Bureau de l'officier Smither

La pièce est petite, il y a un petit bureau avec des rideaux pour fermer les fenêtres. La pièce semble insonorisée.

@ Abi : Tu peux parler librement, personne ne t'écoute, tu es seule.

Le téléphone sur le bureau émet une petite lumière rouge, signe que tu dois le décrocher pour valider l'appel.

Je suis bien contente de voir que Bryan nous octroie une pause. Je m'étais même pas rendu compte qu'on était resté si longtemps dans la salle de réunion.
La vache ! Le temps est passé plus vite que prévu. Enfin, le ventre déjà un peu plus rempli, et le retard oublié, je m'étire doucement tandis que l'officier blond qui m'a indiqué le chemin revient pour me dire que j'ai un coup de téléphone de Chicago...
Je ne sais pas pourquoi mais je sens tout de suite l'embrouille. Enfin, je me lève tranquillement pour aller répondre. Je fais une tête excédée l'air de dire que je peux même pas rester tranquille deux minutes, ça devait sûrement être ma famille qui se demande si je suis bien arrivée.

Je sors à la suite de l'officier, suivi quasi immédiatement par les autres de l'équipe, bien content de prendre une pause. Je me dirige vers le bureau qu'il m'indique. Je lui fais un signe de tête pour le remercier, faudrait peut-être que je lui demande son nom. Puis j'entre dans la pièce. Un petit bureau dans lequel trône un simple bureau et une fenêtre munie de rideaux. Sommaire mais efficace. Je marche dans la pièce pour rejoindre le bureau, pas de bruit. Hum... Une pièce insonorisée? Intéressant.

Je décroche l'appareil et le porte lentement à l'oreille, sur qui vais-je bien pouvoir tomber? Un "appel de Chicago", tu parles, je suis sûre qu'il s'agit d'un membre des One Niners pour me surveiller... Je prends la parole d'une voix machinale :

Allô? Abigail Jones à l'appareil.

Il y a un silence puis un raclement de gorge, tu sens comme un doux sourire se dessiner sur les lèvres de ton interlocuteur...

Allô Détective Jones ? Comment allez vous en cette première journée de travail ? Plaisante la voix du bras droit de Charlie Niner : Bastian.

Racontez moi donc tous vos malheurs...!

Il a l'air de bien bonne humeur. Presque taquin. C'est bien la première fois que tu l'entends parler comme ça. Mais il change immédiatement de comportement, ne te laissant aucun espoir.

Alors. Qu'as tu appris d'interessant Abi ?

J'aurais du me douter d'un coup foireux pareil... Pourquoi j'ai décroché ce fichu téléphone? A peine entendis-je les premières paroles de mon interlocuteur que j'en ai des frissons qui me remontent le long du dos. Mince, Bastian en personne au téléphone !
Si je m'attendais à tomber sur lui... Il a pas peur d'appeler comme ça au NYPD. Je retiens un soupir excédée mais en même temps j'éloigne quelques instants le combiné de mes oreilles. Il m'apparait beaucoup trop de bonne humeur pour être Bastian. Qu'est-ce qui se passe à la fin? Il me fout légèrement les jetons là, à paraitre aimable. Bien la première fois que je l'entends parler de cette manière. Un autre frisson. Étrange. Je rapproche à nouveau le combiné, bon, les choses sérieuses allaient commencer c'est ça?

Et voilà, qu'est-ce que je disais ! Pas même le temps de souffler dans cette fichue ville, voilà qu'on lui demande immédiatement un rapport après à peine une matinée de travail !
Je me retiens de lui dire une phrase désagréable. C'est vraiment pas le moment et qui sait? Peut-être qu'on m'écoute aux portes, normalement non...

Trop aimable...

Marmonnais-je malgré tout avant de reprendre en m'éclaircissant la voix. C'est qu'au téléphone, le bras droit de Charlie a quelque chose d'assez charmant.

Bien passée, merci. Ils ont préparé une sacré équipe. M'étonne pas qu'il reprenne du service le Dean... Elle va de la taupe, au surdoué de l'informatique, en passant par la folle de la gachette au spécialistes du terrain. Bref, du beau monde. Même le fils Summer peut être dangereux, un surdoué de la psychologie criminelle... Ah et au fait... Sympa de m'avoir prévenu que je venais de Chicago ! Je m'en suis pris plein la tronche par ta faute. La prochaine fois, j'aimerais plus d'infos, si tu vois ce que j'veux dire?

Je sais que je deviens insolente mais il m'insupporte ! Monsieur se permet de m'appeler direct dans la gueule du loup en me demandant simplement des informations. Nan mais j'te jure ! Il a intérêt à m'apporter de bonnes nouvelles, comme un appart' ou un truc comme ça.

Tu l'entends marmonner quelque chose mais que tu n'arrives pas à comprendre complètement. Il laisse un nouveau silence puis finit par reprendre simplement :

Hm...Hm. Je vois. Bon et bien, je te laisse reprendre tes activités Officier Jones.

Il s'apprête à raccrocher. Visiblement, il voulait juste savoir si tu étais bien en place. Une dernière parole ? Tu connais Bastian, il ne va pas t'attendre cent ans...

Là je faillis m'étrangler au téléphone. Il ne me réponds rien d'autre qu'un "je te laisse reprendre tes activités"? Nan mais c'est une blague là? Et mon appartement? Et... et... et plein de choses encore ! Il n'a pas tout dit là, c'est pas possible?

Hé ! Attends 2 minutes ! C'est tout ce que t'as à me dire? Il n'y a vraiment rien d'autres? Pas d'appartement en vue? Ni d'argent pour payer mon loyer? Et comment je fais pour vous contactez ? J'ai pas de téléphone pour cause de problème d'argent. Je fais comment ? T'es sûr que t'oublies rien? Bastian ! Réponds-moi. Il y a rien d'autre?

J'aggrippe désespérement le téléphone. On peut pas me faire ça, hein? C'est forcément une blague... Ils vont me dire qu'ils ont arrangé certaines choses, non? Et qu'est-ce que je fais si c'est pas le cas? Comment je fais?
J'attends qu'il me réponde en retenant quelque peu ma respiration, je m'en rends compte à présent. Je suis suspendue au téléphone en guise d'espoir. Faites qu'il réponde un truc positif au moins !

Tu l'entends attraper quelque chose puis ensuite gratter. Serait-il en train d'écrire ? Il a l'air un peu occupé, néanmoins il te répond dans un soupir.

Hm... Non pas d'appartement en vue, Charlie n'a pas le temps de s'en occuper... Il m'a dit de regarder. Mais c'est bien cher Manhattan tu vois ? On est allé récupérer tes affaires à ton ancien appartement pour les vendre, on a réglé tes deux mois de loyers en retard, donc ça a ajouté des dettes sur ta note. Hm... Je crois que c'est tout. Si tu en veux vraiment un, il faudrait que quelqu'un te prête de l'argent encore. Ta dette s'élève à 151 854 dollars maintenant. Tu es sûre de vouloir un appartement en plus ? Moi ça me gêne pas, je suis prêt à t'écouter Abi- tu sens qu'il insiste sur ton surnom pour se venger du fait que tu l'ais appelé Bastian- et à prendre en note de nouvelles dettes. Alors...?

Là c'est sûr, tu l'imagines très bien sourire derrière son téléphone ! C'était donc ça ce qu'il notait ! Tes dettes !!

Au fur et à mesure que je l'entends parler, je perds de mes couleurs et mon sang-froid. Une phrase revient sans cesse à mes oreilles, "à ton appartement pour les vendre"... Qu'est-ce qu'il venait de dire là? Qu'est-ce qu'ils avaient fait? Ces enfoirés ont vendu mes affaires ! Merde, merde ! Je les hais ! Et je le hais encore plus de prendre ce petit ton condescendant en m'adressant la parole.
Je sers le combiné avec force, faisant blanchir mes articulations. Les... Les... Les enflures ! Ils m'ont tout pris ! J'ai plus rien ! Folle de rage, je serre les dents avant de lui répondre une dernière chose.

Va te faire voir Bastian !

Puis je raccroche de rage le combiné sur son socle.

Rhaaaaaa ! Fait chier ! Fait chier, fait chier, fait chier !

Je tape du poing sur le bureau pour faire passer ma rage et mon désespoir. Ils m'ont tout pris... Ils m'ont tout enlevé. Je suis rien... Je suis plus rien... Je repense à la discussion mais plus je le fais et plus la colère veut reprendre le dessus alors je ferme les yeux. L'officier blond ouvre à ce moment-là la porte pour savoir si j'en ai terminé.
Me voyant dans un tel état, il hésite à me parler, alors je me retourne et j'essuie rageusement des larmes de colère avant de lui sourire, un sourire sincère.

Merci. Je vais bien. Merci pour le téléphone.

Puis je sors du bureau après l'avoir salué une dernière fois. Comment j'allais faire ce soir pour dormir? J'allais devoir rester au NYPD? Dormir dans la rue?
Mince... Je suis perdue là mais plutôt que de ressasser tout ça je retourne dans la salle de réunion. Le travail avant tout... Je verrais bien en temps et en heure ce que je ferais...

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