Episode 6 : Le coeur a ses raisons que la raison ignore [Abigail]

Quand j'arrive dans le bureau des lieutenants, je remarque que Jaden semble concentré sur sa jambe. Il ne marche plus avec difficulté à présent, deux semaines après qu'il se soit rouvert, mais la cicatrice est toujours là.
Au moins n'a-t-il plus de séquelles, ou vraiment peu.
Je n'ose imaginer ce qu'il en est pour Bastian. Petit pincement au cœur qui fait que je décide de me reconcentrer sur ma nouvelle mission.

Je me rapproche de lui afin d'être à l'intérieur de la pièce, que j'ai fermé au passage pour qu'aucune paroles ne soient écoutées d'oreilles indiscrètes pour l'instant.

Hum... On peut dire ça.

Je vais prendre un journal sur la table qui met en Une le coup d'état des casinos ainsi que Bryan Summer du même coup.

Ceci. Je dois retrouver Isaak Sadovski qui a pris la poudre d'escampette suite à ces casses, et se cache quelque part. Charlie a comme projet différentes choses comme mettre Vasili et Aleksandr à la tête de leur famille.

J'attends sa réaction face à cette révélation. Je pense qu'il risque de tilter, n'était-ce pas lui qui disait il y a quelques minutes qu'ils devaient être morts tous les deux, que personne n'avait pu en réchapper ?

Tu as bien entendu. Ils sont en vie.

Je me tais à nouveau, j'aimerais avoir son avis là-dessus avant de continuer. Lui qui ressent le fait d'être mis à l'écart un peu par Charlie, va avoir certaines informations que ce dernier ne semble pas vouloir divulguer comme ça.

Jaden fronce les sourcils lorsque tu lui annonces que les héritiers sont vivants mais n'ajoute rien.

Il te laisse à ta réfléxion, ton portable vibre, c'est un SMS de Lola.

"Coucou Abi! Nous sommes rentrés de Sicile hier soir, Josh et Amara sont pressés de te revoir. Tu as des nouvelles de Bastian ? N'hésite pas à passer à l'appartement. Bisous"

Je reprends la parole face à son froncement de sourcils.

Ils sont entre les mains de...

Alors que j'allais dire qu'ils étaient actuellement chez les Northem Wolves, mon portable se met à vibrer dans ma poche de jean. Vu que je n'attends pas forcément de message, je le sors pour voir qu'il s'agit de Lola qui m'envoie un SMS.

Lola ?

C'est à mon tour de froncer les sourcils alors que je me suis interrompue en pleine phrase. Lola vient de m'envoyer une petite bombe à retardement. Merde. Ils sont déjà rentrés ?

Je sens mon cœur qui recommence à s'affoler dans ma poitrine. Je dois rester calme. Cette situation allait bien finir par arriver. Mais pas si tôt.

J'inspire et expire pendant quelques secondes. Je tiens fermement mon portable dans ma main, à lire et relire son SMS. Je me mords la lèvre inférieure.

Je dois régler cette histoire rapidement.

J'ai une chose urgente à régler avant. Attends-moi là.

Je relève la tête pour regarder Jaden.

S'il te plait, attends-moi.

J'ai besoin de savoir qu'il va rester ici en attendant que je revienne. Je dois aller voir Bastian. Il va être content : lui qui abordait la question des enfants, ça loupe pas cette fois.
J'irai donc à sa recherche, vers le bureau de Charlie et lui montrerait sans mots dire le SMS. J'ai dit que j'assumais mon choix, je vais lui prouver : que cela me coûte ou pas.

Jaden te fait signe qu'il t'attend ici. Tu pars à la recherche de Bastian que tu trouves à la cuisine en train de boire dans une bouteille d'eau. Toujours son masque froid sur le visage, il lit le SMS sans sourciller et sort avec toi sur les talons pour aller s'arrêter près d'une moto noire qui est garée et dont les clés sont sur le contact. Il enfile un casque et te fait signe de le rejoindre par tes propres moyens.

Il part en trombe sous tes yeux après être sorti de l'allée. Tu veux lui montrer que tu es forte et certaine de ta décision, lui veux te montrer qu'il surmontera cette épreuve plus facilement que tu t'y attendais.

Quand tu arrives en bas de l'immeuble, la moto est déjà là. Tu aperçois depuis le bas par la fenêtre un petit garçon qui est suspendu au cou de son père ainsi que Lola qui serre son frère dans ses bras.

Tu montes et toques, Lola t'ouvres avec un sourire, sans doute pas encore au courant de ce que tu vas ou non annoncer.

Maman !!! PAPA est rentré t'as vu !!

Il descend des bras de son père pour le tirer vers toi et vous serrer tous les deux en même temps comme il adore faire depuis qu'il est petit.

Enfin ensemble !! On va pouvoir faire plein de trucs ! Cette fois on fait tout bien hein !!

Je crois que je suis légèrement décontenancé par l'attitude de Bastian. Quand je le trouve dans les cuisines et que je lui montre le message de sa sœur, sœur qu'il n'a pas vu depuis plus de six mois, il ne montre rien. Il reste de marbre. Il est celui que j'ai toujours détesté en partie : ce masque détestable.

Et je crois que cela me prend de court. Il semble prendre la chose trop facilement. Comme si tout ça ne lui faisait rien, donc ces cinq dernières années, ce n'était rien pour lui ? Je ne peux empêcher mon cœur de me faire mal dans ma poitrine à cette pensée.
Je le regarde donc s'éloigner comme je l'ai fait de nombreuses fois et je rejoins ma voiture non sans pester intérieurement.
Je ne le laisserai pas oublier 5 ans comme ça aussi facilement.

Je conduis dans un état second. J'ai beau parler ou penser pas mal de choses, au final, j'appréhende beaucoup de retrouver les enfants, et de revoir Bastian avec eux surtout.
Lola aussi. Je n'ose imaginer sa réaction quand je lui dirai la vérité.
Quand je me gare en bas de l'immeuble de la sœur de Bastian, je remarque que sa moto est déjà là. Je sors et remarque à la fenêtre que la réunion de famille a déjà commencé. Et je ne peux empêcher mes larmes se remplirent d'émotion en voyant Joshua s'accrocher au cou de son père. Merde. Comment je peux annoncer quoi que ce soit aujourd'hui ? Après autant de mois d'absence ?

Il a tout raté : les premiers pas d'Amara qui marche à présent, Joshua qui a appris pas mal de nouvelles choses et qui grandit surtout...
Je respire, essuie mes yeux et monte jusqu'à la porte de Lola où je frappe doucement, me préparant à retrouver ma petite tornade et mon petit ange.

Je souris sincèrement lorsque j'entends Joshua s'exclamer haut et fort alors même que sa tante n'a pas encore refermé la porte de son appartement.
Je profite du fait qu'il se rapproche pour nous enlacer pour l'attraper et l'embrasser en l'enlaçant.

Doucement mon grand ! Laisse Papa rentré, d'accord ? Il est fatigué en plus, laisse-lui quelques jours pour se reposer et vous ferez tout ce que tu veux, ok ?

Je ne peux pas m'empêcher de lui ébouriffer les cheveux avant de me relever.

Et ces vacances alors ? C'était bien ? Merci Lola de t'être occupée d'eux.

J'adresse les dernières paroles à cette dernière alors même que les questions étaient pour Joshua. Je me sens bien ici, mais je me sens pas pour autant de briser ce moment de retrouvailles.
J'ai tellement vu Lola en coups de vent ces derniers temps... Elle m'a tellement aidé avec les enfants, je ne me vois pas lui annoncer ce genre de nouvelles de but en blanc.

Où est ma petite puce ?

Je la cherche du regard avant de la voir arriver vers nous sur ses petites jambes encore maladroites, son doudou à la main.
Je sens une larme coulé le long de ma joue avant de la prendre dans mes bras et la soulever. Je penche ma tête dans ses petits cheveux comme pour sentir son odeur.
Mince. Je ne vais jamais y arriver. C'est trop.

Devant ta réponse, tu remarques le regard de Bastian brûler de défi. Il sait que tu n'oseras pas aborder le sujet avant un moment. Surtout pas maintenant.

Je viens peut être de rentrer, mais je peux m'occuper de mon fils, répond-il en récupérant son fils dans ses bras malgré son torse bandé.

Joshua répond à toute vitesse à tes questions, décrivant la mer transparente de Sicile, la piscine de la villa Nine, toutes les bêtises qu'il a fait avec Théo Nine et toutes les glaces qu'il a pu avaler au cours de ces deux mois de vacances.

Lola te sourit en voyant ton émotion devant les pas de ta petite fille. Elle te fait signe que ce n'est rien.

Vous passez une petite heure ensemble, avant que Bastian ne dise,

Le travail nous appelle de nouveau, il va falloir rester chez Lola encore un peu les enfants.

Josh râle un peu mais finit par se calmer quand son père lui promet un tour de moto avec lui. Ton mari sort en premier de l'appartement, et t'attend près de l'ascenseur.

Je ne peux m'empêcher de trouver l'attitude de Bastian légèrement puérile et irritante quand je vois qu'il va contre mes paroles, et se la joue dur alors qu'il est encore blessé. On ne se remet pas de plusieurs mois d'enfermement et de torture en à peine deux semaines.
Mais je le laisse faire. Il a le droit de profiter de son fils après tout ce temps : qu'il s'y prenne bien ou pas. Mais je ne peux m'empêcher de ressentir une nouvelle fois une certaine incompréhension : d'abord dans le bureau de Charlie quand il m'a fait entré, et maintenant là. Je ne pense pas être à ce point un danger. C'est incompréhensible.

En tout cas, je savoure la présence de ma fille dans mes bras, et je ne peux m'empêcher de rendre mon sourire à Lola face à mon émotion à peine contenue, et de rire ensuite aux paroles de Joshua qui s'anime d'un seul coup pour nous raconter ses vacances.

Je me sens véritablement bien, et je ne vois pas l'heure passée. En fait, si mon mari n'avait rien dit, je n'aurais jamais cru que cela faisait déjà un bon moment qu'on discutait tous ensemble. Mais la façon dont il nous rappelle à l'ordre me fait me raidir légèrement. Je n'aime pas trop la manière dont il a abordé le sujet.
Je ne laisse rien paraître cela dit, mais je le foudroie du regard en silence quelques secondes.
Je le laisse s'occuper de Joshua pendant que je dis au revoir à Lola. Une fois Josh calmé, il sort le premier. Moi je m'attarde un peu afin d'embrasser et ébouriffer les cheveux de mon fils avant d'enlacer une dernière fois ma petite Amara.

Merci Lola. Je repasserai plus tard. Tu reste sage Josh, je te fais confiance.

Après un dernier regard, je sors à mon tour. Pour apercevoir que Bastian m'attend près de l'ascenseur.
J'inspire légèrement, j'expire doucement et je m'approche de lui. J'appuie sur le bouton pour appeler l'ascenseur avant de me tourner vers lui et d'entendre ce qui semble lui brûler les lèvres depuis tout à l'heure.

Tu as laissé ton courage derrière la porte, on dirait, dit-il sans ciller.

Je le regarde, un air déterminé sur le visage.
Certes, ces retrouvailles m'ont chamboulé, mais j'ai suffisamment réussi à reprendre possession de moi-même avant de m'approcher de lui.

Non. J'attends de savoir ce que tu meurs d'envie de me dire.

Je ne cille pas à mon tour. Je le laisserai pas gagner, pas sur ce genre de sentiments. Il ne m'aura pas aux émotions et au reste.

Donc ? Je t'écoute, vas-y.

Il se tourne vers toi avec un regard dangereux, semblant avoir mûrement réfléchi à la situation.

Au Mexique, pour ce que tu as fait tu serais morte. Mais je pense que t'attribuer le statut de pute te blessera plus que de te tuer.

Les enfants te jugeront pour ce que tu as fait alors que je me battais pour eux. Tu n'es qu'une lâche, dépendante affectivement du premier mec qui veut bien te protéger.

Jaden le découvrira bien assez vite.

L'ascenseur arrive et ouvre ses portes, il entre de nouveau silencieux. Libre à toi de l'accompagner.

J'essaie de ne rien laisser paraître mais ses paroles tranchantes m'atteignent de plein fouet. Je sais très bien comment il pense, d'où il vient, sa culture et le reste. N'ai-je pas appris sa langue natale pour lui également ?
Je devrais m'attendre à ce genre de remarques et d'attitude : attaquer psychologiquement ou moralement. Simple, mais efficace. Surtout me connaissant.

Mais ce qu'il dit n'est pas entièrement vrai, ou ne l'est plus totalement.

Je n'ai plus besoin qu'on me protège. J'ai changé ces derniers mois. J'ai évolué.

Je prononce ces paroles alors que je le suis à l'intérieur de l'ascenseur. Cela fait écho à mes dernières missions et mon changement de grade.
Je le fixe du regard avec détermination. Même si intérieurement je pleure de douleur, je suis déchirée, mon masque de façade tiendra, tout comme le sien.

Cela n'a rien à voir avec une dépendance. C'est juste que je suis humaine.

J'insiste sur le dernier mot, une lueur de défi dans les yeux.

Traite-moi de pute si tu veux, considère-moi même comme tel si ça te plait tant et te permet d'avoir le dessus. Mais pute ou pas, je me suis occupée des enfants, je les ai mis à l'abri, je les ai protégé. Et oui, oui j'ai demandé de l'aide à Charlie pour ça, oui j'ai demandé de l'aide à ta sœur, mais parce qu'on ne peut pas toujours tout faire seul. Mais ne me blâme pas pour ce que j'ai pu faire.

Je reste droite, je ne me détournerai pas.

Je n'ai craqué qu'à peine un mois avant ta libération, donc non, j'ai été tout sauf dépendante, bien au contraire, et nous ne sommes ensemble que depuis la veille des attentats. Je te laisse faire le calcul.

Oui, à quelques jours prêts il aurait pu me garder.

Donc tes belles paroles tu te les garde. Je n'ai jamais manqué à aucune parole. Je suis restée moi-même. Juge-moi si cela te convient, mais tu verras que ce que tu dis est faux. Je n'oublie pas ces 5 dernières années.

Je lui lance un regard plein de colère. Oui, il est dangereux je le sais. Mais il n'est pas seul dans cette histoire.

Sinon, tu sais ce qu'il te reste à faire : me liquider. Cela ne devrait pas t'être difficile, n'est-ce pas ?

Oui c'est bas, oui j'ai le cœur qui bat fort, j'ai l'esprit en vrac mais je reste maîtresse de moi-même. Si ça peut alléger sa conscience, qu'il le fasse alors. Il ne veut pas se battre pour me récupérer ? Qu'il me tue alors, il aura la vie plus simple.

Il te plaque brutalement contre l'un des quatre murs de l'ascenseur, sa main sur sa gorge.

Ce serait trop facile pour toi. Mais sache que si tu te mets en travers de mon chemin pour Isaak je n'hésiterai pas.

L'ascenseur arrive au rez de chaussée, Bastian te relâche et sort.

J'ai mon coeur qui s'accélère follement dans ma poitrine quand il me plaque contre l'un des murs de l'ascenseur, son air dangereusement calme au visage. Il se contrôle, difficilement, mais il se contrôle.
Je ne cille pas, je maintiens mon regard, bien qu'il me fasse mal. La violence. Voilà ce qu'il est quand personne ne le canalise.

Je l'écoute, mais le suis lorsqu'il sort de l'ascenseur. Je rêve ou il vient de me menacer alors qu'il décide d'empiéter sur "ma" mission ?

Ah oui ? C'est à moi que Charlie a demandé de le retrouver. Tu feras quoi si tu le trouves ? Te venger ? Le tuer ?

On arrive à sa moto. Je sens que mon corps commence à relâcher l'adrénaline qui a coulé à flot il y a quelques secondes.
Il me prend vraiment comme une menace ?

Il tourne la tête vers toi avant de mettre son casque,

Tu ne connais rien de Charlie. Il nous a lancé un défi à tous les trois. Le premier qui trouvera Isaak restera son bras droit.

Sur ces dernières paroles, il enfile son casque noir, monte, démarre et part en trombe.

Je crois que je ne suis pas si surprise que ça par sa réponse. Je trouvais ça étrange aussi que Charlie ait décidé de me faire monter en grade alors qu'il y avait déjà Jaden comme bras droit, et Bastian également.
Je crois qu'inconsciemment je me doutais d'une chose de ce genre, malgré ce que Bastian dit, je commence à le connaître Charlie Nine.

Mais peut-être ne voulais-je pas y croire ? Mais que se passera-t-il des deux autres ? Lieutenant ou autre chose ?
Je retourne vers ma voiture, non sans jeter un dernier regard vers l'appartement de Lola. Et ce n'est qu'une fois à l'intérieur que je me rends compte que mes mains tremblent alors que j'essaie de mettre le contact.

Merde. Je crois que l'excès de colère de Bastian m'a bien ébranlé. Heureusement que notre échange n'a pas duré plus longtemps.
Au moins ai-je ma réponse... Il me voit comme une menace à présent, et inconsciemment cela me fait mal de le savoir. Il est redevenu presque comme un étranger.
Quand je sens que je suis enfin calmée, me frottant le cou comme pour vérifier que je n'ai aucune marque, je démarre enfin en direction du QG. Si nous sommes en compétition, autant l'annoncer à Jaden qui doit m'attendre.

Autant dire que je déteste cette situation. Des décisions vont devoir être prises...

J'irai voir directement Jaden, le chercherait s'il ne se trouve pas dans le bureau des lieutenants. Je ne sais pas s'il se doute de ce que je suis partie faire mais j'aborderai l'idée de la compétition instaurée par notre boss.

Tu regardes l'heure dans ta voiture avant de te garer sur le parking de la villa. Il est déjà 14h passé.

Tu n'as vu les heures passer depuis ton arrivée. Jaden est en train d'engueuler des hommes qui sont venus lui faire son rapport quand tu entres dans le bureau. En te voyant, ceux-ci soupirent de soulagement car il leur dit de dégager presto.

Il soupire quand la porte se ferme, marmonnant juste,

Ces abrutis étaient suivis par les féd avec la cargaison d'armes... Ils l'ont perdu. Elle va mener directement aux NW. J'ai prévenu Charlie pour que Damon et Mary puissent se préparer à toute éventualité.

Même si les armes ne sont pas enregistrées, on sait jamais. Scott cherche la merde sur tous les terrains.

Tu voulais me parler de quelque chose ? Bastian est passé en coup de vent ici pour prendre des armes et est reparti.

Je suis surprise par l'heure qu'il est quand je me gare dans le parking de la villa. 14h. Mince, il s'est passé autant de temps ?
Curieusement, je n'ai pas faim alors que je devrais, mais je mets ça sur le compte de l'adrénaline et de mon estomac noué par cette histoire avec Bastian et les enfants, mais surtout Bastian qui a décidé de me voir comme une menace.

J'entre et vais en direction du bureau des lieutenants. J'aperçois Jaden au loin qui semble engueuler certains de nos hommes. Ces derniers semblent soulagés quand ils me voient arriver, et partent sans demander leur reste quand Jaden leur ordonne.
Qu'est-ce qui se passe encore ? J'ai pas besoin de poser la question, on me répond presque immédiatement.
Le train-train quotidien en somme : des hommes qui ont merdé. Il n'y a pas si longtemps j'étais comme eux.

Je rentre, et me dirige presque immédiatement sur le canapé de la pièce avant de m'y écrouler. Je m'adosse, et mets ma tête en arrière, posée sur le dossier. Je ferme les yeux quelques instants avant de reporter mon attention sur mon nouvel amant et lui répondre.
La journée n'est pas finie que je me sens déjà presque exténuée.

Les héritiers sont chez les NW pour l'instant. Et Charlie m'a donné une nouvelle mission, enfin, nous a donné une mission à toi, Bastian et moi au final.

Je cherche à capter son regard.

Encore un test Jaden. Et Bastian est passé en coup de vent à cause de ça. On doit retrouver Isaak Sadovski, vivant : débusquer sa cachette mais ne rien faire ensuite : ni l'approcher, ni le torturer ni le tuer. Cela, ce sera aux héritiers de le faire une fois remis de leurs blessures.

Je me masse la nuque légèrement, avant de reprendre la parole.

Bastian pense que c'est un test de Charlie : celui qui trouvera Isaak sera seul bras droit des Niners.

Je m'arrête de parler, j'essaie de réfléchir à ce que j'aurais omis de lui dire. Entre le moment où je suis sorti du bureau de Charlie et le moment où je viens de le rejoindre, il s'est passé au final tellement de choses que je vérifie que je n'ai rien oublié comme information.

Il encaisse et semble réfléchir tes paroles, il se lève finalement pour te tendre la main avec un sourire,

Alors nous serons deux bras droits.

Il me prend un peu au dépourvu quand il me tend sa main alors que je viens de lui annoncer que nous risquons tous de perdre notre place chèrement acquise au sein du gang. Enfin, je me sens soulagée indirectement, et mon estomac se dénoue légèrement.

Il est vraiment top, si je n'étais pas déjà avec lui, je lui aurais sauté dessus franchement. Il semble comprendre tellement spontanément les choses... Cela me fait vraiment bizarre : le jour et la nuit en fait par rapport à mon autre relation. Petite pincement.
Bon ça suffit, faut que j'arrête maintenant.

Merci. Mais tu comprends bien que cela risque d'être compliqué ? Et si Charlie n'accepte pas l'idée de deux bras droits ?

J'accepte sa main tendue et la prend avant de me lever à mon tour.

Trois c'est à proscrire, mais deux ?

Je serre sa main dans la mienne comme si j'avais peur qu'il ne s'éloigne.

On s'entraidera toujours, n'est-ce pas ?

J'ai besoin de l'entendre dire, encore plus maintenant que je dois décider quoi faire vis à vis des enfants et Lola.

Il sourit, et se penche vers toi, une main sur ta joue avant de t'embrasser amoureusement,

Oui. A deux on est plus forts...

Je savoure son baiser. Cela me fait du bien.
Je ne peux m'empêcher de sourire légèrement face à ses paroles, et pour prouver que je suis sur la même longueur d'onde que lui actuellement, je le retire vers moi afin de l'embrasser à mon tour, de manière plus sauvage cette fois.

On mange un morceau pour parler de notre plan d'attaque ? J'aimerais savoir tout ce que tu sais sur les Sadovski.

Je me recule un peu, ma main toujours dans la sienne afin de continuer à ressentir son contact. C'est vraiment une journée bizarre aujourd'hui, j'ai besoin de la savoir près de moi pour en tirer de la force.

On vérifiera les autres cargaisons d'armes afin d'être sûrs qu'aucun autre homme n'a merdé comme ceux de tout à l'heure. C'est pas le moment de perdre notre butin chèrement acquis.

Il acquiesce à ta demande, vous partez manger un morceau dans la rue chez un vendeur de hot dog tout en marchant pour faire quelques repérages ou bien visiter des futurs points de livraison d'armes. Rien à signaler visiblement.

Tu dis que tu veux que je te dise tout ce que je sais des Sadovski mais je t'ai déjà tout dit non ? Demande t-il alors que vous êtes assis dans sa voiture à présent.

16h30. L'heure de la sortie des écoles...

Je suis soulagée de voir qu'à part les quelques hommes de tout à l'heure, tout est nickel du côté des armes.
Et d'avoir avalé quelque chose aussi ça m'a fait du bien. Notre tour d'horizon nous aura pris presque toute l'après-midi car lorsqu'on retourne à sa voiture, il est déjà 16h30.

Je reste d'ailleurs hypnotisée légèrement par l'horloge quand mon cerveau se met à cogiter. 16h30. J'entends à peine les paroles de Jaden qui me semblent lointaines tout à coup. Les enfants. Enfin Joshua.
C'est l'heure à laquelle il terminera les cours bientôt, vu que l'école reprend bientôt. Les vacances ne se terminent-elles pas ?

J'ai beaucoup de mal à me détacher de l'horloge, et ce n'est qu'en voyant le chiffre passé à 16h31 que je me rends compte que cela fait une bonne minute que je la fixe.
Mince.

Je relève ma tête vers Jaden et lui sourit faiblement.

Excuse-moi.

Reprends-toi Abigail. Ce n'est pas parce que ça se bouscule dans ta vie à ce niveau-là qu'il faut te laisser aller. Tu as une place à sauvegarder.

J'aimerais savoir comment tu étais tombé sur les héritiers et que tu avais récupéré Aleksandr, est-ce Charlie qui t'avait donné l'info ? Et qui était en contact avec notre taupe au sein de leur gang ? Il devait forcément y en avoir une.

J'évite de regarder l'heure.

Il fronce les sourcils avant de comprendre ta question,

C'est Charlie qui m'a expliqué où et comment agir. Bastian capturé, il se doutait qu'avec un contact dans la police, les Sadovski trouveraient la famille de ton ex... Aussi il a mis à l'abri les enfants et a patiemment attendu en gardant à l'oeil les héritiers qui il l'a deviné devant l'inactivité d'Isaak ont préféré passer à l'action aussitôt.

La taupe c'est un mec qui fréquentait Aleksandr depuis un bout de temps mais que Charlie a grassement payé, il lui a filé l'info d'une adresse où tes enfants seraient normalement protégés par le gang. Charlie avait fait une mise en scène pour qu'ils y croient. Sauf que c'était un piège pour capturer les héritiers.

Charlie a une façon d'anticiper les actions qui m'effraie parfois... Des fois je me dis que ce mec n'est pas humain. On a l'impression qu'il ne fait rien dans son bureau à part jouer aux échecs mais en réalité, j'ai l'impression qu'il tient une boule à neige de New York qu'il secoue à sa guise pour annoncer quand ça va mal tourner...

Je serre le poing quand Jaden aborde le fait que Charlie a joué sur un éventuel kidnapping de mes enfants pour coincer les héritiers. Même si je savais qu'il ne les mettrait pas en danger, apprendre qu'il s'en est servi quand même indirectement, ça me fout en colère.
Mais c'est donc bien ce qu'il me semblait. C'est Charlie Nine qui a transmis les informations chaque fois. Mais ce qu'a dit Jaden me fait tilt un peu. Un conctact dans la police.

Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Forcément que les Sadovski, coupés de tous les autres gangs, auraient cherché un moyen de trouver des informations fiables autrement qu'en utilisant des Nomades. Et qui mieux que la police ? Enfin, disons plutôt ceux qui ne font pas partie de l'équipe Anti-Gang, car jamais ils n'auraient donné ce genre d'infos ou pas sans avoir quelque chose en retour derrière.
J'imagine mal Marianne décidant de donner des informations croustillantes impliquant des enfants à un gang qu'elle traque au même titre que les autres. Charlie n'a fait que prendre les devants pour éviter que cela arrive réellement.

Mais la police ? Qui mieux que l'équipe AG pourrait avoir des informations sur tous les gangs, y compris les Sadovski ?
Mais est-ce que les contacter serait vraiment intéressant ? Bryan Summer n'est plus à la tête du NYPD, et Scott doit tout tenir d'une main de fer, encore plus depuis qu'elle a réussi à prouver que c'était bien Bryan à la tête du carnage : tous les sites d'informations en parlent.

Oui. C'est la marque de fabrique de Charlie. Mais il sait se déplacer aussi quand il le faut.

Je fais allusion au bateau où la bombe a explosé, même si là aussi c'était un test, il est bien venu sur place avec un hélico.

Donc on se retrouve au point de départ ? Au final, seul Charlie a toujours su ce qu'il se passait par rapport aux Sadovski ? Aucune planque connue, rien ? Même les Nomades n'ont rien su nous dire concrètement quoi que ce soit au sujet de ces derniers.

Aller questionner Charlie ? Mais pour dire quoi ? Je suis sûre que je dois savoir un truc, et que là tout de suite ça m'échappe.

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