Episode 2 : Pour une goutte de sang [Abigail J. Farlos]

Je...

J'essaie de faire le tri avec tout ce que je vois et ce qu'il me dit. J'ai l'impression qu'il est arrivé pile au bon moment... Il m'a sauvé la vie, encore une fois.
Cela me rend un peu triste de le voir s'énerver de la sorte contre moi, ses yeux verts ne sont pas faits pour ça. Je reprends mes esprits progressivement, et Gale et Neils en retrait, ainsi que le couteau ensanglanté dans la main de Bastian m'aide pas mal je dois dire. Mais qu'est-ce que j'allais faire ? J'étais en train de m'évanouir... J'aurais pu être morte à l'heure qu'il est s'il n'était pas intervenu.

Mais qu'est-ce que lui fiche là au fait ?

C'est plutôt, toi, qu'est-ce que tu fiches là ? Ah... Laisse-moi deviner.

Je repense à ma discussion avec Joe, à ses paroles. Jusqu'où dois-je le croire ? A priori pour tout.

Tu t'es rendu compte qu'il se foutait enfin de nous et tu es venu le liquider pour en faire un exemple ? Dans ce cas, il faut le faire pour tous les dealers du coin. Ils sont tous de mèche avec Kyle. A moins que ça ne soit encore un coup des Sadovksi, aucune idée. Mais pourquoi Kyle saboterait notre zone de travail ? C'est ce mec, là, qui m'a annoncé ça, bluff ou pas ? A toi de me le dire Bastian, vu que tu semblais le surveiller.

Je parle beaucoup, mais c'est un moyen pour moi, là, tout de suite de me remettre, de ne pas m'accabler, et de rebooster Bastian qui est en colère et qui a eu peur pour ma vie. Il ne faut pas qu'on s'arrête sur ce qu'il s'est passé. Même si j'ai froid tout à coup.

J'étais là pour convaincre trois jeunes, qui doivent être non loin dans le couloir, de me suivre pour les embrigader. Ils semblaient avoir peur de ce dealer, alors que ce sont nous qui faisons la loi ici.

Il fronce les sourcils devant le flot d'informations que tu lui donnes. Il prend un temps pour analyser avant de secouer la tête négativement,

Non je ne suis pas venu ici pour faire un exemple Abi, je te cherchais car ça fait plusieurs jours qu'on se loupe. Le gang me prend beaucoup de temps. On m'a dit que tu étais partie faire une ronde pour recruter du monde dans ce quartier.

Je connais très bien Joe. C'est un très bon comédien et si tu ne lui mets pas tout de suite le couteau sous la gorge, tu n'obtiens rien de lui. Et j'ai senti un danger quand j'ai vu que plusieurs groupes de jeunes essayaient de regarder depuis le bas des immeuble ce qu'il se passait.

Il tourne son regard vers le cadavre du dealer,

C'est chose fait maintenant. Je n'ai rien compris à propos de ton histoire de Kyle. Quel est le rapport avec la dope et les armes et le gang des Northem Wolves ? Reprends calmement.

Il sort de son cuir un mouchoir pour entourer ton doigt entaillé. Ça pique sévère, il va peut-être falloir recoudre un chouïa.

Je reste un instant interdite face à ses paroles. Il n'est pas venu pour ce mec là ? Il est venu pour moi ? Certes, il joue au fantôme... Mais je n'aurais jamais pensé qu'au final mes sms et mes appels sans réponses auraient finalement fonctionné, bien qu'au final j'ai abandonné au bout du 2e à chaque fois...

Donc, si on m'avait un peu plus prévenu des habitudes des dealers des cités, ça m'aurait éviter ce genre de désagréments... Bref. C'est fait. Mais je n'arrive pas à croire qu'il ne soit au courant de rien. Joe m'a menti ou pas ?
J'hausse un sourcil. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ses paroles me perturbent tant que j'en oublie mon doigt qui continue de saigner et qui me fait en réalité un peu mal. Je demanderai au médecin du gang de regarder voir s'il y a besoin de suture ou pas.

Je me sers donc les mains entre elles pour appuyer le mouchoir sur la partie sanglante tout en regardant Bastian. Tout lui raconter ?

Ce Joe ne se fournissait plus chez nous qu'à 2-3%, le reste provient d'une cargaison des NW. Des hommes de Kyle l'aurait abordé pour lui proposer de la dope moins chère ainsi qu'un bonus sous forme d'armes à feu, tu en as un bon exemple dans la pièce d'à côté. D'après lui, d'autres dealers du coin ferait peut-être la même chose. Je voulais mener une enquête avant de faire remonter l'info et pour vérifier la véracité de tout ça. Car ça voudrait dire que les NW marchent sur nos plate-bandes. Il a cité Kyle, car il aurait vu une vidéo sur laquelle il se trouvait soit disant, il aurait reconnu son tatouage. Ce qui se trouve dans cette pièce ne nous appartient pas, et ce Joe en vendait pour son profit personnel et sur notre dos. Voilà ce qu'il se passe. Mais est-ce vrai ? Jusqu'où peut-on croire ce mec ? Si c'est un comédien, il peut avoir menti, dans ce cas faut vérifier et remettre des hommes de confiance.

Je me frotte les bras comme si j'avais froid. J'ai eu mon quota d'émotion je crois pour aujourd'hui. J'ai failli y rester. Non, n'y pense pas.

Tu en penses quoi ? Bluff ou pas ?

Ce que tu lui dis le laisse sans voix. Il enlève son cuir en remarquant que tu frissonnes. Il a beau avoir joué le fantôme, il te connaît par cœur. Il plonge son regard dans le tien avant de dire :

Il n'y a qu'un moyen de le savoir. Il faut que l'on rencontre Kyle. Je vais t'accompagner.
Levez vous tous les deux, allez me jeter ces cadavres dans la cage d'escalier. Et ramenez les bleus que vous avez repéré.

Il sort en premier, tu le précèdes une fois de plus. Tes hommes de main attrapent les corps pendant que Bastian récupère des échantillons et les fourres dans un sac trouvé dans l'appartement.

Neils garde l'appartement, et dit à quiconque qui essaye d'entrer qu'il appartient aux Niners maintenant. Je vais t'envoyer du renfort.

Vous faites un crocher au QG pour que le médecin te recouse, ce qui laisse le temps à Bastian de prendre contact via Charlie avec le bras droit de Mary. Vous partez ensuite tous les deux avec une escorte de cinq hommes armés.

Le point de rendez-vous se fait sur Staten Island, près d'un entrepôt appartenant aux Niners. Vous attendez une dizaine de minutes avant qu'une Lotus Blanche ne s'arrête près de vous. Kyle et Gabriel en descendent. Ils jettent un coup d'oeil incompréhensif devant vos hommes armés. Kyle demande le premier :

Pourquoi nous avez vous appelé ?

Bastian jette le sac de coke et d'armes russes à ses pieds. La parole est à toi.

Quand je vois Bastian agir avec tant de prévenance à mon égard, je ne peux m'empêcher d'avoir le cœur qui bat plus fort. Quand il est gentil comme ça, je peux perdre mes moyens. Mais qu'il ne soit au courant de rien, ou qu'il n'en ait pas eu vent me fait bizarre.
Ce n'est pas normal.

Du coup, je ne fais qu'acquiescer à sa proposition, je n'osais pas forcément aller rencontrer Kyle, mais si c'est lui qui en fait la demande, cela doit être faisable d'en parler avec, sauf que si je me souviens bien, aux dernières nouvelles Kyle traîne sans arrêt, ou plutôt souvent, avec Gabriel.

On part donc en direction du QG, moi pour me faire recoudre comme je l'avais pensé, et lui pour contacter Kyle par Charlie, qui est donc plus ou moins au courant de la chose à présent. Moi qui aurait voulu qu'il sache tout qu'une fois la véracité de cette histoire mise au clair... Bref. On arrive à les contacter, et Bastian joue la sécurité en prenant plusieurs hommes armés avec nous au cas où, bien que le lieu vers lequel nous allons soit notre territoire avec l'un de nos entrepôts sur Staten Island.

Nous attendons plusieurs minutes avant de voir une voiture de luxe, marque de fabrique des NW, déboulée et s'arrêtée à quelques mètres de nous. Comme je l'avais prédit, Kyle en sort, mais Gabriel l'accompagne. L'un ne va pas sans l'autre comme on dit.

Je laisse mon mari balancé le sac comprenant les échantillons qu'il a pris à l'appartement aux pieds de nos arrivants.

Ceci. Vous reconnaissez ?

Je prends une voix un peu froide, mais impassible. Gale a testé la coke, il a clairement reconnu une coke étrangère, et les armes, ça crève les yeux que ce sont des armes appartenant aux Northen Wolves.

On les a trouvé chez l'un de nos dealers. Pourquoi ?

Implacable. S'il faut j'utiliserai du charme, qui n'est plus très loin maintenant quand j'agis vu que je souhaite l'utiliser autant que possible. Mais les dés sont jetés. Ils ont des comptes à nous rendre maintenant, bras droits ou non.

Tu commences à diffuser ton charme quand un regard implacable te répond. Le regard vert de Kyle te transperce entièrement. Tu sens sa puissance jusqu'au fond de tes entrailles. Bastian réagit aussitôt à cette provocation et sort son couteau en te mettant un bras devant pour te faire reculer. Tu mets quelques secondes avant de reprendre totalement tes esprits après que le contact visuel se soit rompu.

Inoffensif. Ton charme n'a touché aucunement ce grand blond à la musculature fine. Gabriel malgré votre petit échauffement ne s'est montré nullement agressif. Il avance même vers les sacs, en sort un paquet de coke, le goûte avant de recommencer en se léchant les lèvres,

Hmmm ils sont bons ces petits russes...

Gabriel, recule. Ordonne froidement Kyle.

Son acolyte se relève en levant les yeux sur vous. Bastian est près à lui sauter dessus. Il penche la tête sur le côté,

Mauvaise pioche mes bichons, c'est pas à nous.

Mauvaise idée le charme sur un tel duo, mais surtout sur un mec tel que Kyle. Pourtant, ça aurait du fonctionner, enfin au moins un minimum, pourquoi ? Je me sens foudroyé en à peine quelques secondes lorsqu'il me regarde avec ses yeux verts implacable.
Il faut que Bastian sente la menace, sortant son couteau et se mettant légèrement en avant, comme s'il me protégeait, pour me réveiller et sortir de la légère suffocation dans laquelle je me trouvais. Merde. Pour un bras droit, il a une sacré puissance et une sacré pression surtout.

Heureusement que le contact visuel s'est rompu avec le geste de mon mari. Wow. Là, ça fait deux fois en une journée que j'évite le pire je crois.
Sauf que Bastian n'a pas besoin d'agir ainsi, je sais encore me défendre aux dernières nouvelles. Néanmoins, ça reste curieux qu'ils y soient tous les deux si insensibles. Gabriel s'est en effet approché de la "marchandise" pour en vérifier le contenu.

Il nous provoque, c'est indéniable.
Je serre les dents devant une telle insolence. Sauf que je me reprends bien vite lorsque Gabriel achève le tout en défiant ouvertement Bastian qui semble prêt à attaquer. Ce n'est pas le moment.
Je me remets aux côtés de mon mari pour qu'il comprenne qu'il doit se calmer et se maîtriser.

On se calme, ok ? On est pas là pour se battre, sauf si c'est nécessaire. Or, nous sommes encore assez civilisés pour parler, n'est-ce pas ?

Je fixe tour à tour les trois hommes avec un grand sourire, et un léger froncement de sourcil à l'adresse de Bastian. Il faut qu'il se calme. Il est meilleur calme et lucide que sous le coup d'une provocation et de la colère.

Et nous sommes encore alliés aux dernières nouvelles pour ne pas tout faire foirer, ok ? Chacun sa zone, chacun son job. Sauf que ça, ce n'est pas à nous. Pas à vous, non plus ? Curieux... On vous a pourtant parfaitement cité, surtout toi, Kyle.

Je leur montre tour à tour les armes, la coke et eux-mêmes avant de regarder Kyle. Je ne me ferai pas avoir une seconde fois par son regard.

Ne me dites pas que c'est un coup des Sadovski ? C'est un peu facile, non ? On ne demande rien d'autre qu'une petite explication.

Voilà, recadrer la conversation. On a pas à perdre de temps, ni eux ni nous ne pouvons nous le permettre en ce moment. Car ça bouge beaucoup trop confusément pour ça.

La pression redescend lentement, Gabriel continue sa provocation en sortant une mitraillette du sac et en la chargeant. Il vise le ciel d'abord puis vous, fait mine d'appuyer sur la détente avant de murmure un :

Paw.

Non sans rire, vous avez cru à un truc aussi gros? Kyle m'a rarement quitté et quand c'était le cas, c'était pour être aux côtés de Mary.

Vous avez vu quoi pour prouver que c'est Kyle ? J'en serais bien curieux. Où sont les preuves?

Kyle vous toise d'un regard toujours froid.

Je ne bouge pas d'un millimètre quand Gabriel fait mine de nous viser en continuant un peu plus la provocation. Mais je sens très bien que la pression environnante diminue. L'air est nettement plus respirable, c'est indéniable.
Je me permet de détendre mes épaules que j'avais contracté sans m'en rendre compte. Ok. La grosse pression est passée. Le reste maintenant.

Pourquoi c'est toi qui répond Gabriel, et non Kyle ? Il sait parler je crois ? La personne, ce dealer, nous a cité Kyle, pas toi. Il l'aurait reconnu sur une vidéo à son tatouage, et ce serait des hommes sous les ordres de Kyle qui apportent les marchandises. Pas toi, Gabriel, lui.

Je sais que je vais peut-être un peu loin, mais c'est Kyle que je veux entendre, pas Gabriel, même s'ils traînent sans cesse ensemble, ce n'est pas une raison.

Et tu n'as pas nié qu'il s'agit d'une coke russe. Vous feriez dans la drogue maintenant ? Ou vous connaissez un bon fournisseur pour ? Car il empiète sur notre business. Et ça ne va pas faire bon ménage longtemps.

Là, cette fois je m'adresse véritablement à Gabriel, mais je reste stoïque. Je ne dois pas me faire bouffer par leurs auras. J'ai moi-même un peu d'autorité en réserve, je n'ai pas à me laisser faire. J'ai autant droit qu'eux à cette conversation. Même si je me demande si Bastian va intervenir. Un test ?

Gabriel soupire et lève les yeux au ciel à ta demande. Il repart vers Kyle qui quand à lui est toujours fermé. Après un nouveau moment de silence, il répond :

Votre homme a menti. Je n'ai jamais vendu de la coke sur le dos des Niners ni de mes boss. Je suis un homme de confiance.

Si vous aviez un peu de jugeotte avec ce qu'il se passe actuellement, vous sauriez que les Sadovski essayent par tous les moyens qu'on se foute sur la gueule pour affaiblir les Northem Wolves et ainsi avoir une ouverture pour assassiner le Père Fondateur des anciens Nordics.

Quand au tatouage, comment était-il ?

Il déboutonne un à un les boutons de sa chemise pour laisser apparaître un torse sec sur lequel est dessiné une simple étoile du nord sur le pectoral gauche. Il y manque le loup.

Bien. Même si j'ai excédé Gabriel avec mes insinuations, au moins a-t-il cessé ses petites provocations et pouvons-nous respirer avec encore plus de facilité, faisant retomber un peu la pression ambiante.
Je sers les bras sur ma poitrine en attendant que Kyle réponde. Enfin le son de sa voix.
Hum... Ce qui dit est juste, et c'est bien pour ça qu'on se devait de vérifier les dires de ce dealer. Pour savoir jusqu'où les Sadovski ont pu s'insinuer entre nos rangs à tous.

Quant à la vérification du tatouage, au moins s'y prête-t-il sans que j'ai besoin de faire quoique ce soit dans ce sens. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce Joe a menti.

Si je te demande en direct si c'est toi, c'est bien pour vérifier jusqu'où les Sadovski ont pu pénétrer nos rangs, et nous fragiliser tous. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ont su se faire discret.

Ce n'est pas le tatouage qu'on m'a décrit. Le loup n'y est pas. Ce dealer a bien mentionné une étoile et un loup, donc tu es hors de cause. Mais rien n'empêche que l'un de vos hommes en soit l'instigateur. Et il serait bon de savoir qui se fout votre tête derrière votre dos, en se servant de nous, les Niners pour faire leur trafic.

Ma voix, impassible au départ, se voit quelque peu plus dure à la fin de ma tirade. S'ils ne savent pas gérer leurs gangsters, qu'ils viennent pas foutre la merde dans les affaires des autres et les autres gangs.

Certes, vous devez protéger votre Père fondateur, mais pour éviter ce genre de dissension faudrait-il déjà surveiller ses propres pions. S'il y a besoin, je pense que nous pouvons être capable de vous apporter de l'aide. Mais si vous préférez la jouer solo, venez pas foutre votre merde chez nous. C'est comme ça que des quiproquos naissent et que des affaiblissements se font. Votre lutte contre les Sadovskis est aussi la nôtre aux dernières nouvelles.

J'espère ne pas trop m'avancer, mais s'ils ne peuvent pas être sur plusieurs fronts, autant travailler de concert plutôt que d'avoir ce genre de problèmes trop souvent, trop répétitifs et qui ne servent qu'à affaiblir les gangs en place depuis longtemps. Ce ne sont pas des gens présents depuis deux ans qui feront leur loi ici.

Qu'en pensez-vous ?

Tes paroles font monter d'un cran la tension qui s'était apaisée. Tu viens clairement de leur cracher à la gueule qu'ils sont incapables de gérer leurs hommes. Pourtant Kyle ne t'a t-il pas dit que les Sadovski étaient dans le coup ?

Le regard de Gabriel se fait plus sombre pour le coup et il récupère la parole, te défit du regard,

Parce que tu crois qu'on a besoin d'une petite pouf à talons qui nous fait la morale pour gérer nos hommes ? Peut-être que les Niners sont des lavettes qui courbent l'échine devant toi mais nos hommes te boufferaient en trois secondes.

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres, Bastian ne réagit pas à l'insulte, peut être pour ce coup, il donne raison au bras droit de Damon Wof. Que sais-tu de l'organisation des Northem ? Connais-tu le nombre qui les compose ?

Kyle reprend après avoir posé une main qui appelle au calme sur l'épaule de son acolyte. Son regard vert se plante dans le tien,

Offre acceptée. Si tu te crois si forte que ça, alors va donc t'occuper des nomades qui ont tourné le dos au gang pour rejoindre les Sadovski. Je vais te donner une piste pour les trouver...

Un silence.

Ils portent un tatouage avec un loup qui tourne autour d'une étoile du nord. Tu crois que ça va aller ?

Ouais je l'ai mérité cette pique. J'ai un peu été insolente, et j'ai été maladroite dans mes propos. Mais je me doute que c'est un coup des Sadovskis, mais ils comprennent pas que c'est justement à cause de ça qu'il faut être doublement vigilant partout ? Car s'ils arrivent à tuer leur Père Fondateur, en quoi se transformera New-York ensuite ?
Il faut consolider nos bases pour éviter tout débordement et permettre une contre-attaque si ce que tout le monde craint arrive !

Je sers les dents face à la remarque de Gabriel, comprenant très bien que Bastian ne dise rien en retour, par contre je sers les poings à la remarque de Kyle.
Il se fiche de moi l'enfoiré !
Certes je connais pas leur gang à 100 %, même à 60 % peut-être, mais de là à me foutre ce genre de conneries au visage.
J'ai tout sauf envie de sourire.

Arrête tes conneries. Vous avez presque tous ce tatouage : anciens membres comme nouveau.

Réfléchis, tu peux les aider, tu le sais, mais faut savoir comment. Je sais très bien que je ne suis pas "forte" comme il le dit, j'ai "rien" pour moi, c'est bien pour ça que je tente de me procurer cette force et de m'améliorer, je ne veux plus être une lieutenant de bas étage, et cette pute à talons comme l'a si gentiment dit Gabriel. Une pute avec deux enfants ? Et un mari bras droit ? Eh bien, dans ce cas je suis une pute de luxe !

J'ai peut-être été maladroite, mais moi je pense en terme de "après" et de "si" votre Père Fondateur tombe. Je ne le souhaite pas, jamais, mais je sais très bien que les Sadovski s’immiscent partout, c'est là le problème ! Si votre Père fondateur meurt, en quoi New York se transformera ? Si nos bases et notre business sont fragilisés, comment pourrons-nous lutter correctement ? Si on n'étouffe pas tout de suite ce genre de problèmes, les Sadovski auront justement gain de cause et la porte ouverte sur notre territoire. Qu'importe le nombre.

Respire un bon coup, voilà. Je les fixe toujours.

On a évité un bain de sang jusque-là, il faut que ça continue. Et puis... Ce genre de problèmes a quand même réussi à vous faire déplacer à cause de ce quiproquo. Deux bras droits... Qui protègent votre Père fondateur en attendant ? Il faut éviter que ce genre d'obstacles vous obligent à nouveau à vous déplacer en personne... Deux fortes puissances comme vous éloignés du QG des Northern Wolves, ça peut se savoir facilement...

J'espère avoir de nouveau désamorcer la tension et rattraper ma maladresse.

Je ne demande qu'à aider concrètement. Pas vous insulter et vous remettre en cause.

Je reste droite, je les fixe. Je dois changer.

Tes excuses semblent être acceptées puisque les deux bras droit échangent un regard entendu. Gabriel part néanmoins jusqu'à la voiture pour s'installer au volant, il la démarre, attend Kyle qui lui t'adresse ces dernières paroles :

Si notre Père Fondateur tombe...

Un temps.

Alors New York sera le théâtre le plus sanglant de tous les temps. Il n'y aura plus d'accord entre les gangs. Charlie Nine n'aura pas tenue sa promesse, le pacte sera rompu.

Et ce sera le plus fort qui gagnera.

Autant dire que ce sera l'une des deux familles russes. Ils sont beaucoup plus nombreux et mieux équipés que les Niners.

Nous avons abandonné la recherche des Nomades car ce n'était qu'une perte de temps pour nous. Il y en a bien trop et ils se défendent bien. Nous en avons puni quelques uns et avons fait des exemples mais c'est une véritable épuration qu'il faut faire. Et elle ne sera faite que lorsque les Sadovski seront morts.

Néanmoins si tu veux les rechercher pour nous, tu pourras les reconnaître grâce à leur tatouage : loup, étoile du nord ou les deux et par un tatouage autour du poignet qui représente une chaîne brisée. C'est le signe des nomades. Ils sont libres de circuler où bon leur semble tant que c'est dans l'intérêt du gang.

Maintenant comme tu l'as si bien souligné, nous devons y aller.

Tu as encore le temps de poser une question si tu le souhaites.

Je me sens soulagée quand je vois que mes excuses sont acceptées. J'ai réussi à rattraper ma maladresse mais ce n'est pas une mince affaire. Surtout lorsque je vois Gabriel retourner vers la voiture et Kyle reprendre la parole.
Et ce qu'il dit a le mérite de me perturber un peu. La promesse tenue par Charlie ? Un bain de sang ? Mais dans quoi risquons-nous d'aller si nous n'arrêtons pas les Sadovski ?

Au moins me donne-t-il un indice supplémentaire concernant ceux qu'ils appellent des "nomades" mais je sens bien que cela risque d'être compliqué, mais il faut faire quelque chose.
Je l'écoute en silence, essayant d'encaisser que tout ne tient qu'à un fil, très ténu et que le moindre mouvement risquerait de le couper.

Je lui demande une dernière chose avant de le laisser partir.

La mort pour ces nomades ?

Je demande si jamais nous en trouvons si nous devons les tuer ou au contraire leur apporter ces traîtres afin qu'ils soient châtiés par eux ?

Une fois sa réponse faite, je les laisserai partir en silence. Et j'attendrais quelques secondes en silence avant de me tourner vers Bastian, qui est resté très silencieux pour une fois. Lui qui est un bras droit m'a laissé parlé face à deux autres bras droit. Que dois-je en conclure ? Et surtout pourquoi voulait-il tant me voir alors que c'est lui qui m'évite moi et les enfants depuis plusieurs jours ?

Dans quel monde nos enfants risquent-ils de grandir Bastian ? Et où étais-tu passé ces derniers jours ?

Quelle heure est-il d'ailleurs ?
Ce matin j'étais partie en recherche de bleus, je suis tombée sur Joe, combien de temps sommes-nous restés chez lui ? Puis Bastian, et maintenant les bras droits. J'ai l'impression qu'une journée entière vient de se dérouler alors qu'il ne doit être qu'à peine 12h.

La mort une fois que leur tatouage des Northem Wolves a été soit arraché soit brûlé. Laisse leur avoir de l'espoir avant de les tuer. Tous ne sont pas à tuer, certains sont faibles et ce sont laissés influencer par de plus forts, à toi de faire le juste choix.

Comme une goutte de sang. Celle qui sera la dernière avant la mort ou l'avant dernière pour laisser la vie.

Bastian et toi remontez dans sa voiture pour discuter calmement et à l'abri des oreilles indiscrètes. Il ne te dit rien mais... A peine as-tu réparer une bêtise que tu en fais une deuxième : ne jamais étaler sa vie personnelle devant des subalternes.

Charlie m'a demandé de l'assister sur certains projets afin d'affaiblir les Sadovski. Si ça peut te rassurer, lui aussi n'est pas rentré chez lui.

Quand au monde dans lequel vivrons nos enfants, un monde que nous contrôlerons. Les Sadovski ne contrôleront jamais New York.

Jamais Charlie ne laissera faire ça.

Tu sens malgré l'admiration qu'à Bastian pour son mentor, qu'il y a un doute dans ses yeux. Il ne doute pas en Charlie, il doute de beaucoup de choses. Tout le monde est en danger.

Je ne sais pourquoi j'ai abordé les enfants, mais je l'ai fait. En même temps, nous sommes entre nous, et c'est le moins que je puisse faire pour attirer son attention. Lui qui joue le fantôme.
Même s'il me dit que Charlie a agi de la même manière, cela ne l'excuse en rien, et ne rattrape pas le fait que son fils l'attendait pour faire des lancers de base-ball avec son père.

Je regarde la route défilée devant nous, l'écoutant en silence, et je ne peux m'empêcher d'être un peu surprise et sur la réserve quand il aborde le fait que jamais Charlie ne permettrait que New York tombe.
Je sens très bien qu'un truc le tracasse et le ronge, ce n'est vraiment pas dans ses habitudes de douter ainsi.

Qu'est-ce qui se passe Bastian que je devrai savoir ? Tu sembles en pleine confusion. Enfin, tu ne sembles pas si sûr de toi en prononçant ces paroles. Qu'est-ce qui se passe ?

Je tente de lui soutirer des informations, en restant calme et en regardant le paysage et les rues aux alentours que l'on traverse. Cela faisait deux semaines qu'on ne s'était pas vus. Peut-être même plus, vu que j'ai arrêté de compter les jours. Et tout ce qu'on fait c'est de parler du fait que tout est bancal autour de nous.

Il faut changer tous nos dealers. Il peut y avoir d'autres Joe, et ils nous mèneront sûrement à ceux qui les fournissent.

J'aurais annoncé ces mots après qu'il m'aurait répondu, après avoir garder le silence. Je ne comprends pas, et ne comprends plus rien. Cette foutue journée est trop bizarre, et Kyle qui m'apprend qu'on a le champ libre pour tuer n'importer qui susceptible de malmener nos camps... C'est un cadeau empoisonné qu'il m'a fait, mais si on n'y remédie pas, tout est foutu.

Bastian prend quelques minutes avant de répondre,

Disons que... Réussir à approcher l'un des Frères Sadovski est plus compliqué que nous l'aurions pensé. En tuer un permettrait de faire pencher la balance. Mais c'est une mission kamikaze. Et je doute de mes capacités.

La bombe est lâchée, tu comprends maintenant que Charlie a chargé ton mari d'une mission suicide. Aussi le sujet des dealers passent à la trappe. Ce n'est pas le moment de tout mélanger.

J'ai un temps de réponse plus long que d'habitude face à ses paroles.
Qu'est-ce que... ? Je me demande même si j'ai bien entendu. Charlie veut amener Bastian à effectuer une mission suicide ?

Charlie veut que tu quoi ?

Je crois que je serre les dents. Charlie est en train d'amener Bastian à une mort certaine ? Il plaisante, là ? Je ne pense même plus aux dealers et à tout le reste.

Personne d'autre ne peut le faire ? Il n'y a personne d'autre d'aussi important que l'on pourrait atteindre à la place des Frères Sadovski ? Putain, Bast' ! C'est une mission suicide !

Je sers les poings sur mes cuisses. Non. Je ne veux pas. Si Bastian y va et qu'il meurt... Je ne pense pas que je m'en remettrai, et les enfants n'auront plus de père. Je ne veux pas éclater notre famille, et moi... Moi, je ne survivrai pas sans lui, j'ai besoin de lui.

Tu dis que tu doutes de toi... Une conséquence de notre absence durant ces dernières années ? Putain, Bastian... N'y va pas. Et où sont-ils ces Frères ?

Vous roulez sur l'autoroute pour revenir vers le Bronx. Bastian s'arrête sur une air de repos afin que vous puissiez discuter tranquillement. Les autres gangsters filent sans vous vers le QG ou d'autres missions secondaires.

Bastian laisse le moteur tourner sur la place sur laquelle il a choisi de stationner. Il continue à parler en fixant les camions garés en épi non loin de vous.

La puissance des Sadovski vient de leur fraternité. Le gang est tenu par trois frère parmi lesquels un seul fait vraiment la loi. Il s'appelle Isaac. Les autres sont ses seconds : Konstantin et Karl. Konstantin est celui que l'on peut le plus facilement approcher car il gère les casinos mais Charlie sait très bien que cette porte ouverte n'est autre qu'un piège qui se refermera sur celui qui sera chargé de l'assassiner, s'il y arrive.

Malgré les équipes mises en place pour débroussailler le terrain et dénicher Karl et Isaak, rien n'a été trouvé. Ils sont invisibles tout comme l'est Charlie. C'est pourquoi il veut que je bouge pour forcer les deux frères à se montrer.

Le problème c'est que nous manquons d'informations sur eux. Et comme tu dis il y a notre famille. Et... Charlie ne veut pas m'imposer ça, mais, autant de pas se leurrer. Je suis le seul à pouvoir effectuer cette mission.

Je laisse Bastian nous amener dans un endroit à l'écart du mouvement ininterrompu de la ville. Ce n'est pas pour autant qu'il coupe le contact. Il se plonge d'ailleurs dans la contemplation des camions non loin avant de reprendre la parole.
Je crois que ça me perturbe un peu de le voir agir de cette manière, il doute vraiment, et je crois qu'indirectement cela m'effraie. Jamais auparavant il n'avait agi ainsi.

Et je l'écoute en silence, retenant presque mon souffle à chacune de ses paroles car ce qu'il dit... Malheureusement, c'est la vérité. Personne ne pourra atteindre l'un de ces trois frères, à part lui. Peu de personne ont ses capacités, et si nos équipes n'ont pas su les débusquer... Seul Bastian y arriverait sûrement.

Mais... Pourquoi le sort s'acharne-t-il ainsi ? Alors qu'on avait un avenir quasi tracé, voilà que ce même avenir risque de me prendre l'être le plus cher à mes yeux avec mes enfants.

Oui... Tu dois être le seul. Mais c'est trop suicidaire, surtout si tu doutes de toi-même. Personne ne t'épaulera ? Tu vas prendre quelqu'un avec toi ? Tu vises donc Karl ?

Je me masse les tempes avec les mains, putain. Pourquoi ?

On ne peut vraiment pas se servir des moyens qu'utilisent Charlie pour être invisible afin de voir si les Sadovski n'agissent pas de la même manière ? Ce Konstantin... Cet homme qui joue la première ligne... Personne n'a réussi à l'isoler suffisamment pour le faire parler ? Et le NYPD, ils n'ont aucune info à communiquer ? Bastian, c'est ta vie qui est en jeu !

Je me tourne vers lui, et lui prends l'une de ses mains pour le forcer à me regarder.

Tu ne peux pas être le seul ! Il faut faire quelque chose ! Je ne veux pas te perdre ! Je ne veux pas que nos enfants grandissent sans père ! Il n'y a vraiment personne, hein ? Vraiment ? Je dois te laisser y aller, c'est ça ?

Ma voix se casse légèrement vers la fin de ma tirade. Rien que d'imaginer qu'il ne revienne plus... Cela m'est insupportable.

Je te préviens... Si tu meurs, je tue Charlie !

Je suis sérieuse, même si je sais que je mourrais sûrement avant, je suis on ne peut plus sérieuse. S'il bousille notre vie... Mais il faut d'abord voir si Bastian ne peut pas être épauler par quelqu'un d'autre. Il doit bien exister un moyen pour qu'il ne meurt pas lors de cette mission quand même !

Ton mari a une sorte de rire nerveux quand tu dis que tu vas tuer Charlie. Si le chef Niner ne te tue pas en quelques secondes, ce sera sa femme qui le fera à sa place. Ellen ne laissera jamais personne faire du mal à son homme.

Il ferme les yeux un instant, croise les bras sur le volant pour poser sa tête dessus. Il est pris entre deux feux : sa famille et le gang. En gros deux familles.

Celui a abattre est Isaak mais c'est le plus intelligent. Karl ne se montre pas et serait celui qui blesserait Isaak je pense. Konstantin est un piège. S'il est aussi voyant c'est qu'il y a une raison.

Pour ce qui est de l'accompagnement. Je ne vois pas qui sincèrement. Si Charlie était terrain oui mais là...

Je me sens totalement perdue. Je n'ai jamais vu Bastian dans un tel état et ça me serre le coeur. Il semble véritablement désemparé. Toute cette histoire donne l'impression qu'il n'y a plus aucun échappatoire nulle part.

Je me penche donc vers lui pour poser ma tête sur son épaule, pour qu'il voit que je ne l'abandonne pas dans son désarroi. Jamais mon mari n'agirait ainsi s'il n'était pas au pied du mur, il ne montre jamais aucune faiblesse.
Mais qui pourrait le seconder ? Il a raison... Charlie ne peut pas se permettre d'agir à la vue de tous, aussi doué soit-il.

Il faudrait trouver pourquoi Konstantin se met ainsi en avant... S'il est le plus facile d'accès... Ou trouver Karl et le convaincre de tuer Isaak ? Non... Trop compliqué.

Réfléchis Abi, réfléchis ! Il doit bien y avoir un moyen. Ah.
Si. Peut-être. Mais cela voudrait dire qu'il y aurait du danger en plus...

Je vais t'accompagner. Je sais qu'il n'y aura plus personne pour surveiller nos enfants, mais je fais confiance à Charlie et Ellen pour s'en occuper. On va refaire équipe, comme lorsqu'on avait traqué Scott pour récupérer l'enfant de Charlie. Je... Je connais suffisamment tes moyens d'agir. Je peux te seconder.

Je ferme les yeux, la tête sur l'épaule de mon mari. C'est de la folie, je n'ai pas suffisamment de force, mais je suis l'une des seuls qui connait suffisamment le bras droit de Charlie pour me permettre de l'assister. Même si cela laisse nos enfants en arrière. C'est pour eux justement, pour que je fasse en sorte que leur père reste en vie.

J'ai l'impression qu'on n'a pas le choix. Et June sera toujours présente auprès de Charlie et Ellen pour assurer le reste. Bastian, il faut que je t'assiste.

A ta proposition, Bastian se redresse et plonge ses yeux d'un vert profond dans les tiens. Il n'ajoute rien de plus.

Ce silence tu le comprends, il a peur pour toi. Aussi tu le laisses redémarrer la voiture et vous filez à votre appartement. Les enfants ne sont pas là, ils sont chez Lola.

Vous êtes lessivés tous les deux par tout ce travail. Ton doigt te fait encore souffrir mais les bras de Bastian qui t'enlacent te font tout oublier. Presque tout : une musique se fait entendre depuis l'appartement du voisin. Tu la reconnais, elle te serre le cœur, car pour toi c'est un appel à la séparation.

Bastian ne te laisse pas le temps de te concentrer dessus, il a déjà récupéré tes lèvres, passe ses mains que tu aimes tant sous ton t-shirt sale. Il caresse ta peau, te brûle de plaisir. Sa bouche quitte tes lèvres pour embrasser avec une douceur contrôlée ton menton, puis son cou sur lequel il prend son temps, il se serre contre toi, vous semblez presque danser bassin contre bassin ainsi dans la pièce...

Je comprends son silence et sa peur car je ne peux m'empêcher de ressentir la même chose au fond moi, mais à son encontre, et pour nos enfants. Je connais les risques, et je dois dire que nous sommes tous deux dans une impasse.

Je ne dis donc rien quand il nous ramène chez nous plutôt qu'au QG. On en a besoin tous les deux, on le sait très bien inconsciemment. Les enfants sont chez Lola, nous avons l'appartement pour nous seuls. Comme cela n'était plus arrivé depuis longtemps.

Alors que je me sens lasse, mon doigt me faisant encore légèrement souffrir, Bastian m'enlace alors que j'entends une musique familière provenir de chez le voisin. Cette musique... Elle me rappelle de mauvais souvenirs, elle me rappelle une séparation que je ne souhaite pas. Mais j'oublie tout alors que Bastian me procure toute la tendresse dont il sait faire preuve.

J'ai besoin de le sentir, de le savourer et de le toucher. Et je veux qu'il me touche, qu'il me procure ce plaisir qui m'embrase et me redonne espoir dans tout cet enfer. Je tends mes mains vers ses cheveux alors qu'il est penché dans mon cou à me procurer des frissons de plaisir, pour le sentir encore plus, toujours plus près de moi.

La musique semble nous promettre un slow sans fin et je ne veux pas qu'il se termine. J'embrasse à mon tour le cou de mon mari, et descend mes mains de ses cheveux, à son visage, ses bras avant d'aller les placer en une caresse sous son t-shirt.
Je veux sentir sa peau contre la mienne. Je fais mine de lui enlever son propre haut avant d'enlever le mien et de me coller contre son corps.

Je me déplace pour faire en sorte de le diriger vers notre mezzanine. Je veux sentir les draps s'emmêlant autour de nous. Je le veux contre moi, en moi, et je veux laisser cette musique chasser nos angoisses et nos peurs les plus profondes.

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