Episode 3 : Dans la gueule du Loup & Le Prince du Nord [Vasili & Bryan]

Comme je m'y attendais, la porte s'ouvre violemment sans pour autant laisser apparaître le responsable. Je reste silencieux, près à braquer mon arme sur le crâne de l'individu. Je montrerai ma présence qu'au dernier moment si je ne suis pas repéré avant. Après tout la cible est à quelques mètres devant la porte.

Le bruit d'une arme que l'on enclenche pour tirer. D'une voix autoritaire et froide je lance :

N'y songes même pas.

Je me place vivement entre l'agresseur et Vladimir, mon arme pointée sur lui. Mon regard glacial le fixe tandis que je reprends :

On ne se présente plus avant d'entrer chez les gens maintenant ? Pose ton arme immédiatement, tu risquerais de te blesser avec.

Bien que mes paroles soient ironiques, l'intensité de mon charisme les rend cassantes.

Je lève simplement un sourcil à son intervention tandis que mon charisme monte d'un cran. Je crois que le zigoto ne me connait pas vraiment, voire pas du tout. Une autorité naturelle émane de moi :

Je crois que tu ne m'as pas compris. Je t'ai pourtant ordonné de poser ton arme au sol.

Que croyais-tu ? Qu'il te suffirait d'éloigner les propriétaires de la Villa pour avoir le champ libre afin d'éliminer le Patriarche ?

Je le dévisage avant de faire un signe de tête pour lui indiquer son mollet :

Quelques pépins en chemin ? Une telle blessure s'infecte rapidement. Personnellement j'ai tout le mien. Tu ferais mieux de déguerpir avant que les propriétaires ne se pointent. Je ne donne pas cher de ta peau.

L'air de rien je suis à l'affût du moindre geste suspect.

Je fronce légèrement les sourcils d'incompréhension lorsqu'il me fait tout un laïus concernant les Northerm Wolves. Je lui réponds calmement tout en laissant mon charisme faire son effet :

Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, cette Villa est la propriété d'amis. Je suis ici car je fais mon boulot justement. J'ai été informé que l'on souhait attenter à la vie du vieil homme sans défense derrière moi.

Filme-moi, je t'en prie, tu ne ferai que renforcer ma notoriété. Je suis effectivement un homme de loi, le plus droit que tu ne puisses trouver dans toute l'Amérique. J'ai l'habitude que l'on tente de salir ma réputation avec des salades aussi grosses les unes que les autres. Ce n'est pas la première fois que l'on tente de me trouver un lien avec les gangs locaux, aucune preuve n'a jamais été trouvée car il n'y en a pas.

Je m'arrête un instant tandis que mon regard devient de glace et transperçant :

Je traque les gangs sans relâche, et je les briserai tous jusqu'au dernier. Donc si je comprends bien, tuer un vieux déjà aux portes de la mort c'est ton passe temps favoris ? J'ignore si tu as l'habitude de réussir tes coups sans jamais te faire prendre, mais cette fois-ci c'est raté.

Lorsque que je prononces mes derniers mots, ils claquent comme la lame d'une guillotine qui s'abat sur la nuque du condamné à mort. L'atmosphère de la pièce devient pesant tant mon autorité est étouffante :

Dégage d'ici tant qu'il en est encore temps.

A l'arrivée de Damon, je jette un regard en coin à Vladimir qui m'avait bien caché sa présence. L'arme du propriétaire de la Villa sur l'arrière du crâne de l'agresseur, j'estime que la mienne n'est plus utile et la rengaine.

Je hoche lentement la tête à l'attention de celui qui souhaite se faire appeler "Victor" :

Il a raison. Quel intérêt auras-tu à tuer cet homme si tu n'as aucune chance de sortir vivant d'ici en passant à l'acte ? Tu agis comme une simple machine à tuer qui n'a aucune ambition d'avenir.

Je m'approche lentement vers l'entrée, laissant volontairement entrevoir Vladimir à certains moments. Je ne le quitte pas du regard tandis que je tente de lui faire entendre raison et de comprendre quel est son profil psychologique.

Es-tu vraiment venu ici en mission suicide ? Tu sembles pourtant avoir un potentiel en stratégie plutôt bien forgé. A quelques détails près, tu faisais un carton plein sans qu'il y ait la moindre résistance. C'est vraiment bien joué.

Je continue à marcher très lentement avant de m'arrêter à deux mètres de son arme. Je continue de parler de sorte qu'il se concentre sur ma voix :

Tu as des ambitions, c'est ce qu'il faut pour avancer dans la vie, un peu de folie également, et ce, quelle que soit la voie que tu aies choisi d'emprunter. Penses-tu seulement que tes employeurs ont misé tous leurs espoirs sur toi pour cette mission périlleuse ? As-tu seulement songé qu'il pouvait s'agir d'un simple test pour savoir jusqu'où tu étais capable d'aller ?

Je garde le silence un instant avant de conclure :

En venant jusqu'ici tu as certainement démontré ton sang froid, le gâcher bêtement alors que tu pourrais vivre, ce serait dommage. Non ?

Il n'y a aucune ironie dans mes paroles, simplement matière à faire réfléchir.

Je considère ses paroles un instant sans la moindre émotion détectable sur mon visage. Un Sadovski qui tente de négocier avec moi dans la Villa des NW, on aurait tout vu.

Par la nouvelle New York, tu veux parler de celle idéalement contrôlée par les Sadovski ? Si Vladimir Nordic cristallise la haine de la famille Sadovski depuis près de 50 ans et que seule sa mort permettrait de les satisfaire, pourquoi vouloir l'éliminer tout en sachant que cela déclenchera une guerre entre les deux géants russes en mettant New York à feu et à sang ; alors qu'attendre qu'il meurt naturellement permettrait aux Sadovski d'éviter un tel carnage ?

Pourquoi avoir assassiné le Ministre de la Défense ainsi que Maître Martin, si seul Vladimir Nordic nourrit la haine des Sadovski ?

Je continue de le scruter en cherchant à savoir s'il me dit la vérité ou veut tout simplement me mener en bateau. Je le trouve un peu trop ouvert pour le coup. Malgré tout je ne montre rien de mes réflexions et poursuis la conversation :

Tu me proposes une future éventuelle alliance mais te caches derrière un masque et un pseudonyme. Tu ambitionnes de devenir chef, et d'être un intermédiaire, mais qui es-tu pour les Sadovski ? As-tu seulement les moyens de tes ambitions ? Et qu'est-ce que j'y gagnerais si tel était le cas ?

Bien que je sache une grande partie de l'histoire de la famille Sadovski, si je pouvais combler quelques espaces avec des informations que je jugerais ou non véridiques, autant le faire parler et le mettre en confiance.

Je m'écarte légèrement de sorte qu'il puisse voir et sentir la puissance de Vladimir malgré son âge avancé. Toutefois je fais en sorte qu'il lui soit impossible de lui tirer dessus. Je réponds simplement après quelques secondes de silence :

Si ta mission échoue, tu mettrais du temps à grimper les échelons au sein de ta famille, et ils enverront certainement d'autres personnes faire le sale boulot à ta place, dans l'espoir de réussir.

Si elle devait être une réussite, alors tu serais tué avant de quitter cette maison. Tu ne monterais aucun échelon et ta famille reprendrait son assassinat à son compte tandis que tu serais envoyé aux oubliettes. Et dans une telle situation, ce ne sera plus des attaques à la camionnette bélier qu'il y aura dans ma ville, mais des milliers, voire des millions de morts pris entre deux feux.

Je le fixe du regard lorsque je conclus :

Les statistiques étant faites, l'intérêt des new yorkais ainsi que le tien, est que cet homme reste en vie.

Je le laisse passer à la demande du Patriarche, quand à moi je me mets de l'autre côté du canapé, face à la porte ouverte. Lorsque Vladimir fait allusion à une filiation entre Isaak et l'homme en question, je me dis que je vais attendre qu'il tombe le masque à la demande de son nouvel interlocuteur.

Après cela j'irai moi-même m'occuper des miens. L'intervention des Sadovski va bouleverser nos vies, et je dois prendre soin de la leur quoiqu'il m'en coûtera.