Episode 1 : Russian Roulette [Bryan Summer]

Tous les nouveaux modèles sont aussi époustouflants les uns que les autres, si je devais choisir une nouvelle voiture j'aurais bien du mal à me décider. Sam beaucoup moins apparemment. Tandis qu'elle regarde un modèle avec envie, je me dis que je vais finir par être un excellent client pour Damon. je photographie le modèle dans les moindre détails dans ma tête, et j'attends que ma femme soit occupée à discuter un peu plus avec Mary pour m'approcher de Damon et de lui chuchoter à l'oreille après lui avoir décrit la voiture en question :

Vous me la feriez combien celle-ci si je vous la réserve avant même qu'elle soit à vendre ?

Je continue à marcher en regardant les voitures l'air de rien, en attendant sa réponse, avant que l'on rejoigne les femmes. Mes doigts viennent s'enlacer avec ceux de Sam, tandis que je lui adresse un tendre sourire, mes lèvres venant se déposer à la commissure de ses lèvres.

Je finis par tourner ma tête vers mon fils qui a l'IPhone de Damon entre les mains. Je fais mine de m'étouffer avant de lancer :

J'espère que vous n'avez rien contre les jeux d'enquêtes et d'énigmes, Monsieur Wolf, parce que mon petit doigt me dit que mon fils et le votre sont en train d'y jouer sur votre IPhone. Il va convertir le votre, si ce n'est pas déjà fait.

Je fais mine de réfléchir, ou plutôt m'assure que les femmes sont toujours très occupées, puis je réponds à Damon :

C'est toujours un plaisir de faire affaires avec vous Monsieur Wolf, pensez-vous qu'en sautant les étapes habituelles de ventes qui décalent de plusieurs semaines la prise en main des véhicules achetés, nous pourrions effectuer la transaction dans votre bureau à la fin de la visite ?

Bien entendu, mon épouse ne doit rien soupçonner, ce sera pour son anniversaire à venir le mois prochain. Dis-je, en esquissant un très léger sourire.

Encore une fois, j'assure mon rôle de père en jetant un œil à mon fils, mais je me permets aussi par la même occasion d'éviter d'éveiller les soupçons.

Je lui fais un clin d'oeil avant de lui répondre :

Je crois que je vais éviter d'être tenté plus que cela pour aujourd'hui, il va me falloir rester raisonnable, si vous n'en voyez pas d'inconvénient.

Puis je m'approche de Sam en lui caressant la nuque alors qu'elle est en pleine discussion afin qu'elle réagisse :

Je ne souhaite pas abuser du temps que Monsieur Wolf nous accorde, ma douce, je vais aller régler les papiers administratifs concernant le CT de la voiture. Je ne devrais pas en avoir pour très longtemps, au moindre soucis, comme d'habitude tu m'appelles. Dean n'est pas très loin.

Je lui laisse le temps de répliquer si elle le souhaite et l'embrasserai avant d'aller régler soi-disant les papiers pour la voiture. L’avantage, c'est que la mécanique est une affaire d'hommes.

Je salue la première fille de Damon d'un signe de tête avant de le suivre dans son bureau. Lorsqu'il souligne le fait que je ne suis certainement pas venu que pour la voiture, je rentre à nouveau dans la peau du Directeur du NYPD.

Vous visez juste Monsieur Wolf, le CT n'était qu'une simple excuse, pour vous rencontrer en personne. Vous n'êtes certainement pas sans savoir que le Ministre de la Défense s'est fait assassiner dans la matinée tandis qu'il prononçait un discours en public.

J'ai sacrifié de nombreuses heures que j'aurais pu passer avec ma famille pour préparer au millimètre près la conférence de presse. J'ai mis tous mes hommes sur le coup. Je suis dans une merde monumentale, probablement pire que lors de mon procès contre le FBI.

Je marque un temps de pause avant de reprendre :

Je me suis personnellement rendu sur les lieux du crime, vous connaissez mes talents particuliers pour trouver toutes les preuves compromettantes laissées par inadvertance derrière soi après un tel acte. Et bien, je n'ai rien trouvé de plus que mes hommes, à savoir une douille laissée sur l'une des terrasses. C'est du travail de professionnel, la douille laissée sur place n'était pas un hasard. Et le mode opératoire utilisé ne ressemble en rien à celui des Niners ou des NW.

Seulement, après expertise de l'un de mes meilleurs tireurs d'élites, l'arme utilisée était russe, un Baïkal IZH18MH, très exactement. Et à ma connaissance les seuls à importer des armes russes sont les NW.

J'imagine que vous voyez le topo et les conséquences que cela implique pour mon enquête Monsieur Wolf ?

Bien entendu, je reste persuadé que Charlie Nine m'aurait informé s'il comptait éliminer le Ministre de la Défense, et je ne pense pas que ce soit dans l'intérêt des gangs, de faire un tel coup d'éclat. D'autant plus que j'ai lu le discours que le Ministre de la Défense comptait prononcer, et il ne faisait que vanter les prouesses du NYPD.

Après une nouvelle pause je termine :

Je me suis dit que vous aurez peut-être un peu plus d'informations que moi sur le sujet.

C'est à mon tour de laisser passer un long silence avant de recouvrir l'arme posée devant moi de ma main droite avant de fixer mon regard froid dans celui de Damon, celui du prédateur et non pas celui du traqué.

Les Sadovskis ne me sont pas inconnus en effet. Je les ai dans le collimateur depuis leur arrivée il y a deux ans. Ce n'est pas pour ma propre peau que je crains le plus Monsieur Wolf, mais bien pour celle de ma famille et de mes hommes.

Je ne suis pas du genre à sous-estimer mes adversaires, mais ne me laisse encore moins marcher sur les pieds. Je ne compte pas laisser si facilement ma place à la tête du NYPD, si tel devait être le cas, ce serait de mon propre chef, avant que je ne joue une autre carte, celle de la politique, de sorte que toutes les ficelles du FBI et du NYPD soient entre mes mains.

Je me frotte un sourcil avec l'indexe avant de dire avec un accent russe presque naturel :

Жаль, что я начал любить Русских

Puis je reprends ensuite :

Quoiqu'il en soit, je vais devoir mener mon enquête, et en suivant ma logique habituelle, je devrais envoyer mes hommes faire une descente dans les planques des NW saisir toutes les armes qui tomberaient sous leurs mains, et probablement procéder à quelques arrestations. Vous n'y verrez pas d'inconvénients n'est-ce pas ? Ce serait certainement une bonne occasion pour vous de purger vos rangs en mettant sur place des hommes en qui vous aurez perdu toute confiance.

Je remets soigneusement le col de ma chemise en place après le passage éclair et plutôt brutal de Mary Wolf. Je décoche un sourire à Damon avant de reprendre notre conversation :

Il est évident que je n'avais pas l'intention de faire main basse sur la plus grande partie de votre stock d'armes, c'est en partie d'ailleurs la raison de ma présence dans votre bureau Monsieur Wolf. Vous auriez eu tout le loisir de déplacer le principal stock qui vous servirait à vous défendre contre les Sadovski.

Toutefois, ce n'est qu'un acte de procédure qui ne me permettrait pas pour autant de résoudre cette énigme. Mon intuition me dit que les gangs me donneront rapidement une réponse indirecte à cette énigme en me laissant des indices bien plus probants que de simples armes autres que celles du crime.

Le dossier du meurtre de feu le Ministre de la Défense sera le fil directeur que je transmettrai à l'équipe AG, auquel des dossiers connexes ne manqueront certainement pas à s'y greffer, cela ne fait aucun doute.

J'incline finalement la tête pour terminer :

Si le temps ne vous manque pas, pourriez effectivement me transmettre les noms de quelques nomades que je ferai interpeller et cuisiner en salle d'interrogatoire, non sans un certain plaisir.

Mon pouce et mon indexe glissent de part et d'autre de ma moustache de deux jours :

N'ayez craintes pour les nomades Monsieur Wolf, je compte bien mener mes interrogatoires dans les règles de l'art, ils vous seront rendus en bon état. Je ferai également en sorte de percer ceux qui vous ont trahi pour s'allier aux Sadovskis en douce et vous transmettrai leurs noms.

Je me lève pour clore l'entretien et signifier ainsi à ma femme que nous en avons fini avec les papiers. Aussi pour conclure, je suis plus abstrait :

Hum, les femmes et les enfants vont commencer à s'impatienter, c'est toujours un plaisir de discuter voitures avec un grand connaisseur comme vous Monsieur Wolf. En tant que client, nous comprenons aisément les détails des devis. J'aurais bien poursuivi cette conversation mais je ne souhaiterais pas abuser de votre temps, et j'ai moi-même du travail qui m'attend avant la reprise du boulot lundi. Puis-je vous laisser me transmettre les documents administratifs dès qu'ils seront prêts, à mon bureau ? Je crains d'être overbooké par la suite.

Il est temps d'aller terminer tranquillement notre petit week-end en famille à l'appartement, mais aussi de préparer l'arrivée des futures recrues pour lundi. L'administratif n'est pas ce qu'il y a de plus amusant et intellectuel.

Malgré les évènements récents, j'ai passé un bon week-end en famille comme je le souhaitais bien qu'il fût beaucoup trop court. Comme je l'avais prévu, ce lundi matin sera mouvementé, en attestent les dossiers déposés sur mon bureau pour commencer, ainsi que les réflexions de la dizaine de candidats qui planchent sur l'incendie criminel dans une salle de jeu appartenant aux Sadovskis. Le voilà le fameux élément auquel je faisais allusion dans le bureau de Damon Wolf.

Je décide de ne pas entrer de suite dans la salle de réunion, laissant les futures recrues réfléchir par elles-mêmes avant d'y rajouter mon grain de sel. Par ailleurs, mon arrivée risquerait de les déconcentrer.

Je soupire en voyant la cohue de journalistes dans la salle d'attente et prends bien soin d'éviter de passer par là. Il est hors de question que je donne la moindre interview aujourd'hui, j'ai du travail et de toutes manières je n'ai pas de nouveaux éléments à apporter.

Un dossier sous le bras et l'autre dans les mains je suis plongé dans les détails de l'incendie et de la course poursuite ayant conduit deux de mes agents à l'hôpital. Je me mords la lèvre inférieure en fronçant les sourcils, et c'est le moment que Lucie décide de choisir pour venir me saluer.

Je relève la tête en refermant le dossier avant de le mettre sous le bras avec l'autre. Un sourire se dessine sur mes lèvres malgré le caractère critique de la situation. Sa séduction naturelle a toujours eu un certain effet sur moi, de quoi embellir mes journées :

Tiens qui va là ? Ne serait-ce pas le rayon de soleil du NYPD ? Bonjour Lucie, je vais bien merci malgré le fait que je croule sous les dossiers. Ma petite famille se porte à merveille, que demander de plus ? Que le boulot aille aussi bien peut-être, mais être comblé en amour ou au travail, il faut choisir.

Je vois que tu as passé de merveilleuses vacances au soleil, j'espère que ton retour sur la terre ferme ne sera pas trop brutal. Dis-je tout en tapotant mes dossiers sans m'étendre sur le sujet qu'elle ignore sans doute.

En arrivant à une des nombreuses machines à café du commissariat, nous croisons un de mes officiers :

Bonjour Officier Smith, lorsque vous aurez terminé votre café, auriez-vous l'amabilité de déloger le troupeau de journalistes dans la salle d'attente pour moi, en leur signifiant une énième fois que je ne donnerais pas d'interview, je vous prie ?

Oui, je fais preuve d'une grande bonté envers mes agents aujourd'hui, sans doute mes nuits d'amour ainsi que la présence de Lucie à mes côtés y sont pour quelque chose. J’insère une pièce dans la machine avant de m'adresser à ma tireuse d'élite :

Un café court avec un demi sucre si ma mémoire ne me fait pas défaut ?

Tandis que nos cafés sont en préparation je termine :

Je m'apprête à me rendre dans la salle de réunion pour évaluer les futures recrues, m'accompagnerais-tu ?

Je m'attends d'une seconde à l'autre qu'elle rebondisse sur la présence des journalistes dans le commissariat. Elle est loin d'être dupe, s'ils sont là, c'est qu'il s'est forcément passé quelque chose que j'ai volontairement éclipsé de notre conversation.

Je hoche lentement la tête dont toute émotion a quitté mon visage. Je lui tends son café en silence et pose le mien sur la table ronde à côté de nous. Je saisis le dossier d'une chaise que je recule avant de lui donner son premier ordre depuis son retour de vacances :

Assied-toi.

Je la laisse prendre place non sans me jeter un regard d'incompréhension la plus totale, puis j'embraye ensuite :

Avant que tu ne partes en vacances, tu te souviens que j'étais particulièrement irritable et que je vous demandais une perfection bien supérieure à la normale dans tous ce que vous faisiez. J'avais ouvert toutes les enveloppes à ma disposition pour réorganiser les services et lancer une vague de recrutements que personne ne semblait comprendre. J'avais également envoyé une demande expresse au Ministre de la Défense afin qu'il nous octroie des fonds supplémentaires.

Comme à mon habitude, je lui laisse le temps d'intégrer mon raisonnement très particulier plutôt que d'aller aux faits directement :

Nous n'obtiendrons jamais ces fonds.

A cet instant elle doit se dire que je me fais toute une montagne pour de l'argent, mais c'est avant que j'en vienne à en expliquer la raison :

Le Ministre de la Défense a été abattu de 5 balles simultanée dans la poitrine au cours de son discours que j'avais préparé de longue date, ce qui expliquait ma nervosité. Un pressentiment qui s'est avéré exact sans doute.

Comme pour lui démontrer que je ne raconte pas n'importe quoi, j'ouvre le dossier concernant la mort du Ministre de la Défense et lui place la première page entre les mains.

Voilà la raison de la présence des journalistes, Lucie. Désolé de te coller un si gros dossier à ton retour de vacances, j'aurais préféré l'éviter. Avant que tu ne poses la question, non il n'y a aucune trace sur les lieux du crime, c'est un travail de professionnel. Je me suis rendu personnellement sur place, tout à été nettoyé excepté une douille russe d'un Baïkal IZH18MH.

Je l'observe un instant avant de prendre mon gobelet et de le porter lentement à mes lèvres.

L'esquisse d'un sourire point au coin droit de mes lèvres aux propos de Lucie :

J'ai su dès mes premiers jours au NYPD que je pourrais toujours compter sur toi, Lucie. Et j'en t'en remercie.

Tu sais ce que je pense du FBI, ce sont des vendus. La tête du FBI a beau avoir changé, la plupart des agents qui étaient en place il y a 7 ans, sont encore en service alors même qu'ils aient été mouillés jusqu'au cou avec les Yakuza.

S'ils n'étaient pas sur les lieux du crime, c'est tout simplement parce que Scott a peur de moi et qu'elle préfère me faire déloger de mon poste de Directeur par les plus hautes instances. Elle sait que j'ai les meilleurs avocats de New York, et qu'il faudra frapper un très grand coup pour espérer me couler, et qu'elle ne prendra pas le risque de perdre un second procès humiliant.

Le sujet du FBI est toujours brulant. Depuis mon arrivée au NYPD, les relations déjà houleuses d'origine entre ces deux institutions, se sont largement envenimées.

S'agissant de mes heures à venir, elles seront comme d'habitude très chargées. Je vais commencer par évaluer les candidats sur leur capacité à réfléchir sur une situation réelle, à savoir l'incendie d'un casino appartenant aux Sadovskis qui a eu lieu quelques heures seulement après l’assassinat du Ministre de la Défense, à en croire le dossier qui m'a été transmis. Tu pourras m'accompagner si cela te tentes d'ailleurs.

Ensuite, nous ne perdrons pas de temps, je vous soumettrai les deux dossiers simultanément, et j'assisterai personnellement à la première partie de la réunion avant de retourner à mes autres dossiers. Je suivrai la suite de votre réunion via audioconférence.

Je bois la moitié de mon gobelet avant de terminer :

Pour ce qui est de mon week-end relativement serein, j'ai tenté de faire le vide en profitant de ma famille au maximum. Dean Jr a pu faire la connaissance des enfants de Damon et Mary Wolf, en particulier, leur petit dernier qui a son âge.

La famille est un tel pilier qu'elle peut vous faire oublier tous vos soucis aussi complexes soient-ils, en l'espace de quelques heures.

Ma manie de fouiner dans les dossiers que j'ai sous la main en permanence y compris lorsque je suis en pleine conversation, fusse avec une créature comme Lucie, ne m'a jamais quitté malgré que cela ne soit plus mon rôle depuis ma promotion. Cela s'avère d'ailleurs souvent très efficace, preuve en est encore une fois avec l'affaire du casino incendié. Après être parti avec je ne sais combien d'inconnues ce week-end, je viens en quelques coups d’œil de créer une relation triangulaire.

Lorsque je relève la tête pour croiser le regard de Lucie, mes yeux sont empreints d'un éclat brillant, comme cela a toujours été le cas lorsque je faisais des relations mentales avant de construire mon raisonnement pendant des heures, au grand dam de certains, comme O'Malley.

Oui, Lucie peut jubiler d'avance, le gros matou va regretter que je prenne les rênes de la réunion ce matin.

La suite de mes mouvements est prévisible dans de telles conditions, je me sers un second café bien corsé histoire d'électriser un peu plus mes neurones en prévision des évaluations, qui vont certainement s'annoncer plus compliquées que prévues pour les candidats, dès lors que je déchargerai O'Malley de la tâche que je lui ai donné avant mon arrivée.

Je bois une partie de mon gobelet avant de lui décocher un large sourire :

Je ne suis pas sûr que mes raisonnements alambiqués aient manqué à beaucoup de membres de l'équipe AG mis à part toi, Lucie. Je connais un pacha qui va tirer une tête pas possible ce matin lorsque je prendrai la tête de la réunion. Oui, tu as bien compris, mes neurones sont d'ores et déjà à plein régime.

Je jette un coup d’œil à ma rolex qui a coûté une fortune avant de reprendre :

Même à 9.00 a.m j'ai pas mal d'éléments pour vous faire réfléchir. Mais avant cela, j'ai des candidats à aller torturer. J'attends d'eux de l'excellence, et surtout des raisonnements aboutis. Il ne faudra pas s'étonner si certains abandonnent au bout de 5 minutes, je compte bien les pousser au-delà de leurs limites.

Ma matinée aura été bien chargée, et j'ai l'impression que mon après-midi va commencer comme ma matinée s'est terminée. Mon regard blasé en voyant arriver l'Agent Scott toute fière sur ses grands chevaux, se transforme en un masque impassible dès qu'elle ouvre la bouche.

J'entre dans son jeu comme s'il s'agissait d'une partie que nous n'avions jamais terminé, j'ai toujours été supérieur à elle psychologiquement, c'est un terrain sur lequel elle ne peut pas rivaliser bien longtemps, elle le sait parfaitement. Je me contente de lui répondre en la fixant de mon regard translucide, une phrase qui peut paraître triviale, dans une conversation simple :

Je ne vous attendais presque plus Agent Scott, une panne de réveil je présume ?

D'une simple pression sur le coin du bureau, une planche sur laquelle est installé le jeu d'échecs avec lequel j'ai résolu de nombreuses enquêtes, sort sur le côté. Je récupère le plateau que je place devant moi.

Toujours impassible, je désigne la chaise vide devant moi :

Prenez place, je vous en prie.

Je sais qu'elle avait l'intention de me déstabiliser avec sa menace, bien que certainement réelle. Mais encore une fois, elle a échoué. Je ne doute pas néanmoins qu'elle prendra place devant mon jeu d'échecs.

Je modifie les places de plusieurs pièces blanches comme noires, avant de glisser le fou noir, dont j'ai pris soin de laisser la couleur à l'Agent Scott, pour faire chuter un cavalier blanc mis en défense.

Le destin s'acharne toujours sur les meilleurs d'entre-nous Agent Scott, c'est une cruauté sans nom qui s'est emparée de Feu le Ministre de la Défense. Malheureusement, ce sont très souvent ceux qui restent qui en subissent les lourdes conséquences.

A quoi sert tout ce confort qui nous est offert face à une telle tragédie ? La vie est si courte pour être gâchée.

Je déplace un simple pion pour menacer son fou tout en protégeant ledit pion par ma reine.