Episode 4 : The Eternal Snake [Bryan]

Je fronce les sourcils lors que des loups lèvent leurs armes sur moi. Finalement j'ai bien fait de prévenir Carmen.

C'est exact, j'avais autre chose à vous demander, mais c'était avant de constater la rupture du pacte de mes propres yeux. Ce n'est donc plus d'actualité.

Que me reproche-t-elle exactement ? D'avoir laissé Vladimir aux mains de cet ordure ? Ou de m'être tourné vers Ellen ?


Dans le premier cas, vous savez tout autant que moi que ni l'un ni l'autre n'avait le choix que de se soumettre à sa volonté, même si dans la situation inverse je ressentirais la même chose.

Dans le second cas, je n'allais pas me pointer comme une fleur quémander des mois de services alors que votre famille était endeuillée. J'ai trop d'estime pour vous deux pour agir ainsi. 

Je lui laisse le temps de me répondre avant de terminer :


Pacte ou non, mes objectifs n'ont pas changé Damon. J'ai toujours les mêmes cibles et vous les connaissez aussi bien que moi. Que doit-on faire ? Laisser les Sadovski remporter la bataille et nous affaiblir les uns, les autres en se tirant dans les pattes ? C'est ce qu'ils cherchent, on s'entre-tue, et ils ramassent les miettes en écrasant les survivants.


Bien sûr je ne vous apprends rien, vous savez déjà tout ça, et tout comme moi au fond de vous, vous espérez détruire les Sadovski. Il ne s'agit pas de se tromper de cible. Nous y perdrions tous plus que nous n'y gagnerions. 

Je sais qu'il n'est pas le seul à décider, Mary a même certainement une voix prépondérante.

Mon regard s'assombrit au fil de ses paroles. Je l'ai clairement mauvaise. Alors c'est si simple que ça ? Une belle amitié qui s'achève par la mort d'un vieux chnok qui était de toute façon à l'agonie ?

Je lève la tête sur le toit du hangar lorsque je remarque les points rouges sur le torse de Damon en même temps que lui. Je tourne la tête vers les armes pointés vers moi avant de regarder à nouveau Damon :

J'aurais espéré que notre amitié soit plus profonde qu'une alliance bancale Damon. Je vous l'ai dit, j'ai une très grande estime pour vous, bien au-delà d'une simple alliance.

Maintenant, il est vrai qu'une balle perdue peut-être fatale. Aucun de nous ne souhaite passer de vie à trépas pour solder notre amitié. Et encore moins dans un de mes hangars. Il ne resterait aucun survivant, il en est de l'intérêt d'aucun d'entre-nous. Surtout que j'ai posté mes hommes dans l'hypothèse d'un piège tendu par le FBI, et nullement contre vous.

Je fais un pas vers lui, les clefs de sa voiture dans la main :

Je vous propose de nous quitter en bons termes, je prendrais un chemin parallèle à celui des NW ainsi nos routes ne se croiseront pas. Ne gâchons pas nos balles maintenant. Ordonnez à vos hommes de baisser leurs armes Damon, et j'en ferai de même. Je ne vous ai jamais trahi en 5 ans, je ne vais pas commencer maintenant.  Vous pourrez quitter Staten Island sans encombre.

En échange de bons procédés, je vous enverrai également mon cadeau pour notre amitié passée.

Je n'ai plus confiance en lui, au moindre geste brusque, nous mourrons tous les deux. De toutes façons mes hommes l'attendront à l'extérieur.

Lorsqu'il part en trombe je ne décolère pas et mon charisme gonfle de manière exponentielle. Une blessure béante vient de s'ouvrir au fond de moi. Cinq ans, cinq ans de paix foutu en l'air pour un vieux. Je prends quelques secondes pour faire tomber un masque impassible sur mon visage lorsque je tourne les talons pour faire face à Carmen.

Je ne réponds pas immédiatement et lève une nouvelle fois la tête sur le toit avant de planter à nouveau mon regard dans celui de mon bras droit.  

Bon timing. On ne le poursuit pas pour la simple et bonne raison qu'il doit encore me livrer ce que j'ai demandé. Je ne veux pas lui donner de raison de les saboter.

Je désigne la viper de la tête :

Monte.

Je ne lui laisse pas le choix, ce n'était pas une proposition de ma part. Tandis que les hommes nous rejoignent, je vérifie que la voiture est fonctionnelle avant de leur adresser la parole :

Rejoignez-nous au QG. La nuit va être courte.

Je dois tout expliquer aux hommes, aussi cela va me prendre un peu de temps. Lorsque j'arrive au sous-sol pour la seconde fois de la journée, je n'ai plus la même pression. Seul mon charisme qui fait de nombreuses vagues instables est le témoin de ce qui vient de se passer. Rien sur mon visage ni mon corps ne transparait.

Le silence qui règne dans la pièce me confirme que j'ai l'attention de tous les hommes.

Ce soir, j'ai pu constater la fidélité que vous m'avez accordé plus tôt dans la journée, ainsi que votre célérité de déploiement. C'est fortement apprécié.

Les évènements étant ce qu'ils sont, il est temps pour moi de vous transmettre mes connaissances concernant les gangs.


Je demande à Carmen de bien vouloir aller récupérer la feuille que j'ai laissé sur mon bureau avant de disparaître. Là encore, sa rapidité d'exécution me plait, même si je ne montre rien. La carte qui est immense, est placée le long d'un mur cachant une partie d'un vivarium.


Je laisse un court instant filer un brouhaha d'admiration devant le réalisme pointilleux de ma carte, et notamment face à la fameuse Etoile du Nord à laquelle j'ai fait allusion plus tôt dans la journée.


Le silence se fait immédiatement lorsque je m'écarte de la carte pour reprendre la parole en ayant les yeux rivés sur mes hommes :

Il y a cinq ans, lors de la chute des Yakuza, communément appelés le Dragon Noir,  les gangs locaux et moi-même avions conclu une alliance dont l'objet était la survie du Père Fondateur des Nordic's, Vladimir Nordic. Les gangs se sont répartis les territoires à savoir Manhattan, Brooklyn et une partie du Queen pour les NW issus de la fusion des Black Wolves et des Nordic's ; Le Bronx pour les One Niners ; et Staten Island pour les Little Dolls qui ont été dissouts entre temps au profit des One Niners. En ce qui me concernait, j'avais la mainmise sur les flux en provenance de Staten Island.


L'objectif était très simple : conserver la suprématie new yorkaise en empêchant le moindre gang de faire son nid.


Je reprends mon souffle avant de poursuivre toujours en regardant mon auditoire, à l'affût d'une éventuelle demande d'intervention, répondant aux éventuelles questions :

Seulement voilà, il y a deux ans, la famille Sadovski s'est implantée de manière très intelligente et légale un peu partout en rachetant les casinos les uns après les autres dans un ordre très précis. Il m'a fallu du temps pour comprendre ce qui était en train de se passer et surtout, ma rencontre avec Vladimir Nordic a été bien trop tardive.

Le Patriarche des Nordic's connaissait parfaitement les Sadovski pour avoir fait la connaissance de leurs leaders en prison à Moscou en 1977. Ils se sont liés à jamais au point d'en faire un Prince de leur famille, le grade le plus élevé représenté par le tatouage d'une Eglise orthodoxe avec quatre coupoles. Seulement, lors de leur évasion, Vladimir ne les a jamais attendu et les a laissé moisir en prison, pour venir s'installer à New York et revoir à sa sauce l'Etoile du Nord.


Cinquante ans après, la rancune des Sadovski ne semblait pas être apaisée, bien au contraire. Ce pourrait être effectivement une histoire qui ne concerne qu'un gang, mais la chute du Patriarche a sonné le glas de l'alliance que nous avions conclu.

Une nouvelle fois je fais une pause de questions/réponses avant de terminer :


Aujourd'hui nous avons été témoins d'une première victoire des Sadovski sur New York, et contrairement à ce que m'a demandé l'un des leaders des NW, je n'ai pas l'intention de laisser New York tomber aux mains de russes. Les NW souhaitent faire cavaliers seuls, c'est leur choix. Ils souhaitent renier les amitiés qui se sont construites au fil du temps, je respecterai ce choix.


J'ai refusé que vous les poursuiviez parce que j'attends une livraison importante. Malgré la guerre qui vient d'éclater, les NW connaissent les codes à respecter. Ce qui a été payé, doit être livré.


Dès que la livraison aura eu lieu, je ne veux plus voir un loup sur notre territoire sans mon autorisation. A défaut ils s'exposeront aux mêmes risques que n'importe quel gangster lambda.



Avez-vous d'autres questions ?

[Edit MJ : Le tatouage du Prince du Nord est une étoile du Nord, non une église qui signifie au nombre de coupole qui la compose le nombre de fois où le gangster a été en prison ]
 

Lorsque Carmen me serre l'épaule d'une main mon corps s'affaisse d'un coup comme si mon cœur pesait soudainement une tonne. Je me tourne vers elle tandis que mon masque tombe et que la fatigue reprend ses droits. Mon regard froid redevient humain. Je hoche la tête lentement avant de lui répondre après avoir pris une profonde inspiration :

Merci de ne pas avoir brisé mes barrières mentales devant les hommes Carmen. J'ai visiblement encore beaucoup de travail à faire sur moi-même. Mais quoique je fasse tu liras toujours en moi comme dans un livre ouvert n'est-ce pas ? Ellen me connait trop et elle a pensé à toi pour me canaliser...Je suis une bombe à retardement.

Je secoue la tête légèrement avec un sourire.

Je ne sais pas de quoi sera fait l'avenir concernant les NW et Mary Wolf, mais sache que j'ai pris la décision concernant les loups en toute objectivité, mes blessures n'y ont aucune influence. En temps de guerre, un refus d'alliance relègue immédiatement au rang d'ennemis.

Je pose mes deux mains sur ses épaules en douceur en plongeant mon regard dans le sien :

Courage pour cette nuit. Au moindre problème réveille-moi, enfin si j'arrive à dormir.

Je me dirige vers l'ascenseur après un dernier échange de sourires. Une fois seul dans mon appartement, la solitude pèse extrêmement lourd. Je prends une douche avant de me coucher.

Le sommeil me semble trop long à venir et j'ai passé l'âge de compter les moutons. Ma femme, mon fils, Damon, le FBI, la guerre ouverte, mais aussi mes hommes qui patrouilles.

Le tout fait que je ne peux m'empêcher d'organiser mes idées, et j'espère que Carmen réussira à se tenir informée des évènements, il faudra que je vois Charlie également.

Finalement la fatigue finit par avoir le dessus.