Episode I : Loup y es-tu ? [James]

Ces humains tous autant qu'ils sont commencent sérieusement à me fatiguer. Chacun pour soi, ils ne connaissent que ça alors qu'ils devraient se serrer les coudes pour la survie de l'espèce humaine.

Le coup de jus ne m'a pas fait de grand bien, j'entends James m'appeler et se plaindre, pour le coup il a une bonne raison, sa terreur circule jusque dans mes propres circuits. S'il se trouve sur cette table, c'est de ma faute, il m'avait lui-même dit qu'il ne sentait pas cette soirée, mais je ne l'ai pas écouté. Je lui dois donc de nous sortir d'ici et d'être un peu plus à l'écoute.

Silencieux le temps pour moi d'éliminer les désagréments de l'électricité dans mon système du mieux que je le peux, je prends tout de même la parole pour répondre à James.

*Je suis...ZZZ...là James. Je ne les laisserai pas te retirer quoique ce soit.*

Lorsque je tourne la tête de James pour regarder les alentours, le geste est purement mécanique et électrifié, démontrant mon dérèglement interne temporaire. Ce ne sera pas un cobaye qu'ils perdront si j'arrive à nous sortir d'ici, mais deux.

Pendant que je canalise les secousses électriques pour inverser l'effet des électrons je m'adresse à James.

*Vois si tu peux discuter avec la demoiselle à côté de toi sans vous faire surprendre par les gangsters. Demande lui comment elle est arrivée ici ...ZZZ... et ce qu'ils sont susceptibles de trouver d'intéressant sur elle. Il se pourrait qu'elle soit utile pour notre sauvetage. Bref une conversation d'humains. De mon côté...ZZZ... je travaille pour utiliser le métal et les instruments chirurgicaux à notre profit. Je vais utiliser l'électricité que tu as reçu et qui embrouilles mes circuits en les faisant circuler le long de ton bras à côté de la table à outils, ça peut picoter un peu en circulant, mais c'est le meilleur moyen que j'ai afin de tout faire pour nous sortir de là le plus vite possible.*

J'analyse rapidement la configuration de la pièce afin d'en connaitre les moindre recoins utiles pour nous faire la malle. Je n'oublie surtout pas la vidéo surveillance afin d'utiliser un angle mort, non "filmable" si cela est possible.

Je stock l'électricité et modifie la circulation des électrons pour les rendre positifs de sorte qu'ils ne repousseront pas les instruments chirurgicaux mais plutôt les attireront à moi pour les utiliser contre nos futurs bourreaux. Si l'occasion devait se présenter, je n'aurais aucun scrupule à les tuer. C'est le meilleur moyen de sortir d'ici vivants.

Voyons ce que nous pouvons tirer d'intéressant de la demoiselle à côté maintenant.

James hors service, je vais devoir tout gérer seule. La parlotte je n'aime pas ça, je préfère l'action. Dommage que mon hôte ne soit pas augmenté physiquement, cela m'aurait vraiment beaucoup aidé pour nous sortir d'ici. Je fixe le visage de ma voisine et mets en oeuvre tout l'art psychique de James pour la calmer. Ce n'est pas avec une hystérique que j'irai loin :

Cessez d'user vos forces inutilement, les seules valeurs que vous avez à leurs yeux sont vos augmentations. De mon côté ils pourront toujours me dépecer, ils ne trouveront rien d'intéressant. Mais de votre côté vous avez peut-être des talents à protéger ?

Je ne sais pas vous, mais moi, je ne compte pas rester ici pour leur servir de cobaye avant d'être exécuté. Il y a des moments où il faut tout mettre en oeuvre pour se tirer d'affaire, celui-ci en est un.

Je profite que les outils chirurgicaux qui sont préparés pour ma voisine soient face à moi pour en détailler le contenu. Je teste également mes liens en essayant de me libérer un bras. Quelle que soit la situation, bras libérable ou non, je l'étirerai au maximum pour me saisir des gants. Il s'agit de ne laisser aucune trace ADN si je devais commettre un meurtre.

Quoiqu'il en soit je calcule au millimètre près la distance entre le chariot à outils et moi. Il suffirait d'un simple moment d'innatention du gangster pour que la situation tourne à mon avantage.

Ainsi, la demoiselle s'est fournie chez les Chronos pour son amplificateur social. J'espère au moins qu'ils n'en réduisent pas l'efficacité comme il le font pour l'Axion en la coupant. Je réponds à sa question avant de poursuivre sur le plan de fuite :

Je ne dois rien, je ne suis qu'un informateur. Je suis ici uniquement parce que j'ai compté sur leur loyauté mais ce fût naïf de ma part.

Je laisse un blanc, pour marquer mon changement de sujet, dommage que je ne puisse pas lui insuffler mes pensées pour aller plus vite et surtout jouer la discrétion. Un ton plus bas je reprends :

Vous disiez qu'ils vous ont implanté un amplificateur social, de quoi êtes-vous capable exactement ? Sauriez-vous imposer vos pensées aux gangsters qui sont censés venir dans cette salle afin de manipuler leur esprit ? Voire d'anticiper leurs intentions ?

Je m'amuse de sa gêne, d'autant plus qu'elle ne peut déceler aucune émotion en moi. Je hausse les épaules puis réponds à son étonnement :

Rien n'est impossible de nos jours. Je ne demandais cela que dans le but de fomenter un plan de sortie, je pense que nous serons mieux autour d'un verre et d'une seringue d'Axion, qu'ici en petites tenues sur des tables congelées.

J'espère que ma présence ne sera pas de trop pour vous ?

Et voilà que je commence à penser comme un gentleman. Je la laisse me fixer et pour tester quelque peu ses compétences psychiques, je laisse certaines émotions de James circuler vaguement sur son visage, tel qu'un petit sourire sincère mais surtout un calme légendaire. Puis je lui ferme ensuite complètement le cerveau de mon hôte, la laissant face à un noir total.

J’enchaîne ensuite sur sa dernière question en plongeant profondément mon regard dans le sien lui faisant ressentir successivement des sensations d'oppression et de quiétude :

J'ai moi-même quelques notions d'art émotionnel et m'en sers aussi à maintes occasions, lorsque la nécessité s'en ressent. J'imagine que lorsque vous êtes stressée ou paniquée vous êtes incapable de faire quoi que ce soit en terme de travail psychique ?

Je n'attends pas vraiment de réponse de sa part puisque je sais que James fonctionne ainsi, et cela doit être vrai pour tous les humains. Je me focalise sur son rythme cardiaque que je pourrais presque entendre d'ici. Puis je lui indique quelques conseils avant que nous puissions envisager un travail d'équipe. Je ne voudrais pas me retrouver avec une incapable paralysée par la peur. Ce serait notre mort assurée à tous les trois.

Dans toutes les circonstances, vous devriez maîtriser vos émotions, à commencer par ralentir votre rythme cardiaque sans quoi vous ne pourrez rien envisager. C'est pour cela que je vous ai demandé de vous calmer dès le début. C'est uniquement avec l'esprit clair et votre propre maîtrise corporelle que nous pourrions avancer.

Vous comprenez ? Je sais que c'est difficile, il m'a fallu de nombreuses années pour arriver à ce stade, il m'arrive encore de me faire trahir par mon propre corps. Mais c'est essentiel.

Oubliez où nous nous trouvons et focalisez-vous sur votre objectif, et uniquement celui-ci.

Je hoche la tête au travail qu'elle commence déjà a effectuer sur elle-même. Ce travail me permet d'étudier l'évolution de sa capacité psychique en mélangeant celle de mon hôte à la sienne.