Episode 9 : Вражеская территория [Bryan]

Je cours derrières mes deux acolytes en les talonnant,  afin de nous permettre de gagner de précieuses secondes sur nos poursuivants, en accidentant un peu plus le terrain après mon passage, déplaçant filets et caisses les plus légères.

Les chamailleries de Lucie, ou plutôt Lyuba et Artyon m'exaspèrent je grommèle :

Fermez-la et concentrez-vous sur votre course !

Le russe étant déjà une langue agressive, le fait que je leur gueule dessus n'arrange rien. Du coin de l'oeil, je peux percevoir nos poursuivants nous rattraper progressivement, je saute sur Lyuba pour la plaquer derrière ce qu'il reste d'une ancienne cabane de pêcheur tandis que plusieurs balles filent à l'endroit où elle se trouvait quelques secondes plus tôt.

Je la tire ensuite vers la baie tandis que je hurle à mon bras droit :

PLONGE !

Je ne laisse à peine le temps à Lyuba de protester que je la soulève et cours à mon tour pour nous faire plonger tous les deux.

Ne vous arrêtez pas, jamais en ligne droite.

Malgré le froid polaire l'adrénaline me pousse à me surpasser, mes acolytes ayant une meilleure constitution que moi ne peuvent qu'être davantage motivés pour nager vite et loin.

Je peux sentir certaines éclaboussures de balles qui coulent à côté de nous. S'il veulent nous suivre et continuer à distance il devront lâcher certaines de leurs armes lourdes qui représenteront plus un poids mort qu'autre chose pour eux dans cette eau glaciale.

La puanteur de la baie me donne la nausée, mais nous n'avions guère d'autre issue immédiate. Nager durant 20 minutes sera épuisant, aussi je mets tout en oeuvre pour trouver en cette nuit noire la moindre occasion pour nous économiser, comme un bateau de pêche, peu probable de ce côté-ci puisque nous sommes dans un port quasi abandonné. Nous aurions éventuellement plus de chance de croiser un plaisancier perdu, voire même un début de radeau de déchets plus ou moins équilibré pour nous permettre de gagner du temps.

Dans tous les cas il faudra que nous restions en permanence actifs, si nous ne voulons pas mourir de froid avec cette eau qui doit frôler le zéro degré.

Quel merdier, tout ça pour l'amusement d'Artyon. Si on se sort d'ici tous en vie il va m'entendre.

Ah que je regrette Carmen...

Mon amusement quitte mes lèvres lorsque j'entends une voix de femme qui s'approche de moi. J'éprouve une certaine gêne lorsque la grande blonde se place à à peine un mètre de moi alors que j'empeste le rat mort.

Tandis qu'elle se présente et me tend la main, mon regard s'enflamme de colère l'espace d'un instant. Ne souhaitant pas la vexer, je lui prends sa ma douce dans ma main musculeuse, sans insister, m'empressant même de la retirer. Malgré tout je lui adresse un léger sourire.

Ravi de faire votre connaissance Eva. J'aurais préféré qu'elle se fasse dans d'autres circonstances néanmoins. Veuillez m'excuser, si j'avais su que vous seriez là, je me serais empressé d'aller prendre une douche.

Ma gêne n'est pas feinte, s'il est de notoriété publique que les femmes apprécient les mauvais garçons, sentir les égouts à dix kilomètres à la ronde et avoir une telle créature en face de soi, est particulièrement désagréable.

Antyom n'est pas un mauvais garçon, mon frère lui a appris tout ce qu'il doit maitriser, il m'appartient désormais de lui apprendre à ne pas jouer avec le feu à la moindre occasion.

Mais je crois que je n'ai pas besoin de sévir, tout au plus devrais-je le mettre face à ses responsabilité et risquer de perdre sa place de Bras Droit au profit de ma Lieutenant, se retrouver sous l'autorité d'une femme devrait le faire réfléchir...

Je dis cela avec un regard pétillant, sadique. Antyom est le macho par excellence, il ne m'a pas fallu longtemps pour le comprendre.

Mon regard se porte sur le caddie :

Puis-je vous aider ?

En plus de lui être utile, je pourrai me jeter sous la douche au plus vite. Je ne me supporte plus.

Je croise le regard d'Eva un instant, esquissant un léger sourire avant de la remercier.

Je remarque le visage de dix pieds de long d'Antyom et décide de ne pas en rajouter une couche. Macha a du bien lui faire la morale.

Lorsque je pose le regard sur le colin à la vodka, je me dis un instant que je n'aurais jamais imaginé manger un tel plat de ma vie. Je m'y suis habitué grâce à l'entrainement auquel j'ai aussi soumis Lyubia, car il s'agit véritablement d'un entrainement pour nous autres américains.

J'entame le poisson que je laisse noyer dans son jus alcoolisé avant d'en prendre une bouchée.

Je réponds à mon ancienne collègue :

Ne m'en parle pas, j'ai la peau d'une écrevisse. J'ai compensé par l'eau de toilette comme j'ai pu. Heureusement que je dors seul.

Mais bon je préfère sentir le rat mort que de me retrouver six pieds sous terre entre quatre planches de bois.

Je bois une rasade de vodka avant de poursuivre mon plat tout en parlant des sujets banal, j'esquive volontairement le sujet de notre mésaventure d'aujourd'hui.

Je me tamponne les lèvres avec ma serviettes avant de fixer Antyom du regard longuement. Puis je rompt le silence en m'adressant à mes deux acolytes.

Il y a deux semaines nous avons conclu un marché avec les passeurs, vous vous en souvenez surement je suppose ? J'attends deux livraisons d'immigrées dans trois jours à 25 minutes d'intervalles, de géorgiennes et d'ukrainiennes. Je verse 48 millions de roubles aux passeurs pour chacune des livraisons, somme que je double pour vous si les filles arrivent saines et sauves sur mon territoire.

On n'a pas le choix il faudra passer par la frontière avec le territoire de Sergueï. J'ai une cargaison de 70 filles à récupérer, 35 par passage.

Je peux compter sur vous pour prendre chacun un chargement ?

Finalement la petite excursion d'aujourd'hui me permet de mettre la pression sur les épaules de mon Bras Droit qui devra se débrouiller seul, avec ses hommes et relations personnelles pour mener à bien cette mission. Si je ne remets pas sur le tapis ce qui s'est passé cette nuit, il sait que c'est un test primordial pour sauver sa place au risque de voir Lyubia le détrôner.

Antyom relève les yeux lorsque tu parles de mission et que tu as besoin de lui et de ta lieutenant.

Tu peux compter sur moi Luka, dit-il très sérieux.

C'est la première vrai mission que tu lui donnes depuis ton arrivée. Il termine sa nourriture avant de se lever de table avec ton accord. Lucie te fait signe de le laisser partir car elle a besoin de te parler.

Une fois seuls, vous reprenez votre langue maternelle. Ce qui n'est pas un problème puisque tu as passé plusieurs années aux USA et tu as ramené ta lieutenant de là bas.

Je vais pas y arriver... Murmure t-elle. Ca fait à peine deux mois et c'est déjà trop dur... On est là et on a aucune piste sur tu sais qui... Et m'occuper de pauvres filles à qui on a fait du chantage pour se faire retourner dans tous les sens c'est pas mon style... J'étais plutôt de l'autre côté de la barrière avant...

La remise en question de Lucie est tout à fait compréhensible, et ce d'autant plus en tant que femme elle-même. Je pose une main sur son poignet en plongeant mon regard dans le sien :

C'est justement parce que ça fait à peine deux mois que c'est dur, je te comprends parfaitement. Ce n'est pas parce que je suis un homme que j'encaisse plus facilement que toi leurs conditions de vie.

Mais tu dois relativiser les choses, en travaillant pour moi, certes avec leurs corps, elles ont probablement plus de dignité que si je n'avais pas repris l'affaire. Que l'on soit ici ou non, ces filles auraient quitté leurs pays d'origine pour venir en Russie et tomber sur des proxénètes qui les traiteraient comme de simples objets sexuels. Tu ne penses pas ?

Mon pouce effectue des petits cercles sur son poignet tandis qu'un sourire rassurant se dessine sur mes lèvres :

Si l'on veut mettre la main sur ceux qu'on recherche, il va falloir que je rachète d'autres maisons closes plus luxueuses. C'est prévu, ce n'est pas pour rien que j'achète que des jeunes qui pourraient être mannequins, si j'avais le pouvoir de leur réaliser ce rêve.

Elles sont mon gagne pain ici et notre couverture par la même occasion, mais je m'efforce de trier les clients sur le volet comme tu le sais.

Je garde le silence un instant avant de reprendre :

Je suis désolé pour ce qui s'est passé cette nuit, mais j'étais obligé de te faire plonger et te traîner dans les égouts.

Puis plus bas :

J'ai besoin de toi Lucie, t'es mon seul repère. Je peux te faire prendre le premier vol mais je ne survivrais pas avec ce fou furieux. Surtout que je compte infiltrer le territoire de Sergueï sous peu pour prendre le contrôle des maisons closes qu'il a récupéré, et l'avoir sous surveillance.

Je l'écoute tranquillement avant de reculer ma chaise et de lui prendre sa main libre et de l'inciter à se lever en douceur :

Monte à mes appartements.

Je la laisse monter tandis que je débarrasse la table, chose que je ne fais pas habituellement, mais je lui laisse le temps de s'installer. Je m'annonce avant de pousser la porte de la cuisine avec mon dos, les assiettes entre les mains :

Chaud devant.

Mon regard croise celui d'Eva une nouvelle fois, je souris et dépose les assiettes sur le plan de travail. Tandis que la jolie blonde s'apprête à amener les desserts je referme mes mains sur les siennes :

Ne vous dérangez pas, Eva, je vais m'en charger si vous le voulez bien.

Mon regard bleu intense plonge dans le sien tandis que je récupère les desserts. Je me tourne lentement avant de quitter la cuisine, non sans un sourire charmeur.

Je monte les escaliers pour rejoindre mon ancienne collègue du NYPD. Je dépose son dessert sur la table basse avant de m'installer à côté d'elle.

Je ne te forcerai pas à vivre en permanence avec les filles, je ne peux pas t'imposer une tâche qui te rebute. Nous allons voir ensemble ce que tu peux faire qui te mettra plus à l'aise.

J'irai moi-même chercher les filles. As-tu des idées particulières de ce que tu voudrais faire ? Je comptais manipuler le gérant d'une maison close majeure sur le territoire de Sergueï, mais ça reste toujours dans le domaine de la prostitution même si tu ne serais pas en contact direct avec les filles.

Mon sourire qui s'était dessiné sur mes lèvres lorsqu'elle parlait de son régime disparaît pour laisser place à une souffrance dans mon regard, que j'ai enfoui durant tout le temps de ma séparation avec le reste du monde, en particulier ma famille et l'équipe AG, qui est devenue pour moi ma seconde famille au fil du temps.

Je me mordille la lèvre inférieure l'espace de quelques secondes avant d'arborer à nouveau mon visage à la fois sérieux et protecteur :

La Maison à laquelle j'ai fait allusion est celle que Youri utilisait pour faire tourner l'essentiel de son business avant de tomber malade, et que Sergueï s'approprie son territoire.

Afin d'être plus parlant, je reprends mes méthodes du NYPD en allant récupérer des feuilles dans un tiroir du bureau de la pièce. J'y trace un croquis grossier de la région où nous nous trouvons et plus particulièrement les deux territoires frontaliers que nous nous disputons depuis mon arrivée. Je fais une croix rouge entourée à l'endroit approximatif de la position de la maison.

Je ne connais pas l'identité de l'homme en question, mais il ne fait aucun doute que c'est un proche de Boïarov, lui-même en relation quasi certaine avec ceux que nous cherchons, pour avoir pu annexer un territoire important sur lequel Youri avait le monopole des maisons closes. C'est un point stratégique à récupérer.

Fai- lui cracher le plus d'informations que tu pourras, ton talent est plus efficace qu'un sérum de vérité. Mais fais attention à toi Lucie, ne prends pas de risques. Il serait dommage que je doive lui arracher les couilles à vif. Je n'aurais aucun scrupule à le torturer s'il devait toucher un seul de tes cheveux.

Dans ce pays, c'est clairement mon sang de gangster et mon année passée avec des assassins mais surtout avec Carmen, qui prennent le dessus. Je ne suis plus le bon flic du NYPD, mais un assassin cruel lorsque cela s'avère nécessaire.

Tu as carte blanche pour agir.

Je lui tend une "carte diamant" à fonds illimités lui permettant d'utiliser mes comptes bancaires ouverts dans divers paradis fiscaux.  

N'hésites pas à l'utiliser pour mener à bien ton rôle de détective privée, le pouvoir de l'argent est très puissant, surtout en Russie.

Je griffonne deux codes ainsi qu'une adresse sur un bout de papier que je déchire. J'écris une énigme en russe complexe, mais pas inaccessible pour Lucie qui a longuement travaillé avec moi pour décrypter mes raisonnements :

Tu trouveras une mallette dans un coffre fort, avec 350 millions en liquide. Ils sont à toi.

Merci Bryan je ne te décevrai pas, dit-elle déterminée en attrapant la carte.

Elle commence à préparer ses affaires maigres soient-elles pour ensuite sortir de son appartement devant les yeux d'Antyom qui la regarde étrangement,

Euh, elle va où boss ? Elle part déjà se préparer pour récupérer les nanas?

J'ai la main sur la poignée de ma porte lorsque je croise le regard étrange de mon Bras Droit. Je plonge mes yeux translucides dans les siens silencieusement quelques instants avant de répondre à sa question :

Je viens de lui assigner une autre mission incompatible avec la précédente, ce qui l'annule sur le champ. Les filles devant être récupérées malgré tout, je me chargerai personnellement de l'autre cargaison.

Je recule au sein de l'appartement pour l'inviter à entrer. Afin de couper court à tout commentaire sexiste, je lui demande immédiatement :

Tu souhaitais m'entretenir de quelque chose, Antyom ?

Je lui désigne le fauteuil en face duquel Lucie a laissé son dessert, acquiesçant à sa question silencieuse d'un simple signe de tête.

Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu'il termine de s'expliquer :

Je vois.

Lorsque j'ai quitté la Russie pour l'Amérique il y a quelques années, j'étais un peu comme tous les immigrés, je pensais y trouver ce que l'on appelle le rêve américain. Mais j'ai vite déchanté en arrivant. J'étais un paria, je ne valais pas mieux qu'un clandestin.

Le rêve américain n'existe pas Antyom. Si tu n'es pas américain, ni un simple touriste, tu n'es pas le bienvenu en Amérique. J'ai menti à mon frère. Je lui ai menti pour ne pas qu'il s'inquiète pour moi.

J'ai trimé pour être craint à New York. J'ai trainé avec les petites frappes refusées par les gangs locaux. J'ai fait le boulot dont personne ne voulait car trop dangereux, en assassinant les personnes gênantes pour le compte des gangs principaux sans jamais m’affilier à l'un d'eux. L'absence d'appartenance à un gang particulier m'a obligé à vivre dehors, en prenant le risque permanent de me faire tuer à chaque seconde.

Un jour, alors que je venais de réussir un coup de maître en éliminant des convoyeurs de fonds et partir avec la cargaison qu'ils venaient de charger, soit 11.6 milliards de dollars, avec une équipe de bleus qui m'a été imposée, je me suis fait choper à cause d'un indic.

Je marque un temps de latence avec un regard brillant de mauvaiseté :

Je me suis retrouvé face au Directeur du NYPD, mon portrait craché si on met de côté son physique svelte. Si tu vas en Amérique un jour Antyom, je te déconseille vivement de tomber face à ce mec. C'est une vipère. Il pourrit la vie des gangs depuis qu'il est entré au NYPD. Il utilise la torture psychologique. Les méthodes de la CIA sont un pur plaisir à côté des siennes. Il n'a pas besoin de te toucher pour te mettre à genoux.

C'est à partir de cette rencontre que j'ai su que ma vie américaine allait tourner, et que je devais cesser d'être une tête brûlée. J'ai été convoqué par les Chefs de gangs locaux pour lui pourrir la vie. J'ai du changer du tout au tout pour parvenir à lui mettre le FBI sur le dos ainsi que la population new yorkaise qu'il avait dans sa poche, et même le faire renier par sa propre famille. Il m'a fallu jouer à son propre jeu.

A cause de moi, il a été destitué pour manigances avec les gangs locaux alors qu'il les hait. Il est devenu l'Ennemi Public N°1 et se terre je ne sais où, depuis que je l'ai discrédité définitivement en assassinant l'Agent du FBI qui le traquait depuis tout ce temps.

Peut-être est-il déjà mort.

Mon regard redevient naturel aussi vite. Je détends l'atmosphère avec un ton plus parternaliste :

Ce que j'essaie de te faire comprendre depuis deux mois, c'est qu'en jouant les têtes brûlées, tu perdras beaucoup plus que tu n'y gagneras. Et je ne te dis pas ça vis-à-vis de moi uniquement, c'est pour tout. Ta mère te prend pour un raté qui cause du tort à son entourage avec ses conneries. Prouve-lui le contraire. Ne tentes pas de copier mon passé, tu ne feras que t'attirer des ennuis, si ce n'est plus.

Je connais ton potentiel Antyom, sinon je ne te garderais pas auprès de moi. Tu as bien fait de venir me voir en ayant réfléchi à ce dont tu voulais me parler, car je t'aurais convoqué moi-même.

Je ne réponds pas immédiatement à sa question. Je marche un instant sans but, puis tandis que je lui tourne le dos, je retirer mon T-shirt, dévoilant l'histoire de ma famille, avec l'arrière d'une immense cathédrale autour de laquelle sont tatoué plusieurs têtes de morts ainsi que des inscriptions russes.

Je peux déjà imaginer la tête qu'il tire en découvrant ces tatouages pour la première fois, alors lorsque je me retourne pour dévoiler le versant de la cathédrale, je pense que je réponds silencieusement à sa question devant son regard ébahi et sa mâchoire qui menace de se décrocher.

Mon regard dur amplifie le malaise ambiant de la pièce :

J'avais promis à Youri que je reviendrai. Je tiens toujours mes promesses. Je suis venu récupérer ce qui m'appartient, et asseoir ma puissance bien au-delà des anciennes frontières de mon frère, tombée entre les mains de Boïarov. La mémoire de mon frère est ancrée à vie sur mon corps, Antyom. Je ne suis pas là en sa mémoire, mais pour le venger.

J'ai fait couler beaucoup de sang en Amérique, mais ce n'est rien comparé à ce que je réserve à la Russie.

Je me rapproche de lui plongeant mon regard dans le sien :

Tu voulais me rejoindre en Amérique pour voir comment je contrôlais mon business ? Maintenant je vais te montrer comment je gère mes affaires personnelles.

Je remets mon t-shirt avant de m'installer dans mon fauteuil, d'attraper une bouteille de vodka et de remplir les deux verres qui sont sur la table basse :

Peu importe le pays que tu viseras, il sera difficile d'espérer avoir une vie tranquille. S'il est vrai qu'à New York, ces dernières années étaient plutôt calmes, il faut se faire une certaine notoriété pour avoir un semblant de quiétude.

Si tu tiens tant à envoyer ta sœur en Amérique, je ferais jouer mes relations sur place pour qu'elle soit la mieux traitée possible. Mais ce n'est pas le bon moment, crois-moi.

En ce qui concerne Boïarov, lorsque je l'aurais éliminé, et que je me serai approprié tous ses territoires, je vous ferai changer d'air toi et ta famille, pour que vous puissiez bénéficier d'une véritable prospérité. Je vous offrirai votre autonomie, vous serez libre de quitter ce ghetto et connaître une vie plus luxueuse.

Ça c'est le côté bisounours de ce que je compte faire après m'être débarrassé de Sergueï.

En ce qui me concerne, je jouerai avec le feu. Le pouvoir attire le pouvoir, et les ennuis qui vont avec. Sergueï Boärov n'est qu'un simple pion sur la route de mon ascension. Je compte bien rattraper mon retard, et je vais probablement me trouver des ennemis bien plus coriaces que lui par la suite.

Bien sûr...Tu seras libre de me suivre partout où j'irai. Le périple promet d'être extrêmement long et chaotique.

Je donne mes ambitions sans m'étaler réellement dessus, je suis énigmatique à ce sujet. Mais je crois que je colle un peu plus à la description que Youri lui a fait du réel Luka.