Episode 6 : Etrangler, Empoisonner, Tuer [Bryan]

Dès que j'ai repéré les hommes de Damon je ne leur porte plus aucune attention pour garder notre couverture intacte. La voix de Carmen attire immédiatement mon attention.

Je lève les yeux au ciel tandis que les premières étoiles filantes commencent à traverser le ciel dégagé de New York. Je réponds à mon bras droit après un coup d'oeil à mes deux acolytes :

Affirmatif. Equipe 1, pas de quartier. Equipe 2 et 4 en position.

Lorsque je lève à nouveau les yeux au ciel, je me dis que je suis véritablement cruel de gâcher un spectacle d'une telle beauté. Je n'avais pas menti à Damon, ses hommes ont l'occasion d'admirer.

Le ciel mène la danse dans 7 minutes.

Lorsque l'on attend les minutes défiler, le temps peu paraître terriblement long. Le timing reste le timing. Le FBI et NYPD arriveront en vue du casino attaqué que deux autres à deux extrémités différentes vont subir le même sort.

Pour le timing suivant, je m'apprête à bouger avec mes hommes car celui de la Cinquième ne sera pas le dernier mais l'avant dernier, je n'utilise pas la logique du bouquet final.

Dès que le casino que je vise explose à plusieurs reprises je mets mon foulard sur mon nez avant d'emprunter la porte des cuisines arme au poing après quelques sorties inopinées et affolées d'employés.

Je prends contact avec Carmen :

Mène-nous au sous-sol, il nous faut profiter de la panique pour mettre la main sur d'éventuels stocks d'armes avant les russes. Tu as un visu de ce qui s'y trouve ?

Je me laisse guider tout en étant attentif aux alentours, bien que Marcello et Angel soient plus adaptés pour ce genre de situation. Bien que je ne soit pas un homme de terrain, je suis prêt à abattre d'éventuelles cibles qui se mettraient sur notre chemin, voire à planter celles que nous pourrions surprendre.

Il nous fallait bien un peu de fil à retordre et mieux valait que ce soit pendant que nous étions dans les cuisines, non seulement pour nous permettre de nous protéger des salves des AK-47, mais aussi pour avoir des armes artisanales à portée de main.

Tandis que Angel et Marcello ripostent tant bien que mal sans pouvoir prendre l'ascendant, j'analyse très rapidement notre environnement tout en restant à couvert des plans de travail. J'ouvre les placards à portée de main qui n'ont pas encore été ravagés par les flammes dans l'espoir d'y trouver une bouteille d'alcool ou de tout liquide inflammable, ainsi qu'un tissu quelconque. A défaut de tissu, j'arracherai nue morceau de ma chemise ce qui fera l'affaire.

L'avantage d'être trois, c'est que certains peuvent faire diversion, pendant que l'autre prépare une riposte qui pourrait faire pencher la balance, surtout avec des tireurs professionnels de son côté.

Autant trouver des bouteilles inflammables peut prendre quelque secondes, autant trouver une source incendiaire dans une cuisine en feu est très facile.

Je m'adresse à mes hommes :

Poursuivez votre effort, il me faut calculer les instants de recharges pour les déstabiliser.

Il m'est effectivement indispensable de prendre ce paramètre en compte pour réussir à placer mon cocktail Molotov au bon moment sans prendre le risque de me faire trouer la peau. C'est d'ailleurs une situation assez comique de fabriquer une telle arme chez des russes...

Le plus difficile c'est de changer de position avant que les plans de travail qui nous protègent ne deviennent des passoires, en même temps que d'assurer mes calculs. Mais je sais que j'en suis capable, j'ai fait bien plus compliqué que cela.

Tout s'est passé très vite, Vasili qui s'engouffre dans la salle de jeux malgré la fusillade qui y fait rage. J''aurais pu arranger les choses d'un seul mot s'il avait saisi la main que je lui avais tendu. La seule chose que je vois au ralenti, c'est lorsque l'héritier Sadovski s'écrase au sol, suite à une rafale d'un de mes hommes. Du gâchis.

Et je rate Isaak tandis que je quitte moi-même le casino accompagné de mes hommes de mains. Je pousse Bastian vers la sortie devant moi alors qu'il était resté en appui sur mon épaule tout du long. Une intuition ? Je ne sais pas, toujours est-il que j'encaisse douloureusement trois balles dans le dos. A cet instant je bénis le gilet pare-balles qui me permet de poursuivre ma route et de rentrer dans la fourgonnette.


Le timing est parfait. Je hoche la tête à l'attention de notre chauffeur qui n'est autre que Gabriel en personne. Tandis qu'il décolle en trombe je retiens Bastian pour éviter qu'il ne tombe en avant, je le cale contre le blindage :

Ça va le faire ? Je passe devant.

En pleine course-poursuite contre mes anciens hommes je m'agrippe au dossier du siège au côté de Gabriel, puis je me hisse avec un bruit de douleur avant de m'installer. 

J'esquisse un sourire :

C'est rien, les russes vont m'avoir gratifié de gros bleus. 

Je ne peux qu'admirer sa dextérité au volant lors qu'il évite à la fois les crèves-pneus et les agents du NYPD pour les envoyer se planter dans le décor. En revanche lorsque les chiens du FBI prennent le relais pour arriver à notre niveau, c'est une autre paire de manches qui s'engage.

Je tourne la tête vers l'arrière de la camionnette pour donner mes ordres en espagnol par habitude :

Angel, Marcello, préparez-vous à accueillir nos amis en visant leurs pneus et les radiateurs.

Encore une fois tout est dans le timing. J'ai les yeux rivés sur le rétroviseur voyant les véhicules se rapprocher. J'attends que Gabriel prenne un virage à toute berzingue pour garder une distance suffisante avant de lâcher mon ordre :


Maintenant !!

L'objectif est de les faire déborder sur le coté, voire de les toucher de plein fouet, pour que je puisse enchainer coup sur coup mon autre timing, à savoir celui où j'aurais moi-même le chauffeur en ligne de mir pour tenter de le toucher avant de refermer immédiatement la vitre. Sans chercher à savoir si j'ai fait mouche ou non.

Je sens la haine de Scott à travers la vitre, elle ne devait pas s'attendre à ce que je fasse ouvrir le feu sur ses hommes, ni faire autant de dégâts en une seule nuit. Et ce n'est pas fini.

La partie se complique, il va falloir allier la dextérité de Gabriel, la vivacité de mes hommes et ma capacité à réfléchir rapidement dans toutes circonstances. La confiance mutuelle est cruciale, sans quoi nous sommes tous foutus.

Je regarde Scott quelques secondes avant de jeter un coup d’œil rapide sur le compteur de la fourgonnette qui ne cesse de monter, obligeant nos poursuivants à faire de même.

Je lui offre un sourire mauvais, ce fameux sourire qui n'augure rien de bon, sans que l'on sache ce que j'ai derrière la tête. Je reporte mon regard sur la route tout en donnant mon plan :


Angel, mets toi à droite et prépare-toi à l'ouvrir. Marcello tu restes en place et tu me mets hors jeu ces enculés à mon top. Gabriel tu serres à gauche dans la seconde qui suit.

Mon plan est complexe et osé, mais il peut s'avérer extrêmement payant. Il peut conduire à mettre hors jeu deux poursuivants dans la foulée. A cette vitesse, il y aura forcément des dégâts côté FBI, tout dépendra la réaction de Scott face à ma spontanéité.


Ma main se serre sur mon arme, si je ne vais pas faire beaucoup de dégâts au véhicule de Scott je compte bien la surprendre pour la perturber à son tour. Une seconde d'inattention suffit pour tout changer.

Je bénis l'inventeur de la ceinture de sécurité lorsque je lance mon ordre :


Maintenant !

Je fais coulisser ma portière en même temps que Marcello, pour aller chatouiller les pneus de Scott avant de refermer aussitôt la portière. Mon objectif est de la faire douter sur mon action.


Là est toute la subtilité : l'incompréhension est le pire des ennemis en terrain découvert d'où l'intérêt de toujours mener la danse.

La mise en scène a pour but de forcer notre poursuivant arrière à prendre notre position à pleine vitesse, ce qui nous permettrait de rester à sa hauteur et ainsi permettre à Angel d'entrer en action en lui faisant subir le même sort que l'autre. Sauf que Scott risquerait d'en subir partiellement les conséquences lors de la sortie de route de ses collègues.


A défaut...Advienne que pourra.

Suite à cette course poursuite qui s'est heureusement terminée en notre faveur, je songe sérieusement à m'améliorer dans la maitrise des armes à feu. Il ne faut pas se leurrer, j'ai eu beaucoup de chance lors de mon tir pour faire exploser le pare-brise de Scott.

Je me réjouis d'avoir une relation particulière avec Damon pour qu'il m'ait envoyé ses deux bras droit pour cette mission qui est l'une des plus dangereuses que j'ai pu mener jusqu'ici, si ce n'est la plus dangereuse, malgré que je m'en sois sorti sans trop de dégâts.

J'hallucine lorsque Gabriel sort un bazooka du camion qui nous a cueilli dans le tunnel. Je lui rends son sourire avant de lui répondre :

Tu fais bien de t'entrainer, car mon petit doigt me dit que Scott n'a pas apprécié mon coup de pute. Tu auras l'occasion de faire sauter quelques hélicos du FBI sous peu. J'ai frappé le centre névralgique des Sadovski, mais Isaak et Karp sont toujours en vie. Je n'en ai pas fini avec eux, je ferai volontiers à nouveau équipe avec vous deux.

Puis le véhicule explose littéralement avant de retomber en poussière dans l'océan.

Il va vous falloir attendre un peu avant de repartir sur Manhattan, vous accepteriez mon hospitalité ?

Je réactive mon oreillette :

Opération terminée, nous avons échappé au FBI et NYPD avec succès. Merci pour ton commandement de l'opération Carmen. Envoie-moi un véhicule de soin, nous nous rendons au QG médicalisé. Rejoins-nous sur place.

J'ai un regard sans appel pour Bastian qui a repris son appui sur moi depuis la descente de la fourgonnette, il n'a pas le choix, il va devoir rester quelques temps sur Staten Island. Quant à moi je me tiens droit bien que je serre les dents imperceptiblement, la course-poursuite n'ayant pas arrangé mon dos.

Le véhicule médicalisé bien que conduit par des médecins gangsters que j'ai fait recruter, nous permettra de continuer à passer inaperçu dans le chaos que j'ai provoqué.

J'envoie un sms à mon bras droit pour lui donner le plus précisément possible notre point de chute.

Je remercie Angel et Marcello de la tête, cette mission sera grassement payée.

Tandis qu'on est en train de me passer de la pommade sur mes hématomes, je souris à l'arrivée de Carmen :

Les loups ont d'excellents moyens financiers et de bons stratèges et hommes de terrain, je ne me lie pas d'amitié avec n'importe qui. 

Je lâche un grognement lorsque l'infirmière passe au coeur même des impacts des balles, avant de poursuivre :


Je me porte comme un charme, merci. Que pouvais-je espérer de mieux, tu vas avoir l'honneur d'être mon infirmière personnelle pendant quelques semaines.

Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres suite à la réponse à sa question. Je reprends rapidement constance :


Trêve de plaisanterie, quel est le premier bilan que tu as pu établir niveau morts, blessés de tout bords, civils compris ? Et à combien s'élève approximativement le butin que nous avons pu récupérer ?

J'approuve d'un signe de tête :

L'un des pires bains de sang que New York ait connu depuis 7 ans. Et le bilan s'alourdira dans les prochains jours. Nous avons engagé de lourdes hostilités cette nuit. Nous devrons veiller à ce que les new yorkais n'aient pas payé ce lourd tribu en vain.

Curieusement, je ne ressens aucun remord, les Frères Sadovski sont encore en vie et je ne relâcherais pas mon attention.

Avant que nous ne quittions le casino, Isaak Sadovski tenait sa fille en otage, tandis que Vasili jouait au suicidaire en refusant ma main tendue. L'éliminer ne faisait pas spécialement partie de mes plans, mais il s'est mis hors jeu lui-même. A priori ils avaient un esprit de rébellion familiale qui n'aurait pas plus au paternel.

Je fais un geste désinvolte de la main par dessus mon épaule en signifiant que ce qui est fait ne peut plus être rectifié :

Peu importe. Scott n'a pas retenu la leçon non plus, elle est encore venue me titiller lors de la course poursuite.

Je secoue légèrement la tête de dépit :

Il a fallu qu'elle se mette justement à ma portée plutôt que celle de Gabriel, je vais finir par croire qu'elle me joue la parade nuptiale inversée. Une chance que je n'aie pas l'expérience de tir aussi précise que celle des hommes.

Carmen relève des yeux amusés vers toi,

Qu'est-ce que ça veut dire ? Que je dois te donner des cours de tirs en plus d'être ton infirmière personnelle ?

Tu m'encourages au viol, plaisante t-elle.

J'entame le mouvement pour pencher la tête de côté comme j'ai l'habitude de le faire, avant de me raviser dans un rictus de douleur. Je me contente finalement de lui rendre son regard amusé, tout en prenant appui sur le meuble à côté :

Disons, que je suis rouillé et que je n'ai pas pour habitude de tirer sur une cible mouvante à plus de 200km/h. Je crains également que je sois amené par la suite à descendre plus souvent sur le terrain, et il vaut mieux que je ne sois pas démuni.

Ceci mis à part, si mes souvenirs sont bons, le viol, par définition se caractérise par le défaut de consentement de l'une des parties, je me trompe ? Je ponctue cette question avec un large sourire qui parle de lui-même.

Je lève un sourcil à sa surenchère :

Une femme violeuse, je n'ai jamais encore eu l'occasion d'en avoir sous la main. Il me tarde de découvrir les supplices que mon infirmière personnelle me réserve dans ce cas.

Je me redresse en grinçant des dents et me mettant une main dans le dos :
 

Je crois que tu vas prendre du service plus tôt que prévu. Tu as des talents cachés qu'il est temps de me dévoiler il me semble...


Je termine cette phrase avec un sourire mystérieux cette fois.