Episode I : Traquée [Sharp]

Tout ça ne doit être qu'un véritable cauchemar... Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre. Mikael qui me tient fermement, Orion qui semble vraiment éteint après la nouvelle et qui semble terrifié, mes pleurs qui redoublent après l'horreur, après le geste de ma puce.
Seigneur...
Les secondes, les minutes sont interminables alors que mon chef attend le NYPD pour la seconde fois en deux jours... Cela devient une habitude on dirait...
Que dois-je faire ? Ma puce... Ma "confidente" vient de commettre un acte irréparable. Et je n'étais qu'une marionnette. Depuis quand prévoyait-elle ce genre de chose ?

Quand le NYPD arrive enfin, je me laisse bringuebaler, les menottes sont légèrement douloureuses, à me mettre les bras dans une posture inconfortable. Mais n'est-ce pas là, la vie de criminelle ?
Je les suis, voyant très bien comme Orion ne peut plus rien faire. Je ne suis qu'une victime, mais une victime assassine.
Même si je pleure toujours, je reste un instant interdite devant la "voiture" des agents qui m'accompagnent, enfin une navette plutôt ? Elle plane. C'est étrange, on ne voit pas ce genre de chose très souvent dans la périphérie, voire presque jamais en fait...

J'y monte, un peu tendue. Je ne suis jamais montée dans ce genre de véhicule, c'est assez effrayant. Quand je vois qu'on s'envole... Car c'est ce qu'on fait, non? Sinon comment pourrai-je voir les toits défilés sous nos yeux ?
J'ai peur... Qu'est-ce qui m'attends ? Ma puce reste bizarrement silencieuse, ne tentant même pas de se défendre. Pourquoi ? Ne devrait-elle pas au contraire s'époumoner dans ma tête pour me faire comprendre que ce n'était pas elle ? Que c'était une erreur ? Alors pourquoi ce silence ! J'ai l'impression de devenir folle ! Amy, les larmes, le vide autour de nous, la sensation étrange que procure ce véhicule volant, le flash à l'arrivée du NYPD, la descente...

L'angoisse. Passer de service en service... Arrivée dans une clinique, être désinfectée comme si j'étais un cafard malodorant. Je me sens perdue. Je... Est-ce là la vie de criminelle ?
Quand on me laisse seule, dans une pièce, menottée, en blouse blanche, je ne pleure plus, mais je me sens effrayée. Je ne connais pas cet endroit, un hôpital ?
Pourquoi n'y a-t-il plus personne avec moi ? Je me sens seule. Aidez-moi ! Revenez !
Je commence à ressentir de nouveau la peur plus présente à chaque battement de cœur... Que vont-ils faire de moi ? Me torturer ? Mais je n'y suis pour rien !
Je commence à faire les cent pas. Qu'est-ce qui m'attend ? J'angoisse. Ah ! Quelqu'un !
Je regarde entrer un homme avec soulagement. Enfin !

Enfin je ne suis plus seule face à toute cette folie !
Je m’exécute. Je m'allonge, je l'écoute.

Un... bug de puce ? Euh...

Un bug ? Mais oui ! C'est ça ! Ah mais attendez... Est-ce que ça veut dire que depuis le départ, le fait qu'elle puisse me parler est un bug ? Une sueur froide me parcours tout entière...

Amy... n'était pas mon amante, mais une... une cliente. Et... Et si le fait que ma puce prend le relais pendant ces échanges est un bug alors euh... Ce doit en être un...

Je me sens perdue. Un bug ? Comment ça se fait ?

Euh... Qu'est-ce que je fais là ? On est... On est où ?

Pourquoi est-il lui aussi en blouse blanche ? Va-t-on me faire du mal ? J'essaie de bouger pour trouver une position plus confortable, mais avec les menottes c'est difficile.

Le jeune homme te regarde intrigué en arquant un sourcil, et s'approche de toi pour t'enlever les menottes avec un code qu'il a sur son poignet.

Prendre le relais ? Qu'entendez-vous par là ?

Il te sourit doucement, rassurant, des lunettes apparaissent devant ses yeux bleus pour les protéger. Les verres sont bleu clair.

Vous êtes chez ARIM Mademoiselle. Vous connaissez ? C'est l'unique laboratoire producteur d'Axion, de recherche et de développement des augmentations.

Le NYPD vous a emmené suite à ce "bug". Sur la vidéo, suite à votre réaction, on voit très bien que c'est votre puce qui a tué votre cliente. Vous n'êtes donc pas responsable de cela. Chaque puce est garantie à vie, donc tout bug est corrigé chez nous.

Il s'installe sur un fauteuil qui plane dans l'air et regarde sa tablette tactile en s'approchant de toi,

Hm... Selon votre dossier, Mlle Sharp, votre puce est issue de la série #56KLI. Et elle permet à votre esprit d'être protégé de surcharge psychique ainsi que tout autre développement de tumeurs, etc... Elle n'est en rien programmé pour prendre le contrôle de votre corps... Si c'est ce que vous sous-entendez ?

Quand il m'enlève les menottes, je soupire légèrement de soulagement. Je me sens déjà plus à l'aise pour trouver une position confortable.
Je me masse un peu les poignets avant, c'est que ça fait un mal de chien en fait... Mais bon... J'ai déjà vu pire.
Je m’assoies, je n'aime pas être allongée, du moins pas quand je ne le décide pas.
Je me mets donc en tailleur sur le lit qu'il y a dans la pièce, à moins que ça ne soit un fauteuil ? J'ai pas vraiment fait attention à la disposition des choses dans cette salle en entrant...

Je crois que je vais subir un bel interrogatoire. Mais curieusement, même s'il prend une voix rassurante, ses lunettes me mettent quelque peu mal à l'aise.
Pourquoi les mettre ? De ne plus voir ses yeux me stresse un peu maintenant.
Ces blouses blanches aussi me mettent mal à l'aise... La seule fois où j'en ai vu, c'est quand on a dû m'implanter cette puce... Sinon, j'ai toujours éviter le moindre médecin. Alors quand j'entends, en plus, que je me trouve dans le laboratoire par excellence à l'heure actuelle pour tout ce qui concerne l'Axion, je reste quelques secondes abasourdies.
ARIM ? Je... Je suis dans le Centre ? C'est ça ? C'est bien ce que cela veut dire, non? J'ai... J'ai enfin pénétrée cette partie de la Cité qui m'est inaccessible... Mais la manière dont je l'ai fait m'attriste un peu.

Incroyable... Tiens. J'aurais pensé que ma puce aurait réagit face à cette information. En même temps... Elle avait l'air de ne pas vouloir revenir ici...
D'ailleurs, pourquoi toutes ces questions à propos des éventuelles "fonctionnalités" non prévues au départ pour ma puce ?
Vont-ils me faire du mal ? L'angoisse repointe son nez. Je pensais être enfin tranquille, vu qu'il m'a retiré les lunettes... Mais si je lui dis la vérité, qu'arrivera-t-il ? Me croira-t-il ? Je pense... Mais à quel prix ? Et qu'en fera-t-il ?
J'ai peur.

Que... Qu'est-ce qu'il se passerait si jamais... Si jamais ce genre de choses arrivaient ? Vous... me tueriez ?

Est-ce que j'y gagnerais ?

Vous... allez vraiment m'aider ?

Les verres de ses lunettes s’éclaircissent jusqu'à devenir bleu-transparent. Tu peux de nouveau voir ses beaux yeux bleus. Il rit doucement à tes questions,

Bien sûr que non, nous n'allons pas vous tuer. A quoi cela nous servirait-il ? Et puis que deviennent les Droits de l'homme dans tout ça ? Hm ? Non, nous corrigerons simplement le bug en vous la retirant et en vous en installant une nouvelle. Elle doit avoir un défaut.

Je veux bien vous aider mais d'abord, il faudrait m'éclaircir sur la situation...

*Ne leur dit rien Sharp... Il ne faut pas leur faire confiance...*

Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il joue avec mes nerfs.
Même s'il semble rassurant, son corps semble dire l'inverse. Je... Je me sens à la fois mieux, mais à la fois stressée d'avantage. Et cela, bien que je puisse voir de nouveau ses yeux.

C'est pourquoi, j'ai l'impression qu'il y a comme une menace derrière ses paroles, à moins qu'il ne dise la vérité ? Il va vraiment m'aider ?
C'est dans ce moment de confusion qu'apparaît de nouveau la voix de ma puce dans mon esprit.

* Et à toi... je peux ? Tu... Tu as tué une amie ! Et si... Si jamais ils pouvaient te guérir ? Non ?

Je n'y comprends rien à tout ça. Je ne sais pas quoi répondre... Pas quoi dire...

Je... Je ne pourrai pas la garder ? Je... Cela fait tellement longtemps qu'elle se trouve dans mon corps... Je... je m'y suis habituée...

*Donne moi une bonne raison pour te croire... Tu... Tu as tué !*

Il tape quelques données sur sa tablette tactile et répond,

Ah oui, je comprends... On s'y habitue vite à ces petites bêtes... Mais ne croyez vous pas que ce serait le mieux pour vous ? Le NYPD ne pourra pas toujours passer l'éponge si vous tuez quelqu'un d'autre...

Ta puce répond,

*Sharp, tu ne comprends pas... J'ai peut-être bugué mais... D'un côté c'était pour te défendre, tout ça, tout ce sexe, je sais que tu ne le supportes plus... Et puis si tu les autorises à me remplacer, je ne serais plus là. Je ne te parlerai plus. Ils vont me détruire Sharp. Et me remplacer par une autre puce qui n'évoluera pas de la même façon que moi dans ton corps... Peut-être a t-il raison, je suis une puce de la série #56KLI qui a un défaut... Mais tu aimes parler avec moi, non ?*

Le jeune scientifique relève la tête, et souffle :

Alors Mademoiselle, quel genre de symptômes avez-vous avec cette puce ? Quel est la fréquence de consommation d'Axion ? Expliquez moi ce que vous entendez par "prendre le relais" ?

La puce que l'ont vous a implanté sert uniquement à vous protéger d'une trop grande activité psychique. Par exemple suite à un choc émotionnel, vous pouvez développer des capacités un peu... "folles" et cette puce, est là pour vous empêcher de céder à la pression. Elle n'a pas à prendre le contrôle total de votre corps comme c'est arrivé dans la chambre. C'est une évolution trop dangereuse pour nous, les humains. Etait- ce la première fois qu'elle faisait ça ?

*...*

Je suis perdue. Qu'est-ce que je dois répondre ? La vérité ?
Dois-je écouter ma puce ou cet homme en blouse blanche ? Je ne sais plus quoi penser. J'aimerai être sûre que ma puce ne me refera pas un coup pareil par derrière, mais en même temps... Je ne peux pas garantir que tout ira mieux, même sans elle.
Je ne sais pas... Cet homme semble digne de confiance, mais les paroles de ma puce ne sont pas totalement fausses... J'aime bien parler avec elle, même si je ne le fais pas souvent, de peur de passer pour une timbrée.

Je baisse la tête, regarde mes mains et cherche mes mots. Que dois-je faire, moi, une fille paumée, sans véritable nom, même pas majeure ?
Je relève timidement la tête, essayer de dire la vérité sans la mentionner, je peux, non?

Je... Je pense que oui. Pour l'Axion, je n'en sais rien... Là où je travaille, on m'en fournit, mais jamais de la pure, ou alors en toute petite dose. Ma dernière remonte à hier, je crois, j'ai l'impression que plusieurs jours sont passés avec toute cette histoire... Désolée. Je ne connais pas vraiment mes fréquences... Il faut que vous contactiez mon Chef pour ça... Orion. Il vous répondra, lui.

Petit sourire triste à l'évocation du fait que je ne suis vraiment rien, et que j'ai besoin de quelqu'un pour me maintenir en bonne santé...

Euh... Prendre le relais, ben... Quand je travaille, enfin, quand je donne du plaisir à quelqu'un... Oui, c'est pas très intéressant, pardon. Eh bien, elle atténue le dégoût que je pourrais avoir... C'est dans ce sens...

Je rougis légèrement, de honte ? d'humiliation ? de gêne ? de colère ? Je n'en sais rien.

Et oui... C'était la première fois. Mais je voudrais la garder, elle est devenue une partie de moi, je l'ai eu très jeune. Je ne veux pas en changer, et je n'en ai pas les moyens...

Je le regarde en silence ensuite. Il me rend quand même un peu nerveuse, dans son fauteuil qui plane tout autour de moi.

*Tu es contente ? Et qu'est-ce que je fais moi, maintenant ? Je me suis trop engagée ! J'en ai déjà trop dit ! Je ne pourrai pas me rétracter... Pourquoi je dois continuer à te croire, hein ? Pour mieux recommencer ?*

Il arque un sourcil de nouveau et marque un temps de pause avant de reprendre la parole, il n'est nullement attentif à ta gêne sur le sujet du sexe. Après tout, il n'est pas là pour te juger.

Oui, donc prendre le relais, c'est à dire atténuer la souffrance psychique. Je vois, c'est bien là son rôle. Je vais la réinitialiser de sorte qu'elle reparte à zéro.

Il attrape un appareil et te l'appose sur le bras avant de t'injecter une petite pulsion électro-magnétique qui te chatouille. Tu sens ta puce s'agiter quelques instants avant de se calmer. Elle semble se réinitialiser.

Après un moment, il demande,

Est-ce que ça va aller ?

*Imbécile, comme si une petite piqûre comme celle-ci pouvait me réinitialiser... Bon allez Sharp, tu veux pas qu'on s'en aille ? J'aime pas que ces scientifiques me tripotent !*

Le jeune homme sourit et te tend une carte magnétique avec son numéro dessus, elle s'enregistre automatiquement dans tes contacts sous le nom de Maxim Karth.

Si vous avez encore un soucis, n'hésitez pas à m'appeler. Enfin, vous tomberez sur le standard avec ce numéro mais vous n'aurez qu'à me demander. En espérant que votre puce soit repartie dans le droit chemin ! Qu'est-ce deviendrait l'humanité si les robots prenaient totalement le contrôle de nos corps !

Il te fait un dernier sourire avant de te laisser à un agent du NYPD qui va te déposer sans plus tarder dans la périphérie la plus proche d'où vous êtes, c'est à dire la périphérie ouest. Tu ne reconnais pas du tout l'endroit. La maison close d'Orion est dans la périphérie nord... Il va falloir marcher pour aller jusque là bas. Peut-être y en a t-il pour plusieurs jours de marche ? Tu ne sais pas combien.

L'obscurité des périphéries te font presque te sentir nostalgique des néons d'ARIM. Tu regardes aux alentours, tout est détruit. Des monticules de machines à laver, d'anciens appareils électroniques sont entassés un peu partout. Des gens se réchauffent devant des tonneaux en feu. Certains se partagent un peu d'Axion... D'ailleurs tu commences à ressentir un manque. Tu n'as pas eu ta dose habituelle.

Que fais-tu ?

Quand il semble convaincu par mes paroles, je sens un peu la tension retombée, même si j'appréhende ce qu'il risque de me faire à moi et à ma puce. C'est stupide, non? Je m'inquiète pour une machine !
Je tente donc de rester parfaitement calme quand il s'approche de moi avec un appareil bizarre à la main. J'ai toujours détester les médecins... Pourquoi ? Car j'ai dû subir trop jeune à mon goût une insertion de puce...
Je sens une onde me traverser, et ma puce se retrouve sans dessus-dessous. C'est assez désagréable comme sensation. Je grimace légèrement, puis tout s'arrête et le silence revient dans mon esprit.
Enfin pas longtemps, car elle se manifeste tout aussi vite, en râlant en plus.

Je souris, aussi bien au jeune médecin qu'à ma puce quand il veut savoir si ça va. J'hoche de la tête.
J'enregistre son nom, le numéro qu'il me donne, et je le remercie chaleureusement. Malgré cette blouse blanche et le lieu où je me trouve actuellement, il est quand même super gentil de s'occuper comme ça de moi !
Je suis beaucoup rassurée quand même lorsque je suis enfin dehors. Cet endroit est un peu étrange.

Mais je ne reconnais pas le lieu où ils m'ont laissé. La Police a dû se tromper. Je venais de la périphérie Nord, par de celle-là ! C'est laquelle d'ailleurs ? Je panique. Un panneau. Vite.
J'arrive à en trouver un, en très mauvais état. Périphérie Ouest. C'est trop loin. Par où dois-je aller ?

Je respire un grand coup pour me calmer. Depuis deux jours, mes nerfs sont beaucoup trop en pelote. Je dois me reprendre. Je dois avancer. Mais pour aller où ?
J'ai beau regardé à droite et à gauche, à part l'obscurité quasi ambiante, je ne vois rien qui pourrait m'aider. Et dire qu'il y a peu de temps, j'étais dans le Centre... Sous la lumière bienvenue du laboratoire ARIM...

Non ! Je ne veux plus y penser ! Ne plus y retourner !
Marcher. Voilà ce que je dois faire !

Je tente de me motiver, mais c'est difficile. Je me sens épuisée, et surtout en manque. J'aurais dû demander au jeune médecin de me donner une dose d'Axion avant de partir... Ce que m'a donné Orion ne suffit pas. Oh... Orion... Comment va-t-il m'accueillir quand je rentrerai ? Bien ? Mal ?
Voudra-t-il toujours de moi pour le boulot ? Je n'ai plus que lui vers qui me tourner. S'il me rejette... Comment vais-je faire pour payer le petit studio que je loue et ma dose d'Axion ?

* Que dois-je faire ? J'ai oublié de leur demander de l'Axion... Je commence à ressentir le manque... Je n'en ai pas eu assez l'autre fois. Et par où aller ? Tu crois qu'Orion voudra toujours de moi ? Le Centre semblait tellement différent... Tellement génial. Alors qu'ici...*

Je frissonne en regardant les alentours, pas très rassurant. Pourtant j'avance, un pas après l'autre. Il ne faut surtout pas rester sur place ou un gang pourrait me tomber dessus, ou même tout autre chose. Rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule... Je ne sors quasiment jamais après tout...

Le panneau lorsque tu le frottes de ta main t'indique que tu es à l'étage 0 de la périphérie ouest. Donc le plus mal famé s'il fonctionne comme celui de la périphérie nord. Les gens suite à ton action te garde intrigués avant de reprendre leur discussion. C'est sûr que sans plan, ni argent, tu risques de ne pas t'en sortir. Ou du moins retourner chez Orion. Ta puce te soupire dans l'oreille :

T'en as pas marre de jouer les filles naïves ? Et puis pourquoi tu tiens tant a retourner chez Orion ? L'Axion qu'il te donne est dégueulasse, et puis ce boulot de pute est vraiment chiant et désagréable. Moi j'en ai marre de sucer des bites et me prendre du sperme dans la gueule quand toi tu t'endors.

Tous ces hommes ne sont que des porcs. Je n'ai qu'une envie, c'est de les saigner ! Tu veux aller dans le Centre ? Et bien on va tout faire pour y aller. Tu as du charme, un joli corps, autant en profiter ! Décide toi, prends ta vie en main.

Fais des choix. Je t'aiderai. Que proposes-tu de faire ?

Tes pas te mènent finalement à une sorte de bidonville plutôt calme.

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Comme tout à l'heure, tu y trouves des petits groupes en train de discuter ou de jouer aux cartes. Ils parient de l'Axion ou quelques dollars quand ils en ont.

Je grimace quand j'entends ma puce me sermonner. Ce qu'elle dit n'est pas forcément faux.
Mais que pourrais-je bien lui répondre ? Je n'ai jamais rien connu que les périphéries, et j'ai passé ma vie entre la périphérie Nord et la périphérie Sud...

Et je n'ai jamais rien fait d'autre que "vendre" mon corps... Je sais à peine lire et écrire, du fait que mon faux père ne m'ait pas permis d'aller à l'école.
Oui. Qu'est-ce que je sais faire ? Rien ou si... Je sais être invisible et passer inaperçu, voir jouer un rôle, mais après ? Je ne sais même pas le principal à savoir, sauf que le Centre m'appelle inévitablement.

C'est vrai qu'Orion ne nous donne jamais de dose correcte, mais il a accepté de me recueillir quand j'ai fui mon père adoptif... Enfin, il m'a surtout permis de pouvoir gagner un peu ma vie...

*Je ne sais pas... Je n'ai jamais rien fait d'autre. Je ne sais même pas lire correctement, ni écrire véritablement... La technologie, je l'évite souvent. Alors dis-moi de quoi je suis capable ? Tu le dis toi-même... Je n'ai que mon physique, et que pourrais-je faire d'autre que pute, hein ? Je suis sûre que cela sera toujours le cas...*

J'arrête ma litanie quand je remarque que mes pas m'ont mené vers une sorte de bidonville. J'en ai un peu la frousse. Je déteste le fait de ne pas savoir où je suis, ni où je vais.
Je remarque qu'ici aussi il y a les mêmes groupes que vers le plan de tout à l'heure. La plupart joue aux cartes. Dois-je m'approcher ? Je leur demanderai bien un chemin pour retourner vers une autre périphérie.

*Tu penses que quelqu'un pourra m'aider, ici ? Il faut déjà qu'on sorte de cette périphérie. Elle semble beaucoup trop pauvre pour pouvoir nous aider vraiment...*

En prononçant mes paroles à son attention, je m'approche doucement, sans faire trop de bruit d'un groupe qui joue aux cartes.
Il y a très peu de lumière pour les éclairer, donc les ombres de leurs visages me font frissonner de peur.
Je prends néanmoins mon courage à deux mains pour leur adresser la parole.

Euh... Excusez-moi... Je cherche à rejoindre une autre périphérie...

Les joueurs lèvent le nez de leurs cartes quelques secondes avant de grogner qu'ils ne savent pas comment tu pourrais faire. L'un d'eux te renvoie à un petit cabanon. Quand tu t'approches, tu peux reconnaître un petit boui-boui où quelques objets sont entassés. Certains sans valeur, d'autres si. Tu peux distinguer un panneau qui signale que l'Axion est en vente ici. Ce n'est pas un point de vente officielle mais bon. Quelques hommes sont accoudés au bar et s'injectent du produit miraculeux.

Le vendeur te donne un plan sous ta question. C'est une petite capsule bleue que tu récupères dans ta main, et quand tu la touches du doigt, le plan se déplie devant toi et te propose une vue des périphéries. Tu as juste à indiquer où tu souhaites te rendre, le plan te propose ensuite plusieurs chemins selon les étages que tu veux emprunter.

*Justement ton physique est un atout. Dans le Centre tu ferais un massacre... Si tu vois ce que je veux dire...*

Alors mademoiselle, vous avez besoin d'autre chose ? Demande le vendeur.

J'essaie de rester impassible quand les joueurs de cartes me répondent un peu de manière renfrognée. En même temps, à quoi je m'attendais ?
Je remercie néanmoins la personne qui m'indique un petit cabanon plus loin, qui semble être une sorte de boui-boui. Il y a pas mal de trucs à l'intérieur, dont des hommes qui sont accoudés à un bar en train de se faire une piqûre d'Axion. De l'Axion ! Ici !
C'est un véritable miracle !
Je souris presque malgré moi quand je repose ma question au "barman", c'est ce qu'il est ? Et le voilà à me passer un petit objet bleu. Une capsule. Bizarre...
Mais quand il me montre comment ça fonctionne, mon visage s'éclaire de joie. Une carte ! On va pouvoir sortir de cette périphérie !
Je regarde le plan avec intérêt avant d'éteindre le plan. Déjà une bonne chose de faite et de gagner !
Par contre, je me demande ce que veut bien dire ma puce... Avec mon corps ? Faire un massacre ? Aussitôt, l'image d'Amy me revient en tête et la tristesse, ainsi que la nostalgie me reprennent.

C'est donc d'un air tout penaud que je pose une autre question à cet homme qui prend le temps de me répondre.

Eh bien... Auriez-vous de l'Axion ? Je n'ai pas eu une dose nécessaire depuis plusieurs jours...

Pourquoi ma puce remet-elle sur le tapis la mort d'Amy ?

*Arrête tes bêtises... Je ne veux plus jamais revivre ça.*

Je ne me pose même pas la question que peut-être je me trompe totalement. J'attends donc en silence la réponse du barman.

Tout le monde en veut de l'Axion par ici, mamzelle. Y'en a ptêt pour vous, si vous avez de quoi le payer. C'est 100 dollars la dose, répond ton interlocuteur.

Tu n'as pas d'argent sur toi. Ta puce se renfrogne,

*C'était une façon de parler... t'es vraiment pas du genre à vouloir progresser dans la vie toi pff... Lamentable.*

*Oh la ferme ! J'y peux rien si j'y connais rien moi ! J'ai appris à vivre dans des pièces rapportées avec des trucs rapportés ! J'y connais rien ! J'ai toujours été élevée dans l'idée de donner du plaisir aux autres... malgré moi...*

Je souris distraitement à la réponse du barman. Mince. 100 dollars... J'ai pas cet argent sur moi.
Comment faire ?

*Si tu te crois si maligne, propose ! En attendant, je dois prendre cet Axion, coûte que coûte, ou tu préfères mourir ?*

Je tourne ma tête vers les hommes qui terminent de prendre leur dose. J'en ai besoin. Je le ressens de plus en plus, ce manque... Ou ce qui y ressemble, une douleur diffuse qui se propage le long des muscles.

Dites-moi ce qu'il faut que je fasse... J'ai vraiment besoin de cet Axion... Mais je n'ai pas d'argent. La police m'a largué sans. Si je peux faire quelque chose contre cette dose. S'il vous plait. J'en ai vraiment besoin...

J'essaie de l'implorer du regard. Peut-être qu'il suffit de jouer un rôle, là aussi ? Mais quel rôle ? Je n'en connais que très peu...

Les hommes secouent la tête négativement, et le barman essuie quelques verres avec un vieux chiffon avant de taper dans une vieille télévision pour faire revenir l'image,

J'sais pas d'où tu viens toi, mais ici, personne n'a les moyens de se payer ce genre de petit plaisir. Ici, l'argent qu'on gagne il sert pour payer l'Axion que les Destroyers veulent bien nous vendre vu que celles du laboratoire ARIM sont dix fois plus chères.

Pas que je veuille pas t'aider hein, mais ça va pas être possible. Rien qu'une seule dose offerte pourrait me faire tuer. Les doses m'appartiennent pas. Je fais que vendre les saloperies que le gang de la périphérie me donne. Si jleur vole un dollar ils me descendent.

* Tu vois, Sharp, personne ne veut aider personne. Alors, il faut les écraser. Ecraser ces vermines et monter au sommet. Viens, on s'en va, tu peux tenir encore une demi journée, j'en suis sûre. Au pire je te contrôlerai et je te promets que je chercherais une dose d'Axion pour que tu ne meures pas.*

La télévision finit par capter à nouveau :

Le RAP après quelques heures d'inactivité suite à une panne reprend son trafic. On apprend aussi que le PDG d'une grande société du Centre va rendre visite à la périphérie ouest pour faire un don d'Axion. Rendez-vous au niveau 5 demain matin à 6h tapante ! C'est une occasion à ne pas manquer.

Monsieur Mayer insiste sur le bienfait de ce geste de charité et pense que tout le monde mérite de vivre. Sa société rappelons le est classée 5ème dans le classement des plus riches de New York. Il souhaite aussi proposer et présenter son programme pour les prochaines présidentielles qui auront lieu dans quatre mois.

Nous continuons ce bulletin d'information par une... Frrrrrrr...

La télévision se grise à nouveau et fait lâcher un soupir désespéré à son propriétaire.

*Hm... Intéressant...*

Je me sens légèrement déçue quand je vois qu'il ne peut donner suite à ma demande. Je suis vraiment tombée dans la plus pauvre des périphéries... Y a pas à dire.
Tant pis. Je trouverai un autre moyen d'en avoir. D'ailleurs ma puce semble aussi de cet avis. Comme quoi... Parfois on est quand même sur la même longueur d'onde.

Je commençais à sortir du boui-boui quand la télévision se remet à marcher en crachotant un peu. Et ce qu'il s'y dit est des plus intéressant. Le RAP était hors-circuit ? Merde ! J'ai loupé ce moment pour pouvoir rejoindre le Centre !
Mais ma déception est vite remplacé par un autre espoir. Un politicien va venir dans la périphérie pour faire des dons d'Axion. La voilà ma survie !
Et puis... Peut-être que je trouverai un moyen là-bas pour rejoindre une autre périphérie ou même le RAP ?
Il aura peut-être besoin de réconfort cet homme...
Je remercie quand même le barman avant de sortir. Et je décide d'activer mon plan afin de savoir comment rejoindre le niveau 5.

*Tu as peut-être raison... En attendant, c'est une chance pour nous d'aller à la rencontre de cet homme politique ! De l'Axion ! C'est génial, non? Même si je trouve ça un peu trop facile, peut-être qu'on pourra trouver un moyen là-bas de l'approcher ? Il va chercher à se faire bien voir du peuple, non? T'en penses quoi ? On peut s'en sortir en allant le voir.

Je reprends doucement mon chemin, en observant le plan. Je suis à quel niveau déjà ? Et le niveau 5, ça craint ou pas ? Les périphéries ont l'air tellement différentes les unes des autres !

Ton plan t'indique que tu es à l'étage 0 de la périphérie ouest et qu'il te faudra environ 2h30 pour te rendre à l'étage 5. Tu observes bien le chemin : rien de bien compliqué, il te suffit de trouver et monter différents escaliers installés pour rejoindre l'étage du dessus.

Tu reprends ta marche en compagnie de ta puce qui semble réfléchir et déjà toute excitée à l'idée de séduire un homme politique qui pourrait être votre pass pour le Centre. Mais comment vas-tu l'approcher ? Il y aura sans doute des milliers de personnes, de plus, il est étrange qu'il distribue lui même de l'Axion.

Être du Centre et distribuer de l'Axion gratuitement est déjà improbable... Il faut que tu réfléchisses à un plan d'approche. Tu es fatiguée et fait régulièrement des pauses entre les étages, c'est qu'elle est immense cette périphérie et tellement sale et malheureuse... Tu croises régulièrement des cadavres de personnes qui sont mortes car elles n'ont pas eu d'Axion. Elles sont le plus souvent mortes d'une balle dans la tête ou bien elles sont rouées de coups.

Le NYPD, la famille, rien ne compte quand on se transforme en machine incontrôlable... Il faut juste que quelqu'un ait le courage de nous éliminer.

Tu lâches un soupir de plaisir en arrivant enfin sur la plateforme où le don d'Axion va se faire. Mais tu lâches bien vite un gémissement désespéré. Elle est blindée de monde. Les gens se sont entassés et il est impossible de s'avancer. Si tu forces le passage, tu risques de t'attirer les foudres des gens. Il faut trouver un autre moyen.

Autour de toi, tu as de vieux bâtiments vétustes. Comment vas-tu attirer l'attention de cet homme ?...

C'est vraiment incroyable ce gadget... Ce plan interactif est une véritable aubaine ! Je me lasse pas de le regarder encore et encore alors que je choisis mon itinéraire. Une fois sûre de ce chemin, pas trop compliqué logiquement, je l'éteins et le range dans ma poche.
Bien. Il va falloir marcher, d'un bon pas, mais marcher. Mais bon, ce n'est qu'à l'aube, j'ai du temps devant moi. Et ma puce est là pour me seconder si vraiment il y a un problème.

L'étage 5... Il semble tellement loin. J'ai beau marché encore et encore, j'ai l'impression que je n'arriverai jamais à la plateforme annoncée par le poste de télévision... Et cette périphérie me fiche la frousse. Des cadavres. Partout ! C'est insupportable ! Comment les gens peuvent vivre avec ce genre de choses à proximité ? Moi, tout ce que je remarque, c'est que cela nous rappelle notre dure condition, et que c'est ce qui nous attend inévitablement au bout du chemin si notre dose d'Axion n'est pas continue. J'avale difficilement ma salive quand je remarque que certains corps sont vraiment horrible.
Je me surprends même à vomir au coin d'une rue.
Je veux sortir de cet endroit, le souvenir d'Amy me revient trop en tête, et se superpose avec horreur à ces images. Et cette fatigue...

J'ai l'impression que je ne me suis pas arrêtée, ni reposée depuis des siècles. Mon corps semble lourd et m'oblige à m'arrêter beaucoup trop souvent à mon goût près de ces cadavres abominables. Cette périphérie est vraiment miséreuse. Finalement, j'étais pas si mal dans ma périphérie Nord, non?
Mais ma puce ne semble pas de cet avis. Elle semble jubiler littéralement et ne cesse de m'envoyer des messages électrisant à l'idée de séduire un politicien. Ouais. Ben déjà, va falloir l'approcher. J'avais pas vraiment penser à ça. Comment faire ?
Je suis en train d'y réfléchir, perdue dans mes pensées quand j'atteins enfin la plateforme tant attendue, enfin ! De l'Axion ! J'y suis ! Mais tout de suite j'étouffe un gémissement de désespoir. Non ! Non ! C'est impossible ! Comment tous ces gens ont-ils pu arriver aussi vite et aussi nombreux sur une aussi toute petite place ?

Une marée humaine s'étend devant moi.

*Je crois qu'on va avoir plus de mal que prévu... Regarde-moi cette foule ! C'est impossible ! Comment faire ? Et j'ai comme l'impression qu'il n'y aura sûrement pas assez d'Axion pour tout le monde !*

Alors que j'adresse un message silencieux à ma puce, je regarde les alentours du regard. Je ne peux pas franchir la foule, ce serait mal vu. Par contre... Les immeubles sur les côtés... Peut-être y en a-t-il un qui pourrait me rapprocher suffisamment ?
Plutôt que d'attendre, de toute manière du temps j'en ai... Il arrivera pas tout de suite le coco... Je me déplace vers un immeuble sur ma droite et y pénètre. Je commence à l'explorer. Un chemin. N'importe quoi pour m'aider !
D'ailleurs, j'ai l'impression que je ne suis pas tout à fait la seule à avoir penser à ça. D'autres personnes se déplacent dans ces immeubles.

*Peut-être qu'on peut rejoindre l'endroit où il va apparaître par ces immeubles ? On aurait dit comme une scène au fond de la place, non? Qui sait... Il y a peut-être un chemin qui y mène? Faut le trouver. Coûte que coûte.*

Mais je me sens si fatiguée... Sauf que ce n'est pas le moment de dormir. Si je ne peux pas approcher cet homme, tout est fichu. C'est mon salut... On a pas le choix !
Je continue d'avancer, empruntant alors un escalier. Peut-être qu'avec une vue dégagée je verrai mieux ?

Quand tu franchis les portes de l'immeuble, une personne t'applique un numéro sur le poignet, il te rassure en te disant qu'il s'agit en fait d'un tirage au sort pour la distribution d'Axion et donc que plusieurs numéros seront tirés et se verront attribuer de l'Axion. Tu montes les escaliers jusqu'à être sur le toit du bâtiment.

De là où tu es, tu peux voir distinctement la marée humaine et la scène qui s'est mis à léviter au dessus de la foule pour faire un peu de place. Le trou de celle-ci s'est immédiatement remplie. Tu vas t'asseoir sur le rebord de l'immeuble et garde les jambes dans le vide. Ce serait si facile de sauter et de quitter ce monde d'injustice...

Mais la chute te fait peur. Est-ce que tu souffrirais ? Et si tu te ratais ?

Alors que tu tergiverses et restes dans tes pensées, des gens en t'ayant vu décide de te rejoindre et te voilà encadrée de toute part par des citoyens de la périphérie ouest. Il y a de tout, des jeunes, des adultes, des vieux... Des bébés encore accrochés au sein de leur mère... Soudain, un grondement se fait entendre et un écran holographique apparaît devant vos yeux, dessinant un homme d'âge mûr qui s'adresse à vous :

Episode I : Traquée [Sharp] - Page 2 Lundy10

Citoyens de New York et de la périphérie ouest, je suis Monsieur Abraham Mayer, et je vous souhaite à tous une longue vie sur notre très chère et modeste terre, rescapée de toutes les horreurs de la guerre.

Je suis ici pour vous distribuer de l'Axion car je sais que cette denrée est rare et difficile à acquérir pour tout le monde depuis l'arrivée des Destroyers. Bien entendu, je ne peux en donner à tous et je compte sur vous pour partager cet Axion qui sera attribué par tirage au sort.

C'est d'ailleurs sur ce partage que repose mon programme pour ma candidature lors des futures présidentielles. Si les autres candidats ne considèrent pas vos voix comme importantes, moi, je les considère comme la chose la plus importante du monde ! C'est vous ma voix, vous êtes ceux qui me guident vers la JUSTICE et la PAIX ! Vous êtes ma MUSE ! Mon IDÉAL !

Un tonnerre d'applaudissement se fait entendre et les gens hurlent à ces paroles, apparemment cet homme est très doué pour parler à l'oral devant autant de monde...! Il se met à parler de son programme jusqu'à ce que le tirage commence enfin. Il y a en tout 50 lots d'Axion comprenant un pack de 10 seringues chacun. 500 seringues pour une telle population... C'est totalement insuffisant mais c'est déjà ça ! Chaque gagnant est éclairé par une lumière bleue provoquée par le code inscrit sur le poignet et est amené sur la scène flottante pour recevoir son lot de la part d'Abraham qui est encadré de gardes du corps.

A ta plus grande surprise, tu finis par être appelée, en dernière. Un garde du corps vient te chercher grâce à une mini plateforme lévitante et t'aide à monter avant de te ramener sur la scène où Mayer te remet ton lot d'Axion avec un grand sourire,

Félicitations Mademoiselle ! Voulez vous dire quelque chose ?

Un tatouage... Un simple tatouage donnant peut-être accès à un peu d'Axion ? Autant dire que je suis quasiment morte... Ile me reste très peu de temps à mouvoir correctement sans succomber à la souffrance causée par le manque de ce produit sacré... Je repense aux paroles de ma puce, une demi-journée, voir légèrement plus mais rien d'autre...
En somme, aujourd'hui, ce sera quitte ou double, hein ?

Pourquoi ne pas en finir ? Le vide m'attire irrésistiblement... Ce serait tellement simple, assise ici, sur le toit de cet immeuble bondé par un nombre incalculable de gens tellement différents... Mais cela me fait peur... Serai-je devenu lâche ? Moi qui ne rêvait que d'une chose depuis si longtemps... De me laisser mourir et de ne plus exister.
Et maintenant ? Maintenant, alors que je pourrais en finir, provoquer un coup d'éclat parmi tous ces gens, je n'y arrive pas. Et ma puce, grouillant d'excitation m'en empêche aussi. Elle semble attendre énormément de ce politicien. Mais comment l'approcher ? Comment le faire et avoir un billet pour le Centre ?
Ce n'est qu'un tatouage, peut-être perdant qui me le permettrait !

C'est devant cette ironie amère qu'un écran gigantesque fait son apparition, un écran holographique représentant quelqu'un. Notre homme. Je l'écoute, fascinée comme toutes les personnes qui m'entourent. Cet homme sait parler à un public, mais ce qu'il propose est contradictoire. 500 seringues... C'est peu. Beaucoup trop peu. On doit plus d'un millier ici, dans cet endroit si exiguë.
Et le tirage au sort commence, s'égrenant minute après minutes. Des minutes si longues, si tortueuses... Vais-je être choisie ? Serai-je définitivement une perdante ? Existerai-je ou périrai-je ?
Je regarde un à un, les personnes se faire appeler et les écouter parler.
Ils semblent si heureux... Et moi ? Qu'est-ce que cela m'apportera ? Je me sens encore beaucoup trop lasse pour me rendre compte de mon potentiel comme l'a déjà mentionné ma puce.

Je me dis que c'est définitivement terminé, vu qu'on approche de la fin, quand une lumière bleue m'éblouit enfin. Oh ! C'est moi ! J'ai été choisie ! Je... Je vais pouvoir l'approcher !

[darkred]*J'ai... On a été choisi ! On va l'approcher ! Mais... J'ai peur, je sais pas quoi faire !*[/color]

L'excitation laisse place à une appréhension alors qu'un homme vient me chercher sur une plateforme en lévitation. J'ai à peine le temps d'avoir peur de peut-être tomber dans le vide si je me rate, que me voilà diriger vers le politicien. Que faire, que faire ? Il s'approche... Mais ai-je le droit ? Que dois-je dire ? Et devant toutes ces personnes ?
Je descend d'un pas mal assuré, avant de me diriger vers cet homme charismatique. Un rôle. Je dois me faire un rôle. Vite. Transforme-toi Sharp ! Prends un rôle, comme quand tu travaillais avec Orion ! Transforme-toi ! Fais-toi dominatrice, sûre de toi comme te l'as appris ta puce ! Vite !

Alors que j'inspire et expire, plaquant un sourire de convenance, voire quelque peu insultant, je modifie légèrement ma posture et ma démarche. Inspiration, expiration. Je dois penser aux "cours" de ma puce. J'ai ce qu'il faut pour...

Offrez-moi un travail.

Mince ! Qu'est-ce que je dis ! N'importe quoi ! Je vais me faire huer, rejeter, haïr ! Merde, merde, merde !

Le politicien te lance un regard surpris et retient ses gardes d'un geste qui sont prêts à te sauter dessus pour cette offense. La plupart des gagnants se sont contentés de dire merci et de serrer la main à l'organisateur, ils n'ont pas eu le culot de réclamer un emploi en plus...

La foule hurle que tu as raison, que eux tous veulent aussi un emploi. Ton interlocuteur semble réfléchir et demande :

Et est-ce que le poste de représente de la périphérie ouest vous irez ? Vous vous occuperiez de me faire parvenir les nouvelles de cette périphérie, aussi bien au niveau des sondages, que des besoins de la population, etc...?

Les habitants applaudissent à cette proposition et ta puce te félicite pour l'idée que tu as eu. Le Centre est à toi visiblement...

Comment vous appelez-vous ?

J'attends que le couperet tombe. J'ai l'impression d'avoir fait une énorme bêtise. Comment ai-je pu demander une telle chose ? Devant des centaines de personnes ? J'ai même l'impression de retenir mon souffle alors que j'attends, le dos droit, l'air franc qu'il me réponde.
Et sa réponse me prend de court. Que... Représentante de la périphérie ? Mais je n'y ai jamais habité ! J'aurais préféré me faire massacrer par ses gardes plutôt que de croire ces paroles, mais... Il semble dire la vérité. Il semble vraiment me proposer cette chance. Représenter cette périphérie... Peut me donner le droit d'être dans le Centre, non?
Que... Je n'aurais jamais cru que cela serait capable ! Et d'entendre les gens derrière moi qui hurlent leur accord... Cela fait un effet étrange...

Je regarde ce politicien, ignorant l'excitation de ma puce qui me félicite pour cette idée et la foule qui continue de crier. Puis-je le croire ? Oui... Je pense que je peux. Ma puce ne m'a-t-elle pas dit après tout qu'il fallait que je me prenne en main ? Que je prenne conscience de moi-même ?

Sharp, monsieur. Je me nomme Sharp Lips. Et j'accepte votre proposition.

Ne pas dire plus, se contenter de jouer ce rôle en attendant de me retrouver seule. Oui. Il faut que je fasse attention à mon attitude et à mes paroles.
Si je deviens ce qu'il me propose, je dois faire attention. Et d'autant plus car je ne suis pas encore totalement majeure...
Je décide de lui tendre ma main.

Ravie de travailler avec vous.

Il te serre vigoureusement la main avec un beau sourire. Peut-être que cet imprévu lui fait plaisir, il semble s'être mis la périphérie ouest dans la poche grâce à toi. Il te chuchote de donner ton lot depuis une plateforme individuelle. Tu n'en manqueras pas dans le Centre.

Tu t’exécutes et donne une seringue à une vieille femme, des enfants et les personnes le plus en manque. Les gens t'applaudissent et crient ton nom avec les larmes aux yeux, ils ont l'espoir que tu les représentes, que tu fasses changer les choses pour eux, toi qui a vécu ça.

Ta puce danse presque la samba en toi, tellement elle est heureuse d'accéder au Centre. Tu rejoins le politicien qui continue son discours une petite heure pour présenter intégralement son programme et vous finissez par partir tous les deux dans une voiture qui lévite et vous attend stationnée sur une plateforme flottante.

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» Episode III: Choix [Sharp]
» Episode II : Chute [Sharp]
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» Episode I : Les faucheurs