Episode 9 : Вражеская территория [Bryan]

Mon regard froid dénué d'émotion ne le quitte pas des yeux tandis que je repousse du pied le fusil à pompes en direction d'Antyom.

Ne sois pas si pressé de mourir, Sergueï. Ça viendra, mais avant ça tu vas me supplier de le faire. J'ai d'autres projets pour toi. J'ai des morts à venger, souviens-toi.

Tu ne connais rien à la loi de la Mafia n'est-ce pas ? Alors laisse-moi t'expliquer que personne ne vengera ta mort Sergueï. La dure loi de la Mafia veut que tu deviens une étoile montante dans la hiérarchie aussi vite que tu tombes au rang de simple merde désavouée. Tu viens de tomber à ce stade là. Je n'ai même pas eu besoin de venir te déloger, tu es venu toi-même te livrer.

Je fais un signe de tête à Antyom pour qu'il s'approche de lui afin d'aider Lucie à l'immobiliser sur le sol. Je retire un couteau griffé d'un loup noir, sur la lame duquel brillent les lumières dansantes de la boule à facette.

Mon regard se fait transperçant et un sourire sadique se dessine à la commissure de mes lèvres, du côté non touché par le coup qu'il m'a porté :

Je vais être magnanime avec toi, je vais t'offrir une dernière pute que tu ne pourras toutefois pas toucher, avant de t'arracher ta virilité à son beau fixe.

Je passe le couteau sur sa joue en lui faisant une estafilade avant de le ranger et lui décoller une droite monumentale sur la tempe. Puis à l'intention de mes acolytes :

"Crucifiez-le dans sa nouvelle demeure réservée aux déchus. Je viendrai m'occuper de lui plus tard."

Je m'apprêtais à l'abattre lorsque Andreï est intervenu avec deux mastodontes pour maîtriser Sergueï. Je hoche la tête à ses paroles :

J'allais justement te contacter, tu fais bien d'avoir pris le chemin du retour plus tôt. Ça m'aurait fait chier de l'abattre maintenant de force alors qu'il a probablement beaucoup de choses à nous apprendre.

Je me frotte la mâchoire en retenant un grognement de souffrance. Il ne m'a pas loupé, l'adrénaline a de nombreux effets bénéfiques, mais lorsqu'elle retombe, la douleur reprend ses droits. Je vais sans doute être défiguré pour quelques temps, étant donné que je ne me suis pas soigné après coup.

Les hommes que j'ai laissé fuir ne vont pas manquer d'annoncer la chute du tyran. Nous allons pouvoir amorcer la récupération de notre territoire.

Je parcours la pièce du regard pour y voir la scène macabre des corps étendus sur le sol. Je soupire :

Il va falloir brûler les corps avant que nous soyons contaminés par les maladies des corps en décomposition.

Je marche à pas rapides vers Lucie pour l'aider à se relever et adresse un regard bienveillant à l'attention d'Antyom.

Je hoche la tête à l'attention d'Andreï concernant les corps tandis qu'il part passer un cou de fil/

On brûle les corps et on s'en débarrasse au fond de la rivière.

J'ai un regard pour Lucie :

Lubya, occupe toi des clients et des filles terrorisés s'il te plait. Nous avons eu assez de grabuge pour aujourd'hui.

Puis pour Antyom :

Fais-moi apporter le matériel adéquate. Merci.

Je compte en effet disloquer les corps pour les transporter ailleurs afin de les dissoudre dans un bain d'acide.

J'enjambe un corps à mon tour tout en évitant les mares de sang avant de dire :

Il me faut une grosse bassine et serpillère aussi.

Je tente de sourire à sa question mais l'énorme bleu à ma mâchoire me fait grogner de douleur en plus du désinfectant sur ma main.

Il a tué Youri et s'est emparé de la majeure partie de son territoire. Il a assassiné des filles et des clients pour me faire descendre sur place. Il m'a explosé la mâchoire, c'était suffisant pour qu'il subisse mon courroux Eva, non ?

Je soupire :

Je suis désolé, je sais que la violence et vous n'êtes pas compatibles. Je n'aime pas être violent, lorsque je m'emporte on ne m'arrête plus. Il a fallu qu'un de mes hommes lui abrège ses souffrances ou je le faisais repartir pour 24h minimum de torture, au détriment de mes mains. Le contact avec certaines personnes réveille mon mauvais karma. Sergueï Boïarov en faisait partie.

Je me tortille sous l'effet du désinfectant et serre les dents pour ne pas crier. Je fais tout pour ne pas la blesser d'un geste brusque aussi, je laisse le plus possible ma main gauche inactive.

Je ferme les yeux instinctivement et prends une profonde inspiration lorsqu'elle pose ses lèvres en douceur à la commissure des miennes. Je reconnais cette hésitation, cette timidité ou plus encore, ce côté novice.

Je décide de ne pas la brusquer et de me contenter de sourire légèrement au contact de ses lèvres, je rouvre mes yeux avant de lui murmurer en la tutoyant cette fois-ci :

N'aie pas peur de moi, Eva...

Je place mes mains blessées au-dessus de son dos sans la toucher pour autant. Je relève la tête pour venir frôler ses lèvres avec les miennes, lui laissant le choix de prolonger le premier baiser qui lui est promis, ou bien de se rétracter.

Si mes blessures m'empêchent de l'inviter directement à prendre une place plus confortable sur moi, la position de mes mains parle d'elle-même. Les mots sont superflus dans ce genre de situation.

J'ignore la mine sombre d'Antyom pour me concentrer sur les photos des Tsars :

Je vais me les faire. Laisse-moi quelques Loups à distance pour assurer le coup au cas où.

Je tourne la tête vers mon Bras Droit :

Tu es de la partie pour te farcir les Tsars avec moi, Antyom ?

Mon ton est posé, je ne me suis plus senti si bien depuis que j'ai passé ma première nuit avec Sam. Ma courte nuit avec Eva m'a rappelé ces meilleurs souvenirs.

Je me retiens de faire une remarque à propos de la réaction puérile d'Antyom alors que nous allons mener une opération de la plus haute importance dont l'échec n'est pas une option.

C'est enregistré. Je vais demander à Lubya de faire partie de l'opération c'est une spécialiste de la distance. Quand comptez-vous les attaquer ? Il nous faut connaître leur habitudes pour les éliminer dans la plus grande discrétion possible et prendre la poudre d'escampette avant l'intervention des secours et de la flicaille.

J'ai un regard pour Antyom, lui faisant comprendre que je suis prêt à entendre ses griefs dès que tous les détails seront réglés.

Nous agirons dans la même journée pour éviter que la mort d'un avertisse les autres. Soit dans deux jours. Au niveau des habitudes, ils sont chacun d'entre eux souvent installé dans un café. J'ai des hommes un peu partout en Russie, on reçoit les clichés d'eux dans une heure, t'informe Andreï.

Tu pars te laver dans une autre pièce pour être mieux réveillé. Aujourd'hui vous ralliez la ville en question, demain vous tuez. Antyom se prépare de son côté, Lucie aussi. Vous êtes fin prêts en fin de matinée, prêts à partir avec six loups du nord et des fusils snipers planqués dans des sacs de sport.

Vous montez dans trois jeeps noires qui roulent et éclatent les blocs de neige sur la route sans ralentir. Antyom est à l'avant avec un Loup, Lucie est avec toi à l'arrière. Vous contemplez enfin les visages de ceux qui vous permettront de tracer un trait sur toute cette histoire de mafia russe.


Seymon Vikhrov et de Afanasy Leonov.

Vous vous faites discrets en vous arrêtant dans la ville voisine. Vous planquez les Jeeps dans un hangar loué anonymement avant de marcher jusqu'à la ville voisine dans le froid, et sous la neige qui continue de tomber. Vous êtes emmitouflés dans vos parkas aussi personne ne vous remarque, vous avez l'air de simples passants ou travailleurs noirs. Quand vous arrivez dans la ville vous comprenez pourquoi personne ne vous a rien dit : tout le monde se ressemble ici, c'est une sorte de plaque tournante où les travailleurs au black passent et repassent en quête d'un peu d'argent.

Vous repérez rapidement le bar où Seymon et son acolyte se rendent régulièrement. Régulièrement n'est pas vraiment le mot approprié, en fait ils y sont toujours fourrés. Postés sur un toit, vous les surveillez aux jumelles tandis que trois des hommes dont Lucie installent les fusils snipers. Ils sont là, assis à une table au fond du bar, vous n'avez pas la meilleure vue du monde aussi il ne faudra pas se louper. Ils sont en compagnie d'autres anciens et son protégés par des gardes du corps que vous avez rapidement repéré. Ils passent souvent dans la fenêtre de tir. Les autres loups se sont placés à l'arrière du bâtiment, sur un toit aussi pour les abattre au cas où ils tenteraient de fuir par l'arrière.

Ton téléphone vibre, un message vide d'Andreï.

Andreï a écrit:

. .

Tu remarques les deux points dans le message, cela veut dire que ses cibles ont été abattues de son côté à lui et Noah. Il faut agir vite.

Putain de gardes, ils arrêtent pas de bouger, grogne Lucie.

Mon regard est déterminé lorsque je reçois le sms d'Andreï. La réplique de Lucie concernant les gorilles me fait doucement sourire.

Je me charge de placer les viocs dans vos champs de visions. Ne les ratez pas vous aurez à peine une seconde pour les allumer.

Je sors un portable neuf de ma poche pour composer le numéro du bar. Je sais qu'ils sont habitués à recevoir des coups de fils anonymes, des vieux codes entre mafieux lorsqu'ils se mélangent à la populace.

Ne jamais se quitter, tout faire ensemble. Y compris mourir. Ça sonne derrière le comptoir. La mort au bout du fil.

Je parle seul, volontairement à voix haute afin que les snipers soient prêts. Les angles de tirs seront peu nombreux et surtout très courts.

D'une voix assurée je prends la parole comme le font les Parrains de la Mafia. Bien que ma voix soit assez jeune, je laisse transpercer une certaine autorité naturelle en énonçant simplement les prénoms des interlocuteurs que je demande :

Messieurs Seymon et Afanasy.

Je prépare mentalement la suite de mon discours bien que mes hommes devraient pouvoir les abattre dans un très court laps de temps, avant même qu'ils ne prennent l'appel anonyme.