Episode 6 : Ascension [Vasili]

Il est en train de s'amuser avec mon frère ... putin, je suis transparent, mais à s'occuper de ce que je suis en train d'essayer de protéger, il ne voit pas mon bluff, c'est déjà ca. D'autant que niveau bluff, ca ne sera pas totalement faux. Rassemblant un maximum ma concentration pour lancer mon explication. La bonne nouvelle, c'est que je suis tellement en manque que ca risque d'être tendu pour lui de voir si je mens ou pas.

"Tu tomberas pour association de malfaiteur. Arnaque, crime organisé et surement pour meurtre quand ils trouveront cette pièce. J'avais prévu l'éventualité que tu tente de nous torturer, du coup j'ai ... un plan de secours. Si je ne réapparais pas dans peu de temps, il y aura un magnifique fichier audio qui atterrira anonymement chez le cabinet Wolf

Un fichier audio qui enregistré par un très bon ami à eux dont la mort les a surement attristé. Imagine un peu, tes ennemis en train de découvrir la parfaite faille pour te foutre à l'ombre et t'isoler. Je t'imagine déjà dans une prison fédérale dans une petite pièce de 2 mètre sur 3 avec un saut en guise de chiotte et surtout une bonne petite bande de Niners et de NW en train d'attendre de te farcir ton cul"

Une fois que j'ai terminé de lancer ma menace, j'enfonce encore un peu le clou

"Tu n'imaginais tout de même pas que j'avais disparu des radars pendant toute une journée en te voyant cramer mon appart et capturer Kiril sans que je ne prévoie un petit cadeau, tout de même"

Le doigt casse lorsque tu termines ton discours, ton demi frère se retient de crier et étouffe un gémissement de douleur durant quelques minutes. Ton Père revient vers toi avec un sourire mauvais.

Il va ouvrir une armoire fermée à clé pour en sortir du matériel de tatoueur semblerait-il. Mais tu jurerais que ce matériel là n'est plus du tout au normes aujourd'hui vu la crasse qu'il y a dessus. Et l'encre ne t'inspire pas du tout non plus.

Isaak tire un tabouret pour s'asseoir au dessus près de toi. Il sort un couteau et l'amène près de ta gorge où il appuie légèrement pour que la lame fasse couler ton sang. Quelques gouttes seulement.

Qu'est-ce que ce bon vieux Vladimir a t-il pu dire sur moi, hm ? La police ne prendra jamais en compte cet enregistrement, tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ne la recevront jamais. Les Northem Wolves t'ont inspiré confiance ? Je suis certain que la fille de Vladimir veut me voir sur une table comme celle où tu es pour s'occuper personnellement de moi plutôt que de me voir dans une pièce où j'aurais droit à l'injection fatale. Car tu ne crois pas qu'avec tout ce que j'ai fait dans ma vie, la justice ne pas s'arranger pour me faire disparaître définitivement de la circulation.

La lame ouvre finalement ta chemise trempée de sueurs. Il amène son aiguille vers ton ventre.

Je te félicite, tu viens de gagner un tatouage.

Son faux sourire s'efface avant qu'il ne commence à t'écrire en gros caractère des mots dans la langue natale.

Предатель

Неверный

Проданный

Et autres synonymes du mot traitre.

Il n'y va pas de main morte et ton sang ne met pas longtemps à venir répondre à la piqure douloureuse de l'aiguille sale. Ca en plus du manque, tu manques plusieurs fois de t'évanouir. Il te tatoue sans fatiguer, faisant ça à la barbare, et ton torse se retrouve vite bousillé par des insultes qui te coûteraient sûrement la vie si tu allais en prison.

Serre les dents, ne craque, pas, c'est pas parce qu'il me charcute que je dois relacher la pression. Il faut continuer à l'occuper, continuer sur ma lancée. C'est le meilleur moyen de m'assurer la survie. Alors que la pointe se soulève et que je vois les différents motifs sur mon torse, je me mets à rigoler comme pris d'un fou rire.

"Haha, tu veux savoir ce que m'a dit Vladimir ? Il a dit que je te ressemblais au même age hahaha. S'il est mort c'est qu'il s'est laissé mourir. Et s'il s'est laissé mourir, c'était parce qu'il savait que mourir de ma main c'était mettre fin aux querelles intergénérationnelles.

Je suis sûr que ces tatouages complètent bien ce que tu es, Papa. Moi quand mon frère est en danger, je vais le sauver. Toi tu as directement pensé à l'héritage qu'il laissait à sa fille pour mieux le lui piquer.

Parano et égocentrique comme tu es tu pense que Mary va aller sur une vendetta contre toi ?

C'est moi qui portait la lame. Un batard que tu n'avais même pas reconnu. Et quand bien même, elle souhaiterai t'annihiler, si elle est maline au mieux tu finiras en taule, au pire, le FBI te traquera et réduira ta précieuse famille à néant.

Tu auras le temps de voir tout ton empire s'effondrer juste avant que ton cul ne se soit transformé en cible de tir au pigeon. Northerns Wolves, Niners, même les nouveaux, tu vas te faire avaler par la ville

D'après toi, la prime pour ta langue et tes yeux elle vaudra autant que celle pour tes couilles ?"

Il pose tranquillement son matériel de barbare pour te frapper l'arrière du crâne sur la table. Il te maintient le front,

Ne parle pas trop vite voyons, tu vas me donner l'occasion de te couper la langue plus vite. A ton avis, qui a tiré dans la trachée de ton gentil tonton Kiril hm ? Il avait tendance à trop parler de ta salope de mère et de la façon dont je l'ai laissé crever après qu'elle m'ait supplié de te laisser au lieu de supplier pour que je lui paye des soins.

Il récupère son aiguille pour te tatouer un autre mot sur ton front, mais au moment où l'aiguille te touche, on l'appelle. Il grogne avant de retirer son aiguille et de t'administrer une bonne baffe pour te tenir éveiller.

Il récupère sa lame et enlève tout le matériel qu'il range soigneusement dans l'armoire qu'il verrouille à nouveau, avant de monter.

Le silence se fait à nouveau dans la pièce. Aleksandr est autant en sueur que toi, dévoré par la douleur de sa jambe cassée.

Quand je pense que Kiril ne m'avait jamais parlé de lui. Cela pourrait expliquer pourquoi il m'a éduqué et pourquoi j'avais été expatrié aux Etats Unis. Tout aurait été si simple, si ce muet m'en avait parlé avant ... avec les mains bien sûr. Isaak était un enfoiré doublé d'un sociopathe. J'avais du sang de cinglé dans les veines, c'est un fait, mais plus il m'apprenait sur mon passé, plus celui ci semblait me tirer de mon état quasi suicidaire.

Ma mère avait tout fait pour que je m'éloigne de mon Père, Kiril aussi, mais mon sang me rappelait à mes obligations. Ce n'était pas l'amour qui m'avait empêché de détruire sa famille, c'était mon intéret. Et à chaque fois que je me récupérais des nouvelles lettres, je sentais cet intéret me pousser petit à petit à arracher la vie à Isaak. Quand je pense qu'il va attirer la ruine sur la famille pour une question de fierté ... j'ai honte d'être un de ses héritiers.

Transit par la douleur, je découvris l'absence d'envie de respirer. Ma peau est en feu. Les mots qu'il a noté ne me font rien, c'est la douleur de l'aiguille qui semble toujours en moi. C'est la douleur de la vérité qui me torture le plus. Une vérité qui complète les description d'Aleks et Kira, des descriptions qui réveil mes angoisses et commence à refaire halluciner ... non je dois réfléchir. Je dois m'assurer de maintenir mes forces et de maintenir ma capacité à me concentrer alors que je serais près à donner un morceau du cadavre de ma mère pour une nouvelle dose.

"Aleks ?"

Je l'entends en train de contenir la douleur.

"Aleks ? On ... on est d'accord, hein ? ... c'est moi qui gagne, hein ? ... C'est ma mère qui a le plus mangé, tu penses pas ?"

Lui faire penser à autre chose, une chose qui pousse à la colère. Mais aussi tenter de nous donner l'impression d'être des badass. Réduire la situation a une blague pour évacuer le stress. Evacuer le stress pour l'empêcher de paralyser mon esprit. Je repensais alors aux options de notre coté. Il restait deux alliés, Kira et Shirley. Shirley a dit qu'elle se cassait et Kira n'avait pas encore eu l'occasion de nous libérer. Deux alliés qu'il fallait donc oublier.

Qui d'autre pouvait nous aider ? Maxim ? Il n'allait surement pas s'interposer dans cette petite querelle familiale. Maya ? Elle était dans la pièce en train de jubiler du spectacle ... non, elle n'est pas là. Je n'ai pas pris de Light, elle ne peut pas être là. De plus, la dernière fois, elle n'avait pas la jambe ensanglantée comme maintenant ... ensanglantée. Mes yeux s'écarquillent alors que ma tête se relève pour regarder ma jambe et ma plaie ... et le sang. J'appelais alors Aleksandr.

"Frangin, appelle à l'aide et soit convaincant"

Je prends une grande respiration, serre les dents avant de forcer l'attache au niveau de ma jambe blessée. Mon corps se crispe alors que je suis en train de me rouvrir ma plaie à la jambe pour que le sang coule encore un peu avant de me relacher totalement et de laisser les tremblements de junky faire danser mon corps. Si un garde arrive, voit le sang continuer de couler, ma peau pale à cause d'une blessure récente et d'un mois dans le noir à me droguer et enfin ma respiration faible, ils pourraient croire que je suis en train de mourir. Père ne voudra pas ca et ses gardes ne le voudront surement pas. Impossible de me faire des soins sur cette table. Avec de la chance, ils devront me détacher et là je pourrais agir et tenter une évasion

Avant qu'Aleksandr ne crie, Bastian relève la tête, et te lance :

Si j'étais toi, je ferais pas ça. Il va te couper la jambe dès qu'il aura fini son affaire là haut. Et je peux t'assurer qu'il a des médecins bouchers qui sont ravis de se plier à ses ordres. Avant qu'il me torture, j'ai vu ce qu'il faisait à des Niners qu'il a réussi à attraper. Il les a obligé à regarder le moment où il leur enlevait des morceaux.

Alors que je force sur ma jambe, mon visage tendu à cause de la douleur, je m'arrête pour répondre à Bastian. Il avait l'air de dire qu'il valait mieux ne rien faire et de me laisser faire, mais, étant donné son état actuel, son avis était tout de même hautement douteux étant donné la manière dont il s'est fait capturé et qu'il s'est fait torturé tout les jours. Moi je n'avais pas le temps de patienter, j'avais besoin de Light et Maya était avec moi.

"D'après ce que tu dis, que j'attende ou pas, il va nous découper. Toi t'as juste butté son frère. Il est persuadé qu'on veut le décrédibiliser ... Il va vouloir faire un exemple avec nous et, crois moi, je vais pas lui rendre la tache facile. A moins que tu n'aies un super plan pour sortir de là, on va tenter ma méthode"

Un plan qui restait simple s'il en est. Ma blessure à ma jambe était bénigne, mais cela, les médecins de Père l'ignoraient. Tout reposait sur la surprise. La jambe ensanglantée, le corps pale, les cernes, la transpiration, allié à un évanouissement et à des tremblements, cela pouvait surement passé pour un choc septique ou une anémie sévère. Premier point positif : couper un morceau serait dangereusement mortel, mais ce n'était pas le but final du plan.

En effet, le but était plus de faire venir un médecin. Une personne de chair et de sang. Une personne qui avait surement des trucs coupants. Une personne qui, même si elle ne me détachait pas allait surement passer à portée. Ce qui me permettait diverses solutions, dépendant de sa loyauté et de son armement. Mais je ne restais pas imperméable à la solution de Bastian si celui ci en avait une

Fais comme tu veux imbécile, répond finalement le Niner en se concentrant pour se lever et reposer ses poignets douloureux.

Comme te l'a annoncé Bastian, personne ne vient vous voir même avec les cris d'Aleksandr qui finit par se fatiguer tout seul à force de crier à l'aide.

Est-ce qu'au moins on vous entend là haut ? Là est la vraie question. Ta jambe te fait atrocement souffrir plus tu la tortures. Tu entends finalement la porte s'ouvrir doucement et des pas feutrés dans l'escalier.

C'est Kira !

Elle s'approche de toi avec une bouteille d'eau et un sac de fast food.

Vas' ! Est-ce que ça va ? Mais oh putain ta jambe, et ce... C'est quoi ces... Ton torse ! Oh mon dieu !

Les mauvais coté de mon plan c'était que je souffrais le martyr, que j'étais toujours en train de bruler de l'intérieur à cause du manque, que les hurlements de Aleks avaient fait naitre un bébé migraine et que les secondes passaient encore plus lentement.

Mais il y avait des bons cotés, mon cerveau étant toujours humain, une zone de douleur atténuait l'autre, mes visions s'étaient plus où moins calmées et j'avais une belle tache sur mon froc.

C'est après quelques heures que Kira arrivaient finalement avec un sac de bouffe et de la flotte. Si je n'avais pas forcément très faim à cause de mon corps totalement tremblant et endoloris par l'envie de Light. J'ai du perdre pas loin de 3 litres d'eau avec ces conneries.

Toutefois, les questions de Kira me firent sourire un instant. Pour la bonne raison qu'elle semblait penser que Père ne pouvait pas aller jusqu'à de tels extrêmes ... personnellement, je pensais bien qu'il pouvait aller bien plus loin.

"Hey Soeurette ! Ca ? C'est un petit tag de Papa. J'ai eu de la chance, même si ce que ca dit est pas top, c'est pas un dessin débile, genre une bite ou un truc dans le genre. Soit dit en passant, je vois pas trop pourquoi il s'acharne comme ca. Nous tuer et nous mutiler serait bien plus rapide"

L'humour, c'était bien l'un des quelques trucs qui survivait sous la piètre image que j'affichais à ma soeur. Un corps pales, des yeux rougies et cerné et du sang un peu partout

"T'es ici en visite de courtoisie autorisé ou tu resquilles pour nous amener de la bouffe en cachette ?"

Elle fronce les sourcils en ouvrant la bouteille d'eau qu'elle te pose près des lèvres avant de poser son autre main sur ton front luisant,

Devine, abruti. Dans le bureau j'ai hésité à vous suivre mais... Il avait déjà appelé ses gardes et je me suis dit qu'être à trois enfermés ici ça servirait à rien.

Elle récupère l'eau pour te demander,

T'as faim ? Ou je peux m'occuper d'Alek? Je peux pas rester longtemps...

Hm Kira... Marmonne Aleksandr

Oh putain, ta jambe mais ! On voit l'os ! Ah putain c'est dégueulasse ! Tu vas faire une infection ! Oh putain mais comment je vous sors de là moi ?

Putin migraine calme toi, tu dois réfléchir. Kira n'est pas sensé être là mais c'est pas une raison de paniquer. J'étais attaché, mais nombre de généraux ont gagné des batailles sans bouger d'un siège, ils n'ont même pas tentés regarder la bataille. C'était à moi d'en faire autant avec un officier de talent, Kira.

"Donne à manger à Aleks, il en a plus besoin que moi et écoute moi, vu qu'on a pas le temps"

L'art de la guerre, l'art de gagner une bataille avant même qu'elle n'ait commencé. Il était temps de voir si les leçons de Sun Tzu avaient portés leur fruit. D'abord, connaitre son adversaire. Il était paranoïaque et mes différentes paroles avaient entendu ici avaient peut être réussi à porter leur fruit ici. C'était là dessus que je pouvais influer.

"Si tu as le temps, tu trouves un péquin moyen et tu le séduis. Et tu lui demande s'il peut faire une blague a un de tes amis dans une vingtaine de minute. Le message sera "Prêt a envoyer le paquet dans 20 minutes. Rappelle moi si t'es là ?". Tu lui dis que si on le rappelle, il devra dire qu'il a prêter son portable à un homme en galère, histoire que la blague soit complète. Gère le timing, faudra que tu sois auprès de Père quand le message arrivera et t'assurer que Père voit mon téléphone sonner. S'il ne lit pas le message, fait le lui lire"

La désinformation, le faire douter de mes paroles. Un numéro inconnu, des paroles difficile à comprendre, je devais réveiller le doute en lui. Il fallait qu'il vienne pêcher des informations tout en sachant que 20 minutes n'étaient pas assez pour me faire avouer. Ca pourrait le permettre de le mettre sous pression et de continuer le bluff. Jouer le même jeu que les Alliés pendant la seconde guerre mondiale, manipuler les informations pour prendre l'ennemi au piège. S'il ne négociait pas, il pourra surement s'assurer que nous ne soyons pas trouvé en cas de descente. Il y avait des chances qu'il nous fasse bouger et donc améliorer nos chances de nous en sortir

"Si tu le peux, fait naitre le doute auprès de Père, dit lui que tu as l'impression que quelqu'un nous observe. Demande lui si le FBI ou les flics nous surveillent pour augmenter sa paranoïa. Tu dois passer pour une alliée pour lui. Voir la seule personne de confiance à ses yeux. Maintenant grouille toi de filer avant qu'on ne t'attrape"

Ce que tu lui demandes de faire lui fait froncer les sourcils mais elle finit par acquiescer tout en nourrissant et en désaltérant son frère. Elle récupère le sac en en papier et après un dernier regard pour vous remonte rapidement les escaliers. Tu lis dans son regard que ça la chagrine de vous laisser ici.

Pourtant depuis qu'elle est partie, tu n'as pas revu ton Père. Est-ce vraiment long ou bien c'est le fait d'être attaché et de ne rien pouvoir faire qui te donne cette impression?

Le front d'Aleksandr est luisant de fièvre. Sans doute sa fracture ouverte y est pour quelque chose. Quelqu'un finit par descendre, un infirmier semble t-il vu ses vêtements. Il a les cheveux poivre et sel et semble avoir de la bouteille.

Il te regarde avant de regarder l'état de ton frère et de secouer la tête. Il sort une seringue de sa poche qu'il lui plante sans ménagement dans le torse.

Ca devrait te permettre de tenir le choc encore 48h sans soins gamin.

Aleksandr était dans un drole d'état. Il fallait faire quelque chose. Alors que l'infirmier était en train d'approcher et que ses pas résonnaient, je prenais une posture tout ce qu'il y a de faible. Mes yeux à moitiés ouvert, je localisais le bruit de l'infirmier, l'imaginant parfaitement en train de nous regarder. Mais ses paroles m'inquiétait. La fièvre allait le consumer. Pas question de laisser quelqu'un d'autre mourir. Pas aujourd'hui.

"S'il vous plait ..." soufflai je affaibli et tremblant "aid... aidez ... moi"

Mon corps en manque, j'avais un plan ... un plan pas génial mais un plan qui avait le mérite d'être potable ... du moins, il me paraissait potable dans ma tête migraineuse.

"Je vous ... en supplie ... je peux ... vous payer"

Est ce que l'argent allait l'attirer ? Ou bien était ce la faiblesse ? J'attendais de voir si l'homme allait réagir ou s'il était un parfait petit soldat. On ne confie pas ses hommes à n'importe qui. Il était soit loyal, soit intelligent, soit les deux. Espérons qu'il ait l'appat du gain.

L'homme ayant la quarantaine passée te jette un coup d’œil, il analyse silencieusement tes symptômes,

Le manque n'a jamais tué personne gamin. Va falloir que tu tiennes le coup tout seul. Ce qui risque de te tuer par contre mais ça t'auras le temps c'est l'encre que t'as injecté Isaak pour te tatouer. T'as qu'a regarder le Niner.

C'est vrai que Bastian depuis tout le temps qu'il est là semble souffrir de pas mal de choses dont les tatouages sur son corps qui n'ont pas correctement cicatrisé mais il semblerait qu'on le maintienne en vie pour le plaisir de torturer. Son corps est luisant de sueur et de fatigue, lui aussi.

Il part ausculter Bastian qui bouge à peine, sans doute a t-il déjà tenté par le passé de se libérer grâce au plan de l'infirmier. Celui-ci lui injecte aussi une dose d'adrénaline pour le maintenir en vie.

User du tatouage, j'étais donc la cible de tout ca. Aleks n'était qu'un petit bonus qu'il s'amusait à torturer pour le fun. La vrai cible, c'était moi. Toujours dans mon numéro d'homme affaibli, je voyais que le médecin connaissait son affaire, et que Bastian n'avait pas terminé son calvaire. En tout cas, une chose était sûr. Avec de l'adrénaline dans le sang, mon frère serait parfaitement réveillé, tout comme le Bras droit des Niners.

Agir maintenant n'était pas une bonne idée. Le timing, l'infirmier n'est au courant de rien en ce qui concerne les interrogatoire. Il ne sait pas quand mon Père reviendra. Sa seule préoccupation, c'est les blessés. Le plan était donc trop risqué pour perdre l'avantage de mon bluff du coté de Père. Je décidais donc de faire preuve de patience sans forcément sortir de mon personnage.

"Il ... il me faut ... un fix ... pitié ... ma jambe"

Montrer un état de faiblesse, même si l'infirmier ne savait rien de ce qui se disait ici, j'étais prêt à parier que Père allait avoir un rapport de ce qui se passait. Je devais avoir l'air faible. Je devais m'assurer qu'on lui dise que j'étais dans un état déplorable pour agir le moment venu comme un serpent qui attend pour planter ses crocs dans la chair de son ennemi

Il s'approche de ta jambe attachée pour couper avec un ciseau ton jean qui laisse voir ta blessure rouverte. Il se contente de couper et tirer sur l'ancien fil qui avait servi suturer.

Vu la gueule, vaut mieux l'enlever gamin. Tu risques de faire une infection si je laisse dans cet état, dit-il en le retirant complètement avec une rapidité indéniable.

Il te désinfecte et pose un linge propre dessus avant de t'entourer comme il peut le mollet avec une bande propre. Il remet ton jean coupé par dessus. Comme pour cacher son travail.

Je peux pas refaire de suture, Isaak va sûrement la refoutre en l'air et je n'aime pas gaspiller mon énergie, continue t-il tranquillement. Bon. Un bon café s'impose. Je suis de garde cette nuit.

Toujours tremblant, je sentais que, mine de rien, cet infirmier avait un fond pas trop dégueulasse. Il aurait pu me laisser crever comme une merde ou souffrir de la fièvre, mais le fait est qu'il semblait avoir assez de coeur pour éviter que je me vide de mon sang inutilement. C'était soit un peu de coeur, soit l'envie de bien plaire à son bosse. Mais alors pourquoi cacher son travail. Je décidais donc de tenter sa gentillesse un peu plus.

"Attends ... une ... dernière chose ... t'aurais pas ... une clope ? ... je tuerai pour ... une cigarette et ... un peu de conversation ..."

Toujours faibles, je tentais de faire fonctionner la pitié chez cet homme. La pitié qu'on peut avoir envers un jeune homme qui n'a pas vingt ans, torturé par un psychopathe avec un gros soucis de gestion de la colère. Une pitié qui pourrait l'amener à me parler de ce qu'il se passe à l'extérieur. Après la désinformation, c'était l'information qui était importante

Il sourit, amusé sans doute par ta demande, il te tapote l'épaule.

Attends un peu mon gars, et je t'en apporterai une dans la nuit. Là j'ai vraiment besoin d'un café.

Il remonte l'escalier et revient bien plus tard avec un plateau de nourriture qu'il installe sur une petite table avec une chaise. Il arrive vers toi et te glisse une clope entre les lèvres avant de te l'allumer.

Il fait grincer sa chaise jusqu'à toi pour t'aider à virer la cendre lorsque ce sera nécessaire tandis qu'il croque dans un sandwich que le cuistot lui a sans doute préparé à la va vite.

Alors heureux ?

L'infirmier semble revenir et accéder à mes demandes. Avais je réussi à faire en sorte qu'il m'aime bien ? Dans tout les cas, cela me permettait d'avoir un peu de compagnie et surtout d'avoir l'impression de faire quelque chose plutot que de ne rien faire. Le bon coté était qu'à présent, je savais que cela faisait quelques heures que nous étions attaché ... bordel avec le manque j'ai l'impression que ca fait des jours.

Alors quand, enfin, une clope se met entre mes lèvres et que je peux m'en fumer une tranquillement. Aspirant la fumée et la recrachant sans pour autant lacher ma clope de la bouche, j'ai un sourire pale mais un sourire quand même sur le visage. Le quadragénaire est assis à mes cotés, il est là, mangeant tranquillement. J'avais droit à quelques minutes avec l'extérieur.

"T'imagine pas mon ... bonheur, mec ... Pour un peu ... on se croirait en ... vacance ... merci ... pour la clope et ... le bandage"

Je fais un mouvement de tête en direction du néon

"Regarde ... le soleil brille ... il manquerait plus que la ... crème solaire ... C'est quoi ... ton nom ?"

Il lève les yeux vers le néon,

Vrai que c'est pas agréable ces trucs. Encore que y'a quelques semaines, y'en a un qui sautait. Insupportable. Hein Bastian?

Tu l'as dit, marmonne le Niner.

Je m'appelle Franklin Reever, termine t-il en reprenant une nouvelle bouchée.

Je reprends une bouffée de cigarette avant de tourner la tête pour déposer des cendres sur un petit cendrier à coté de ma tête.

"Ravi de te ... connaitre ... Franklin ... Moi c'est ... Vasili ..."

Mes yeux à peine entrouvert se posent sur ceux de Franklin avant de reprendre.

"Je te serrerai ... bien la main ... mais j'arrive pas ... à lever ... ma main ... une crampe surement"

Ma clope serrée entre les dents je rigole faiblement alors que la fumée s'échappe de ma bouche.

"Un néon tout ... neuf rien que ... pour nous ? ... Tu vois Bastian ... Papa nous aime ... bien ... Franklin ? ... Comment t'en es ... arrivé à ... t'occuper de ... suppliciés ?"

L'infirmier rit légèrement à tes blagues de mauvais goût. Il te débarrasse de la cendre qui est tombé dans ton cou avant de répondre, tranquille :

Disons que malgré un diplôme, quand on a une famille à entretenir, les études des enfants à payer, une femme à satisfaire lorsque y'a pas de soldes, il faut que l'argent rentre.

J'ai commencé à travailler au noir dans une clinique malfamée qui accepte tout type de personne des gangsters le plus souvent en plus de mon job à l'hôpital du coin. J'y gagnai assez pour arrondir les fin de mois et satisfaire tout le monde.

J'ai dû plaire à une des connaissances de ton père puisqu'il m'a proposé de bosser pour lui régulièrement. Il me paye bien et les horaires sont pas aussi terribles que ça. Deux nuits de temps en temps ou bien quelques heures quand y'a des sutures à faire.

Mais et toi, t'as du le foutre sacrément en rogne avec ton frangin pour atterrir ici. Et avoir le même traitement que le Niner qui lui le mérite en quelque sorte vu qu'il a tué Konstantin.

J'écoute ce mec, comprenant qu'il n'est pas si mauvais, juste une personne qui aime essayant de se faire un peu de blé dans ce monde. Il ne méritait pas de mourir mais, qui sait, peut être y avait il assez de courage en lui pour nous venir en aide.

"Je lui ... ai fait croire ... que j'avais ... tué ma soeur ... tout ca pour ... libérer mon frère ... Père est un ... impulsif ... Il est paranoïaque ... Il a peur de ... perdre le controle ... Il croit qu'on veut ... le tuer ..."

Je prends une nouvelle bouffée de fumée comme si cela m'aidait à respirer avant de reprendre

"J'avoue que ... maintenant ... l'idée m'a traversé ... l'esprit"

Je rigole un peu projetant des petits nuages blanchis par la lumière du néon qui les traverse

"Recoudre des gangster... c'est une chose ... mais maintenir ... des mecs sous torture ... c'est tout de même ... extrême ... tu trouves pas ... Il t'a entrainé ... rien qu'avec ... le pognon ?"

Il fait une moue et pose son sandwich, visiblement tu lui as coupé l'appétit avec ta dernière question.

Tu sais gamin, je suis pas d'accord pour ces choses qu'il fait. Mais maintenant que je suis mouillé, je peux plus reculer, et il me l'a nettement fait comprendre. Quand tu entres dans un gang, la seul façon d'en sortir c'est entre quatre planches, mort.

Et je dois nourrir ma famille.

Il baisse les yeux d'un air coupable.

Il ne le sait pas, mais j'ai donné de la morphine à Bastian plusieurs fois. J'en pouvais plus de ses cris.

Franklin était piégé, comme tout le monde en cette famille. C'était par la peur qu'il tenait son affaire. Un tyran caché par des yeux d'acier. C'était ce qu'était Isaak Sadovski. Mais l'histoire avait montré que la plus grande faiblesses des tyrans c'était aussi leur plus grande force. La peur engendrait de la colère. Elle nécessitait du controle, il fallait que le tyran montre que lui était divin, qu'il controlait son royaume. En nous enfermant, il avait montré qu'il était humain, qu'il était faillible, qu'il pouvait être détroner. Et c'est par la volonté qu'on combat un tyran, par l'espoir. L'espoir d'une révolution, l'espoir d'un avenir meilleur, l'espoir qu'il y a une solution.

"T'inquiète ... vieux ... je te juge pas ..."

La compréhension, lui faire comprendre que l'erreur était humaine.

"Papa fait ca ... avec tout le monde ... même nous ..."

Le faire s'identifier à nous

"J'ai préféré ... mon frère ... à lui ... J'ai vu ... en Aleksandr, Kira et moi ... l'avenir ... Un avenir qui n'était ... pas régit ... par la peur ... C'est par peur ... qu'il nous a ... amené ... ici"

Je lui souris, tentant encore un peu d'avoir sa sympathie

"Tu dois penser ... qu'il y a plus ... de solution ... pas vrai ? ... J'ose à peine ... imaginer ... ta torture ... Si j'arrive ... à sortir ... je te promets ... tu verras plus jamais ... cette pièce"

Et oui Franklin, on est pas des prisonniers comme les autres. Nous sommes les héritiers au trone. Nous sommes la solution à son calvaire. Pourtant je n'avais pas prononcé de plan, il devait demander l'échappatoire, ce devait être lui qui face le premier pas vers la liberté pour qu'il n'ait pas l'impression d'être manipulé. J'ai vu sa culpabilité. J'ai vu qu'il était dégouté de ce dont il était témoin et ce qu'il sera témoin jusqu'à la fin.

» Episode 1 : Le bâtard [Vasili Sadovski]
» Episode 10 : Le rêve américain [Vasili]
» Episode 11 : Mouvements [Vasili]
» Episode 5 : L'appel du Diable [Vasili]
» Episode 4 : A notre Père [Vasili]