Appartement d'Ellen Jackson

Mais je croyais être la seule, à ce moment-là.

Et tu l'étais, pour moi. Et tu l'es toujours.

Il y a une boule dans ma gorge, que j'arrive de moins en moins à réfréner. Je le déteste. Il arrive toujours à me mettre dans des états pas possibles, sans faire d'efforts. Je le hais.

J'y arrive pas, Charlie. J'ai pas confiance en moi. Si j'ai pas confiance en moi, comment je peux avoir confiance en toi ?

Et si je t'apprenais à avoir confiance en toi, tu me pardonnerais ?

Je la fixe, le regard sincère, droit et raide.

Je secoue la tête.

Je sais pas...

Je m'approche, franchissant les quelques pas qui nous séparent. Je passe une main sur son visage, sa joue, lui fais relever la tête.

Dis-moi, que tu en es incapable, et je m'en vais.

Je regarde dans ses yeux. J'ai envie de pleurer. Sa main sur ma joue, ça picote, ça brûle, ça fait tambouriner dans ma poitrine. Tout bas, la voix tremblante, je répète :

Je sais pas.

Il ne m'en faut pas plus pour que je me penche et pour que je l'embrasse. Un baiser lancinant qui réveille chez moi, des pulsions jusqu'ici endormies, mon rythme cardiaque s'accélère. Moi je sais que tu le peux. J'en suis sûr.

Et je lui répète ma pensée :

Je sais que tu peux, Ellen Jackson. Épouse-moi.

Je m'accroche à ses lèvres comme si c'étaient ma bouteille d'oxygène. Il embrasse comme on essaye de ressusciter une personne chère. Passionnément, aveuglément, douloureusement. Et je lui réponds, comme une conne. Je lui réponds parce que c'est la seule chose à faire. Parce que je ne peux pas faire autrement que de lui céder. Parce que je l'aime.

Il arrête de m'embrasser pour me chuchoter quelques mots. Et là, je craque. J'en peux plus. Je me serre contre lui, mon visage pressé contre son torse, étouffant mes sanglots dans le tissu de son t-shirt. Je peux plus bouger. Je peux plus rien faire. J'ai tellement espéré qu'il vienne. Qu'il dise tout ça. Qu'il me préfère. Qu'il me donne l'espoir d'y arriver. Je tenais plus, toute seule.

Je la serre, fort, contre moi. Mes mains caressant son dos pour la calmer. Silencieux comme jamais, je baisse mon visage pour lui embrasser le haut de la tête, posant quelques baisers sur ses cheveux soyeux. Je la caresse, doucement, c'est bon. C'est fini, je suis enfin là. Ellen. J'arrête de te torturer, maintenant, c'est promis.

Je l'embrasse une dernière fois, puis je m'écarte d'elle, dès qu'elle est capable de se tenir debout seule, je pose ensuite un genou à terre, et je sors une petite boîte que j'ouvre. Je la regarde dans les yeux, l'estomac noué par le trac, et je recommence :

Ellen Jackson, deviens ma femme. Épouse-moi et donne-moi les plus beaux enfants du monde. Je te le demande, moi, Charlie Nine. Veux-tu m'épouser ?

Je renifle. Super élégant, bravo Ellen. Je m'essuie les joues de la main, cherchant à retrouver un minimum de dignité. Pas facile, encore pire quand il s'agenouille. Je me retiens pour pas recommencer à chialer.

Oh, bon sang. Charlie. Il a même ramené la bague, ce connard. Un genou à terre, tout. Absolument tout.
Je hoche la tête, très vite, incapable de faire autre chose, effrayée à l'idée de chialer encore si j'ouvre la bouche. Je continue mon signe affirmatif, serrant les lèvres, lui tendant ma main gauche. Elle tremble en l'air, mais tant pis.

Je souris, et j'enlève la bague de son écrin. Je la fais glisser à son doigt. Parfait. Elle est parfaite pour elle. Je lève un regard vers ma petite poupée, préférée, unique en son genre. Puis je me relève, lentement avant d'aller la prendre dans mes bras de nouveau et de l'embrasser avec passion. Ignorant ses larmes, sa respiration tremblante. Je murmure contre ses lèvres, la laissant finalement respirer :

Je t'aime, Ellen. Comme je n'ai jamais aimé une autre femme.

Je saute littéralement dans ses bras, le serrant de toutes mes forces. Je ne dis rien, mais il comprend. Il comprend que je l'aime. C'est obligé.

Ma réponse ne se fait pas attendre, je la serre en retour. Je la garde tout contre moi. Tu es à moi, à présent. Ellen Dolls. Ellen Jackson, peu importe. Nous restons un moment enlacés, silencieux. Jusqu'à que Noah revienne et nous surprenne :

Oulala...ça s'câline par ici, j'crois que j'vais retourner dans la chambre comme si j'avais rien vu...

Noah, mon petit bout de chou. Il a tout de suite compris lorsque j'ai divorcé de sa mère après le départ d'Ellen. Il comprend tout ce gosse... Tout. Et il accepte tout. Même Ellen, il la prend volontiers.

Je ris. Il est vraiment trop, ce gosse. Je souris, dans le cou de Charlie, mon Charlie. Il est à moi, je suis à lui... ça devait forcément arriver avec ce connard... Mais qu'est-ce que je l'aime... New York n'a qu'à bien se tenir à présent !

[...]

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