Episode 10 : Le rêve américain [Vasili]

[XP UP & Bonus (Chef de gang mort = compétence acquise Maître en prise de pouvoir + 35 pts respect) 3 XP + 1 XP Physique]

13 Mars 2027

A l'aide d'Aleksandr et Kira, tu t'es étendu progressivement sur le territoire du Queens. Étonnamment depuis que Kira et Karp vous ont rejoint, tes effectifs ont quadruplé en très peu de temps.

Franklin a rejoint ta petite affaire et fait un travail appréciable sur tes hommes, il a promis de te présenter un médecin pour l'aider dans son unité médicale qu'il est en train d'installer dans ton immense immeuble.

Karp est en train de gérer les comptes pour voir quelles sont vos possibilités d'investissements. C'est aussi à toi de lui dire ce que tu veux construire ou posséder sur le territoire.

Les commerces commencent à vous verser des enveloppes pour leur sécurité contre les petits gangs qui naissent chaque jour. Rien de bien embêtant pour toi.

Aujourd'hui, Aleksandr et toi êtes assis dans le salon principal, un tatoueur est là et une dizaine de vos hommes vous regardent.

T'es sûr que tu veux pas effacer ces marques avant de te tatouer le reste ?...

Il te reste à définir quels tatouages vous allez avoir. Quel est le rang de chacun ?

Toujours assis dans mon fauteuil, je regarde Aleks pensif. Dans ma main sur ma canne haute couture modifié comme celle portant le jolie "arc-en-ciel". La question des marques faites par mon Père était été une question qui avait été particulièrement délicate lorsque j'étais passé devant le conseil des Tsars.

Ces tatouages risquaient de me couter un coup de surin si j'allais en taule, certes, mais ces fumiers avaient remué le couteau dans la plaie. Je leur avais répondu que j'attendais leur accord pour les retirer étant donné qu'ils avaient été dessiné par un traitre et un cinglé. Devant ma défense, et aussi grace à l'aide de Natalya, j'avais recu mes étoiles de princes de la mafia et l'autorisation de faire ce que bon me semblait pour ces mots.

J'avais réfléchi longtemps et c'était devant cette assemblée et le tatoueur que je prenais ma décision finale. Je retirais ma veste et déboutonnait ma chemise dévoilant mes nouvelles étoiles sur mes épaules, mes coudes et mes mains et mon coeur.

"N'efface par les mots de mon père. Barre les simplement. Je veux qu'ils restent lisible. Je veux juste que tu gardes celui là"

Je sentais l'aiguille barrer les traces de la folie de mon père doucement. J'adorais l'histoire et je ne comptais pas effacer les traces de mon histoire sur ma peau. Par contre, les mettre à jour, c'était une toute autre histoire. Les insultes étaient unes à unes barrées jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le mot "Renégat". J'aimais bien ce mot. Il passait une petite lingette sur l'encre quand je me levais et me penchait en avant.

"Maintenant, on passe au tatouage du gang"

Je savais que la mafia russe utilisaient leur peau pour raconter leur histoire, celui de mon gang ne signifiait que notre grade. Le tatoueur avait recu mes préférences. Les lignes se dessinaient sur ma peau prenant l'apparence d'une silhouette encapuchonnée sous une bure de faucheuse. La silhouette fine devenait peu à peu un ange de la mort qui prenant mon dos alors que les heures passaient et que je buvais un peu de vodka pour passer le temps.

Mais ce n'était pas la silhouette qui lui prit le plus de temps, c'était les petits détails. Dans sa main droite, la faucheuse avait une épée sur laquelle était enchassé une couronne à moitié brisé, signe de la mort d'Isaak et de la famille. Sa main gauche semblait tenir les deux pans de sa bure à ceci près que deux de ses doigts squelettiques étaient croisés. Cela faisait référence à la mort qui avait fait semblant de me prendre pour mieux renaitre ... ainsi que la ruse qui devrait caractériser mon règne.

Pour référencer mon haut status dans ce gang, j'avais demandé que cet ange porte 3 paires d'ailes, le mettant au rang de Séraphin, l'ange le plus élevé dans la hiérarchie. Chaque paire d'ailes signifiait un rang dans le gang. Une paire identifiait les personnes reconnues par la famille : les sergents gérant les petites équipes de gangers. Deux paires signifiaient qu'ils étaient les lieutenants et les bras droits : s'occupant de quartiers de la ville et surtout des Sergents. Enfin les trois paires d'ailes étaient des huiles.

Ce sont les chefs et décisionnaires comme Kira, Aleks, Maxim (si ca l'intéresse), Karp et moi. Pourquoi autant de chefs officiels ? Parce que la démocratie a toujours été le plus grand écran de fumée pour la dictature. Une dictature soutenue par Natalya et les Tsars ... mais surtout par Natalya j'avoue. Il y avait aussi une bonne aide de Charlie Nine, j'avoue mais cela était relativement officieux.

Seules les ailes étaient importantes, la faucheuse, elle même, était un élément personnalisable au choix. Forme silhouette, squelette ou pas. A chacun ses préférences. Seuls l'épée, la couronne, les ailes et les doigts croisés étaient important. J'avais donc décidé de rendre ma faucheuse unique par un petit élément. Son visage était familier. Très familier ... c'était Maya. Lorsque ce fut terminé, il me montra le résultat et je reconnaissais le talent du tatoueur.

"Parfait, la finition et c'est bon"

Je tends ma main droit pour qu'il dessine trois plume sur le dessus de ma main, juste au dessus du pouce. De sorte que lorsqu'on serre la main à un Outsider, on le sait. Le dos encore à vif, la main légèrement douloureuse, je me levais, prenais ma canne pour me rapprocher de mes hommes pour me présenter à deux. Je les regarde tous avant de leur dire.

"C'est officiel, bienvenu chez les Outsider"

[Tu as la possibilité de te créer des bras droits + lieutenants avec des capacités que tu leur as toi même attribué. Un bras droit à environ 150 XP, un lieutenant 70 XP]

Tes nouveaux hommes sourient et te regardent avec respect avant de passer chacun leur tour pour gagner un élément en plus dans leur identité personnelle grâce aux doigts du tatoueur. Aleksandr et Kira seront tatoués très prochainement, ils définissent encore leur ange de la mort tout en conservant tes éléments.

Ton tatouage a nécessité plusieurs semaines à cause de la cicatrisation. Mais il est à présent terminé. Maxim a refusé le sien "Je m'appelle Watchdog mais jsuis pas encore assez con pour me faire tatouer un truc énorme dans le dos. Si tu veux dépenser du fric pour moi, achète moi du matos" a t-il dit.

Alors que tu te relèves, tu sens une présence familière. Natalya te regarde, appuyée dans l’encadrement de la porte du salon. Elle te fixe en silence avant d'appeler :

Karp !!

Ton oncle arrive rapidement à cet appel, la blonde lui fait signe d'aller dans ton bureau. En treillis militaire kaki et débardeur noir, queue de cheval haute elle va vers la pièce désignée attirant plusieurs regards sur elle. Aleksandr la regarde aussi mais sans plus.

Vous vous retrouvez assis autour d'une table ronde pour discuter des prochaines extensions des Outsiders.

Suivant Natalya, je faisais signe à Aleks qui m'envoyait ma chemise en boule que j'attrapais au vol. J'entrais dans la pièce de réunion avant de refermer la porte. Une fois dans cette endroit, je remettais ma chemise et tapait le code pour activer la table et les tableaux dans le mur.

On pouvait voir qu'on avait pas chaumé. Entre les tête qu'il avait fallu faire tomber dans le coin. Les magasins qui pouvaient poser problème et les potentielles recrues. Au centre, il y avait la carte de New York avec le territoire des quelques gangs qui nous était frontaliers. Lorsque la question de ce qu'il se posait sur la suite des opérations, je remettais ma chemise avant de commencer.

"Grace à Karp, on a récupéré une indépendance financière et qu'on a un peu d'argent placé dans l'immobilier local. Ca nous permet de blanchir un paquet de pognon, et aussi celui des Tsar"

Je pointe quelques localisation ou se trouve les chantiers que nous financons par le biais de société écran que Karp avait réussi à mettre en place. Je pointais alors deux localisations.

"On a deux petits soucis. Le premier c'est le bordel du flic rippou qui fait, mine de rien un bon petit point de surveillance pour les Niners. En plus ce mec est un con. Il a les contact sur les docks ce qui le rend intéressant, mais pas forcément indispensable"

Je pointe la deuxième point qui n'est autre que l'aéroport du Queens.

"Le deuxième soucis vient de là et surtout des chinois. Il faut qu'on les rallie à nous et je pourrais avoir une idée qui pourrait être très pute. Toutefois, j'ai besoin de savoir si le décès de Dimitri est resté en petit comité"

Natalya écoute les points que tu soulèves, fronce les sourcils sur l'alliance avec les chinois avant de faire sa moue de réflexion.

Après un temps elle dit,

L'alliance des chinois est problématique du point de vue des Tsars. Ils refuseront catégoriquement car cela engage un partage équitable du Queens. Ce partage implique des conflits par rapport à la distribution des armes car les chinois ont commencé à installer leur business dans leurs restaurants et traiteurs dans le coin pour fournir à toute la racaille que nos hommes pourchassent tous les jours pour éviter que les magasins se fassent racketter.

Pour ce qui est du flic ripoux c'est aussi un problème tout en étant pas un. Je m'explique.

Elle prend une inspiration avant de dire,

Ce flic fonctionne et fait ses rapports aux Niners. Niners qui ont une alliance avec les Northem Wolves et les Eternal Snake. Donc on peut utiliser ce flic pour faire de la désinformation en lui filant d'abord des vrais tuyaux puis des faux ensuite. Ca durera pas éternellement. Mais pour le moment on peut pas se permettre de l'éliminer et le remplacer. On a pas de contacts avec la police.

Maxim se garde bien de dire qu'il a son cousin dans l'équipe anti-gang. Et tu comprends rapidement pourquoi : ce dernier est fidèle à Summer et à ce qu'il a installé durant son mandat de directeur du NYPD New Yorkais.

J'écoute les remarques de Natalya, justifiées à plus d'un titre avant de répondre. J'avais déjà quelques plans en tête pour ces petits soucis.

"Pour le flic, j'ai une bonne idée qui pourrait mettre en place les informations qu'on pourrait lui fournir. Mais d'abord, il faut lui donner envie de balancer sur nous. Je vais envoyé quelques nouveau avec une paire d'aile pour les chaperonner. On leur donnera l'ordre de faire une surveillance discrète. Ca devrait donner un peu d'expériences aux bleus, de jolis photos sur la clientèle. Mais, surtout, ca fera réagir les gardiens et le poulet. On lui enverra un bon petit numéro de téléphone pour engager les négociation"

Je pointe les chinois avant de réprendre.

"Pour eux, ca sera un poils plus compliqué. Il faut l'encourager à reprendre les négociations. Pour cela, il faut qu'on reprenne la main sur l'aéroport. Karp, demandes aux Bookmakers de nous filer leur petit carnet de dette ainsi que les gros parieurs. Vois si tu peux avoir accès aux registres de crédits des personnes travaillant dans le Queens. On fera aussi le tour des dealeurs. Pendant ce temps Maxim tachera d'avoir la liste des employés de l'aéroport. Quand on verra sur quels maillons jouer pour fermer les vannes du business des chinois"

Toutefois, ce qu'avait dit Natalya n'était pas tout à fait juste. En effet, j'avais décidé de mettre en place une politique de surveillance de la police, juste après que nous ayons retrouvé Kira et Karp. Les 5 premiers Outsiders, ce que j'avais utilisé comme des pions ... Leur engouement supposé pour l'agent Scott en faisait des parfaits agents infiltrés. Lors d'un ultime ordre, je leur donnais le choix. Retrouver une vie pépère de petit gangster, ou bien de se lancer dans un vrai business avec de vrai enjeux et de vrai privilèges. Celui de devenir des flics ripoux. Ils étaient aussi jeune que moi et, pour certains, je les fréquentais depuis l'age de 15 ans. Je les savais fidèles. Avoir un pas de chaque coté de la loi ... je voyais à long terme

Karp note sur son bloc note ce que tu lui demandes de chercher en hochant la tête, il prend ensuite la parole pendant un long moment pour vous présenter ses nouveaux investissements dans le Queens : principalement des nouveaux immeubles du même style que votre QG actuel, des terrains vides encore qui selon lui vous serviront pour construire plus tard, des bars, boîte de strip tease, et surtout l'hippodrome qui est en vente depuis plusieurs années. Il assure que les courses de chevaux peuvent vous rapporter beaucoup d'argent.

Vous mettez fin à votre réunion deux heures plus tard, après avoir parlé de tous les détails possibles et inimaginables. Aleksandr et Kira sortent rapidement pour aller fumer, Karp s'éclipse dans son bureau tandis que Maxim part faire un tour. Il ne reste plus que Natalya.

Elle relève les yeux vers toi après un moment pour demander,

Qui est la femme dans ton dos ?

La discussion se passe plutot bien et les idées sont constructives ce qui la rend particulièrement passionnante. En particulier quand on me parle de l'hippodrome. L'avoir sous notre controle nous permettrait de nous mettre un paquet de blé avec les paris.

C'est à la fin alors que je reprends ma cravate et ma veste que Natalya décide, une fois seule avec moi, de poser la question sur mon tatouage. Qui est cette fille sur mon dos ? Il y a un petit silence alors que je m'immobilise. Je regarde Natalya, pensif, avant de répondre avec un petit sourire nostalgique.

"Tu te rappelles du jour où je t'ai surpris avec Dimitri entre les jambes ? Après avoir bien excité le bonhomme, je t'avais dit que c'était toi qui décidait si on le balancé au chinois. Je t'avais dit un truc du genre : Je te laisse choisir, je sais ce que c'est que de tenir à quelqu'un. Encore plus dans notre monde"

Mon sourire s'efface alors que je boutonne les boutons de mon col avant de reprendre plus sérieux.

"Et quand Dimitri est mort, je t'ai dis que je savais ce que ca faisait ... maintenant tu sais pourquoi"

Ses yeux verts dans les tiens, elle finit par baisser le regard et de marmonner,

Je vois...

Sans doute pense t-elle que c'est ton père qui a assassiné celle que tu aimes. Elle récupère sa veste kaki avant de demander hésitante,

Je peux être honnête avec toi Vasili ?

Le temps me paraît long à New York depuis que Dimitri... Enfin... Depuis qu'il n'est plus là pour m'écouter ou parler. Les mecs lui étaient fidèles mais ils ne pensent qu'à une chose maintenant.

Elle passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec une moue légèrement agacée.

Bref c'est le premier qui arrivera à me séduire, un truc dans le genre. J'en ai recadré plus d'un mais je commence à fatiguer. Alors je me demandais si tu serais d'accord pour faire semblant comme à l'aéroport, tu vois ? Histoire qu'ils se recentrent sur le boulot.

Elle semble emmerdée de te demander ça mais d'un côté être à la tête d'une organisation mafieuse en étant du sexe féminin n'a rien d'évident au quotidien surtout avec son physique plutôt attrayant.

Mon visage reste figé l'espace d'un instant le temps que mon cerveau assimile qu'elle me demande d'être officiellement ma compagne. Même si c'est pour focaliser l'esprit des hommes, ca se pose là. Faut dire qu'elle est pas moche à la base. Qu'on s'est déjà vu à poil et qu'en plus on est tout les deux des boss de la mafia.

"A une condition"

Je passe ma cravate autour du coup et commence à faire le noeud et de resserrer pour me rendre nickel.

"En fait, il y en a deux ... la première, tu prends ta journée pour que toi et moi, on fasse des trucs que tu aimes"

Je prends ensuite ma veste pour la mettre sur mon dos et m'assure que rien ne soit froissé avant de poser la deuxième condition

"La deuxième : soit je me sape décontracte, soit je te paye une robe qui ne fait pas penser à une résidente d'une zone sinistré par la guerre"

Je tends ma main avant de lui sourire.

"Deal ?"

Être reconnu comme le petit ami d'une des filles d'un des plus gros parrain de la mafia russe, ca peut impressionner. Et puis qui sait ce que j'apprendrais sur cette fille en la cotoyant. Ses gouts, sa personnalité, son lit, ... quoi ? Je reste un homme

Elle semble un peu surprise par ta première condition. Elle fuit ton regard en se mordant légèrement les lèvres avant de finalement te serrer la main avec un sourire gêné.

Deal. Je sais pas ce que tu as en tête mais... Ca fait une éternité que j'ai pas passé une journée sans travailler pour la famille, tu vas t'ennuyer...

Pour ce qui est de la tenue, vu la neige qu'il y a dehors, je préfère que tu te changes, je vais faire de même, tes chaussures en cuir vont pas faire long feu sinon. S'il n'y a que ça pour te faire plaisir je peux faire un effort vestimentaire pour nos sorties privées. C'est juste que je suis à l'aise dans les treillis et ça excite moins mes hommes de me voir comme ça.

En effet, l'année 2027 accueille depuis fin février de la neige en masse. Il y a une épaisseur d'environ 25 centimètres dans tout New York. D'ailleurs quand tu regardes par l'immense baie vitrée de la salle de réunion, il neige à nouveau, de petits flocons.

Laisse-moi le temps d'organiser mes hommes et j'arrive, dit-elle en te lâchant la main et en filant vers le salon avec son portable.

Elle repart pour revenir en jean slim, bottes féminines montantes, un sweat gris à capuche avec un petit cuir noir agrémenté d'une écharpe, d'un bonnet et de gants d'un ton gris foncé. Elle gare sa voiture dans votre parking souterrain avant de t'attendre à l'entrée de ton immeuble.

Je retourne dans mon appartement, non sans identifier son regard fuyant. Ce qui me faisait sourire était aussi le fait qu'elle pensait que j'allais m'ennuyer parce qu'elle se prenait une journée ? Mais mise à part la soirée de retrouvaille avec mon frère et ma soeur je n'avais que nos repas familiaux pour éviter de penser au boulot ... et encore.

La mort de Maya m'avait poussé à m'enfermer dans le boulot. J'avais certes mon frère, ma soeur et, étonnamment, Maxim avec qui parler, mais je devais avouer que cela manquait de décompresser sur d'autres choses. J'étais un homme de peu. Le luxe était appréciable mais je pouvais vivre avec moins.

Le costume que j'enlevais était une apparence qui imposait le respect. Mais j'aimais aussi porter mon vieux manteau, plus de mon age. Mon pantalon jean plutot simple et des basket assez simple avant de descendre, toujours appuyé sur ma canne, arc-en-ciel celle là, pour rejoindre la voiture de Natalya. Sur mon portable, j'envoyais à Aleks et Kira que je prenais une journée pour éviter qu'on me dérange, à part si c'est urgent.

"Oh attends j'ai oublié un truc"

Je descends le pare-soleil de la voiture pour me voir dans le petit miroir et passe ma main dans mes cheveux pour les ébouriffer un peu avant de lui dire

"C'est quand tu veux"

Il y a un silence gêné de sa part pendant une partie du trajet, elle ne sait pas vraiment où aller aussi vous tournez un peu dans le Queens, aussi elle te jette souvent des regards. On dirait plus une ronde qu'autre chose jusqu'à ce qu'elle prenne la direction de la Cinquième Avenue sur Manhattan : le territoire des Loups.

Mais en civils, vous ne risquez rien. Tu n'as plus de contact avec Damon depuis un moment. Elle gare la voiture dans un parking payant avant d'en descendre en ta compagnie pour marcher simplement dans cette immense avenue enneigée et colorée encore par diverses décorations.

Vos pas vous mènent finalement jusqu'à Central Park où il est possible de patiner contre quelques dollars. Il y a déjà du monde et les rires fusent : enfants, parents, couple de jeunes amoureux, amis... Il y a un peu de tout.

Vous vous arrêtez pour observer jusqu'à ce qu'elle dise,

Tu vas te foutre de ma gueule, mais j'ai du mal à me détendre. Ça fait longtemps que j'ai pas eu de rencard même pour rien faire de spécial. Je suis vraiment atteinte je crois... Je crois que ce serait plus simple si tu me posais des questions et vice versa...

Je souris à la remarque de Natalya et aussi au comique de l'endroit qu'elle a choisi. Je lui prends la main pour l'amener jusqu'à la patinoire et vais prendre des patins pour tout les deux. Un sourire mutin est sur mon visage alors que je reste silencieux avant de lui dire.

"C'est la première fois que je fais du patin depuis mon ..."

Je tapote ma jambe blessée

"...accident. Mais je rêve de te voir patiner"

Je me mets debout et affiche une mine légèrement douloureuse après m'être approché du bord.

"D'ailleurs, je me demandais, ca fait longtemps que t'es à New York ? Je me demandais si t'étais une pure souche de la mère patrie ou bien si, comme moi, t'avait été expatrié étant jeune"

Elle te regarde d'un air étrange, un peu surprise quand tu lui dis que tu rêves de la voir faire du patin. Elle est déboussolée l'espace de quelques secondes et profite du fait d'enfiler ses chaussures pour glisser sur la glace pour échapper à ton regard. Elle entre sur la patinoire précautionneusement afin de récupérer ses mouvements agiles. Elle profite du temps que tu mets à lacer tes patins pour s'accouder à la barrière qui sépare les petits gradins pour les visiteurs et la surface glacée.

Ah c'est vrai que tu risques d'avoir mal. On insistera pas si tu souffres trop, j'avoue que j'avais complètement oublié ta jambe tellement j'étais stressée de ne pas savoir où t'emmener. Je venais souvent ici en hiver quand j'avais la nostalgie du pays.

Pour ce qui est de mon arrivée ici... Je suis restée en Russie jusqu'à mes 18 ans, j'en ai 22 aujourd'hui. On m'a entraîné physiquement et appris les ficelles depuis mes 8 ans au sein de la famille puis mon père m'a laissé le choix de venir ici ou non pour apprendre quelque chose. L' Amérique a les meilleures écoles en même temps, j'ai fait une licence LEA.

Après un moment, elle rajoute,

Licence des Langues Étrangères Appliquées. Je parle l'anglais couramment, le russe évidemment, le chinois et l'espagnol. J'ai aussi un niveau 7 en langue des signes. Père m'a contacté cette année pour te trouver... Et tu connais la suite... Si Père ne m'avait pas contacté, je voulais devenir traductrice, je faisais ma 1ère année de master avant son appel, sourit-elle.

Et toi tu faisais quoi ? Ici ? Dans ta chambre à l'hôpital il y avait des livres d'Histoire... Il y a un rapport ?

Tu viens ? Demande t-elle comme à l'idée d'être rassurée et protégée si tu étais à ses côtés pour patiner.

Je me lève en serrant les dents et attend quelques instants pour voir si la douleur est supportable avant d'avancer légèrement vers la patinoire et me retrouve sur la glace avant de patiner doucement et me rattrape à la barrière avant de m'approcher d'elle, de trouver mon équilibre et de lui dire.

"Moi j'ai été envoyé ici par mon père ... sans vraiment qu'on m'ait demandé mon avis. Du coup, en plein age rebel, j'ai plus ou moins visité toutes les écoles privés et ultra friquée de la région. Je suis 100% une petite racaille stupide comme l'Amérique n'en fait plus" dis je en souriant

Mais c'est alors que mes mains prennent le relai de mes lèvres.

"Mais j'ai toujours apprécié l'histoire. Avant même d'avoir mon diplome j'avais commencé à attaqué le programme de l'université. Suite à quoi j'ai été recruté par mon frère et ... bah je suis mort. Quand tu m'as retrouvé j'étais réinscrit à l'université de New York sous le nom de Alexander Anders dans le cursus d'Histoire"

Je souris, espérant la surprendre par le fait que je parle en langage des signes avant de faire comme si j'avais oublier de préciser une chose

"Ah, oui, je parle le langage des signes"

Je pouffe de rire avant de lui tendre la main pour commencer à patiner un peu sur la glace ... ne disposant pas de sa grace ... ou du moins ne voulant pas la montrer. Je reprends alors à l'oral

"J'ai jamais voulu abandonné mes études. Même si je me consacre à 100% à l'affaire familiale, j'adore toujours l'histoire. Les guerres qui l'ont forgé, les complots qui l'ont modelé..."

Je plonge mon regard dans le siens en concluant

"Les romances qui l'ont enflammé"

Elle observe tes mouvements des mains avant tout en souriant légèrement, à ta dernière phrase orale, elle fuit ton regard légèrement.

Lorsque j'ai commencé ma formation de langage des signes, mon professeur nous a toujours dit d'appeler nos collègues en formation par un surnom plutôt que par leur prénom qui est plus long à signer.

Elle te fixe alors que tu t'es posé contre la barrière de nouveau pour récupérer ton équilibre et signe le mot qui veut dire "stratège".

Pour la douleur, ce n'est pas tant ta vieille blessure qui te fait souffrir, c'est supportable ce qui te pose problème c'est de garder ton équilibre sur la glace ce qui n'est pas une mince affaire. Natalya repart quelques secondes sans toi tout en restant dans ton secteur pour finalement venir te récupérer.

Et alors tu l'as validé cette licence d'Histoire ?

Alors que vous patinez l'un à côté de l'autre, deux gamins qui filent comme des flèches sur la glace en faisant des figures passent très près de vous, Natalya évite une collision de justesse et se retrouve contre toi, les joues rouges de froid. Ou peut-être d'autre chose.

Bon dieu ces gosses... Désolée...

L'un contre l'autre, à cause des gosses, je réponds presque au tac o tac.

"Désolé ? Pourquoi ? J'ai une beauté entre les bras grace à eux"

Je souris avant de laisser porter mon instinct. Je caresse délicatement ses joues rougies, peu importait la raison avant de produire un petit signe, comme pour lui donner un surnom à mon tour "Belle Impératrice". J'avais eu envie de l'appeler Tsarine à la base. Mais je voulais vraiment que le surnom que je lui donnais ait une scission avec notre monde. Le rang Impérial la mettait au dessus de moi, montrait mon respect. La beauté ... bah ca montrait plutot bien la réalité.

"Et puis, il faut dire qu'avec ma jambe, je suis pas des plus agiles ... mais ... ca te dirait qu'on apprenne à ces petits con à être plus respectueux des couples d'amoureux ? Dans le même temps, je te paye une boisson chaude à un mec chez qui je vais régulièrement en hiver"

Elle se contente de baisser les yeux devant ta caresse puis de s'écarter tout doucement. Elle fixe son regard sur les gosses qui vous ont bousculé avant de te faire signe de la suivre. Vous patinez comme n'importe quel patineur tout en surveillant les deux tornades, ceux ci prennent un malin plaisir à tourner en bourrique les couples ou les personnes peu expérimentées en patinage. Alors qu'ils s'apprêtent de nouveau à vous foncer dessus, vous mimez une situation difficile pour finalement juste piler sur place et tendre chacun une jambe devant leur route. Les gosses n'ont pas le temps de réajuster leur vitesse et se vautrent bien méchamment sur la glace dure. Vous les entendez gémir un peu en se relevant, nul doute qu'ils auront plusieurs bleus dès demain.

Natalya semble contente de votre coup diabolique et certains patineurs vous remercient d'un signe de tête pour la leçon que vous venez de donner à ces gamins.

Vous êtes légèrement essoufflés après plusieurs tours de piste et décidez de rendre vos patins à la réception. Vous récupérez vos chaussures respectives et vos affaires personnelles pour vous mettre en route vers un coin pour boire une boisson chaude.

Une fois installés chez ta connaissance, elle prend un chocolat chaud et une viennoiserie. Elle te remercie en signant. Ton surnom ne l'a pas laissé indifférente, elle semblait contente. Elle détache ses cheveux et se passe une main dedans avant de dire en souriant,

Pfou ça fait du bien d'oublier la famille pour une fois ! Ca ne fait que quelques mois que j'ai repris tout ça pourtant j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas eu de vie sociale et d'activités... Merci c'était une bonne idée de sortir.

On est diabolique Natalya et moi ... mais bon sang mouahahahahaha. Après avoir vu les gamins gémir. Ils ont eu le droit de voir mon regard "T'es une merde" que j'avais travaillé depuis que je suis devenu le patron d'un gang. Une fois que nous avions retrouvé la terre ferme et que je pouvais boiter de manière plus naturelle, je nous conduisait jusqu'à un vendeur de viennoiserie qui s'appelait "Chez Xavi".

L'une des nombreuses adresses que Shirley m'avait donné disant : "Le jeune français qui travaille là bas est si bon pour pétrir les miches". L'image que ca avait gravé dans mon esprit était très dérangeante. Mais quand j'ai goutté ses patisseries, j'ai supporté la torture. Et puis, voir la sauvage Natalya détacher ses cheveux et me remercier ... c'est une très grande journée. Un chocolat chaud avec du un carré de chocolat au piment d'Espelette ... je sais pas d'où ca vient mais c'est une tuerie.

La remarque de ma compagne ne manque pas de me faire sourire. Je sens qu'elle est soulagée de pouvoir enfin parler sans risque... enfin sans risque c'est pas dit mais au moins à une personne qui la comprend. Au final, elle reste humaine et sacrément belle.

"J'ai toujours de bonnes idées voyons" dis je avec une arrogance surjouée avant de reprendre

"J'en avais besoin aussi, en toute honnêteté. Depuis que mon Père a pété son plomb, je me suis inquiété pour mon Frère, puis pour ma vie, puis pour ma soeur, pour notre avenir, ... Nous sommes l'équivalent des familles nobles du 16eme siècle. Le danger les attendaient à chaque coin de rue. Pour compenser, ils se laissaient porter par leur envies"

Je prenais une bouchée d'un pain au chocolat avant de reprendre.

"C'est à cette époque que l'art et la pensée a évolué. Ils bravaient les lois mortelles et immortelles. Ils sont les premiers pas d'une révolution philosophique. On devrait prendre exemples sur eux plus souvent, pas vrai ?"

Ca aide d'avoir étudié plusieurs fois Machiavel aussi

"Et n'hésite pas à te dire que je te soule si je commence à partir dans des anecdotes historiques. Quand je commence, je m'arrête plus" finis je avec un sourire

Qui a dit que ça me saoulait ? Répond t-elle amusée. Elle réfléchit un instant avant de dire reprendre,"On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut" disait Machiavel dans Le Prince. Une œuvre que j'ai beaucoup apprécié. Je ne suis pas très douée en Histoire mais j'appréciais la philosophie.

Elle soupire un instant, pensive,

Tu crois que cette guerre va être longue ?

C'est moi où bien elle semble ne pas apprécier cette guerre ? Ou du moins, elle a besoin de voir la fin, de voir son but. Malheureusement, pouvais je seulement lui promettre que cette guerre se terminera ?

"Carl Von Clausewitz, un officier prussiens pendant la guerre napoléonienne, a dit : "La Guerre est la continuation de la politique". Ce paix a été fondé sur le fait d'être en guerre perpétuelle contre la planète. Les Guerres ne se gagnent pas, elles entrent en sommeil, intimidant les personnes qui voudraient troubler la paix"

Je continue de la regarder, rêveuse, alors qu'elle songe à un monde en paix, ou du moins son monde en paix.

"Par contre, ce que je sais aussi, c'est que les gens n'aiment pas les Guerres. Une trêve finira pas s'imposer par elle même pour peu qu'on ne la laisse pas dégénérer, et c'est ce que je compte faire"

Ses yeux verts retrouvent ton regard à ta réponse, elle sourit,

A l'hôpital quand je t'ai vu, je ne comprenais pas pourquoi les Tsars s'intéressaient à toi alors qu'ils voulaient éliminer Isaak. A vrai dire, je t'en voulais. Je t'en voulais parce que tu n'as pas réussi à cacher ta mort à tout le monde. Je ne sais pas qui a informé le Conseil, mais à cause de ça on m'a sorti de la bulle protectrice que je m'étais construite pendant trois ans... Mais...

Maintenant je sais. Tu es un peu comme un joker. T'avoir dans son camp est un atout de taille contre l'adversaire. Et l'Amérique est le pays le plus difficile à infiltrer et occuper sans attirer l'attention.

Aleksandr m'a parlé de tes débuts,de ton ascension plutôt rapide. Tu as éliminé Vladimir, maintenant Isaak, tu gères ton gang... Plutôt impressionnant pour un jeune homme de 20 ans. Tu iras loin.

Elle boit une nouvelle gorgée de son chocolat chaud tout en regardant la neige qui tombe. Quand on vous regarde de l'extérieur vous faites sans doute penser à deux étudiants normaux qui flirtent. Qui aurait cru que vous êtes sans doute les gangsters les plus prometteurs de votre génération?...

Je rigole à la description de Natalya sur mon Curriculum Vitae. Mais je suis aussi surpris qu'elle n'ait pas flairé un coup de pute de Charlie Nine ou de qui que ce soit d'autre.

"Je prends les risques qu'il faut au moment où il faut ... Du moins je l'espère. Mais le plus drole c'est que mon premier coup d'éclat je l'ai fait parce que c'était un défi et parce que je sentais que ma famille avait besoin de moi ..."

Je prends une gorgée avant de préciser.

"... enfin que ceux que je considère ma famille avaient besoin de moi. Isaak a toujours été un connard. Sans aller dans les détails, il avait deux ou trois cadavres dans ses placards qui m'aidait pas à l'apprécier"

Mon ton était devenu plus sec, involontairement. Parler d'Isaak et de nos différents touchaient des blessures cicatrisées, certes, mais qui me démangent encore. Je reprends une face plus avenante quand le mauvais karma passe pour éviter de casser l'ambiance

"Je suis allé loin parce que j'avais pas le choix. Tu te demandes si la guerre s'arrêtera ... moi je me demande si je vais pouvoir m'arrêter un jour. Parce que malgré les dangers, malgré les sacrifices, malgré les dommages collatéraux ... j'adore ca"

Je suis pensif même si mon regard laisse filtrer une étincelle. L'étincelle de ceux qui ont une vision.

Ta vision est à double sens. Mais chacun des sens semble s'avérer payant :

- Tu deviens le distributeur d'armes le plus important des États Unis, dépassant et écrasant les Northem Wolves et les Niners en t'alliant avec les familles russes pures souches. Après un temps à alimenter ce réseau d'armes, tu pourrais remplacer le Grand et ainsi former les générations futures, peut-être tes propres enfants... Tu ne te limiterais pas à l'Amérique, non, tu fournirais le monde entier afin d'avoir le contrôle sur chaque pays petit à petit... Tu serais le plus riche, le plus important et dans l'ombre personne ne pourrait t'atteindre.

- Tu es le sauveur de l'Amérique, en infiltrant le Conseil de Tsars et en les éliminant pour Charlie Nine. Mais pour quel avenir ensuite ? Chef de gang dans le Queens ? Au final t'a t-il posé des limites dans ton ascension ? Peut-être qu'au vu de ses pouvoirs propres il pourrait te faire rentrer dans le cercle privé de Washington. Ou peut-être y arriveras-tu seul... Tu pourrais l'éliminer pour devenir le parrain des États Unis, donner une leçon de morale à Damon qui t'a fait souffrir, lui voler ses hommes, lui voler Gabriel par exemple... Il y a tant de possibilité.

C'est le claquement de doigts de Natalya qui te sort de tes pensées lumineuses.

Hey ! Ça va ? T'étais parti loin là. Je ne sais pas comment tu fais pour aimer ce monde. Je ne rêve que d'en sortir, peut-être parce que tu ne viens que de le découvrir. Je te souhaite de réussir en tout cas. Je pense que nos routes se séparons un jour. C'est con à dire, et peut être un peu fleur bleu, mais je veux un homme et je veux des enfants. Et pour avoir vécu dans tout ça... Je ne veux pas qu'ils vivent ce que j'ai vécu. C'est pourquoi je me bats aujourd'hui, il faut un vainqueur afin que le monde vive en paix... L'alliance des Niners et Wolves a bien permis l'éradication de la menace japonaise il y a un peu plus de 6 ans... Il y aura forcément un vainqueur, et celui-ci s'installera et refera tourner la machine moins chaotiquement.

» Episode 6 : Ascension [Vasili]
» Episode 11 : Mouvements [Vasili]
» Episode 4 : A notre Père [Vasili]
» Episode 1 : Le bâtard [Vasili Sadovski]
» Episode 5 : L'appel du Diable [Vasili]