Salle réunion équipe spéciale GANG

Je réfléchis à la question que j'ai posé à mon père et qui me revient tel un boomerang. Sam avait vu juste, il sera difficile de s'infiltrer chez les Black Wolves. Lorsque Abigail intervient avec ses airs de gamine indisciplinée en pleine crise d'adolescence, ressentant le besoin de se rebeller, j'arque un sourcil en buvant mon café. Posant mon gobelet sur le coin de la table loin de mon portable malgré qu'il soit pratiquement vide, je fais fi de sa provocation :

Et qu'en pense l'intéressée quant à l'intérêt de poursuivre la mission d'infiltration qui lui a été assignée, maintenant que le suspect est entre nos mains ?

Je lui laisse le temps de répondre avant de rebondir sur sa dernière réplique prononcée de manière tout aussi désobligeante :

Nous allons effectivement vérifier les informations obtenues par Kévin et pour se faire, vous serez en première ligne avec l'équipe d'O'Malley. J'espère que vous avez beaucoup de chance aux jeux, je vous laisserai jouer au loto en me donnant quelques numéros de Hangars sur Staten Island, ce sera ceux que nous perquisitionnerons.

Je lui dis cela tout en lui rendant son regard de défi. Je vide mon gobelet, puis m'adresse à mon père :

L'infiltration du gang n'est plus vraiment utile à mon sens, désormais, il faut lancer nos offensives, et pour cela il nous faudra un maximum d'information concernant les gangs des Black Wolves et des Nordic's.

Fixant les écrans d'ordinateurs de Kévin :

Vous nous disiez plus tôt, que votre contact vous avait délivré un lieu susceptible de constituer une Planque des Nordic's, cela nous intéresse, ce sera une première piste à remonter.

Je poursuis enfin et en termine là avant de laisser la parole à qui voudra bien la prendre :

Pour obtenir des informations concernant les Planques, il faut aller les chercher à la source. Cela tombe bien nous avons deux amis susceptibles de nous donner ces informations.

Je me lève en me saisissant du portrait du Black Wolf, puis, caressant mon Taser :

Je vais commencer par notre suspect concernant les meurtres de Chinatown. Si l'un d'entre-vous souhaite m'accompagner...

Je me tais et attends les réactions de chacun concernant tout ce qu'il vient de se dire, puis, si cela n'appelle pas de réponse de ma part, je quitterais la pièce et contacterais O'Malley pour qu'il me prépare la salle d'interrogatoire.

Hum... J'adore ça ! J'adore voir Bryan Summer se lancer, les dieux pieds en même temps, dans ma petite provocation. Qu'il est bon de savoir qu'il est encore trop immature pour juger quand cela est nécessaire de prendre la mouche ou non.
Car c'est bien ce qu'il fait en ne s'excusant pas de son irrespect à propos de moi, son manquement de politesse aurait presque pu me sidérée si je ne connaissais pas le personnage. Sauf que Bryan, egh bien c'était Bryan quoi, et non une quelconque personne.
Je ne sais pas pourquoi mais je continue de sourire tout doucement tandis qu'il me répond, je le croyais plus futé que cela, franchement. Il veut des informations sur les Wolves et les Nordic's? Dans ce cas, une infiltration se révélerait plus intéressante et enrichissante qu'une simple collecte d'informations pris du net, face à une parfaite inconnue qui peut faire gober n'importe quoi qui est un tant soit peu de vraisemblance mais comme je ne dois pas dire ce que je pense... Je ne préfère rien dire. Qu'ils aillent donc se prendre la tête avec ce genre de trucs, moi tout ce que je sais c'est que je viens de valider le fait qu'ils nous détestent O'Malley et moi. Comme c'est surprenant ! Enfin, je dis ça mais je m'en fiche royalement.
Bien, il me manque de respect? Ok. C'est enregistré. D'ailleurs, si Josh ne m'a pas mentit, je ne vois pas comment il obtiendra des informations sur des planques de sa part... On voit trop facilement qu'il n'est qu'un sous-fifre, peut-être connait-il deux-trois planques mais ça doit s'arrêter là... Sauf que je n'ose imaginer ce qu'ils pourraient lui faire... Bryan semble quelque peu... Comment dire... Violent? Mesquin? Ces derniers temps, c'est comme si un feu brûlait derrière son regard. Je ne suis pas vraiment rassurée du coup pour mon frère s'il ne peut pas leur donner satisfaction.

Enfin, je ne relève aucunement ses paroles. Qu'il parle... C'est ce qu'il réussit le mieux ici. Je le regarde se diriger vers la porte comme personne ne fait mine de lui poser des questions puis je tourne ma tête vers Dean qui décide à son tour de m'adresser la parole.
Quelle différence avec son fils ! Lui, au moins reconnait-il quelque peu ses tords et les énonce même si pour cela, doit-il prendre un ton des plus secs. Bah, c'est sensé être lui le véritable chef de cette équipe, pas son fils chéri comme il vient de me le rappeler.
Alors comme ça, j'aurais manqué de respect une fois de trop? Un comportement hautain et dédaigneux? Curieux, j'ai comme l'impression qu'il est en train de me décrire à la perfection son cher fiston ! Dingue ça ! Incroyable.
Il se dirige vers la porte, de laquelle Bryan vient de s'en aller, je le suis du regard attendant qu'il n'y ait plus que lui vers la porte pour prendre enfin la parole. Très calme toujours.

Dans ce cas, si vous faisiez la même chose avec votre fils? Le manque de respect, ça le connaît, indirect soit-il. Et... Il a un malin plaisir à le démontrer parfaitement aux personnes qu'il a en grippe. Si je fais des efforts, et dieu sait que je ne fais que ça, cela serait logique que lui-même se remette en question, non? Car dans ces cas-là... Vous n'aurez même pas le temps de me virer, je le ferais moi-même. Il y a des limites à respecter, que vous soyez chefs ou non.

Puis je le regarde sortir pour guider son fils jusqu'à leur prochaine destination, me retrouvant seule avec les autres dans la salle.
Je décide alors de me lever à mon tour, vu que je n'ai plus besoin d'effectuer mon infiltration... Mais que la journée n'est toujours pas terminée, plutôt que d'aller manger un truc, je décide de me diriger vers le centre d'entraînement, à pied. Arrivée à la porte néanmoins, je me tourne vers Sam qui semble ranger des dossiers.

Désolée Sam si j'ai dit du tord de ton "copain" mais il faut que tu saches que dans cette équipe, tu es bien la seule avec qui il se montre sympa. Je n'ai vraiment rien contre toi, au contraire tu es extra.

Puis sans attendre sa réponse, je me dirige vers le centre d'entraînement, j'ai besoin de me défouler sur quelque chose et si je peux faire quelques tirs, ça m'arrangerait... Je ne peux pas aller voir ma famille tant que je suis en service...

Centre d'entrainement

Je suis dans une situation très délicate. Je ne regrette pas d'être un Summer, ah ça non ! Je suis bien trop fier de mon père et de son acharnement pour le regretter. Mais j'ai la forte impression d'être une simple pièce sur un échiquier géant.

En entrant dans la salle de réunion, j'ai le teint livide, je viens de prendre ma première grande leçon de la place du NYPD à New York, et surtout du rôle important que j'y joue. L'air enjoué de Lee me va droit au coeur de manière brutale me faisant esquisser un sourire et briller mes yeux. Un mélange de bonheur fourni par une famille soudée et de tristesse concernant ma relation avec Sam. Je ne sais plus trop que penser. J'avale difficilement ma salive. Je suis très affecté et cela ne passera inaperçu pour aucun d'entre eux.

Sans dire un mot je hoche seulement la tête doucement lorsque Sam me dit qu'elle a du leur avouer notre relation. Je sors un stylo noir de la poche pectorale de ma chemise et inscris les mots "Je t'aime..." à l'intérieur de l'avion en papier rose que Lee m'a envoyé. N'ayant pas la force de parler de suite, je fais un sourire à ma dulcinée et lui envoie l'avion.

Je les fixe tous chacun leur tour durant deux minutes puis me lance dans un petit discours chaleureux d'une voix assez fébrile mais très sincère :

Je vous remercie tous d'être réunis ici ce midi. Je tenais à vous dire que j'étais vraiment fier de vous, que vous êtes largement à la hauteur de mes attentes professionnelles. Et au-delà du professionnalisme, je suis vraiment très heureux de voir une belle équipe soudée et attachante. Vous êtes tous sans exception humainement adorables. Vous êtes pour moi une deuxième famille et je tiens énormément à vous.

Il y a des moments où j'ai pu paraître désagréable, lunatique envers certains d'entre-vous, je pense notamment à notre accrochage de ce matin O'Malley, dis-je en tournant mon visage vers lui, je tenais à m'excuser de m'être emporté pour une telle broutille.

J'ai un petit soupire douloureux puis termine :

Voilà ce que je voulais vous dire, j'espère que vous vous plaisez tout aussi bien que moi dans cette équipe et que je ne vous torture pas trop au cours de nos séances de réunion.

Je fais le tour de la table en faisant quelques tapes affectueuses à Lee tout en lui disant avec un petit sourire :

Je te remercie pour ta déclaration d'amour Lee, mais mon coeur est déjà pris.

J'arrive ensuite au niveau de Kévin et lui pose une main sur l'épaule :

T'es un bon petit génie, continue à nous trouver des informations si précises, c'est ce que j'attends.

Puis vient le tour de Lucie et Marianne, j'hésite un instant à les prendre toutes les deux dans mes bras puis, finalement, puisqu'elles se lèvent, je le fais :

Vous êtes vraiment très douées sur le terrain les filles. Je dois vous avouer que je n'avais connu que des hommes tireurs d'élite jusque là, et sincèrement, je préfère votre présence à la leur dans mon équipe, vous êtes bien plus efficaces.

Je poursuis avec O'Malley en le serrant lui aussi dans mes bras, posant ma tête dans le creux de son cou et lui tapotant dans le dos :

Quant à toi, t'es un bon gars, nous avons tous les deux un caractère explosif et sommes des têtes brûlées. Mais tu restes un excellent homme de terrain et je n'ai aucun reproche à faire sur ta qualité et ton efficacité.

Je termine avec Sam et je suis d'ailleurs assez soulagé de ne pas voir Abigail dans la pièce pour le moment :

Quant à toi...

Je lui prends la main et l'embrasse longuement et tendrement tout en l'enlaçant. Ce baiser m'allège temporairement d'un poids malgré que je vais devoir avoir une conversation avec elle. Je n'ai pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne ce que je ressens pour elle et ma fierté pour le travail qu'elle fournit au sein de l'équipe.

Je m'assieds à sa place en la prenant sur mes genoux puis termine :

Je l'ai déjà dit, mais je vous remercie encore pour ce déjeuner convivial.

Puis avec un sourire :

Vous me renvoyez les boîtes du coup puisque j'ai changé de place s'il vous plaît ? Merci.

Je laisse s'échapper un petit rire puis récupère les boîtes que m'envoie Lee. Je pioche des signes au hasard que je déguste lentement, à l'affût des réactions de mes hommes, et femmes.

Lorsque vient mon tour de prendre la parole, je tente de contrôler mes nerfs malgré que mes jambes se crispent sous la table, Sam devant ressentir la contraction de mes cuisses sous les siennes. Je lui passe les bras au niveau de la ceinture abdominale de manière protectrice puis, avec un regard flamboyant, je vais leur dévoiler les raisons de mon affection soudaine :

J'ai appris que c'était une belle ordure et que j'étais à deux doigts de lui exploser la boite crânienne à coup de tonfa. Raison pour laquelle t'as dû le relever du sol.

J'annonce la couleur de l'ambiance qui planait dans la deuxième salle d'interrogatoire avant de reprendre :

A part ça je n'ai pas appris grand chose, ou plutôt pas encore. Il est persuadé que les "loups de l'enfer" vont venir le chercher et me descendre. Et il refuse de parler sans la présence de son avocat commis d'office notamment en ce qui concerne ma menace de lui faire passer un examen sanguin, pour confondre son sang avec celui qui est sur le couteau de cuisine qui a servi a tuer Chiyo Wasrika et qui comporte celui du meurtrier en plus du sang de la victime.

Il se retranche derrière ses droits pour repousser le plus possible son exécution qui aura inévitablement lieu. Pour l'heure il ne veut toujours pas me donner le nom du type qui est venu chercher la mallette à sa place. D'ailleurs, lorsque je lui ai parlé de l'échec de sa mission, il a crispé la mâchoire, ce qui ne fait aucun doute pour moi quant à sa culpabilité. Il ne manque plus qu'à obtenir tout ce qu'il faut pour le couler.

Je caresse les bras de Sam qu'elle est venue croiser sur les miens puis termine :

Maintenant pour ce qui est de mon état d'affectation, j'ai tout simplement dû me rendre à l'évidence quant à l'étroite surveillance que les gangs et notamment les Black Wolves ont mis en place vis-à-vis de chacun de nos membres. J'ai plus été surpris qu'un simple sous fifre soit autant informé.

Disant cela, je fixe O'Malley en espérant qu'il comprenne que je fais référence à la phrase que le Wolf a dite avant qu'il ne l'emmène en cellule.

Je me love dans le cou de ma dulcinée puis, au lieu de répondre à O'Malley, c'est à Abigail que je m'adresse sans la moindre autorité dans ma voix ni mon regard d'ailleurs, notant son effort de neutralité :

C'était excellent merci Abigail. Je ne me suis pas prononcé sur le programme de cet après-midi, mais je crois me souvenir que le votre était chargé, en compagnie de notre collègue, entre experts en matière d'infiltration, je suppose que cela doit être plaisant et enrichissant. J'ai bien conscience que les réunions ne sont pas votre hobby préféré, aussi je vais vous offrir la possibilité de peaufiner vos connaissances et de les partager avec Lee. Si cela vous intéresse tous les deux bien sûr.

Soufflant sur une mèche de cheveux de Sam qui vient me chatouiller le nez je poursuis :

En ce qui concerne la vérification des informations que nous a donné le contact de Kévin, vous avez parfaitement raison, elles seront à vérifier et seuls mes hommes de terrains dont vous faites partie, sont compétents en la matière, aussi, lorsque Kévin aura obtenu des informations plus précises concernant le hangar dans lequel elle est supposée se trouver, et que nous aurons obtenu les mandats de perquisitions, je vous y enverrai avec l'équipe d'O'Malley ainsi que Lucie et Marianne. De même, vous effectuerez également une descente à la hypothétique planque des Nordic's.

Autrement dit, il n'y aura pas d'infiltration proprement dite pour le moment mais un véritable travail d'équipe. Pour que je puisse vous envoyer en mission d'infiltration dans un quelconque gang, il me faut l'aval de Paul, or, puisque nous n'avons pas assez de résultats à son goût, je ne peux pas me permettre de mettre en place tout un dispositif qui a un coût certain et sans résultat assuré.

Si néanmoins, au cours des missions que je vous assignerai, vous obteniez des informations intéressantes qui pourraient appeler la mise en oeuvre d'une infiltration, je n'hésiterai pas à défendre les éléments obtenus pour justifier une telle infiltration.

Je débite mes plans comme si je révisais mes dossiers seul dans ma chambre, mes informations sont donc, bien que très complètes, dites à une vitesse supérieure à la normale obligeant ceux qui souhaitent prendre des notes, à faire un effort supplémentaire de concentration et de rapidité pour me suivre.

Voilà donc pour votre après-midi et pour mes plans des jours à venir. Pour ma part, je retournerai interroger le Wolf en compagnie d'O'Malley pour lui faire cracher le morceau avant que son avocat commis d'office ne déboule et ne lui intime de se taire.

Décroisant mes bras pour prendre les mains de Sam entre les miennes et les ramener sur son diaphragme :

Pendant ce temps là, je pense que tu pourras t'arranger pour ralentir son arrivée comme tu l'as souligné tout à l'heure, ce serait dommage qu'il le découvre couvert d'hématomes. A moins qu'il parle avant que l'on en arrive là, dis-je avec un sourire carnassier rempli de haine.

Je m'adresse ensuite à Kévin :

Quant à vous Kévin, votre mission reste la même, je compte sur vous pour nous tirer un maximum d'informations de votre "amie", mais aussi d'en glaner d'autres en surfant sur le net comme vous savez parfaitement le faire, je prends toutes les informations intéressantes. Si vous le pouvez, n'hésitez pas à pirater les réseaux des gangs, mais bon, je crois que je ne vous apprends rien.

Puis pour Lucie et Marianne :

En ce qui vous concerne Lucie et Marianne, vous avez le choix de rester ici pour épauler notre génie en informatique dans ses recherches ou bien, d'aller vous dégourdir les jambes en allant faire connaissance avec la nouvelle recrue d'O'Malley, Jake Connor.

Je m'arrête de parler, me saisissant du gobelet d'eau en face de moi et de le porter à mes lèvres qui s'assèchent à chacun de mes discours endurants. Puis je conclue après avoir repris ma respiration :

Je n'ai oublié personne, tout le monde a de quoi occuper son après-midi efficacement ?

Je hoche la tête négativement à l'encontre d'O'Malley :

Ca sera tout O'Malley, je pense que vous avez suffisamment de directives pour maitriser la situation. Tu peux aller préparer les filles.

Je le laisse donc partir et me dirige ensuite vers mon père qui me semble bien concentré lui aussi, tout comme moi, mais il y a un élément en plus qui me perturbe chez lui. Il me semble suspicieux. Je pose une main délicate et qui se veut apaisante sur son épaule :

Tout va bien papa ? Tu es sûr de vouloir descendre sur Brooklyn ?

Je me mords la lèvre inférieure et commence à avancer vers la porte en même temps que lui :

J'ignore quelle est la corrélation entre les arrestations de ces deux hommes, mais je ne me suis pas entièrement fié à l'intuition de Sam pour prendre la décision d'utiliser le jeune Jones comme appât, de plus, il n'aurait pas pu anticiper cette décision, j'aurais très bien pu prendre celle de le garder au chaud et me contenter de faire protéger sa famille.

Josh Jones est le frère d'Abigail et Maître Jones n'est autre que leur mère. Par contre, c'est Abigail que je n'arrive pas à cerner. Ce n'est pas uniquement parce qu'elle me manque de respect ou quoique ce soit d'autre, non, elle me semble étrangère au sein de l'équipe, comme s'il s'agissait d'une intrus. Je n'arrive pas à lui faire confiance et en plus on ne sait jamais où elle va. On nous cache des choses.

Pour une personne qui vient de Chicago, sa famille me semble bien ancrée à New York...Après cette affaire, il va falloir que je mène mon enquête, je n'aime pas ça. A moins que tu puisses m'obtenir des éléments de réponses ou que je questionne directement sa mère.

Puis, lorsqu'il me reproche de me fier aux ressentiments de Sam, je fais une petite moue avant de rétorquer :

Si j'ai tenu à rencontrer le frère d'Abigail, c'est que je voulais moi-même m'assurer que ce que pensait Sam était exact ou plutôt me semblait vraisemblable. Cet homme me semble vraiment traumatisé par les Nordic's. C'est d'ailleurs son avocate-mère qui lui a fait signe de suivre ma proposition de nous servir d'appât, il semble craindre pour sa vie. A moins qu'il ne sache maitriser à merveille ses signes corporels pour me tromper, il semble dire la vérité à propos de son tatouage. Par ailleurs il se serait endetté de 7600 dollars auprès du gang.

Je laisse planer un silence pendant quelques secondes avant de répondre à sa dernière question :

J'ai énoncé mes craintes pour la sécurité de nos membre en appuyant particulièrement sur celle de Sam, mais elle ne semble pas inquiète de son côté, arguant de la présence d'O'Malley, non loin de son propre appartement, bien que selon moi, quant bien même O'Malley est un excellent homme de terrain, je doute qu'il puisse se débarrasser d'éventuels gangsters en surnombre.

Mais tu ne me dis pas tout ce que tu sais papa à propos des gangs, il faudra que l'on reprenne cette conversation plus tard, lorsque l'on sera tous les deux. Tu dois tout m'expliquer. Si je suis amené à te remplacer un jour, même si je ne le souhaite pas, je devrais être à même de comprendre la situation actuelle pour la gérer au mieux.

A mon tour, j'énonce ma dernière réplique avec un léger ton de reproche bien que je comprenne qu'il cherche à me protéger.

Je hoche la tête :

Alors j'étudierais tous tes dossiers. Je ne peux pas me permettre de rester ignorant et à me faire traîner par les gangs où bon leur semble. Ce n'est pas dans mes principes.

En ce qui concerne Abigail, nous verrons ça, le plus libre des deux se chargera de contacter le commissaire Einor pour obtenir des informations sur elle.

Pour ce qui est du mariage entre les Blacks Wolves et les Nordic's, qu'est-ce que cela changerait au scénario que nous nous sommes imaginé puisque nous estimons qu'ils sont d'ores et déjà alliés et qu'ils agissent en commun depuis le démantèlement de la Triade ?

Posant la main sur la clenche :

Concernant "la petite amie de Kévin", il paraît que tu connais son identité et que tu la recherches depuis longtemps car tu étais un ami de son père. Là aussi, il faudra que tu m'en dises un peu plus. A moins que cela soit dans tes cartons ?

Quoiqu'il en soit, allons-y avant de louper le rendez-vous du Nordic's, les dealers c'est pointilleux sur les horaires.

Je le laisse donc me répondre et nous partirons vers le point de rendez-vous en rejoignant O'Malley et les filles.

Je n'ai annoncé mon arrivée au NYPD à personne d'autre qu'à Sam. J'ai effectivement répondu à son message qu'elle a laissé sur ma boîte vocale par un SMS de crainte qu'elle réponde au volant. J'espère créer l'effet de surprise, je suis en principe en arrêt maladie et ne suis pas censé faire d'apparition au NYPD.

Malgré tout, bien que je sois en tenue de civil, j'ai tout de même mon arme de service clipsée à ma ceinture, sait-on jamais, quelque fois que l'on aurait la mauvaise idée de s'en prendre au nouveau Capitaine de l'équipe AG. Cela faisait longtemps que je n'avais pas conduit la voiture personnelle de mon père, c'est un peu difficile à vrai dire, tant de souvenirs que nous avons pu vivre ensembles par l'intermédiaire de ce véhicule.

Arrivé au NYPD je me fais discret et me gare à côté de la voiture de collection d'O'Malley puis me dirige la tête haute, vers l'accueil de l'Hôtel de Police. C'est toujours difficile de franchir les portes automatiques et d'avancer seul vers la standardiste qui me fait son petit sourire triste. Oui je vis une épreuve compliquée, oui je sais que vous teniez tous à mon père, mais pas autant que moi. Je la salue poliment d'un signe de tête puis m'engage dans les couloirs menant à la salle de réunion. A cette heure-ci, je suis à peu près sûr de ne croiser personne.

En arrivant au niveau de la porte de la salle de réunion, je prends une profonde inspiration puis franchis en silence le seuil de la porte, effectuant un tour de table du regard avant que mes hommes ne se rendent compte de ma présence, pris dans leurs conversations habituelles.

Cela me rassure je suis arrivé avant Sam, elle n'a donc pas vendu la mèche quant à mon arrivée. Je me racle la gorge, le sourire aux lèvres. Leur présence me fait toujours un grand bien. Je m'exclame :

Alors comme ça on n'invite pas le patron à prendre part au festin, les enfants ?

Je dis cela alors que j'écarte les bras, les invitant de la sorte à venir embrasser leur supérieur paternaliste. Oui, car depuis la mort de Dean, j'ai énormément changé, je suis d'un côté paradoxalement plus exigeant en ce qui concerne le travail et de l'autre plus affectueux avec mon équipe.

Je constate avec joie que toute mon équipe est là (outre Sam qui arrive avec le repas), y compris Marianne qui est en pleine rémission. D'ailleurs, si je laisse les autres venir à moi, c'est moi qui vais vers elle, l'enlaçant soigneusement tel un père qui protègerait son enfant :

Comment te portes-tu Marianne ?

Lorsqu'elle m'aura répondu, je me mettrai debout face à toute mon équipe, à la place qu'occupait mon père, je fais le maximum pour leur montrer que je fais au mieux pour me remettre de mes souffrances et que je serai au top pour reprendre pleinement l'équipe en main bientôt. Bien sûr, je leur donne toujours mes directives à distance si nécessaire. Je m'adresse ensuite à toute mon équipe :

J'espère que tout le monde va bien !

Comme toute personne souffrante, je préfère prendre des nouvelles des autres plutôt que m'étaler sur mon état de santé. C'est le meilleur moyen pour une prompte rémission paraît-il. Malgré tout, je sens qu'une phrase leur brûle les lèvres qui est celle-ci : "C'est plutôt à vous qu'il faut demander ça, patron."

Je ne réponds pas de suite à Lee, me contentant de reprendre ma place en lui tapotant l'épaule. Lorsque Sam arrive avec le repas, et m'embrasse sur la joue, je suis tenté de tourner légèrement la tête de sorte que mes lèvres touchent les siennes, mais ne le fais pas. Je me contente de lui déposer un baiser sur le front et de caresser l'une de ses mains tandis qu'elle va prendre place à côté de Lucie. D'ailleurs, si nos tireuses d'élites croient passer inaperçu avec leur petit manège, elles se trompent, j'ai d'ailleurs souris à ce moment là.

Lorsque Kévin me dit qu'il a court-circuité les caméras de la salle de réunion, je suis assez surpris, je ne me souviens pas lui avoir fait part de mes doutes. Le petit génie en informatique a des talents de déductions cachés ou alors il complote avec une "taupe", O'Malley en somme.

Ma boisson en face de moi, j'entame ma portion de frites avant de répondre :

Tu lis dans mes pensées Kévin, c'est bien ça !

Puis, je m'adresse ensuite à Lee dans sa langue maternelle, à sa savoir le chinois :

Je ne l'ai pas relevé de suite Lee, mais tu me vois flatté d'être ton idole ! dis-je avec un clin d'oeil à son encontre.

C'est la première fois depuis mon arrivée au NYPD que j'utilise une langue étrangère, qui plus est des plus complexe au monde, au sein de la salle de réunion.

Je lui laisse bien entendu le temps de me répondre avant d'embrayer sur la suite et d'entamer mon premier hamburger :

Excusez-moi. Bon appétit à toutes et tous !

Je laisse un laps de temps avant de reprendre :

Donc par quoi allons nous commencer...Quand, je t'ai appelé tout à l'heure Kévin, tu disais que c'était la routine, il n'y a vraiment aucun élément qui puisse nous faire avancer ? Un peu de nouveauté ne ferait pas de mal. Quels dossiers avez-vous traité ce matin ?

Sinon ce n'est pas grave, sortez les billets pour cet après-midi on se fait un poker ! Faut bien justifier son salaire, dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Et sur le terrain, la pêche a été bonne ou vous êtes revenus bredouilles ?

Je n'en dis pas plus et sirote ma boisson puis continue de manger.