Episode 5 : La mue du Serpent [Bryan]

L'esquisse d'un sourire menace de se manifester lorsqu'elle me dit que je suis pire que tous les gangs réunis. Je fais mine d'être vexé concernant la raison de sa présence ici.

Allons, si je ne te voulais plus sur mon dos Scott, ne crois-tu pas que je t'aurais fais descendre avec tes hommes plutôt que de rester avec toi dans cette pièce à subir tout autant la chaleur que toi ?

Mon regard s'enflamme tandis que je lui caresse l'épaule du doigt avant de déchirer une partie de sa tenue.

Ne penses-tu pas plutôt que j'aurais pu faire tout ça pour passer plus de temps avec toi et te garder jalousement rien que pour moi ? Tu te souviens ce que tu m'avais chuchoté à l'oreille ? que le bureau de Staer manquait cruellement de chaînes.

Je suis une nouvelle fois attiré par le sang, cette fois-ci je lui penche la tête et fais en sorte de ne pas pouvoir prendre le moindre coup avant de supprimer tout le sang de son cou en passant ma langue dessus.

Le bruit de l'ascenseur qui descend me coupe dans mon élan. Je me mordille la lèvre inférieure, laissant un peu de sang sur mes lèvres.

Tu as pris un malin plaisir à m'arracher toutes mes plumes, pour autant je ne t'en veux pas. Je t'admires presque pour tout le mal que tu t'es donnée pour arriver à tes fins.

New York sans toi, n'aurait plus la même saveur, la guerre des gangs ne va pas m'amuser éternellement, tandis qu'avec toi je ne me lasse pas. Ma mort, je ne la conçois que de tes mains, personne d'autre n'aura ce plaisir.

L'absence du bruit familier des talons de Carmen lors de l'ouverture des portes me pousse à me tourner pour faire face à Angel, le seul de mes hommes que Scott ait pu reconnaitre. D'un signe de tête je l'invite à parler.

Encore une fois Carmen est sur la même longueur d'ondes que moi. Je tourne lentement la tête vers Scott lui offrant le même regard que dans le bureau de Staer, avant de regarder à nouveau Angel et de lui répondre en espagnol :

Remonte-là mais ne me l'abîme pas, elle refuse de prendre soin de son corps alors je vais le faire pour elle, à ma manière. Renforce le dispositif de surveillance au cas où de mauvaises surprises nous soient réservées.

A demi-mots, je compte bien l'accompagner sous la douche, et de lui offrir le visage qu'elle a dépeint de moi. Mon cerveau est polymorphe, il est ce qu'on veut le faire devenir. Au fond, j'ai toutes les personnalités possibles et inimaginables enfouies en moi-même. En principe le changement de personnalité est un trouble, mais lorsqu'il s'agit de moi, c'est parfaitement contrôlé. En tout cas, pour le moment...

Bande-lui les yeux et bâillonne-la.

Accompagné des renforts demandés, j'entre dans l'appartement. Je détaille ma livraison qui se réveille lentement en grognant et toujours aussi vulgaire. Je passe près d'elle et passe une mèche derrière son oreille avant d'aller chercher des glaçons. En prime, je lance un médicament contre les maux de tête accompagné de quelques gouttes de drogue dans un verre d'eau. Je prends garde à ne pas trop doser la drogue, car je veux qu'elle se souvienne de tout sans pour autant risquer de me blesser.

Je me place derrière l’accoudoir au niveau de sa tête avant de lui passer le tissu rempli de glaçons, sur sa tempe qu'Angel lui a frappé pour l'assommer. Je profite qu'elle va mettre pas mal de temps pour reprendre ses esprits, pour lui redresser lentement la tête et de lui poser en douceur le verre au bord des lèvres, son corps en manque d'eau réagissant spontanément au contact du liquide venant humecter ses lèvres. Je ne force pas, mes gestes sont délicats de sorte que le liquide coule dans sa gorge lentement sans l'étouffer. Un tiers du verre coule désormais dans son organisme.

Je passe le tissu sur son front ainsi que son cou et décolleté. Malgré ses grognements protestataires, son corps en revanche semble apprécier un peu de fraîcheur.

Je lui murmure à l'oreille en repoussant ses mèches rebelles :

La soirée à été rude et volcanique Angie. Une bonne douche fraîche serait la bienvenue, hum ?

Je l'ai rarement appelé par son surnom, sauf lorsqu'on se retrouvait tous les deux au NYPD et qu'elle gardait un œil sur moi. Je peux sentir qu'elle a utilisé une bonne partie de son énergie au sous-sol et que son corps a bien plus de mal à réagir après le coup d'Angel. Aussi les mouvements qui devaient être une manifestation de colère agressive, l'est beaucoup moins. Cela me permets de calmer ses gigotements avec mes mains.

Les insultes fusent, avant de ralentir contre sa volonté. Je pose mon indexe et mon majeur sur ses lèvres :

Shhhttt, ne dis pas de bêtises. Tu es déshydratée depuis de trop longues heures, tu commences à divaguer.

Je lui caresse les épaules et descends le long de ses bras tout en me plaçant devant le canapé. Je maintiens ses bras sur son abdomen avant de lui apporter à nouveau le verre. Ses mouvements de tête me gênent un peu tandis que son regard est désormais planté dans le mien :

Sois raisonnable Angie, il va te falloir un peu de force, encore un peu et je ne t'embête plus avec l'eau.

Son regard passe par toute sortes d'émotions, je peux même y déceler un soupçon de peur malgré sa capacité à la camoufler, la fierté n'est jamais très loin. Son manque d'agressivité fait d'elle une toute autre femme, désirable d'une toute autre manière.

Comme promis je porte une dernière fois le verre à ses lèvres avant de le déposer définitivement sur la table basse. Je m'assieds au bord du canapé en lui offrant ma gueule d'ange la plus pure sous les yeux.

Je lui caresse le visage avant de descendre dans son cou, ses épaules, ses bras, puis de déposer mes mains sur son ventre et de remonter lentement vers sa poitrine sous son t-shirt déchiré.

Lorsqu'elle bouge, je souris et pose mon poids sur elle, je contourne son soutien-gorge de mes doigts, avant d'aller lui retirer ses escarpins. Je remonte le long de ses jambes jusqu'à  mi-cuisses. Je pose finalement mes mains sur son tailleur. Je ne quitte pas son regard des yeux.  

Il va falloir retirer tout ça pour prendre une bonne douche, hum ?

J'agis comme si nous n'étions que tous les deux dans l'appartement, la présence des deux hommes ne change rien à mon plan.

Cette nuit, je suis la pire des ordures qu'il puisse exister sur Terre.

Je suis surpris de voir des larmes s'échapper de ses yeux, je l'ai toujours connu forte, écrasante. J'en ai encore eu un bel exemple au sous-sol. Cette fois, c'est une femme comme une autre que j'ai en face de moi, beaucoup moins agressive et qui connait la peur. Elle n'est plus capable de la cacher, je la terrorise certainement à l'idée de ce qui l'attend.

Je me penche pour m'approcher de son visage, je la sens fléchir et commencer à abandonner l'idée d'avoir le dessus sur moi. Pas cette fois-ci. Je place mes mains de chaque côté de son visage et sèche ses larmes avec mes pouces avant de déposer mes lèvres sur son front :

Non, non, ne pleurs pas, je ne te veux aucun mal, bien au contraire.

Je descends le long de ses mâchoires en douceur avant de déposer mes lèvres sur les siennes malgré un peu de résistance de sa part.

Je t'attends depuis trop longtemps Angie, chaque nuit depuis notre seul et unique corps-à-corps, je ne cesse jamais de penser à toi, jamais...

Je m'installe sur son bassin, mes genoux bien calés. Mes doigts caresse ses lèvres tandis que j'ai un regard tendre à son égard :

Je vais t'aider à te déshabiller, tu ne cries plus d'accord ? Tu comprends pourquoi tu es là maintenant et que je ne t'ai pas tué ? Je te relâcherai, je te le promets, mais pas maintenant. J'ai besoin que tu sois en vie et que tu n'ailles pas te suicider en pleine guerre ouverte.

Je lui laisse encaisser les révélations que je viens de lui faire avant de glisser mes doigts sur son chemisier en partie déchiré et m'apprête à le déboutonner avant de m'arrêter d'un geste.

Tu veux un peu plus d'intimité peut-être ?

Je claque des doigts pour faire sortir mes hommes de la pièce sans pour autant qu'ils n'aillent trop loin.

Je fronce les sourcils à ses supplications. j'incline la tête sur le côté :

Je suis un peu plus entreprenant qu'avant c'est vrai. Tu ne veux pas de moi Angie ? Tu ne veux pas que l'on passe un bon moment ensemble comme au bon vieux temps ?

Une nouvelle fois j'essuie ses larmes avec passion, il n'y a absolument rien d'agressif dans mes gestes. Je me relève tranquillement tout en l'empêchant de se débattre, si toutefois elle en avait l'intention.

Je passe un bras sous sa nuque et l'autre sous ses cuisses pour soulever son corps tremblant du canapé pour prendre sa place et l'installer sur moi.

Je lui caresse les bras et remonte jusqu'à ses épaules. Mon visage n'exprime aucune animosité, bien au contraire.

N'as-tu pas remarqué les effets que tu avais sur moi à chaque fois que tu rentrais dans mon bureau ? Même en pleine réunion et que tu étais dans le couloir. Je restais concentré aux yeux de tous mais je n'avais d'yeux que pour toi. C'est plus fort que moi, même si aujourd'hui tu n'as qu'une envie de me détruire.

Mais est-ce vraiment incompatible Angie ? Au fond entre toi et moi, nos prises de têtes, c'était nos pulsions qui nous commandaient.

Je fais une moue déçue non feinte :

Je me trompe ? Je ne t'attire donc pas ? Oublis les gangs Angie, écoute ton corps et dis-moi.

Mon regard s'assombrit lourdement, laissant craindre un excès de violence de ma part. Je ne réagis pas immédiatement à ses paroles, néanmoins je la libère de mon emprise, la laissant se mettre debout à sa convenance.

J'ordonne aux hommes d'entrer, mais plutôt de lui jouer un mauvais tour qui pourrait être simple pour la réduire au silence, je demande les clefs des menottes, sachant pertinemment qu'elle va avoir besoin de mon aide sous peu pour tenir debout. Je lui libères les chevilles puis les poignets ensuite.

Quoiqu'elle puisse avoir en tête de malsain, elle le regretterait bien vite. Elle ne peut de toutes façons aller nulle part, seules ses compétences martiales lui permettrait de s'en prendre à moi si elle le désirait.

Je lui désigne mon fauteuil habituel. Mon regard perd de sa noirceur laissant mon coeur parler, quoiqu'elle décide de faire de ce que je lui dis :

Sans doute m'y suis-je mal pris pour te mener à moi, et que malgré tout j'ai pu engranger énormément de rancune envers toi. Bien sûr que tu m'as déplumé et que je n'ai pas apprécié. Mais ce n'est pas ce qui m'a fait agir ainsi.

Lorsque tu m'as fait tomber du NYPD grâce aux informations qui t'ont été transmises par les Sadovski sans que tu ne le saches, tu leurs a permis d'enlever mon fils, dès lors que je n'avais plus les moyens de les protéger, alors que j'étais sur le point de le faire. J'ai pu le faire ramener vivant à sa mère, mais brûlé au cigare et tatoué à vie de signes russes. Je supporte tout ce que l'on fait subir à ma propre personne, mais s'il y a bien une chose sacrée à laquelle il ne faut pas toucher, c'est bien ma famille. Et encore moins faire subir de tels sévices à un gamin de 5 ans.

Malgré mon regard froid, je suis véritablement touché par ce que ces ordures ont fait subir à mon fils alors qu'il n'a rien à faire dans ces affaires. Je m'approche d'elle sans la moindre crainte. Je contracte les mâchoires de haine sans qu'elle soit dirigée envers elle. Je lui pose la question qui me brûle les lèvres.

Savais-tu seulement que la famille la plus clean de New York se servirait de toi pour détruire la vie de mon fils, Angelina ?

Avant qu'elle ne réponde, je lui désigne la salle de bain de la tête :

Il y a un miroir dans la salle d'eau, je t'en donnerai la signification après si tu le souhaites. Tu trouveras aussi tout le nécessaire dont tu peux avoir besoin, ainsi qu'une tenue neuve.

Je range mon couteau à son emplacement habituel lorsque je ne le porte pas sur moi, et m'empresse de la rejoindre lorsqu'elle trébuche. Je la maintiens par un bras avant de la guider vers la salle de bain et l'aide à s’asseoir sur un tabouret contre le mur. Je la fixe sans la moindre pointe d'amusement :

J'avais d'autres plans pour toi cette nuit. Mais puisque tu sembles subir le rouleau compresseur des gangs sans comprendre ce qu'il se passe, je vais les avorter, je crois qu'il va falloir que l'on crève l'abcès toi et moi. Tu n'as pas confiance en moi, mais je n'ai pas plus confiance en toi. Il faut vraiment qu'on parle, à se tirer dans les pattes, je t'assure que New York va droit dans le mur.

Contrairement à tout à l'heure, je porte moins d'intérêt à son corps tout en lui disant plus ou moins la même chose :

J'ai fait en sorte de garder ton cerveau intact, mais tu vas vraiment avoir besoin de mon aide pour ta douche. Tu ne m'as jamais vraiment aidé à te donner ma confiance non plus, j'ai du prendre quelques précautions.

Sans la moindre pudeur comme à mon accoutumée depuis que je vis ici avec Carmen, je me déshabille entièrement sous ses yeux.

Je ne sais pas pour toi mais moi j'ai véritablement besoin de cette douche maintenant.

J'entre dans la douche sous son regard de femme, malgré tout ce qu'elle peut penser de moi, ma nouvelle silhouette attire inéluctablement son attention. L'air de rien, je laisse couler l'eau sur mon corps, ce qui me fait un bien fou.

Je me tourne, ce qui ne m'empêche pas de sentir son regard sur mon dos plutôt bien dessiné. Je ne sais pas si c'est l'eau, ou mon corps qui la motive, mais je ne suis pas sourd au frottement particulier des vêtements qui glissent le long du corps.

Je réduis la puissance du jet d'eau avant de me retourner, je m'efforce d'en montrer le moins possible avant de lui ouvrir la porte et de lui tendre la main.

Je ne suis pas de meilleure humeur que Scott ce matin, rien n'a tourné comme prévu. L'idée m'a effleuré un instant d'accéder à sa requête et de la tuer, mais cela n'aurait pas influé sur mon air maussade.

Je termine mon café et ma pomme avant de lui en apporter un brûlant accompagné d'une viennoiserie que je pose sur une chaise, tout en sachant pertinemment qu'elle les refusera, au moins tant que je serai dans la même pièce qu'elle.

Je lui accorde à peine un regard avant de me diriger vers la salle de bain pour aller lui chercher un miroir portable. Comme à chaque fois que je suis de mauvaise humeur, mon charisme oscille mais de plus en plus souvent vers des sommets qui mettent mal à l'aise.

Je pose le miroir sur la table basse avant de lui adresser la parole d'un ton froid :  

Cesse un peu de hurler veux-tu ? Tu as besoin de points de sutures, et ne me dis pas que t'as pas besoin d'aide. Tu veux être détachée, mais si tu ne l'avais pas été ce matin, tu t'en serais prise à un médecin. Je veux bien faire des compromis, mais il va falloir que tu mettes un peu du tien aussi.

J'attrape le miroir pour lui placer devant le visage pour qu'elle puisse détailler sa blessure. Je ne dis rien avant d'aller m'installer dans mon fauteuil, pas loin d'elle.

Laisse le docteur faire son travail, et je te détacherai lorsqu'il sera parti. Ne m'oblige pas à t'assommer, ça ne m'amuse pas et c'est une perte de temps.

Je ne réagis pas immédiatement, je me lève et tiens ma promesse en lui détachant le poignet. Elle pourrait me sauter dessus si elle le souhaitait. Je plante mes yeux bleus dans les siens tout en conservant un visage impassible lorsque je réponds finalement :

Tu n'as pas rêvé. Je suis certainement le pire de tous.

Je lui désigne le café et la viennoiserie sur la chaise près d'elle tandis que j'arpente la pièce pour récupérer un dossier comportant divers portraits dont celui de Konstantin Sadovski, de Vladimir Nordic, de son assassin, ainsi que la photo de famille d'il y a près de 60 ans. S'y trouvent également l'Etoile du Nord seule ainsi que le tatouage des NW.

Tu devrais manger et boire quelque chose. Je n'ai rien mis dedans cette fois.

Je lâche le dossier sur la table basse avant de retourner dans mon fauteuil, silencieux.

Lorsque je la vois dévorer le peu que je lui ai donné, je me relève pour lui apporter une corbeille de fruits. Je consens à répondre à sa question bien que ce ne soit pas celle qu'il aurait fallu poser, peu importe le moyen par lequel j'obtiens mes informations, ce qui compte c'est le lien entre toutes ces reproductions.

Je l'ai eu à la source. Je ne reproduis rien sans raison.

Je place le portrait de Vladimir et celui de son assassin côte-à-côte. J'ajoute le cliché ancien de l'autre côté du portrait de Vladimir. Au-dessus de ces deux dessins, je place l'Etoile du Nord, puis le tatouage des NW sous le portrait de Vladimir. Quant au portrait de Konstantin, je le place sous la photo de famille.

Je suis le dernier a avoir vu Vladimir Nordic vivant, si j'excepte son assassin.

Je lui désigne le portrait du jeune Sadovski.

Mais pourquoi soudainement assassiner un homme déjà aux portes de la mort ? Il faisait pitié à voir, pour autant il respirait l'autorité à distance.

Vladimir Nordic n'était pas seulement le Fondateur des Nordic's, il était un des mafieux les plus puissants de Russie, à l'instar de la famille Sadovski, avant qu'ils ne soient tous ensemble envoyés en prison, à Moscou.

Je désigne cette fois-ci Vladimir et la photo de famille. Je ne compte pas lui faire un monologue, je veux que ses neuronnes travaillent également, aussi j'attends les bonnes questions de sa part.

Je hoche brièvement la tête sans quitter ses yeux :

La pire des crasses qu'un taulard puisse faire à ses codétenus. Vladimir a rencontré la famille Sadovski lorsqu'il avait 22 ans. Il a tout de suite su que le père, Vitaly, était plein aux as, et que faire partie de ses petits papiers ne pouvait être que bénéfique pour lui.

Tandis que je parle je lui désigne la personne en question.

Ils ont été balancé et ont croupi dans la même cellule pendant 3 ans dans la crasse et les maladies. Vladimir s'en fichait pas mal, ça lui a permis de se rapprocher un peu plus d'eux et de faire partie de la famille, il est devenu Prince, témoignage de la force de confiance que Vitaly lui donnait.

Je désigne dans l'ordre les Frères Sadovski :

Vladimir était le plus âgé, Isaac Sadovski l'aîné des 4 frères n'avait que 17 ans, Karp 16 ans, Konstantin 15 ans. Et Aleksandr était le plus jeune et plus faible d'entre tous, il n'a d'ailleurs pas survécu longtemps en prison, assassiné par d'autres mafieux.

A la mort de Vitaly d'un cancer de l'estomac avec refus de soin des gardiens, Vladimir a pris les frères Sadovski sous son aile pour monter un plan d'évasion. C'était en 1977. Comme tu l'as souligné, il les a laissé derrière tandis qu'il partait vers sa nouvelle vie.

J'attrape une pomme à mon tour, j'en croque un morceau avant de répondre à sa question :

Oui, ils sont tous ici. Ils savaient pour l'alliance des gangs, ils savaient aussi que j'allais être un pion gênant pour leurs affaires. C'est pour ça que Konstantin a souhaité me rencontrer pour me mettre sur le dos l'affaire des 5 millions prétendument volés par la faute du NYPD. Ce qui est bien évidemment faux, ils ont tout prévu en déplaçant l'argent en faisant croire qu'il s'agissait d'un coup d'un Niner.

Comme je ne lui ai pas mangé dans la main comme il aurait pu l'espérer, ils ont fait en sorte que tu disposes de quoi me faire tomber de la tête du NYPD, en espérant surement que cela suffirait à m'éloigner de leurs affaires.

Une nouvelle bouchée avant de poursuivre :

Tu dis qu'ils veulent détruire les NW, c'est exact, mais pas seulement. S'ils n'ont pas réclamé de territoire, c'est parce qu'ils jouent la carte de la légalité pour s'emparer de l'Amérique.

Ils sont responsables de l'assassinat du Ministre de la Défense qui s'apprêtait à augmenter les moyens financiers du NYPD, ils ont également assassiné Maître Martin, membre du cabinet de Mary Wolf, ils ont enlevé mon fils pour me paralyser. Ils ont assassiné le Patriarche des NW pour déclencher la pire guerre des gangs que New York n'ait jamais connu. Leur stratégie est simple, diviser pour mieux régner.

Je hoche brièvement la tête à sa question que j'attendais. Je vais me servir un petit Whisky matinal. Depuis la création du gang j'ai royalement changé mon rythme de vie, je me sers rarement de Whisky, uniquement lorsque je m'apprête à mettre en œuvre une stratégie complexe.

Je reprends ma place en face d'elle et trempe mes lèvres dans l'alcool avant de reposer mon verre sur une table à côté de mon fauteuil. Je plante mes yeux bleus calculateurs dans les siens :

Tu as une place cruciale sur l'échiquier Angelina. Tu es l'une des pièces maitresses qui a le destin de New York et de l'Amérique entre les mains. Tu apportes le mandat de la Maison Blanche avec toi. Aujourd'hui c'est sur toi que New York compte pour être libérée des gangs.

Je ne vais pas te garder prisonnière éternellement. Je t'ai fait enlever certes en partie pour satisfaire une vengeance personnelle que j'ai cultivé depuis un bon moment, mais aussi et surtout en dépit de ce que tu n'as cessé de répéter, pour t'éviter de tomber entre de mauvaises mains et d'être éliminée de la partie.

Je fais un geste de la main pour qu'elle me laisse poursuivre sans intervenir. Je porte à nouveau le verre à mes lèvres avant de poursuivre :

Si tu tombes, c'est New York que tu entraines dans ta chute. Depuis le début je ne suis qu'une illusion, je ne me fiche pas de New York, surtout pas. J'y tiens comme ma famille est toute ma vie.

Tout comme toi j'apprends certaines choses au fil du temps, je les ai simplement su un peu avant toi. Dès l'implantation des Sadovski à New York, je les ai suivi jusqu'à ce qu'ils fassent leur premier faux pas. Pour le moment nous en sommes qu'au début de la Guerre, et tout comme toi, les gangs locaux souhaitent épargner le plus de civils possible.

La mort de Vladimir Nordic a sonné le glas de toute alliance possible, de sorte que sans catalyseur, les gangs se détruiront entre eux, tandis que la Famille Sadovski profitera de sa protection légale pour écraser l'Amérique sous un rouleau compresseur russe. Après tout, les conflits russo-américains ne datent pas d'hier. Nous ne connaissons pas l'importance de la Famille Sadovdki en Russie et quelle place elle a au niveau de leur politique. En revanche, en organisant des parties illégales avec des Princes d'Orient, ils sont en train d'amasser suffisamment d'argent pour nous racheter par le sommet.

Mon regard se fait de plus en plus hypnotique au fil de mes paroles :

Les gangs locaux sont un cancer pour l'Amérique, mais les Sadovski en sont le membre gangréneux qui est venu s'y greffer. Tout comme l'ont été les Yakuza.

Ton rôle Angelina, est celui que tu choisiras de prendre en ton âme et conscience au nom de l'Amérique et de New York en particulier, qui sera la première ville infectée et détruite.

Contrairement aux belles paroles qu'elle a pu me taxer de dire dans le sous-sol, elle dispose désormais d'un peu plus d'éléments expliquant la raison pour laquelle je n'ai jamais parlé.