Episode 4 : Les Nomades [Abigail]

Je l'écoute en silence avant de m'allonger sur le ventre, pour poser ma tête sur mes bras repliés sur le matelas, la tête tournée vers Jaden.

Hum... C'est vrai que je ne l'imagine pas non plus avec l'une des filles du gang, c'est certain. Il y a peu de filles simples dans le gang car dès qu'elles ont de l'argent, elle passe sur le billard et par ce qu'on appelle la chirurgie esthétique. Un truc que j'ai toujours eu en horreur.

Je sais pas trop. Je trouvais ça surprenant que tu sois sans cavalière.

Un sourire sincère, aussi bien sur mes lèvres que dans mon regard.

Je veux dire qu'à part le sexe, où tu es plutôt pas mal ceci dit en passant, tu es un chic type : ouvert, souriant, attentif etc. T'es pas un moins que rien quoi. Donc ça me surprend un peu. Rien d'autre.

J'espère que ma réponse lui suffit, mais c'est la vérité. Il est l'opposé de Bastian pour certaines choses, et niveau caractère aussi, mais à côté, ils sont tous les deux d'excellents bras droits et efficace au boulot. En somme, ils sont plus que responsables et fiables.

Il rit,

Merci pour tous ces beaux compliments...! Comme je t'ai dit, je ne suis pas pressé, et je pense que je serais intéressé par une régulière dans le gang car à l'extérieur, mener une double vie dans l'ombre c'est pas mon truc. Je préfère être honnête.

Curieusement, ses paroles me lancent comme un écho de ma propre relation avec Bastian... Il semblait agir de la même manière que Jaden avant que je ne décide de l'approcher véritablement, enfin, avant qu'il ne me tourne autour, bref, avant.

Je peux le comprendre dans l'idée de ne pas vouloir mener une double-vie, encore plus quand notre propre chef de gang a également une femme venant elle-même d'un gang à l'origine.

J'espère que tu la trouveras.

Grand sourire avant que je ne me relève pour aller enfiler ma tunique pour la nuit et récupérer mes affaires que je mets dans un coin de la pièce.
Je reviens ensuite vers lui sur le lit.

Et si on dormait ? Une longue journée nous attend demain. Ce serait pas très malins d'apparaître fatigués face aux autres.

Petit rire face à cette remarque.

Il acquiesce, passe son boxer et il ne lui en faut pas plus pour s'endormir en quelques minutes malgré la chaleur. Il dort d'un sommeil calme, serein sur le côté du lit.

Le lendemain quand tu te réveilles, il est sous la douche. Il en sort trempé et va s'habiller avant de te faire un petit signe de tête puis de sortir pour aller s'occuper des hommes.

Ils t'attendent, vous avalez rapidement quelque pancakes que l'hôtel proposent. Ils ne sont pas fameux mais ils ont au moins le mérite de remplir l'estomac.

Vous reprenez la route, jusqu'à arriver au fameux point de chute de certains Nomades. Un bar du nom de Moscou Vida. Dehors, vous voyez plusieurs motos, une dizaine alignées en épi. Il y a aussi quelques voitures d'installer.

Jaden rappelle :

Les mecs, vous vous installez tranquillement à différentes tables. J'en veux trois à l'extérieur près de leurs motos. Abi et moi on va aller leur parler.

Les ordres sont donnés, vous entrez dans le bar qui malgré la musique devient plus silencieux à votre arrivée. Les nomades que vous reconnaissez facilement grâce à leur tatouage de chaîne brisée vous fixent d'un regard mauvais. Plusieurs ont le tatouage du loup des Northem Wolves.

Jaden se dirige vers une table où un homme barbu et dont le visage est abimé par une vilaine cicatrice boit une bière.

Tu es le chef de cette bande de nomades ?

Nan je suis la vierge, dit-il en haussant un sourcil.

Nous sommes des Niners, nous aimerions parler.

A cette phrase, l'autre crache sur les pieds de Jaden.

Va chier.

Ton amant de la veille sourit, baisse le regard.

Je vois...

D'un geste vif, il dégaine son arme et la colle sur la tête du leader. Pourtant tu as juste le temps de distinguer un autre homme qui était installé derrière vous à une table coller son arme dans la nuque du bras droit.

Je crois que tu seras le premier à avoir un trou dans la tête si tu t'excuses pas tout de suite, dit-il.

Tous les hommes dans le bar-restaurant sortent leurs armes et chargent. Tu as la tienne de sorti aussi. Chacun se vise. Toi tu as ton arme braquée sur la tête de celui qui a pris en joue Jaden.

Il va falloir négocier.

Je le regarde s'endormir lorsqu'il revient s'allonger sur le lit. Comment fait-il pour dormir avec une chaleur pareille ? Pour ma part, j'ai le temps d'entendre qu'il dort sereinement grâce à sa respiration si calme.
Cela me tire un sourire avant que moi-même ne finisse par m'endormir. Je devais être crevée car je me réveille au son de la douche en provenance de la salle de bain. Je m’assoies pour me réveiller un peu plus vite quand Jaden sort, me fait un signe et va retrouver nos hommes.

Je baille distraitement avant de me diriger à mon tour pour une bonne douche. Je redescend, habillée d'un jean et d'un autre débardeur. On voit donc parfaitement mon tatouage présent sur mon bras.
On avale rapidement nos pancakes qui, à défaut d'être bon, calent à merveille.

Une fois que c'est fait, on reprend de nouveau le chemin vers le bar qu'on a repéré. Le Moscou Vida. Si ça, ça fait pas russe... En plein désert presque, quel sens de l'humour.
Je prépare mon arme que je range dans mon pantalon de sorte de pouvoir le prendre rapidement en cas de pépin pendant que Jaden briefe une dernière fois tout le monde.

Quand on pénètre dans le bar, je ressens rapidement l'atmosphère oppressante qui s'en dégage et au vu des hommes présents, nous sommes véritablement dans la gueule du loup. Plutôt que de rire à cette petite plaisanterie intérieure, je souris discrètement en repérant les nomades des autres NW présents.
Je suis Jaden jusqu'à une table où se trouve un barbu avec une vilaine cicatrice sur le visage qui boit tranquillement sa bière. Le silence est un peu plus pesant maintenant, bien que la musique entonne toujours son air en fond sonore.

J'observe les lieux pendant que Jaden prend la parole. Jusqu'à ce que tout s'accélère. Putain. Pourquoi ça marche jamais tranquillement ? Faut toujours qu'on joue à qui a la plus grosse. C'est presque lassant à force.

Alors que je tiens en joue celui qui a son arme sur Jaden, lui-même ayant la sienne sur le leader, je vois très bien que tout le monde dans le bar a sorti une arme. Même le barman. Bah voyons.
Nos hommes sont en minorités, même avec ceux dehors.

On va tous se calmer, ok ? On est pas là pour se battre. Si on baisse nos armes, vous faites de même. On est là pour parler, pas pour tuer.

J'ai parlé d'une voix forte en fixant tour à tour le leader toujours assis, et son "bras droit" semble-t-il, c'est-à-dire celui qui a pris la parole ensuite et dont j'ai la tête dans la ligne de mire.
Je n'ai pas besoin d'activer mon charme, il est sans cesse en action quand je bosse maintenant. Mais j'ai néanmoins ajouter un peu de charisme, juste assez pour qu'ils écoutent.

On recherche certaines informations, et parait-il que c'est ici qu'on aura les meilleures chances de les avoir. On les prend, on vous laisse. On a rien à y gagner à vous crever. Ok ? Donc on relâche tous nos armes.

Toujours la même voix, calme et suffisamment forte pour que tout le monde entende dans le bar. Je ne bouge pas, je reste stoïque. De toute façon, si on bouge, on est cuit.

On veut discuter, et peut-être même qu'on pourra négocier. Mais pour ça, on se calme. Laissez-le parler et exposer notre présence ici.

Je me stoppe. Je peux tenir mon bras tendu, tenant mon arme de longues minutes. J'ai tout mon temps. Et je fais confiance à notre bras droit pour ne pas faire de conneries non plus.

Ton charme fait baisser de quelques degré la tension ambiante. Mais ça n'est pas encore gagné. Celui que tu penses être le bras droit répond,

T'as l'air un peu plus intéressante que lui. Qu'est-ce que vous nous voulez ?

Les armes sont toujours de sortie.

Je sens que la tension est descendue de quelques crans, mais qu'elle est toujours présente. Personne ne baisse son arme. Je ne relâche pas mon charme, actif dorénavant à son maximum afin de le diriger vers les personnes les plus proches de moi et je ne quitte toujours pas des yeux celui que j'ai dans ma ligne de mire et qui vient de reprendre la parole. Bras droit ? Véritable chef ? Je me pose la question. Mon bras ne flanche pas alors que je reprends la parole d'une voix égale.

Une histoire de trahison. Ni plus ni moins.

Je me tais. J'essaie de moduler mon charme de sorte qu'il agisse le plus efficacement possible. Je ne rajoute pas plus de charisme que tout à l'heure, je veux juste attirer l'attention pour qu'on m'écoute, je ne veux surtout pas attiser la haine ambiante, surtout dans une chaleur pareille.

L'un d'entre vous serait un traître au NW et se serait allié avec les Sadovski. On le cherche. Cette personne a participé à une trahison qui par la suite a provoqué indirectement la mort du Patriarche. Je pense que vous êtes tous au courant, n'est-ce pas ?

Je sais qu'il n'existe pas de liens véritables encore entre ces deux affaires, mais leur rappeler que ce sont ces Sadovski qui ont assassiné leur grand chef, et que parmi eux se trouve justement quelqu'un qui a passé un accord avec, j'espère que ça les fera suffisamment réagir. Les russes sont sensés être loyaux et régler leur compte avec les traîtres quand ils en voient.

Nos pas nous ont mené vers ce bar. Car ce même traître a trahi le pacte signé entre les Niners et les NW vieux de plusieurs années. Voilà pourquoi on est là. On a besoin d'informations, et d'obtenir cette ou ces personnes. Aidez-nous à y voir plus clair si vous pensez déjà à quelqu'un. On prend ce qu'on est venu chercher, on vous laisse.

Je fixe mon regard dans l'autre mec, mon charme activé. Léger sourire.

On ne veut aucun bain de sang inutile, et vous non plus je pense. N'est-ce pas ?

Mon bras est toujours tendu, mon doigt prêt à appuyer sur la gâchette.

Y'a pas de traître ici, vous pouvez repartir. On est tous des Northem Wolves. Et il semblerait que les Niners aient trahis eux aussi l'alliance en envoyant un de leurs hommes attaquer directement la famille Sadovski sans attendre l'aval des deux chefs. Donc allez vous faire foutre.

Je suis surprise par ses dernières paroles. Quelqu'un parti attaquer directement la famille Sadovski ? Il parle de Bastian et de sa mission secrète ?
Je jette un regard à Jaden pour essayer de voir si lui-même comprend ce que dit ce type ou si je suis la seule à ne pas être au courant de quelque chose d'important. Car si je pige bien ce qu'il raconte, il semblerait qu'ils soient au courant de la réussite ou non de cette fameuse mission. Et cela, alors que je suis moi-même sans nouvelles depuis six mois maintenant.

Quoi qu'il en soit, on est chacun sur le même pied d'égalité à présent. Donc je ne me démonte pas. Continuant d'utiliser mon charme et de parler de manière égale. Il ne faut pas que je montre que cela me surprend, et que je fasse comme si c'était naturel.

Alors même eux ont réussi à vous berner ? Quelques personnes, appartenant certes au départ aux NW, jouent un double-jeu, même avec vous semble-t-il.

Petit sourire narquois.

Les nomades. Et ne me dites pas qu'il n'y en a aucun ici, on en est entourés.

Je lance des regards à droite et à gauche sur tous ceux qui possèdent le fameux tatouage à la chaîne brisée.

Ces mecs-là, se vendent aux Sadovskis, dans votre dos et ont permis à ce putain de gang russe de vous faire de l'ombre et de s'implanter à N-Y. Et surtout, à s'infiltrer jusque dans la putain de baraque de votre Père Fondateur ! Donc, ok, un Niner a attaqué les Sadovski, mais au moins on bouge notre cul et on essaie de vous "venger", de nous "venger" tous ! Me dites-pas que vous allez les laisser s'implanter sans rien faire ?

Regard braqué sur celui qui parle depuis le départ. Un regard interrogateur mais déterminé.

Si c'est le cas, vous êtes tous tombés bien bas. Je vous croyais un gang fort, vif, loyal et déterminé à écraser n'importe quel parasite qui vous ferait de l'ombre. Les Sadovski se servent de ces nomades, de ces traîtres pour asseoir leur suprématie ! On est là pour eux, pas pour les NW. Et vous nous dîtes traîtres ? Mais à agir ainsi, vous faites leur jeu. Ces enfoirés se servent de vous, et nous alors qu'on bouge, on nous accuse ? C'est ce qu'ils veulent. Ils n'attendent que ça.

Mon arme est toujours prête à être enclenchée mais je ne veux pas l'utiliser. Il y a encore le moyen de le convaincre, je le sens.

Et comment auriez-vous pu être au courant pour ce fameux Niner si les nomades n'étaient pas de mèches avec les Sadovski ? Réfléchissez à quand vous avez eu l'info et comment ! Gabriel et Kyle eux-même nous ont donné leur aval pour traquer ces traîtres. Ces enfoirés donnent votre propre cam' à ces putains de nouveaux russes !

Je m'arrête de parler. Il faut qu'il comprenne que ça se trouve, tout est venu de ces nomades, sinon comment auraient-ils pu être au courant, même aussi loin de N-Y quand moi-même je ne le savais pas ? Seuls des gens proches des Sadovski pouvaient transmettre ce genre d'infos.
Je reste toujours droite, et s'il faut parler plus crûment encore je le ferai.

Jaden est aussi surpris que toi par la nouvelle, mais sers la mâchoire lorsque tu parles et parles. Un rire s'échappe de la gorge du Nomade qui tient en joue Jaden.

Le bras droit des Niners prend la parole,

Abi, ça sert à rien d'essayer de les convaincre, ceux sont des nomades qui ont rejoint les Sadovski. Comme tu viens de le dire il n'y a qu'eux qui peuvent avoir eu l'information concernant la mission des Niners.

Ah bah au moins, il est moins con que toi ma jolie, c'est déjà ça, reprend le nomade.

Il vient de t'insulter.

J'ai finalement la réponse de la part de Jaden. Lui-même n'était pas au courant. Ok. J'ai pigé, ça va, nous n'avons que des Sadovski en face, enfin, disons plutôt des nomades liés au nouveau gang russe.

J'écoute silencieusement Jaden, sans quitter du regard celui qui a rit quelques secondes plus tôt. Il m'insulte volontairement. Mais je n'en ai rien à foutre.

Bof. L'espoir fait vivre comme on dit.

Grand sourire limite insolent.

Maintenant que tout le monde est au courant de tout. Que fait-on ? Vous auriez pu nous tuer dès l'instant où nous sommes entrés. Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Ou qu'attendez-vous ?

Tout le monde a encore les armes en main, autant savoir ce qu'ils nous veulent à présent. On est en infériorité numérique, et les entrées et sorties sont bloquées. Nous ne sommes que cinq à l'intérieur, et trois à l'extérieur. C'est assez mince comme manœuvre. Donc soit ils nous veulent un truc, soit ils ne savent pas quoi faire eux-mêmes et là, il faudra jouer serrer pour sortir.

C'est toi qu'on veut, la rouquine, lâche celui qui est tenu en joue par Jaden. Alors on vous laisse le choix, vous nous la laissez, ou bien on fusille tout le monde.

Vous n'avez aucune chance contre nous.

Jaden s'apprête à refuser, mais et toi, tu as peut être ton mot à dire ?

Je m'attendais je crois à tout sauf à ce qu'ils nous annoncent ça, et venant du "chef" présumé. Ils me veulent moi ?
Pourquoi ? Je réfléchis à toute vitesse. Ils ne me connaissent pas, n'est-ce pas ? Même s'ils sont de mèches avec les Sadovski, je fais suffisamment confiance à Bastian pour croire qu'il n'a rien dit à propos de quoi que ce soit : le gang, Charlie et même notre famille. Alors pourquoi moi ? C'est beaucoup trop étrange. Ou alors il y aurait des traîtres parmi les Niners aussi ?

Et de toute manière, quoi qu'ils disent on est bloqués, non?

Si je refuse, vous nous tuez, c'est ça ? Mais si j'accepte, qu'est-ce qui me garantie que vous les laisserez partir en vie et que vous n'allez pas les traquer ensuite pour finir le travail ? OK. On a aucune chance. Mais quelle garantie que vous tiendrez votre promesse ?

Et je n'ai pas tout à fait tord. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent, mais je ne sais pas non plus jusqu'à quel point ils sont fiables dans leurs paroles.

Je ne sais pas ce que vous me voulez, mais si c'est moi que vous attendiez, alors je veux être certaine qu'ils repartiront tous en vie, et qu'ils arriveront vivant à New-York.

Je montre que je suis déterminée et prête à me battre s'il le faut. S'ils n'acceptent pas, qu'importe l'infériorité numérique, on se battra comme des chiens. Blessés ou pas, on rentrera à New-York.

Il paraît que t'es la femme du meurtrier de Konstantin. Il est pas très bavard selon quelques rumeurs. Peut-être qu'en ta présence il ouvrira plus sa gueule.

Maintenant concernant tes petits copains, s'ils reculent gentiment à l'extérieur, je te donne ma parole qu'ils sortiront vivants.

Et que je leur laisserai l'avance nécessaire pour qu'ils aillent prévenir leur petit chef.

Jaden aboie,

Abigail n'y pense même pas ! C'est non !!

Tu sens qu'il joue de son charisme pour te faire changer d'avis. Tu résistes car en toi, une petite lueur d'espoir vient de s'allumer : Bastian est vivant !

Je suis surprise d'entendre les paroles de cet homme. Il vient juste de me donner des informations que j'attends depuis des mois maintenant. Bastian a réussi sa mission ! Il a affaibli les Sadovski en tuant l'un de leurs chefs ! Et surtout, il semblerait donc en vie, même si je n'ose imaginer l'état dans lequel il doit se trouver.
Mais pourquoi Charlie ne m'a rien dit ? Par contre... Je me demande comment ils sont remontés jusqu'à moi. Bastian aurait parlé ?
Et les enfants ? Et Lola ? Sont-ils à l'abri ? Cela me surprend vraiment. Mais je comprends ce que c'est que de se faire enlever et torturer. J'ai été dans le même cas cinq ans plus tôt alors même que j'étais enceinte de Joshua.

J'écoute en silence, un visage de marbre au visage. Puis-je donc croire ses paroles et penser qu'ils les laisseront bien partir ?
J'hésite, mais en même temps, on a peu de marge de manœuvre. Si je refuse on se fait tous tuer et on n'aura aucune possibilité de pouvoir prévenir Charlie qu'ils sont au courant et que les NW ont définitivement rompu le pacte, une autre raison de le croire en fait. Il faut que quelqu'un transmette l'info selon laquelle Bastian est en vie. Peut-être qu'ils essaient de l'utiliser, tout comme moi, et Charlie doit être au courant pour s'organiser.

Je grince des dents quand Jaden me sort de mes pensées et me somme de ne pas accepter. Je sens son charisme. Mais je peux y résister je le sais.
Il faut être sûr de ce qu'on avance ! Si Bastian est en vie, et qu'ils ont pu remonter jusqu'à moi, c'est qu'ils savent peut-être plus de choses qu'on ne le pense ! Et puis même... Bastian, vivant... Six mois que j'attends cette information.

Si je n'accepte pas, on meurt tous. Pense aux Niners. Nous ne sommes pas des lâches. Je ne mourrai pas, et vous non plus. On a notre fierté, j'ai la mienne.

Je tourne ma tête vers Jaden qui semble presque en colère. Je le comprends. En ce moment, il ressemble beaucoup à Bastian qui n'a jamais été d'accord avec mon côté tête brûlée. Mais si je peux sauver mes hommes, et le second bras droit de Charlie, je me dois de le faire. D'autant plus que c'est une bonne manière de pouvoir infiltrer les Sadovski et d'essayer d'en ressortir avec des informations cruciales.

Prends soin de tout le monde. On se reverra. Ce n'est que partie remise.

Je lui lance ces paroles avec tout le charisme que je possède pour qu'il comprenne que je comprends la situation mais surtout pour qu'il comprenne que je fasse allusion à mes enfants. Qu'il faut les protéger. Je ne mourrai pas, je reviendrai vivante, même si cela je dois m'enfuir et finir estropier. Je décide donc de les suivre.

Vous avez intérêt à tenir votre parole.

Alors que tu te rends, et que les Nomades ont baissé en partie leurs armes, Jaden attrape le bras de celui qu'il a en face de lui et en quelques secondes le lui casse avec une technique qu'il t'a appris.

Le grassouillet barbu hurle devant son bras qui forme un angle bizarre. La main de Jaden t'attrape le poignet pour te faire valdinguer dans les bras d'un Niner, qui t'oblige à sortir à couvert. Il te traîne dehors tandis que Jaden et les autres échangent des coups de pistolets.

Faites péter leurs motos !! Crie celui qui te traîne.

Les Niners qui avaient préalablement aspergés d'essence les bécanes lancent une allumette qui allume un brasier et crée une explosion magnifique qui a le mérite de mettre le feu au bar en même temps. Vous êtes projetés en arrière.

Ton espoir de revoir Bastian vient de partir en fumée... Et Jaden ne sort toujours pas. Le petit bar routier brûle bien, et autant dire qu'avec cette chaleur et ce temps sec, ça va partir en fumée en moins d'une heure.

Alors que j'étais enfin prête à me rendre, et que je me rendais, vu que j'abaissais enfin mon arme, comme les autres personnes alentour, Jaden décide de foutre le bazar à sa manière et de ne pas m'écouter.
J'ai à peine le temps de grincer des dents de colère qu'il a déjà neutralisé le vieux barbu et m'a littéralement balancé dans les bras de l'un de nos hommes. Alors que je tente de me débattre, il m'amène rapidement dehors tandis que des coups de feu résonne à droite et à gauche autour de nous.

En un rien de temps, on est dehors. Nos hommes qui avaient déjà versé de l'essence sur les motos, allument rapidement des allumettes afin d'y mettre le feu. On est projetés par l'explosion. Je retombe mal, je le sens à mon dos et mon bras, mais je m'en fiche.
Le bar aussi commence à prendre feu, et Jaden n'est pas ressorti. C'était une mission suicide ! Putain ! Il aurait dû me laisser y aller ! Mon seul et unique espoir depuis des mois, envolés en fumée !

Je me relève avec difficulté, tentant de me remettre rapidement du choc dû à l'explosion. Et je me dirige vers la porte du bar.

Que quelqu'un vienne avec moi ! Il faut sortir Jaden de là !

Je n'attends pas qu'on me suive, j'enclenche mon arme et m'engouffre dans la fournaise ambiante. Il fait trop chaud. Tout flambe beaucoup trop vite et tout est sans dessus dessous après l'explosion. Je tente de repérer Jaden, et n'hésite pas à utiliser mon arme et les techniques qu'on m'a apprise pour arriver jusqu'à lui.
Il faut que je le sorte de là. Je viens de perdre l'unique chance de retrouver Bastian, ce n'est pas pour y laisser l'autre bras droit des Niners. Mais où il est !

JADEN !! JADEN !! Où es-tu ?! Jaden !!

Je hurle, toussant à moitié à cause de la fumée, les yeux larmoyants à cause de cette dernière. Faites qu'il soit encore en vie !

La fumée et la chaleur te piquent les yeux, tu es obligée de te protéger le visage pour ne pas brûler. Tu ne peux pas avancer, tu aperçois des Nomades allongés, soient morts soit agonisants.

Il y a deux de vos hommes aussi, morts d'une balle dans la tête. Alors que tu essayes d'avancer, quelqu'un t'attrape la cheville et te fait tomber sur lui, tu te brûles les mains et les bras dans ta chute, c'est celui que tu avais tenu en joue. Son visage est brûlé de moitié,

Tu vas crever avec nous, salope !

Ton pistolet est tombé à plusieurs mètres de ta chute.

Je ne vois presque rien. Et la chaleur mêlée à la fumée est presque insupportable. J'essaie de me protéger tout en me préparant à tirer mais je ne vois rien.
Des nomades sont éparpillés à droite et à gauche, morts ou pas loin, mais aucun signe de Jaden. J'aperçois même deux de nos hommes morts, une balle en pleine tête.

Il faut que j'avance.
Sauf qu'on m'en empêche. Avec toute cette fumée je n'ai pas vu celui que je tenais en joue tout à l'heure. Je tombe. Je hurle de rage et de douleur quand je tombe sur mes mains et mes bras. Je sens des brûlures. Merde. Mon arme !

Je l'aperçois à quelques mètres alors que le nomade me tient. Il est méconnaissable, son visage n'est presque plus là à cause de ses brûlures. Si l'adrénaline ne parcourait pas mon corps à l'heure actuelle, je crois que j'aurai eu un mouvement de répulsion et que j'aurais pris peur.
Putain, c'est pas le moment ! Faut que je me dégage.

Lâche-moi, connard !

Et j'utilise alors l'une des techniques que Jaden m'a appris en entraînement afin de se libérer d'une prise au sol et de prendre le dessus afin d'immobiliser voir casser un ou plusieurs membres.
Je tente de me dégager en me tortillant en essayant de prendre appui sur le nomade, mon objectif est simple réussir à me dégager suffisamment pour le neutraliser, si possible en lui brisant la nuque d'un coup vif. Ou sinon de manière à pouvoir récupérer mon arme rapidement et l'abattre d'un ou plusieurs coups de feu.
Je fait fi de mes douleurs aux mains et aux bras, et aux autres courbatures naissantes à cause du choc de l'explosion et de la chute. Je tousse. Je suffoque, mais je ne lâche pas prise. Je dois me libérer. Je dois survivre !
Et je dois ramener Jaden et les autres à New-York.

A genoux près du Nomade, tu te débats assez pour libérer un de tes coudes. Ton coude droit vient taper dans sa jugulaire ce qui lui coupe la respiration et la lui écrase en partie. Tu te relèves avec difficulté, attrape ton arme et lui vide ton chargeur dans le corps.

L'adrénaline aide. Ton corps en sueur se met à trembler, tu deviens lourde. Tes jambes ne te soutiennent plus. Alors que tu t'écroules au sol près du cadavre brûlé, tu sens qu'on te soulève. Un regard te permet de reconnaître Jaden qui a un foulard devant le visage pour se protéger de la fumée.

Il cherche une sortie tant bien que mal en te portant. Il finit par choisir de sauter par une fenêtre brisée. Vous tomber tous les deux sur le goudron brûlant et coupant.

Vos hommes à l'extérieur vous traînent tous les deux dans les camionnettes pour vous ramener à l'hôtel.

La dernière chose que tu vois c'est qu'on ramasse Jaden comme une poupée de chiffon.

Tu te réveilles à cause de la douleur dans ta chambre d'hôtel. Tu es reliée à une machine provisoire qui te donne de la morphine. Il y a un Niner qui dort près de toi, dans un fauteuil. Quand tu tournes la tête sur le côté, tu vois que tu es allongée près de Jaden. Il est réveillé, murmure :

Hey...

Tout se passe extrêmement vite mais au moins ai-je réussi à neutraliser cet enfoiré. Mais cela m'a demandé beaucoup trop d'efforts.
Je n'arrive plus à me tenir debout et à me relever. Je commence à croire que mon heure est arrivée quand je sens deux bras puissants qui me soulèvent. Un regard me permet de voir que c'est Jaden avec un foulard. Merci ! Il est en vie.
Je souffle de soulagement alors qu'il essaie de nous trouver une sortie, lui me portant, moi tentant de respirer.

Au final, il nous fait passer tous les deux par une fenêtre. Autant dire que la chute derrière est brutale : béton brûlant et verre coupant. Je grogne de douleur car mes bras viennent d'en prendre encore un coup.
Mais je remercie nos hommes qui nous transportent rapidement vers les camionnettes. J'ai à peine le temps d'apercevoir Jaden qui semble en mauvais état que je m'évanouis, l'adrénaline étant totalement retombée.

Le réveil est douloureux. Et je mets plusieurs secondes avant de reconnaître notre chambre d'hôtel. Une perfusion dans le bras, j'essaie de reprendre mes esprits.
J'ai l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. Je regarde autour de moi, et voit l'un de nos hommes dans le fauteuil de la chambre, endormi. Je décide alors de tourner lentement ma tête de l'autre côté, et c'est là qu'un faible sourire étire mes lèvres. Jaden est en vie.

Hey. Tu es vivant...

Je murmure moi-même. Je suis soulagée de le savoir en vie. Néanmoins, très vite me revient la scène avant l'explosion et le reste. Il aurait dû me laisser y aller.

C'était du suicide. Tu aurais dû me laisser y aller. Je les aurai infiltrer de l'intérieur et j'aurai trouvé un moyen de m'enfuir. C'était du suicide Jaden...

Je ne sais si c'est à cause du choc, ou parce que je viens de me rendre compte que j'ai failli perdre l'un de mes amis les plus proches, mais mes larmes se remplissent de larmes : de détresse, de rage et d'impuissance.
Je décide de regarder le plafond. Je ne veux pas qu'il me voit dans un état pareil.

Il lève les yeux au plafond,

Tu dis n'importe quoi Abi. Avoue le. Tu as accepté leur offre uniquement parce qu'ils t'ont dit que Bastian était en vie. Ils ne t'en ont donné aucune preuve.

Et tu sais très bien qu'ils nous auraient descendus en route voir dans le restaurant devant toi.

Réfléchis, si Bastian avait trouvé un moyen de s'échapper, il l'aurait déjà fait. Or c'est pas le cas. Sinon Charlie nous aurait averti et sans doute toi la première.

Ce que tu as fait était un acte égoïste.

Je l'écoute en silence, laissant mes larmes d'impuissance se tarir. Je ne suis pas totalement d'accord avec lui. De nombreuses fois par le passé, Charlie a joué le muet avec moi, d'une part pour éviter toute fuite, et d'autre part pour me tenir à l'écart, Bastian lui-même agit ainsi parfois, mais lui, pour me protéger. Alors je ne suis pas vraiment d'accord avec lui.
Charlie garde et cache beaucoup de choses.

Mais je sais très bien que c'était égoïste. Je tourne ma tête vers lui, les yeux à nouveaux secs de toutes larmes.

Cela fait six mois que mes enfants n'ont pas vu leur père. Je sais que c'était égoïste, mais je suis égoïste de nature. Tu devrais le savoir. Bastian est mon mari, j'aurai enfin eu l'opportunité de savoir s'il était en vie. Et s'il fallait me sacrifier, je l'aurai fait. J'ai assez confiance en toi aussi pour croire que tu aurais trouvé un moyen de nous sortir de là.

Petit sourire désabusé et triste. J'ai de nouveau perdu la piste que j'avais enfin trouvé...

Les Sadovski semblent au courant de pas mal de choses. Je pense qu'une discussion avec Charlie est nécessaire justement. Avec les révélations que nous ont donné ces nomades, j'ai de bonnes raisons de croire que notre chef en sait peut-être plus qu'on ne le pense... Il est temps de bouger autrement que par des actes parallèles. Les NW ont rompu le pacte, qu'ils nous accusent de l'avoir fait en premier ou non, n'y changent rien. Les Sadovski sont beaucoup trop présents.

Je m'arrête de parler. Je me demande vers où nos pas vont continuer de nous mener à l'avenir. Car ce dernier semble extrêmement sombre.

Ils se servent, et vont continuer à le faire, de Bastian, ça ne fait aucun doute. On est tous en danger.

Il plisse les yeux,

Oui tes enfants ont pas vu leur père depuis six mois et toi t'allais leur donner l'occasion de ne jamais revoir leur mère. C'est ce que tu veux ? Faire de tes gosses des orphelins ? Tu crois que Charlie va les adopter ? Tu rêves.

Je suis dur dans mes paroles car tu dois réagir Abigail. On a découvert aujourd'hui un nid des Sadovski, on l'a détruit. Maintenant prochain objectif c'est de couper le trafic d'armes qu'ils ont détourné de la cargaison des NW pour s'approvisionner en armes.

Je veux savoir si t'es avec moi. Sinon je te renvoie à New York, c'est compris ?

J'ai un temps mort face à ses paroles, le souffle court tout à coup. Oui. J'ai failli condamner mes enfants. J'ai failli laisser mon égoïsme foutre tout en l'air. Il a raison. Je n'ai pensé qu'à moi et pas à eux, Lola ou pas de présente. Comment ai-je pu ne pas y penser ?
J'ai été submergée par la nouvelle sur Bastian. Je n'aurai jamais dû me laisser aller de la sorte. Je reprend mon souffle progressivement. Jaden a raison. Mes enfants auraient été livré à eux-même, jamais Lola n'aurait pu s'en occuper, tout comme ma mère qui m'a définitivement rejeté.

Il a raison... Je dois réagir.
Putain. Voilà que ça recommence, je me laisse à nouveau submerger par mes états-d'âmes, pourtant j'ai vieilli, je ne suis plus cinq ans en arrière.

Je lève ma main valide, du moins celle qui n'est pas entravé par l'intraveineuse, pour me la mettre sur le front. Merde. J'ai encore failli oublier qui j'étais et ce que je faisais.

Désolée. Oui, je suis avec toi. On est là pour ça. On a pas terminé, on doit aller jusqu'au bout.

Je serre le poing de mon autre main, je ne dois plus me laisser emporter par mes sentiments. Plus jamais.

On bloquera les Sadovski et on commencera par stopper leur ravitaillement. Désolée. Je ne flancherai plus. Je serai réactive et à tes côtés dans cette affaire.

Je desserre le poing. Je repose mon autre main le long de mon corps avant de retourner encore une fois mon visage vers lui.

N'hésite pas à recommencer. J'ai tendance à m'égarer parfois.

» Episode 5 : Tentations [Abigail]
» Episode 7 : Jouer avec le feu [Abigail]
» Episode 3 : Choix [Abigail J Farlos]
» Episode 1 : Retour [Abigail J. Farlos]
» Episode 5 & 6 : Tentations & Ascension [Abigail & Vasili]