Le bureau [Dean&Bryan]

"Capitaine Summer, vous succédez à votre défunt père à la tête de l'équipe AG, comment comptez-vous poursuivre son oeuvre ?"

Cette question aussi anodine que lourde de sens, posée par Mlle Linkberg animant l'émission du CBS News d'hier, résonne encore dans ma tête. Bien entendu je n'allais pas lui dévoiler tous mes angles d'attaques puisque je sais que les gangs étaient tous devant leurs écrans à cette heure précise afin de prendre la température des ambitions du fiston, de "Junior". Néanmoins, j'ai tenu exactement la même réplique que lui concernant le gommage du mot gang d'ici à 2023. Il est évident que j'ai regardé l'émission du 6 septembre 2021, jour de mon entrée au NYPD, un nombre incalculable de fois. Encore aujourd'hui, je décortique son interview pour en extraire la ligne de conduite à suivre, bien que j'aie moi-même mes propres idées.

Je me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir afin d'aérer la pièce dans laquelle je vais rester de nombreuses heures à travailler dans les cartons placés devant moi. Je ne sais pas si c'est la poussière qui s'est accumulée dans la pièce en cinq mois ou si je développe une allergie quelconque mais, tandis que je vais pour ouvrir la fenêtre, je suis pris d'une envie extrême d'éternuer me faisant plisser le front et prendre plusieurs fois de suite une inspiration saccadée. Portant mon avant bras à mon nez afin d'exécuter mon éternuement dans le creux de mon coude, j'étouffe difficilement le puissant bruit que j'émets à trois reprises.

KUSO !!

Je ne relève pas le juron japonais que je viens de prononcer tant cela me semble naturel désormais. Et dire qu'il y a cinq mois, je n'en parlais pas un mot. Et s'il ne s'agissait que du japonais...Je parle tout aussi couramment le chinois, l'espagnol, le français et le russe. Je suis donc polyglotte. Cela n'arrange pas ma position au sein de mon équipe et a fortiori face aux new yorkais, je suis un phénomène. Pour ma part, j'ai l'impression d'avoir perdu toute part d'innocence, et d'être l'homme qui connait tout sur tout aux yeux de mes proches et de la population new yorkaise. Alors que tel n'est pas le cas. Pour preuve : la présence de ces cinq cartons devant moi dont je ne connais pas la teneur et que j'aimerai bien connaître rapidement en engloutissant l'ensemble des informations qu'ils contiennent.

Après avoir dépoussiéré le bureau et y avoir installé mon portable afin de prendre des notes, je me dirige fermement vers les cartons et mes yeux se posent inconsciemment en priorité sur celui contenant la mention "One Niners". Pourquoi ce gang en particulier ? Ma haine pour ces derniers ne s'est tout simplement pas éteinte et ne s'éteindra jamais, j'en fais une affaire personnelle bien que mon équipe soit en permanence derrière moi et en particulier O'Malley. Depuis la mort de mon père, nous sommes plus proches que jamais, il a même consenti à enquêter sur Paul en s'arrangeant pour se faire convoquer à plusieurs reprises dans son bureau. Sam avait raison lorsqu'elle me disait que j'aurais besoin de ses services. C'est le seul à être au courant de mes doutes quant au véritable statut de Paul, outre Sam qui a subi mon courroux cinq mois plus tôt, mais que j'ai tôt fait de dissiper en faisant passer cela sous le coup de la fatigue et de l'émotion.

Le cutter en main, je coupe le scotch sur toute la longueur afin d'ouvrir le carton et de dévoiler la quantité de travail qui m'attend rien qu'avec ce gang. Au premier coup d'oeil, les documents, pour la plupart reliés, me semblent faramineux, ce qui ne m'étonne absolument pas. J'ose espérer qu'ils soient classés par dates, ce qui ne m'étonnerais pas. Un homme si organisé que Dean ne peut pas oublier le bé-a-ba de l'archivage. Sans doute finirais-je par me créer un coin archives avec armoires métalliques coulissantes fermant à clef.

Mon premier réflexe est de regarder les dates des dossiers et notamment les feuilles mobiles qui seraient placées au-dessus de la pile. Ce qui m'intéresse le plus sont les plus récents pour le moment, je n'ai pas la tête à me taper un cours d'histoire des gangs. Peut-être le ferai-je le soir avant de m'endormir si je lutte à trouver le sommeil tandis que Sam dormirait paisiblement à poings fermés.

Je dépose les dossiers par ordre décroissant à côté de mon portable sur le bureau puis m'y installe. Prenant les feuilles libres les plus récentes, je les lis consciencieusement, bien que rapidement tout en y notant les informations qui pourraient me paraitre utiles concernant les découvertes que mon père aurait pu faire ces derniers mois sur les One Niners (Organigramme, entourloupes, relations actuelles et à venir (alliances,guerres ouvertes, trafics, contacts avec la Police, corruption...) Cela étant fait, je passerai aux dossiers un peu plus volumineux mais plus ou moins proches de la date d'aujourd'hui. Je regarderai le sommaire et chercherai le même style d'informations.

Si je suis amené à tomber sur une information qui attirerait particulièrement mon attention, je la noterais et chercherais plus loin dans le portable de mon père et si je ne trouve pas de quoi approfondir mes recherches, je prendrais son carnet d'adresse pour l'utiliser à mon profit.

Je sors le premier dossier, le deuxième, le troisième...puis finalement tous, contraint de constater que les archives ne sont pas classées dans l'ordre. Je vais donc le faire moi-même.

Que mierda...

Et voilà que j'utilise le dialecte des mexicains. Ca tombe bien, je serai dans le vif du sujet comme ça. Ainsi le "gang" des One Niners est issu d'une fusion entre deux petits gangs ou "club". Je me demande bien pourquoi ils utilisaient ce terme en 1865, le terme "gang" était trop péjoratif ou avaient-ils d'autres activités que le meurtre d'hommes politique ?

Aujourd'hui quelles sont les définitions d'un club ? Il y a bien entendu les fameux clubs de vacances où sont envoyés les enfants. Mais je doute fort que cela se rapproche du "club" des "Niners". Une association, oui mais privée, fermée. Et que trouve-t-on dans un club privé en général ? des trafics, et pas uniquement des trafics d'argent, de visas d'identités ou de drogue, non, il y a aussi des trafics de femmes, du libertinage, de la prostitution de luxe.

Je note cette réflexion, puis poursuis sur les éléments qui me frappent l'esprit face à ces dossiers et en particulier celui traitant de la fusion des "One's" et des "Maran's". A cette époque il y avait donc deux chefs de gang, qu'en est-il aujourd'hui ? Travaillent-il toujours par paire à la tête du gang ou ont-ils opté pour un seul et unique Chef ? Si tel est le cas, comment est-il nommé ?

Je fronce les sourcils tout en faisant tourner les pièces à conviction entre mes mains. Si Paul est effectivement un One Niner, et compte tenu de son charisme, de sa force de caractère, il est légitime de se demander s'il n'est pas un descendant d'un des deux hommes dont j'ai leur photos sous les yeux. Et dans ce cas, cela signifierait que le Chef officiel des Niners serait lui, descendant de l'autre famille. Lequel des deux serait descendant des One's ou des Maran's ? C'est un point intéressant à noter. En partant de la base et jusqu'à aujourd'hui, je devrais pouvoir trouver d'autres photos de chefs de gangs, ou des éléments me permettant de comprendre comment fonctionne le gang à l'heure actuelle.

Ces premières réflexions étant faites, je passe au détail : les actes criminels de ce "gang" ou plutôt de ce "club". Ils sont réputés pour être responsables de meurtres de beaucoup d'hommes politique et signent leurs méfaits en leur coupant un doigt de telle sortent qu'il ne leur en reste plus que neuf. Curieux, je n'avais pas remarqué cela au cours de mes affaires. Ont-ils changé leurs pratiques ou n'ai-je tout simplement pas fait attention à ce détail, qui pourtant est important à mes yeux ? Et pourquoi particulièrement des hommes politique ?

D'ailleurs cela me remémore l'affaire du meurtre de Staten Island, le journaliste qui avait été retrouvé ligoté et torturé contre le lit de la chambre d'hôtel. Lui aussi avait un doigt en moins et pourtant, l'auteur de l'acte était un Little Dolls et non un Niner. Acte volontaire ou coïncidence ?

Sur cette réflexion, je vais me faire un café puis reviens quelques minutes plus tard pour comparer les éléments que j'ai relevé avec ce que mon père a pu noter dans un cahier (dans son bureau) ou sur son ordinateur portable. Peut-être a-t-il trouvé des éléments de réponses aux questions que je me pose concernant la signification du mot club et la structure actuelle du gang par exemple (voire concernant la filiation de Paul avec Baptista ou Abelardo...) Je chercherai également s'il a relevé les raisons qui ont poussé ce gang à assassiner un bon nombre d'hommes politique.

Tant d'autres questions me passent par la tête, mais je dois faire cela avec beaucoup de méthodologie ou je ne m'en sortirais jamais.

Lorsque tu recherches sur internet le mot "club" tu as cette définition qui ressort principalement :

Citation :

Société de personnes qui s'assemblaient à jours fixes pour discuter des affaires publiques.Il s'applique à certains cercles où des gens du monde viennent causer, jouer, lire, il se dit aussi d'une réunion de personnes qui s'assemblent pour quelque but commun.

Tu apprends que les Niners sont aussi connus pour le trafic d'humain. Beaucoup d'immigrés passent en Amérique grâce à eux, sans savoir ce qui les attends là bas : trafic d'organes, prostitutions de femmes, d'hommes, d'enfants, fabrication de balles pour AK4, etc...

Ton grand père a travaille sur une affaire de descente dans un coin isolé de New York. Un hangar abandonné et en mauvais état dans lequel était employés des immigrés sans papiers. 500 personnes pour 150 m² et un toilette. Après interrogatoire, on a appris que si le nombre de balles par jour n'était pas atteint, deux hommes étaient tués le soir même. On le torturait et le crucifiait dans le hangar devant les autres. En lui arrachant les reins avant et les yeux.

On énucléait les enfants pour faire la manche dans le métro et faire pitié aux new yorkais... On les laissait aux mains de pédophiles, les 3/4 des enfants portaient des traces d'abus sexuels.

Tout ça te donne la nausée, et tu manques recracher ton café quand tu tombes sur des photos de corps torturés, d'enfants battus et énuclés, etc...

Tu tombes soudain sur un morceau de journal légèrement abimé.

Mémoires d’un Summer

23 juin 1865

Alban Garry Summer, officier du NYPD, 1865

"Bande de tarés" voilà ce que je leur ai balancé à la tronche quand je suis arrivé sur le terrain du club des Niners. Club mon cul. C'est un gang, point barre, des sales voyous. Qui se disent les gardiens de New York comme le font les Black Wolves. Assassins, voleurs, traîtres, ils le sont tous.

L'association des deux petits gangs ne m'avait pas surpris, les Maran's étaient réputés pour leurs femmes et leur dope de merde et les One's pour leurs armes et leurs cigares. Pff...

Mais bien sûr, malgré l'alliance, il fallait se douter que y'aurait un des chefs qui crèverait. Pas étonnant, aucun des deux ne voulait être descendu Vice Président ou Bras droit comme je dirais... Et puis je l'avais bien vu le petit Baptista en train de magouiller avec l'autre salope de Virginia...

Maligne la gamine, très jolie, des cuisses à faire bander n'importe quel mâle sur Terre. Mais aussi la Présidente du club des Little Dolls. Ils disent qu'ils étaient en train de baiser pendant que Aberlardo s'est fait assassiné mais pourtant, tout montre que ce sont eux qui l'ont tué, de leur propre main.

Dommage qu'on m'ait appelé sur le terrain pour une planque de dope. J'suis sûr que c'est eux qui m'ont appelé. Appel anonyme, mon cul. Ils savaient que j'allais les faire tomber tous les trois ! Putain de taupe, j'suis sûr que y'en a une dans l'équipe.

Maintenant que Baptista a la puissance des mexicains pour lui tout seul, ça va faire mal... Puta de vida comme on dit.

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La page est déchirée, c'est une feuille volante...

Des barbares ces Niners, pas étonnant qu'ils traficotaient avec les Little Dolls, ils utilisaient tout autant des méthodes aussi sadiques. Il semblerait qu'aujourd'hui ils aient quelque peu changé cela, encore que, ce n'est pas certain. La prostitution doit être bien ancrée dans leur "patrimoine génétique". J'ose au moins espérer qu'ils ne traitent plus les enfants de la même manière. En tous les cas, je n'ai pas eu vent d'une telle affaire ces derniers mois.

Ce rapport qui ressemble plus à une page de journal intime m'intéresse particulièrement dans la mesure où en quelques lignes, il retrace l'histoire du gang. Au fond, les agissements de 1865 ne sont pas vraiment différents de ceux de 2022. Le pouvoir, le business, les femmes, c'est tout ce qui intéresse les gangs. Comme le soulignait si bien mon arrière grand père à cette époque "assassins, voleurs, traîtres, ils le sont tous". Et pourquoi le sont-ils ? Tout simplement pour supprimer les personnes qui leur font de l'ombre ou qui ont une fortune considérable. En d'autres termes, ils vont très vite s'apercevoir que ce n'était pas mon père qui leur faisait plus d'ombre mais bien moi. Un flic de la pire espère !

Je reprends ma prise de notes et relève le lien entre les One Niners et les Little Dolls, me semble-t-il que nous n'avions pas établi de liens entre ces deux gangs lors de notre première réunion. Je me demande bien si ces derniers ont conservé cette relation à l'heure d'aujourd'hui. Bien que 1865 remonte à assez loin, faisant un bond de trois générations, généralement ce genre de relations persiste, d'autant plus que comme nous l'avions dit, les Little Dolls sont une plaque tournante en matière de trafics d'identité et louent même leurs entrepôts aux plus offrant tel que les Black Wolves. A moins que leurs relations ce soient dégradées entre temps, il n'y a pas de raison particulière pour que cela ait changé aujourd'hui.

Avant de faire un bond dans le temps une fois que j'aurai passé rapidement en revue les dossiers traités par mon arrière grand père, j'attrape le téléphone fixe du bureau et contacte Kévin afin de lui donner également du boulot concernant ce gang, ce qui me faciliterait la tâche pour pouvoir éplucher les suivants également. Mais surtout de voir s'il peut me trouver des éléments intéressants concernant le gang actuel.

Tout en laissant sonner son portable, je prends mon café de l'autre main et bois quelques gorgées. Lorsqu'il décroche, j'avale la gorgée que j'avais en bouche et repose mon café :

Kévin ? Salut c'est Bryan. Navré de te déranger. Comment vas-tu ? Vous vous en sortez au NYPD ?

Je laisse un blanc de quelques secondes avant d'entrer dans le vif du sujet, il doit se douter que je ne l'appelle pas par pure plaisir.

Dis-moi, je bosse sur les archives des gangs là, en particulier celui des One Niners pour le moment, tu n'aurais pas fait des recherches concernant leur organisation actuelle et leurs relations avec le gang des Little Dolls par hasard ?

Trop d'incohérences dans les anciens dossiers m'empêchent d'avancer à ma vitesse de croisière habituelle. Lorsque je tombe sur les conflits de dates concernant celle du rapport (1865) et celles relatives au permis de séjour officiel de Baptista (1912) et de la création des One's (1919), je suis complètement dans le flou. Mon grand père ne peut pas s'être trompé de date dans son rapport tout de même...Ce serait trop gros. Ce ne peut être qu'une falsification du permis de séjour permettant à Baptista de venir travailler aux USA, mais dans ce cas pourquoi avoir mis 18 ans et non 21 ans ?

Heureusement que Kévin a trouvé des informations plus récentes, que j'ai d'ailleurs pu traiter ces derniers mois, mais ce que je découvre sur les relations entre les Little Dolls et les Niners ne m'arrange pas vraiment. De deux choses l'une, soit Baptista et Virginia avaient conclu un pacte de non agression suivi d'un complot d'assassinat pour liquider Abelardo, soit il n'y a jamais rien eu entre eux et ce mobile était simplement utilisé pour éviter que mon grand-père coule deux gangs pour le prix d'un, ou à tout le moins les affaiblisse fortement. (d'où l'appel a"anonyme" ?) Ce qui expliquerait qu'aujourd'hui les Little Dolls et les Niners ne se voilent plus la face concernant une éventuelle alliance ou pacte de non agression. A moins qu'il s'agisse que d'histoires de cul et d'intérêt depuis 1865, ou 1919...

Les coudes posés sur le bureau, je me prends le visage entre les mains et suis à la limite de m'arracher les cheveux face à cette complexité. Si j'avais su...J'aurais commencé à éplucher ces archives dès mon arrivée au NYPD !

Je soupire et termine mon café d'une traite avant de me diriger vers la fenêtre du bureau, le regard dans le vague et le cerveau en ébullition. Je sens que je vais exploser ou tomber dans la nostalgie. Je regarde ma montre, il est bientôt 13h.

*Faites que Sam soit libre par pitié.*

Je retourne au bureau et relève le numéro de l'hôpital ayant accueilli la jeune femme témoin de la fusillade entre les Little Dolls et les Niners. Je les appellerai en début d'après-midi ou en début de soirée si j'ai trouvé autre chose à faire pour décompresser entre temps. Puis j'envoie également un mail à Kévin avec l'adresse du forum pour qu'il me tire le maximum d'informations sur l'identité de ce fameux "Ninerpro64", afin qu'on puisse lui rendre une petite visite de courtoisie.

Je range les dossiers dans leur carton mais de manière un peu plus organisée de sorte que je les retrouve sans aucune difficulté et referme le carton avec du scotch. Je tente ensuite d'appeler Sam, afin de savoir si elle est libre pour un petit restaurant en tête à tête, à moins qu'elle préfère que je commande pour toute l'équipe. A défaut de réponse, je ferai un saut au NYPD pour me changer d'air, de cette solitude déprimante. Bien entendu je n'oublierai pas de refermer les fenêtres de l'appartement ainsi que toutes les portes fermant à clef.

Je crois halluciner lorsque j'entre chez moi et vois du bordel partout, moi qui me cassais la tête à ranger les documents par dates...Je passe sur la musique à fond, chacun travaille comme il le sent, en revanche les télévisions allumées dans toutes les pièces...Je sens que je vais le faire participer au prix du loyer en lui faisant payer l'électricité...

Plus j'avance, plus l'odeur de produit illicite se fait sentir...Là non, c'est de trop ! Je commence par éteindre toutes les télévisions, vaporise du parfum dans tout l'appartement, baisse la musique et me place face à Lee qui semble dessiner un arbre généalogique géant. Je me racle la gorge et croise les bras sur ma poitrine :

C'est comme ça que tu travailles Lee ? Tu m'expliques comment tu peux être efficace en te shootant ? Et tous ces papiers éparpillés au sol, et scotchés au mur, c'est quoi ? Je vois que tu dessines un arbre généalogique géant, tu as bien avancé au moins ?

Je rejette la fumée de la main et tente de me frayer un chemin entre tous ces papiers. Je sors mon arme de service de son holster et retire le chargeur avant de lui tendre, le sourire aux lèvres :

Tiens, au cas où tu manquerais de réserve de cannabis.

Puis plus sérieusement :

Bon explique-moi ta manière de travailler car là je ne comprends rien, pour moi c'est le bordel total. Qu'as-tu marqué sur tes post-it ? On dirait un sapin de Noël !

Ah et pour les rapports mal datés, moi j'y suis pour rien, si tu compares ces rapports avec les miens, tu verras que mes rapports sont organisés et parfaitement classés ! Bon je regarde un peu tout ça et je vois pour te filer un coup de main.

Je m'accroupis près de lui et jette un coup d'oeil à son arbre généalogique. Puis je cherche également à comprendre son "organisation" si on peut parler ainsi, en feuilletant les papiers au sol, sans pour autant les changer de place, sait-on jamais, quelques fois qu'il ait fait ça pour s'y retrouver. Je fais de même ensuite avec les feuilles scotchées aux murs.

Je l'écoute lire une page du journal intime de mon grand-père et j'en tombe les fesses par terre lorsque j'apprends, visiblement en même temps que Lee que j'aurais un oncle membre des Little Dolls. Je passe du teint livide au rouge écarlate. Je ne dis pas un mot pendant un moment. Puis, je lui arrache la feuille des mains pour la relire, comme pour me persuader qu'il a dit ça pour se foutre de moi...Mais non...Lewis, le fils de Virginia est mon oncle...Je n'ose même pas imaginer la suite...Si ce dernier a eu un fils ou une fille...Cela voudrait dire que c'est mon cousin ou ma cousine...Il ne manquerait plus que ça...

J'explose :

PUTAIN DE MERDE FAIT CHIER !!!

Je m'arrache presque les cheveux puis pars comme une furie dans le salon pour me servir un verre de whisky que je vide d'une traite avant de m'en servir un second et revenir avec dans le bureau...

Je m'assois en face de lui et dis :

Bon attends...Si les calculs sont bons, ça veut dire que Lewis est mon oncle et qu'il a sûrement eu un fils ou une fille qui serait mon cousin ou ma cousine. Admettons, qu'à mon instar au sein du NYPD, mon cousin ou ma cousine qui doit avoir le même âge que moi, ou peut-être un peu plus âgé(e), est susceptible d'avoir une place importante au sein des Little Dolls, le Bras Droit imaginons...


puis je contracte les mâchoires :

AH PUTAIN NON !! C'EST PAS POSSIBLE...

Je me tais et entame sérieusement mon second verre et regarde dépité l'arbre généalogique qui parle de lui-même...

Je caresse également mon arme de service en y remettant le chargeur. Je la pose sur mes genoux et soupire.

Papillonnant des yeux, je gémis de douleurs alors que j'essaie de comprendre ce qui m'arrive. Je me frotte la nuque en bougeant la tête de gauche à droite :

Puta madre ! Mi cabeza...

Je ferme les yeux un instant et me tiens le visage entre les mains avant de me tourner difficilement vers Sam :

Sam ...? Mais que s'est-il passé ? Qu'est-ce que je fais là au milieu des papiers moi ? J'ai fait un horrible cauchemar, j'ai rêvé que mon grand-père avait eu un fils avec Virginia Dolls, et que mon oncle Lewis était un gangster...

Je regarde le verre à côté de moi :

Ah...J'ai pas rêvé ? J'ai vraiment bu ...?

Je me laisse tomber dans ses bras :

Je suis maudit...

Je la laisse faire et me détends au gré de ses baisers et caresses :

Oui tu as sans doute raison ma puce...Mais quel prochain secret m'attend dans les autres cartons ? Un autre membre de ma famille a eu un enfant avec un gangster ? Un One Niner pour couronner le tout... ? En tous les cas ça ne doit pas sortir d'ici. Et surtout pas être divulgué au NYPD. Je n'ai plus confiance en rien là-bas, il y a des prises de son partout et je reste persuadé qu'on traîne encore une putain de taupe. Si c'est dévoilé à la presse ça va être un scandale national...

Je ramasse la page du journal intime de mon grand-père ainsi que l'arbre généalogique. Je me passe machinalement une main derrière la tête et ressens la présence d'une bosse :

Mais...Je ne me suis pas endormi, j'ai été assommé !

Ma tête se tourne machinalement vers Lee qui, bizarrement, est caché derrière Sam. Je lui lance un regard furieux concentrant toute mon autorité contre lui :

Pourquoi tu m'as assommé abruti ?! Range-moi l'appartement et casse-toi ! Je ne veux plus te voir de la journée...

Je lui souris et lui réponds concernant Lee :

On verra plus tard, mais pour le coup il a abusé. C'est comme si je l'avais envoyé au tapis quand je suis rentré et que l'appartement empestait le cannabis.

Je reviens, je range ça, ferme toutes les fenêtres et je te suis. Tu conduis par contre. J'ai deux verres de trop dans le nez.

Je range les documents dans le tiroir que je ferme à double tour et garde la clef sur moi. Je ferme rapidement les fenêtres après m'être remis du coup qui m'a été porté. Je reviens ensuite vers ma dulcinée, glisse ma main dans la sienne et l'embrasse tendrement :

On y va ma douce ? Tu as des dossiers de retard dans ton bureau que je pourrais éventuellement t'avancer ?

A bout de force, sans aucune énergie mentale pour lutter contre mes idées noires, je me dirige vers la salle de bain pour prendre une boîte de médicaments, puis me dirige ensuite vers le salon afin d'emporter la bouteille de whisky que j'avais déjà entamé la dernière fois. Puis emporte le tout au bureau.

Je commence à boire à la bouteille, sors mon arme de service que je pose sur le bord du bureau. Plus je bois, et plus je suis déprimé, ce n'était pas l'effet escompté. Après avoir bu la moitié de la bouteille, je suis complètement affaibli, et ne tiens plus sur ma chaise, ma joue vient s'appuyer contre les touches du téléphones fixe composant un numéro court d'un membre de mon équipe. Je ne sais pas très bien de qui il s'agit mais il semblerait que ce soit Lucie.

Mon bras droit s'étale sur le bureau faisant tomber les médicaments au sol, sans que j'aie pu en prendre un seul, mais aussi l'arme de service qui, tandis que l'on semble répondre au téléphone, cogne le sol ce qui a pour effet de faire partir la balle qui était déjà chargée.