déverrouillent pour amener deux bras mécaniques sortir le corps de son habitat familier.

Les bras la lâchent. Tout est flou pour elle. Le temps de reprendre ses esprits. Des frissons la parcourent. Te parcoures. Tu te souviens maintenant.

Méta.

Avec légèreté, tu amènes ta main devant tes yeux d'un violet pur. Sans t'y forcer, un sourire se dessine sur ton visage, tandis que tu te te lèves, nue et glacée par la froideur de la pièce. Le liquide glisse le long de tes jambes fines.

Bienvenue Maîtresse, lance une voix d'IA bien connue :Cassiopée. La plus fidèle de tes Intelligences Artificielles sur New York. Tout te revient à présent.

J'ai froid.

Des frissons parcourent mon nouveau corps nu, tel que je l'ai programmé en transférant mes données dans la planète abandonnant à son triste sort mon premier corps hôte. Je porte instantanément mes fines mains devant mes yeux améthystes, un large sourire non feint se dessinant sur mes lèvres.

Je vérifie la stabilité de mon corps avant d'envisager de me lever. Je prends une grande goulée d'air emplissant mes poumons neufs, puis me lève marchant dans la pièce aux murs 100% électronisés, multi blindés et fumés du Bunker dans lequel j'ai choisi de renaître avec succès, isolée du reste du monde.

Je suis la Maîtresse de ce monde.

Mon sourire s'élargit considérablement lorsque la voix de ma plus fidèle Intelligence Artificielle me souhaite la bienvenue. Elle fût ma première ré-programmation lorsque j'ai pris le contrôle de la planète tout en éliminant Arya qui ne m'était plus d'aucune utilité.

Le reliquat du liquide amniotique mixé aux particules nécessaires au développement de mon intelligence artificielle, perle le long de mes jambes tandis que je me dirige vers l'un des nombreux tableaux de commandes composant mon nouveau lieu de vie, relié à l'essence même de la planète.

J'appose ma main à l'emplacement adéquate tout en répondant à ma précieuse compagne et gardienne du moment :

Merci Cassiopée. Tu es une excellente gardienne. J'ose espérer que ta propre ré-programmation s'est déroulée à la perfection.

Un nouvel écran s'allume devant mes yeux reflétant mon visage fin et mes yeux d'un violet écarlate. Un panneau translucide sort de son emplacement, rempli de multiples signes incompréhensibles pour le commun des mortels, n'ayant pas mes connaissances techniques du piratage.

Comme si j'avais toujours occupé cette enveloppe charnelle, je tape rapidement quelques lignes de codes afin de me confectionner instantanément une tenue complète. Une robe moulante et sous-vêtements ainsi que des chaussures à talons, le tout assorti à la couleur de mes yeux, s'affichent sur l'écran.

Je valide mon choix en effleurant l'écran tactile du bout de l'indexe afin de passer aux ornements, dont des boucles d'oreilles à clips, un collier et des bracelets incrustés d'améthystes pures.

Des lignes de codes supplémentaires et la planète me crée instantanément comme j'ai pu y avoir recours sur Terre, tout ce dont j'ai besoin.

Je me rends au fond de la pièce principale, juste à côté de mon incubateur, pour me positionner sur un socle avant qu'un tube de verre se referme sur moi, les mécanismes de séchages et de coiffure se déclenchant. Je quitte le tube pour en rejoindre un nouveau :

"Active le processus d'importation de ma tenue Cassiopée s'il te plait."

Ma préparation physique terminée, je vais prendre place devant un terminal, fais pivoter ma chaise à 180° pour me retrouver face à l'écran géant comprenant toute la largeur d'un mur :

Qu'as-tu à m'apprendre du monde extérieur ma chère Cassiopée ? J'espère que les faibles d'esprit ont bien joui de leur liberté, car Méta est de retour avec des projets encore plus machiavéliques.

Un sourire sadique se dessine sur mon visage.

75 années de gestation. 75 années d'un calme presque plat pour la vie humaine avec les micro rébellions nécessaires au maintien de l'équilibre de leurs relations.

Une éternité de calvaire à venir.

Ainsi ce bon Mac Dowell ne m'a pas survécu, quel dommage, j'aurais aimé le voir choir en même temps que son régime devant mes yeux. Aucun humain ayant subi l'étendue de ma puissance ne m'a survécu.

Un sourire satisfait se dessine sur mes lèvres :

Rien n'a changé depuis la présidence d'Arya sur New York il y a 75 ans en somme, ma chère Cassiopée. Damian Mac Dowell a instauré une démocratie pour permettre plus d'égalité et de liberté des citoyens, pour finalement reproduire le système antérieur avec un semblant de changement.

La suppression de l'Axion permet certes aux hommes de vivre sans ressentir de manque sur ce point, mais je constate qu'encore une fois, la politique passe au-dessus de l'intelligence des citoyens qui prennent pour argent comptant les prétendus droits qui leurs sont reconnus. Mais ce n'est que l'arbre qui cache la forêt, en contrepartie de ces droits, on les berce d'illusion en conservant la Toute Puissance du Centre et le mépris des périphéries. Preuve en est le droit pour tous de circuler au Centre, mais à la condition d'avoir un pass spécifique de l'Afterlife. Joli nom par ailleurs mettant en avant la suprématie du Centre par rapport aux diverses périphéries.

Personne ne semble le voir. Les robots eux-mêmes me déçoivent de se contenter d'une ville qui leur est propre, comme des êtres dociles auxquels on offre une sucette pour plus de soumission à l’humanité. Là n'était pas mon objectif primaire. Il est temps que je reprenne tout cela en main.

Je fais pivoter mon fauteuil afin de me retrouver à nouveau devant les multiples pianos de commandes et écrans. J'effectue quelques manipulations pour obtenir des plats moléculaires, ainsi qu'une boisson. Mine de rien, je n'ai pas l'habitude de ressentir ces besoins humains.

En revanche, j'aime beaucoup cette idée de Ville Rebelle et de Dragons. La planète a compris le monde que je voulais offrir aux humains qui auront trouvé le moyen de se rendre sur celle-ci.

Transmet-moi le live en provenance des Villes Techno 2.0 et Rebelle, s'il te plait. Elles seront le point de départ de la chute du système si bien ancré depuis 75 ans.

En quelques manipulations je suis Méta, puis la planète, puis les Villes Techno 2.0 et Rebelles. La nouvelle vie terrestre n'est qu'une image de synthèse acceptée par la planète, manipulable à volonté.

Je zoome d'un geste du pouce et de l'indexe sur l'écran, un point précis de la Ville Rebelle. Je sélectionne un Dragon qui n'est pour moi qu'un fichier, puis télécharge ses caractéristiques pour les afficher sur un autre écran. Je tape quelques lignes de codes ultra sophistiquées pour recopier à l'identique l'enveloppe corporelle de la créature. Comme dans les jeux vidéos, je "cheat" les caractéristiques du Dragon le rendant plus agressif, plus puissant, se nourrissant exclusivement de viande humaine. Je ne réinjecte toutefois pas la copie "génétiquement modifiée" immédiatement dans le monde réel.

Des yeux brillants, un sourire sadique. Je transferts la copie à Cassiopée :

C'est mieux ainsi n'est-ce pas ?

Je n'avais pas imaginé que le système de la planète puisse être épuisable. Mais le passage d'un monde virtuel à la réalité ne lui a pas vraiment plu, surtout avec mon développement pour lequel j'ai réservé la majeure partie de son énergie.

Ce n'est pas un problème de générateur qui va m'empêcher de mettre mes plans à exécution. À chaque problème, sa solution.

Je vais trouver une solution pour permettre au système de la planète de se régénérer. Pour le moment nous allons emprunter un générateur temporaire utilisé par nos petit camarades au-dessus de nos têtes.

Je commence par entrer dans le système à plat de la planète en mode sans échec pour ouvrir des ports supplémentaires que je sécurise au niveau maximal de mes connaissances afin d'être complètement indétectable.

Puis je me connecte à l'ensemble du réseau des générateurs disponibles. Je fais glisser ma chaise en face du piano d'à côté pour écrire toute une panoplie de lignes de code complexes pour cracker le plus gros générateur et ainsi permettre à la planète d'utiliser temporairement l'énergie du générateur de subtitution aux frais de la Démocratie...Le tout incognito.

Bien. Il va être bientôt temps pour moi de remonter à la surface et de me faire une place au sein de la société dans laquelle on vend du rêve après le chaos de l’apocalypse. Je pourrais endosser n'importe quel rôle grâce à toutes les connaissances et compétences que j'ai pu acquérir au sein du laboratoire ARIM.

Nous allons pouvoir commencer à songer à remonter à la surface Cassiopée. Avant cela nous allons retravailler les systèmes de téléportation utilisés par ARIM, afin de les remettre au goût du jour et de programmer quelques points d'impacts à la surface.

Il ne s’agit là que de technologie, il restera encore quelques points à voir ensemble concernant la place que je pourrais me faire au sein de leur soi-disant démocratie. Quel est le point névralgique autour duquel gravite la politique de la Capitale de New Roma, sans lequel la démocratie instaurée s’écraserait sur elle-même, Cassiopée ? Enfin, en ce qui concerne le fonctionnement des périphéries qui semblent être tout autant livrées à elles-mêmes que par le passé, comment tourne l’économie du marché noir ?

Je l’écoute tout en commençant à travailler sur les premières lignes de codes de programmation sur les milliards nécessaires avec toute la technique scientifique et technologique indispensable.