Episode 4 : The Eternal Snake [Bryan]

Je plante mon regard dans celui de Marcello :

Je verserai des salaires fixes à la fin de chaque mois pour que vous ayez de quoi vivre, et des extras s'y ajouteront en fonction des missions que vous effectuerez pour moi. En échange j'attendrai de vous une fidélité sans faille, de l'efficacité et de la célérité.

Vous pouvez oublier mon statut d'ancien flic et m'étiqueter celui d'ennemi public N°1. Le temps où les lois me protégeaient de mes actions est révolu, je suis au même titre que vous un hors-la-loi, à la différence près que je suis une cible privilégiée.

Je m'approche de la table en posant mes mains à plats dessus :

Obtenir la carte américaine se fait dans un délai minimum de deux ans. Dans le cadre d'un échange de bons procédés, je serai enclin à accélérer la procédure et réduire le délai à quelques mois, dans la mesure où vous me satisferiez. Le mérite est toujours récompensé.

Après avoir répondu aux questions qui m'ont été posées, je garde le silence quelques instants avant de me redresser et d'anticiper une question évidente :

J'ai principalement deux adversaires de taille : La famille Sadovski qui détient tous les casinos new yorkais, et le FBI. J'attends de mes hommes qu'ils fassent preuve d'aucune pitié. Ma première riposte concernera la famille Sadovski que je veux voir saignée à blanc. Pour se faire j'établirai un plan de la ville avec la dispositions des divers casinos. La famille Sadovski roule sur l'or, se l'accaparer permettrait à mes hommes de s'enrichir sur leur dos, et me permettrait de porter une première riposte aux magnats russes.

Lorsque j’explique brièvement mes intentions, je ne les considère pas comme acquis, bien au contraire, je leur laisse le choix de se joindre à moi pour relever un défi qui leur permettrait de se frotter à des adversaires redoutables.

Mon regard s'embrase lorsque Angel me raille en me proposant de prendre la Présidence des USA. Ce n'est pas de la colère qui se lit dans mes yeux mais une profonde ambition pour l’avenir de l'Amérique.

Je me tourne d'abord vers Carmen et incline la tête avec un léger sourire :

Si ma satisfaction est à son comble, je ne verrais pas d'inconvénient à verser un salaire fixe.

Je m'adresse ensuite à mon nouvel interlocuteur, même si ma réponse est pour tout le monde.

En effet, ils ont les moyens de se défendre, mais avec l'assassinat du Patriarche des NW, ils ont officiellement déclaré une guerre ouverte aux gangs locaux. Nous serions certes en infériorité numérique, mais ce n'est une faiblesse qu'en apparence, nous n'existerions pas pour New York. Et je compte bien utiliser le conflit entre les deux géants russes, pour me faufiler entre les interstices de manière intelligente et non brutale.


Une lueur d'intelligence traverse mon regard. Je me dirige vers l'un des vivariums de la pièce, pour en sortir en délicatesse un mamba noir qui ne s'attaque à l'homme uniquement s'il se sent en danger, tout en étant l'un des serpents les plus dangereux au monde. Je le laisse prendre ses aises autour de mon bras droit.

Je me rapproche des trois hommes et leur livre un petite partie de mon plan :

Les Sadovski misent énormément sur la hiérarchie, la moindre insulte à celle-ci est pire qu'un blasphème. J'ai bien étudié la carte de New York, pour le profane, ils se sont uniquement contentés de s'approprier les casinos de la ville, mais ce n'est pas tout à fait exact. Ils l'ont fait dans un ordre bien précis autour d'un noyau formant une étoile gigantesque lorsqu'on les rejoint les uns aux autres sur une carte. L’Étoile du Nord, signe de pouvoir de la famille russe.

Seuls les NW connaissent ce signe aux yeux des Sadovski, un secret de polichinelle bien gardé.


Je n'en dis pas plus à ce propos, pour connaître la suite, il faudra me suivre. Malgré tout je laisse planer des coups bas en perspective.

Je me passe l'indexe droit sur le menton tandis que le mamba noir approche sa tête de mon visage en sifflant avec sa langue qu'il sort vivement à plusieurs reprises. Je ne bronche pas et lui montre toute ma confiance :

Simple curiosité, y-a-t-il  d'excellents joueurs de poker parmi vous ?

J'occulte volontairement la partie concernant le FBI. Chaque chose en son temps. De toutes manières je ne compte pas les lancer tête baissée dans des missions suicides.

Je laisse le mamba noir se pavaner le long de mes trapèzes et me murmurer aux oreilles. Je quitte les plans théoriques pour en venir à un sujet qui pourrait s'avérer intéressant immédiatement pour eux :

Ah, j'allais oublier, si des hommes peuvent être intéressés, je devrais être en mesure de leur proposer des postes consistant à l'acheminement de drogues.

Avez-vous d'autres questions messieurs ?

Je fronce les sourcils à sa question, je pensais qu'elle suivrait le fil de mes réflexions, c'est pourtant simple. Je me mords la lèvre inférieure avant de lui répondre malgré tout :

Comme je l'ai dit, il nous faut des yeux et des oreilles dans les autres territoires. Si j'ai posé cette question, c'est parce que Damon Wolf, l'un des Chefs des NW tient un garage à Manhattan. Je le connais bien, et tout en lui offrant de la main d'oeuvre, je placerais des pions sur l'échiquier sans le moindre soupçon. Damon et Mary ne me soupçonneront pas de si tôt de les utiliser pour obtenir des informations.


Il y a encore 4 mois, j'étais en tête à tête avec le Patriarche, le jour même de sa mort. J'ai vu son assassin. Si Damon n'était pas intervenu je serais peut-être mort à la place de Vladimir Nordic. J'étais à deux doigts de lui coller une balle en pleine tête, et lui de même.


Je marque une pause avant de terminer :

Ta question m'a surpris, je pensais que tu avais suivi mon raisonnement lorsque j'ai parlé d'avoir des yeux et des oreilles partout. Dis-moi Carmen, depuis combien de temps es-tu à New York ? Ellen ne t'as tout de même pas faite venir du Mexique rien que pour moi ...?

Lorsque je pose cette question je suis complètement incrédule, je ne peux imaginer qu'Ellen ait fait ça pour moi, et surtout, si tel était le cas, comment m'a-t-elle vendu à Carmen pour qu'elle accepte de quitter le Mexique pour me suivre ?

Mes yeux brillent lorsqu'elle m'avoue qu'elle a été appelée directement du Mexique pour moi :

Je serai curieux de savoir comment elle m'a vendu pour que tu acceptes assez vite de te joindre à moi. Surtout que je suis connu jusqu'au Mexique comme tu me disais.

Concernant le placement des pions chez les NW, si problème il doit y avoir ce n'est pas de Damon qu'il viendra, mais plutôt de sa femme. Elle a un putain de caractère et une de ces poigne quand elle sort de ses gonds...

Lorsque je dis cette phrase je me masse la gorge en grimaçant légèrement.

C'est mon avocate depuis 5 ans, elle est plutôt efficace, mais elle n'a pas apprécié le coup du FBI de mettre son cabinet sous scellées. Et entre toi et moi, je suis bien content de n'avoir pas demandé mon reste et d'être parti avant qu'elle ne revienne à la Villa. Je n'ose même pas imaginer sa colère noire en faisant face au corps sans vie de son père.

Je lui adresse un sourire :

Parfois les femmes sont plus dangereuses que les hommes.

Je vide mon verre d'une traite. Je fouille dans mes poches de ma veste plusieurs fois avant de mettre la main sur les clefs de Damon. Et j'explique :

Avec l'intervention inopinée des Sadovski à la Villa des NW, ma voiture personnelle a explosée sous l'effet du C4 qu'ils ont utilisé. Alors Damon m'a passé la sienne. Sincèrement je pense qu'il a un bon fond, même s'il reste un chef de gang comme un autre.


Un nouveau sourire :

Dès lors que je ne lui raye pas, ça devrait le faire. Mais tu as raison, je vais le recontacter car je n'ai pas eu, ni pris de nouvelles depuis quatre mois, il va falloir que je prenne un peu la température.

Je hausse les épaules concernant les résolutions d'enquêtes :

Ce n'est pas compliqué de résoudre une enquête lorsque tu es comportementaliste diplômé de Quantico Carmen. N'importe qui serait capable d'en faire autant.


Alors que je ne rechigne pas à parler de moi, je ne m'attribue jamais la résolution d'une enquête, c'est avant tout un travail d'équipe. Je lâche un soupir :


En plus ça a un effet pervers, dans la mesure où je n'arrive pas à m'empêcher de lire le langage corporel dans les moments les plus intimes.

Finalement ma réplique m'arrache un sourire.

En ce qui concerne Damon, si je souhaite le rencontrer, je dois au préalable l'appeler quoiqu'il arrive. Je ne prendrai pas le risque de me déplacer pour rien, alors que Scott n'attend que ça que je me jette dans la gueule du loup sans faire de mauvais jeu de mots, pour me sauter à la gorge. Le jour où elle tombera sur moi, c'est parce que je l'aurais décidé et qu'elle sera la souris et moi l'anaconda. 

Je jette un coup d’œil à ma montre :

Je ne vais pas l'appeler immédiatement, tu veux manger quelque chose ?  J'ai le frigo plein à l'appart'. Je t'avoue que je prendrai bien un café, mine de rien, je n'ai rien montré mais le petit entretien avec les hommes m'a un peu mis la pression. J'avais l'impression de me retrouver à mon oral au NCAVC.

Je lui adresse un sourire :

C'est à peu près ça. Elle me rappelle bien à l'occasion que je ne suis pas chez moi et que je me fais plus ou moins entretenir.

Je nous conduis dans la cuisine et lance deux cafés avant d'aller ouvrir le frigidaire pour en sortir un plat typiquement mexicain que j'avais préparé une partie de la nuit pour le réchauffer :

N'y vois aucune anticipation, j'ai l'habitude de reprendre les plats typiques de plusieurs pays, hier c'était la France, aujourd'hui le Mexique. Ça me change de ce que ma cousine m'a fait ingurgiter pendant 4 mois. Mais bon ne lui répètes pas, je ne voudrais pas la vexer.

Après tout elle a été ma seule compagnie pendant tout ce temps. La solitude c'est pesant et j'en ai pas l'habitude. Au moins elle m'empêchait de broyer du noir.

Tandis que le plat se réchauffe, je récupère les cafés et l'invite dans le salon. Je la laisse prendre place sur le canapé avant de m'asseoir à ses côtés.

Je bois une longue gorgée brûlante de ma drogue personnelle, ce qui me fait un bien fou :

J'admets qu'elle n'était pas là pour faire causette, enfin si mais pas avec moi, plutôt avec June par sms tandis qu'elle était assise ou allongée sur mon dos, pendant mes séances de torture physique qu'elle m'infligeait.

Un petit sourire se dessine sur mes lèvres :

Heureusement que c'est un poids plume !

Ellen m'avait bien dit que si je voulais vraiment un modèle, je devais me baser sur Charlie, j'avais un peu de mal à imaginer ce genre de scène avant de l'avoir vécu moi-même.

Je scanne Carmen de la tête aux pieds avant de répondre à son avertissement :

Rassure-toi, je ne compte pas m'empâter. Si je cuisine des plats étrangers, ils ne sont pas tous lourds. J'ai de l'hyper protéiné si tu préfères ? Et puis...Tu pourrais prendre le relais d'Ellen non ? On pourrait lier travail et plaisir comme ça...sportif s'entend.

Je joue avec le feu, et bientôt je ne pourrais plus esquiver le retour de flamme. Son sourire n'est pas anodin et mon adrénaline s'emballe. Je réprime tant bien que mal un frisson. Je le camoufle en prenant l'excuse de me lever pour aller chercher le repas. Je lui adresse un sourire avant de lui tourner le dos :

Alors je règlerai mon planning sur le tien, tu auras juste à me faire signe.

Il y a une chose que je n'avais pas pris en compte quand j'ai demandé à Ellen de m'entraîner, la libido qui se décuple avec la transformation musculaire...

Je reviens avec un plateau contenant deux assiettes dignes des plus grands restaurants : Une quantité minimisée en privilégiant la qualité. Au final je prends en compte ses conseils. je remplis nos verres d'eau avant de reprendre le fil de la conversation.

Tu me disais que tu avais obtenu une Villa en Sicile, pourquoi spécialement l'Italie ?


Je lui adresse un sourire. Décidément, je lui souris beaucoup...

Après avoir terrorisé le Mexique, bientôt New York et toute l'Amérique, tu veux t'attaquer à l'Europe ?

Je hoche la tête :

A vrai dire, je suis très peu parti en vacances, et le peu de fois où je suis parti, ce n'est pas moi qui choisissais la destination. C'est vrai que la Sicile est l'une des plus belle région d'Europe. Tu m'hébergerais bien une petite semaine n'est-ce pas ?

J'incline la tête comme pour attendre sa réponse, et mon regard se fixe sur une fine goutte d'eau orpheline restée sur sa lèvre inférieure. L'air de rien je me rapproche lentement et continue de parler :


Sincèrement, c'est un très bon choix, lorsque tu t'y rendras, tu me rapporteras bien des pho...

Je ne finis pas ma phrase tandis que mes lèvres viennent au contact des siennes. Me rendant compte de ce que je viens de faire je m'apprête à reculer.

Je secoue la tête après ce qu'il vient de se passer, je n'arrive pas à m'expliquer ma réaction. C'est certainement un tout. Je bois mon verre d'eau d'une traite et vais ranger les assiettes et me prépare plutôt une boisson hyper protéinée.

J'emporte les clefs laissées sur la table basse et retourne à mes objectifs. Je dois m'occuper l'esprit, cela m'évitera de commettre l'irréparable. Bénie soit Carmen de m'avoir repoussé...

Je retourne à mon bureau pour m'y installer confortablement. Devant moi, mon portable flambant neuf, mon bloc à dessin et un crayon. Je compose le numéro personnel de Damon après m'être mis en appel masqué.

J'ignore si mon appel masqué fait qu'il préfère ne pas décrocher ou s'il est véritablement trop occupé par les Sadovski ou le FBI. Je lui laisse un message codé :

Bonjour, votre bébé se porte à merveille, je sais à quel point la bichonner vous manque. Nous passons de bonnes vacances. Au programme farniente au soleil et baignades. Nous serons bientôt de retour pour le prochain salon, nous espérons que tout va pour le mieux par chez vous.

Je ne peux pas lui laisser de numéro au cas où son téléphone soit entre les mains du FBI. J'ignore s'il aura ou non l'idée de passer par Ellen. Dans le pire des cas j'enverrais des hommes au garage lui livrer un message de ma part.

Je laisse le téléphone devant moi et passe à autre chose. Mon regard croise celui du python royal ce qui me plonge dans une profonde réflexion. La main gauche sur mon menton, je décide de prendre un peu d'avance sir ce que je comptais faire.

Aussi je sors une feuille demi-raisin et commence à reproduire la carte de New York le plus fidèlement possible et en améliorée, chaque trait en entraine irrémédiablement un autre jusqu'à mettre en valeur les différents territoires. Je replace chaque gang à sa place et remplace les Niners par mon propre gang sur Staten Island. La minutie se corse lorsque je place les casinos sur la carte, il me faut au moins trente bonnes minutes pour que je sois satisfait. Avec un feutre rouge, je trace la fameuse Etoile du Nord entre les différents casinos acquis dans un ordre précis.

Je me lève après avoir passé plus de deux heures à dessiner. Je pose la carte au milieu du bureau, prends du recul sur la reproduction avant d'aller me poster devant un vivarium, les mains jointes dans mon dos. A cet instant, une véritable partie d'échecs est en train de se jouer dans ma tête.

Les heures sont très longues à tuer lorsqu'il n'y a rien à faire, y compris pour moi. Le message que je reçois me fait longuement hésiter, il pourrait très bien s'agir d'un leur du FBI pour me mettre le grappin dessus. Et surtout je m'y rends seul car les hommes sont sur le terrain.

En chemin j'envoie un message à Carmen :

Citation :

Rejoins-moi aux Docks, hangar 36 dès que possible. Emmène des hommes avec toi.

Lorsque j'entre dans le hangar, je peux sentir l'atmosphère palpable. Je prends le temps de calculer le nombre d'hommes qui l'entourent avant de descendre. Je m'approche, et le salue d'un signe de tête :

Bonsoir Damon. Je venais aux nouvelles mais l'intuition me dit qu'elles ne sont pas si bonnes que ça. Je ne suis pas sorti depuis quatre mois, et j'ai hésité longuement à venir.

Je montre ses hommes du menton.

Comment va Mary ? Quelles sont les nouvelles ? Le pacte n'est plus n'est-ce pas ?


Je détaille la viper contre laquelle il est appuyé et je ne peux m'empêcher de penser qu'Ellen fait du bon boulot pour décrire décrire ce que je recherche.