Salle réunion équipe spéciale GANG

Le regard vide, je me perds dans mes pensées tous les nombreux éléments des rapports d'expertises se mélangeant dans mon esprit. Un vilain rictus qui se dessine sur mon visage ne présage rien de bon : sans plus d'indications concernant l'homme que nous recherchons, nous sommes clairement dans une impasse...

Je m'enfonce sèchement dans mon siège me valant un froncement de sourcils ainsi que des tiraillements abdominaux et pectoraux. Je gonfle les joues d'air et expire. Je porte ensuite mon gobelet aux lèvres puis en le reposant me lance enfin :

Bon...analysons ces rapports aux vues des éléments que nous avons déjà déduit. Un bon point : les rapports d'expertises ne démentent aucun éléments que nous avons pu avancer à tête reposée. Outre le fait que je me sois visiblement planté sur l'identité de Xiang Terkhn que j'ai pu confondre avec un Yakuza.

Je me redresse et pose mes avant bras sur la table, un nouveau rictus de douleur se lisant sur mon visage. Je suis obligé de me masser le pectoral gauche avant de poursuivre :

Comme nous avions pu le repérer nous-mêmes, il y a bien 3 types d'armes différents et parmi eux des pistolets mitrailleurs (Berreta M12) et pistolets (double Desert Eagles et Berreta 87). Je corrige néanmoins d'emblée les schémas que je vous ai dessiné ce matin. Notre homme était armé de doubles Desert Eagles et non de Berreta. De facto les autres armes appartenaient probablement aux Yakuza.

Tout en me corrigeant je ressors les transparents et les fais circuler. J'ai la flemme de me lever et surtout, mon corps n'en a pas la force.

En ce qui concerne le couteau gravé, nous pouvons observer qu'il s'agit d'une sorte de rituel, d'une signature. Nous pouvons donc désormais effectivement écarter la piste du coup monté. Ces crimes ont bien été commandités par le gang des Black Wolves.

Passons aux victimes si vous le voulez bien. La victime qui m'intéresse le plus dans cette enquête est Chiyo Wasrikah. Pourquoi cet homme en particulier ? Tout simplement parce que c'est lui que le meurtrier a demandé à voir. Et croyez-moi, ce n'est pas pour la qualité de son canard laqué, non, ça c'était un prétexte pour le faire sortir de ses cuisines. Avouons toutefois, qu'il s'y est pris comme un pied, sans vouloir faire de jeu de mot, pour obtenir ce qu'il voulait. Je ne suis même pas certain qu'il ait reçu satisfaction, les Yakuza étant intervenus beaucoup trop rapidement. A l'heure actuelle il doit encore se faire passer un savon par son employeur.

Je me frotte le menton et poursuis :

Pourquoi a-t-il utilisé le couteau de cuisine plutôt que celui des Black Wolves à votre avis ? Si vous vous souvenez de ce que je vous ai dit ce matin, cet homme étant un raciste envers les chinois, il a tout simplement voulu le saigner comme l'on saigne les porcs. Voilà ce qui s'est passé dans la tête de notre homme à cet instant précis.

Je fais un tour de table du regard tout en buvant à nouveau avant de reprendre ma réflexion :

Si vous me suivez toujours, venons-en au mobile. Qu'est-il venu faire ? Nous en avions conclu qu'il était en mission pour le compte des Black Wolves, il n'est pas seulement venu pour saigner et décapiter sa victime pour son plaisir personnel, bien qu'on y devine une certaine fierté de sa part.

Vue l'énergie qu'il a mis dans son chef d'oeuvre, il est certain qu'il n'était pas envoyé en tant que négociateur mais plutôt en guise de sanction. Ce Chiyo possédait un objet de valeur qui appartenait aux Black Wolves. Pourquoi un simple cuisinier possédait-il un bien appartenant à ce gang ?

Réfléchissez quelques secondes...C'est un cuisinier certes, mais n'a-t-il pas une particularité en tant que propriétaire d'un restaurant chinois ?

Mon regard se tourne vers Lee. Un sourire se dessinant sur mes lèvres, mes yeux brillants :

De quelle origine êtes-vous Lee ? Et en tant que tel ne parlez-vous pas un dialecte commun entre la culture chinoise et japonaise ? Bien que vos langues soient différentes, ne vous comprenez-vous pas mutuellement ne serait-ce que dans les grandes lignes ?

Puis j'en reviens aux faits :

Tout cela pour dire que, selon moi, ce Chiyo était soit un informateur, soit un intermédiaire. Un intermédiaire de quoi ? Je n'en sais rien mais sans doute était-il en relation avec les Yakuza.

Puis je me tourne vers mon père cette fois-ci :

Et toi papa, ne m'avais-tu pas fait part d'une question concernant les Black Wolves et les Yakuza ce Week End ? Ne soupçonnais-tu pas un lien entre eux ? Et si je te disais que ce lien était assuré par Chiyo Wasrikah. Qu'en déduirais-tu ?

Je m'arrête là et attend des réflexions.

J'ai un haussement de sourcils lorsque Lee me traite indirectement de raciste. Puis le voilà qu'il répond enfin à ma question. Tant mieux, parce que je n'ai rien dit de vexant à mes yeux. je réponds lui faisant simplement un signe de tête :

Merci Lee pour vos précisions qui confirment la thèse de l'intermédiaire.

Puis mon père comme pour confirmer ma pensée est prêt à faire infiltrer un de nos hommes chez les Black Wolves et semble l'avoir déjà tout trouvé : Abigail. Je dois avouer que la réponse de l'intéressée m'étonne un peu. Je fais non de la tête avec des claquements de langue avant de répondre à la place de mon père :

C'est le gang des Black Wolves que nous envisageons d'infiltrer pour retrouver la trace de notre homme Abigail. Et il est hors de question que nous envoyons Lee dans la gueule du loup, notre spécialité n'est pas les attaques-suicides. L'envoyer sur place serait signer son arrêt de mort. Il sera plus utile sur d'autres terrains que celui-ci.

En revanche en ce qui concerne votre dossier à tout le moins ce qu'on m'en a rapporté, vous êtes vous-même experte en infiltration Abigail n'est-ce pas ? Le danger fait partie de votre quotidien et vous savez la jouer fine quand il le faut comme tout bon expert en infiltration qui se respecte n'est-ce pas ?

Un léger sourire entendu puis je continue :

Nous cherchons les raisons des relations entre les Black Wolves et les Yakuza, et de facto les raisons de l'attaque sournoise de la nuit dernière. Ce matin vous sembliez-vous même intéressée par le sujet puisque vous aviez émis des hypothèses intéressantes qui se sont révélées exactes. Nous comptons mettre à profits vos talents pour résoudre cette affaire. Vous travaillerez en parallèle avec Kévin qui lui, cherchera à retrouver des traces informatiques anciennes expliquant les relations entre les Black Wolves et les Yakuza. De votre côté vous serait au coeur du système, et vous avez toute notre confiance et carte blanche pour soutirer le maximum d'informations possibles concernant à la fois l'architecture actuelle du gang et l'affaire de l'intermédiaire.

Vous aurez un peu de temps pour vous préparer. Des questions ?

Lorsque mon père parle de professionnalisme et du rejet de l'amateurisme au sein de l'équipe j'approuve intérieurement, à vrai dire j'allais le dire moi-même, mais je savais très bien que Abigail prendrait la mouche et j'estime que nous avons beaucoup trop de travail pour se permettre de se disperser pour si peu de choses.

Mon regard intense va de l'un à l'autre. C'est un regard qui en dit long, qui n'a pas besoin d'être accompagné d'une quelconque remontrance. Puis, m'adressant ensuite à l'ensemble de l'équipe, je clos le débat sur l'infiltration des Black Wolves :

Bien. L'étape de l'infiltration du gang des Black Wolves étant réglée, il faut maintenant anticiper sur un plan B qui sera également complémentaire avec la mission incombant à Abigail. Nous devons épuiser toutes les pistes, et pour cela j'ai besoin d'un groupe d'intervention pour aller interroger les proches de la victime concernant le trafic au sein duquel elle a trempé.

Nous risquons d'avoir besoin de vos services Lee.

Puis, me tournant vers Sam :

Il en est de même pour vous Sam, il va nous falloir toute une panoplie de commissions rogatoires pour des interrogatoires en cas de résistance ainsi que pour des perquisitions. Je sens que nous allons faire une jolie découverte dans cette affaire...

Vous pensez pouvoir faire jouer vos relations pour nous obtenir ces clefs de voûtes ?

Puis mon regard se fixe sur nos deux tireuses d'élites :

Marianne, Lucie ?

L'énonciation de leurs simples prénoms avec une interrogation devraient éveiller leurs sens du terrain.

Ton équipe reste silencieuse, et c'est seulement après avoir regardé ton père qui a hoché la tête suite à tes propos qu'ils encaissent tes demandes et tes ordres. Visiblement, tu es encore loin d'avoir le dessus sur eux... Lee commence à feuilleter ses notes puis regarde quelque chose sur l'ordinateur de Kévin qui est occupé à taper quelque chose sur un autre.

Mais patron, vous voulez interroger la famille de ce Chiyo ?... A part pour les hommes blancs tués, personne n'est venu pour reconnaitre les autres corps. Je veux bien aller mener mon enquête, mais je doute que ce cuisinier ait une famille s'il traitait avec les yakuza. Il avait l'air loin d'être bête selon ce que vous dites de lui. Je le vois mal s'embarquer dans ce genre de relation stable s'il fait du trafic. Bref, j'irais voir quand même.

Sam soupire doucement, elle fait la moue à ta question puis répond finalement,

Oui, je verrais ce que je pourrais faire Bryan. Ne vous en faites pas.

Elle te vouvoie encore, peut-être n'ose t-elle pas encore te tutoyer comme les autres membres de ton équipe, qui se la jouent cool. De toute façon, cette demoiselle tu as du mal à croire qu'elle est la soeur de O'Malley. Ils sont tellement différents... Pas physiquement, juste au niveau du caractère. L'une travaille, l'autre se dissipe... Amusant.

Marianne et Lucie, lèvent les yeux vers toi, et c'est celle qui t"a sauvé la vie qui te répond :

Nous allons nous organiser avec Paul, et O'Malley. Je pense que nous irons sur le terrain pendant que vous, Sam, Kévin et Abi quand elle ne sera pas avec nous bosseraient dans la salle. On se tiendra au courant via nos portables.

Vous discutez encore un peu de votre future organisation, et finalement, tu remarques que c'est enfin l'heure de partir. Libération, tu as besoin de te reposer, ton père range le dossier et les rapports correctement. Il te propose un café avant de partir, puis O'Malley arrive, et vous invite à aller dans un bar avec Sam pour se détendre un peu. Sa sœur grince un peu des dents mais elle ne lui refuse pas l'invitation. Vous filez donc vers un bar assez sympathique de Manhattan.[Mode libre]

Abigail, alors que tu t'apprêtes à sortir pour aller te relaxer dans ta chambre d'hôtel, tu entends comme une sorte d'agitation à l'extérieur de la salle, et Paul sort de son bureau, il écoute ce que lui dit un officier puis il te désigne de la tête avant de repartir vers son bureau et de s'y enfermer.

Excusez moi, Officier...Jones ! Il y a eu un meurtre sur Staten Island, et vous devez vous y rendre avec des membres de votre équipe pour aller jeter un œil, il semblerait que ça concerne les gangs encore. Lucie, Marianne et Kévin sont toujours là, ils hochent la tête, et Marianne enfile son long manteau en cuir noir avant de dire :

Allez, on décolle, c'est parti pour les heures supp' Abigail !


Adieu soiréeee tranquille et reposante....!

Voyant que Bryan ne souhaite pas relever les remarques désobligeantes qu'a tenu son père vis à vis de moi et que ce dernier semble camper sur ses positions, je détourne mon regard et me concentre sur les autres membres de l'équipe.
Saleté de journée ! N'importe quoi ! J'hallucine de voir un tel... un tel... Oh et puis merde ! Je veux même plus y penser tant ça me prend la tête cette histoire. Il va voir si je fais pas du bon boulot, il va voir un peu le Dean Summer à qui il a affaire. Et le fils Summer également. Lui aussi, il m'énerve à prendre ses grands airs, tout ça parce que monsieur ne veut pas d'égarements pendant qu'il parle et qu'on travaille sur des "missions" éventuelles ou des affaires quelconques. Pfff... Il me prend presque encore plus la tête que son crétin de père. Monsieur ne se sent plus parce qu'il vient de la crème de la crème à Quantico !
Tu parles ! Je ne veux même plus avoir à faire avec lui aujourd'hui, il me passe vraiment au dessus de ma tête. Les deux là : la famille Summer. Je comprends pourquoi on veut les surveiller, ce ne serait pas plus mal en effet si l'un de ces deux imbéciles se faisait tuer, ça enlèverait un crétin sur Terre. Ouais, c'est une bonne idée ça.

Revigorée par cette simple pensée, je porte une attention particulière aux réponses de mes camarades. Bien, je ne semble pas être la seule à ne pas forcément accepté la pseudo autorité de Bryan. Bien, bien. Cela me fait un grand plaisir !
Je l'ai bien vu quand il a repris la parole que ce n'était qu'avec l'approbation de Dean qu'ils ont bien voulu l'écouter et accepter ses ordres. Intéressant, le petit Summer a du mal à garder une autorité complète sur le groupe. Hum... C'est à enregistrer quelque part ça, ça pourrait être amusant de monter une ou deux personnes de l'équipe contre lui, juste pour l'embêter un petit peu... Non, c'est pas que je sois de mauvaise humeur mais c'est clair que ça a du mal à passer les petites remarques de tout à l'heure.
Enfin, je pense que c'est bientôt l'heure de la libération ! Ouais ! Une bonne douche bien chaude et hop un repos bien mérité dans ma petite mais non moins confortable chambre d'hôtel ! J'ai hâte de pouvoir me délasser et oublier cette journée, enfin non, disons plutôt cette après-midi.

Toute contente, je commence à me diriger vers la porte de la salle une fois la réunion terminée et Bryan, Dean, Sam et O'Malley, qui est revenu, partis du NYPD. Je me surprends même à imaginer un bon repas en plus d'une bonne douche quand, alors que je franchis la porte, j'aperçois Paul qui me lance un regard.
Euh... Non, non, non ! J'ai fini ma journée là ! Je regarde derrière moi pour voir qu'il reste encore Marianne, Lucie et Kevin dans la salle quand un agent du NYPD s'approche de moi et m'annonce la mauvaise nouvelle. Et voilà ! Je le savais !
Pitié ! Je voulais juste me reposer moi ! Mais soupirant, j'accepte sa demande. Puis je me retourne vers la salle de réunion. Marianne est déjà prête à partir, elle enfile son manteau et m'annonce que des heures supp' m'attends. Cool ! Je suis avec Marianne en plus ! Pourquoi c'est pas Lucie? Enfin, je lui adresse un petit sourire, l'air de dire, ok, allons-y ! Mais intérieurement je vois juste ma soirée toute tranquille s'éloigner à vitesse grand V...

Ok ! Mais c'est toi qui conduit, tu connais le chemin après tout. Je te suis, allons-y !

Allez haut les cœurs ! Peut-être que ça me permettra de faire un peu plus connaissance avec la tarée de la gâchette? Et puis, je suis censée visiter la ville et comme l'a si bien dit Lucie au centre d'entrainement, ce n'est qu'en allant en intervention qu'on peut le faire ! Elle m'a assuré que c'était un excellent moyen, autant jouer mon rôle jusqu'au bout, non?
Je suis donc Marianne, résolue à faire du bon travail et à faire connaissance.

vers Staten Island

Mercredi, 9h58.

Vous êtes enfin réunis ou presque. Il manque Lee, Sam et O'Malley à l'appel. L'absence de Lee ne t'étonnes pas Bryan, vu la mission que tu lui as confié, il semblerait qu'il soit allé sur le terrain pour récolter les informations que tu lui as demandé.

En regardant un peu mieux sur la table tu remarques un emploi du temps qui te signale que le mercredi, jeudi et vendredi (l'après midi seulement pour ce jour) Sam n'est pas là pour t'aider. Néanmoins, tu as aussi la grande surprise de voir que tu as toutes les autorisations que tu lui as demandé. Elle aurait travaillé hier soir, après votre séparation ?

Donut's et cafés sont au rendez vous, et lorsque vous êtes tous assis sauf les absents, Lucie commence,

Après votre départ, Bryan, Dean, O'Malley et Sam... Nous avons été appelé pour une affaire de meurtre sur le terrain des Little Dolls, soit Staten Island. Là bas, nous avons découvert un homme mutilé dans une chambre d'hôtel- Sunny Place, dans North Shore. Puis nous avons trouvé le gardien égorgé avec le matériel vidéo détruit sans compter la seule témoin ayant vu notre homme réellement couvert de sang morte dans le coffre de sa voiture.

Après enquête, nous avons découvert que...

Elle jette un regard à Marianne puis celle ci enchaîne, ne laissant pas en placer une à Abigail. Visiblement elles sont un peu en colère contre toi Abi. C'est vrai que tu as tout fait dans ton comportement pour qu'on te laisse partir, manque de professionnalisme : 2.0.

Donc, nous avons découvert qu'une certaine Mila Starton louait la chambre où ce Monsieur Garry Leman a été retrouvé assassiné. Après interrogatoire, nous avons appris que quelqu'un lui avait volé son téléphone portable, ce qui est véridique- elle sort le papier prouvant la perte ou le vol de l'objet et le met devant tes yeux Bryan- et elle nous a ensuite avoué ce qui se devinait tout de suite, vu son comportement qu'elle était l'amante du journaliste.

Nous nous sommes ensuite rendu à son domicile fixe où nous avons annoncé la nouvelle à sa femme qui n’était pas du tout au courant de cette liaison et de ce qu’il faisait à Staten Island depuis quelques temps.

Plusieurs caméras dans les quartiers, commerces environnant l’ont filmé sur l’île. Rien de bien intéressant.
On peut sans doute penser que son meurtre est dû à sa manie à fouiner dans les affaires des gangs. Mais pourquoi s’en être pris à lui maintenant et pas avant ?

Nous avons retrouvé sa voiture carbonisée dans une ruelle abandonnée. Et aucunes de ses affaires n’a été retrouvée. Sur place, nous avons retrouvé un couteau des Little Dolls et une signature, une emprunte d’animal.

Elle pousse vers toi un sachet en plastique qui renferme les pièces à convictions et Kévin tourne l’un de ses ordinateurs vers toi pour te montrer le portrait robot de l’homme.

Il semble être très intelligent mais soit il a paniqué soit on l’a dérangé. La taille de chaussure 46 ne correspond pas du tout au physique que nous a donné la gamine à l’hôtel… C’est celle qui l’a aidé à se déguiser, elle a cru que c’était un nouvel employé…

Devant toi, défile ensuite les photos prises sur le lieu du crime, les morceaux de doigt, le corps mutilé, le visage de la victime, ses paupières brûlées, le corps du gardien baignant dans son sang, les machines pulvérisées, la femme dans son coffre de voiture…Bon appétit.

I y a un calepin et un crayon près de ton père, si tu veux prendre des notes en plus de celles de ton ordinateur ou bien pour faire autre chose avec, libre à toi… Dessiner la scène du crime ou bien te mettre dans la tête de l’homme. Chinatown semble être mis en pause maintenant.

Nouvelle journée, nouvelle affaire. Malgré la nouvelle tragédie, je suis heureux d'avoir quelque chose d'autre à me mettre sous la dent, l'affaire de Chinatown étant en stand by le temps d'avoir les informations que j'ai demandé. A ce propos, je suis agréablement surpris de voir que Sam n'ait pas chômé après notre séparation pour me faire parvenir toutes les autorisations.

Littéralement ankylosé suite à l'entraînement de la veille, je limite mes gestes à mon bras allant du portable au gobelet de café et à tourner la tête lentement à l'encontre de mes interlocuteurs(ices) au gré de leur prise de parole. La peau de mes tempes et de mon occiput se tendent au fil des éléments que j'ingurgite d'une traite. Visiblement, ils ont besoin de mes services pour interpréter les éléments qu'ils ont relevés. Le regard que je leur rends est pleinement révélateur de la cogitation cérébrale que je mène en même temps.

Le déplacement étant trop douloureux, je me fais faire passer les pièces à conviction tandis que je fixe les photos de la scène et le portrait sur l'écran. Je reste silencieux, laissant mes hommes pendus à mes lèvres en attente de mon verdict puis je prends notes des éléments essentiels de ce qui m'a été rapporté

Eléments pour le crime :

- Garry Leman : Mort assassiné avec lame des LD signé patte d'animal dans une chambre d'hôtel sur le territoire des Little Dolls à Staten Island. Fouineur ?
- Gardien de l'hôtel : Egorgé dans la salle de contrôle. Matériel informatique détruit.
- Témoin : Flagrant délit de l'assassin de la victime principale. Assassinée et enfermée dans son coffre de voiture.
- Mila Starton : Amante de Gary Leman. Pas témoin de la scène du crime. (?)+ Vol portable déclaré.
- Voiture de Garry Leman brûlée dans une ruelle.
- Employée de l'hôtel : Aide le meurtrier à se faire passer pour un Groom.
- Meurtrier présumé : membre des LD, "intelligent", 1m75 (V. portrait robot)

Conclusion préliminaire :

La chambre d'hôtel scène du crime a été louée au nom de Mila Starton amante de Garry Leman, habitué des affaires de gangs. Il doit avoir été mené en filature par un membres des LD expert en ce domaine afin de lui permettre de connaître toutes ses habitudes. Garry a été puni pour ses fouilles mais doute pour ce seul motif.

L'employée de l'hôtel a agi étrangement, elle aurait dû passer par son supérieur hiérarchique. Complice ou abusée ? La signature du meurtrier semble être significative. Il a dû travailler son plan à la perfection avant de le mettre en oeuvre sans tout pouvoir prévoir néanmoins tel que le témoin qui l'a vu s'enfuir dans les parking avec la voiture de Garry (explication de l'abandon dans une ruelle). Il n'est pas forcément intelligent mais surtout rusé, la patte est donc celle d'un renard.

Travail d'équipe : L'homme ne pouvait pas s'enfuir avec les affaires de Garry sans attirer l'attention des employés et encore moins détruire la salle de contrôle après avoir tué le gardien. D'autant plus que la pointure 46 appartient rarement à un homme de cette taille.

Je relève la tête, prends une grande gorgée de café et me lance à mon tour rompant le silence qui respectait ma concentration :

Vous avez fait du bon travail. Voici les premières analyses que je peux apporter à l'affaire : Pour répondre à votre interrogation concernant l'élimination tardive de Garry Leman, Marianne, je vous dirai que cet homme ne devait pas être uniquement un expert pour fouiller dans les affaires du gang mais il devait être en liaison avec eux, probablement contre son gré. Le gang des Little Dolls a souhaité le faire chanter et c'est pourquoi ils ont mis un spécialiste de la supercherie à ses trousses, en filature. Ce dernier a découvert sa liaison adultérine avec cette Mila Starton, s'est arrangé pour faire voler son portable (qu'il n'a certainement pas volé lui-même, trop risqué) et a utilisé son portable pour donner rendez-vous à sa victime dans un hôtel. Rusé n'est-il pas ? -J'insiste bien sur le mot rusé-

Je m'humecte mes lèvres, récupère le sachet où se trouve le papier signé de la patte d'un animal la pointant du doigt :

La patte d'un renard, un indice pour nous montrer que les LD savent se montrer subtiles. N'est-ce pas ainsi que procèdent les détectives ?-J'effectue un tour de table du regard-.

Je me frotte le front puis reprends :

Rusé oui, mais jusqu'à quel point ? Jusqu'où est-il capable d'agir seul ? L'employée de l'hôtel, quelqu'un l'a-t-il interrogée ? Etait-elle complice de notre renard ou a-t-elle réellement été sous son influence ? En quel cas cet homme, en plus d'être rusé serait autoritaire sur les civils...

Quoiqu'il en soit, à la vue des éléments que nous avons, je peux d'ores et déjà vous affirmer à 95% que le meurtrier présumé, aussi rusé soit-il, a été forcé de détaler en vitesse au volant de la voiture de Garry Leman. Le fait qu'il ait été vu par la défunte lui a sans aucun doute fait subir un choc émotionnel et le pousser à laisser de grosses preuves derrière lui tel que les enregistrements vidéos.

C'est à ce moment qu'intervient le travail d'équipe : de retour au bercail, il annonce la mauvaise nouvelle au gang qui dépêche sur place des hommes de mains pour effacer les traces, ou la plupart d'entre-elles dont les données de vidéo surveillance et l'élimination du témoin.


Je termine mon gobelet et demande aimablement à mon père de m'en préparer un deuxième et je continue :

Viennent maintenant mes interrogations :

- Que sait-on exactement de ce Garry Leman ? Quelle profession exerce-t-il ? Quels sont ses hobbies ? Quand les exercent-il ?

- Mila Starton est-elle restée inactive jusqu'à l'annonce de la mort de son amant ? N'a-t-elle pas tenté de l'appeler à un moment donné ne serait-ce que pour lui annoncer la perte de son téléphone ? Si oui, n'a-t-elle pas remarqué un changement de comportement de son amant ?

- Pourquoi l'employée de l'hôtel lui a-t-elle fait confiance ? Que se rappelle-t-elle exactement de la scène ? S'est-elle rendue à un moment ou un autre dans la chambre de la victime permettant une reconstitution la plus fidèle possible de la scène ? Est-elle la seule à avoir été approchée par cet homme ?

Et enfin une incohérence de taille : Le meurtrier présumé mesure 1m75 donc pèse gros maximum 80 kilos alors que la victime à la vue de la photo, est d'un tout autre gabarit. Voici donc ma question : Comment a-t-il pu le maitriser sachant qu'il n'était armé a priori que de ce couteau ?-Je secoue le sachet-.La victime ne s'est-elle pas défendue ? ou si elle ne le pouvait pas, pour quelle(s) raison(s) ? Si elle a été assommée, avec quoi ? Et enfin comment a-t-elle pu être positionnée sur le lit de la sorte ?

Voilà les questions qu'il fallait se poser et surtout celles concernant le meurtre de l'homme en question. Qui s'est chargé d'enquêter en profondeur sur ce meurtre ? Vous êtes-vous posé ces questions et si oui quelles réponses pouvez-vous m'apporter ?

Je m'arrête là et regarde tour à tour, comme à mon habitude les membres de l'équipe attendant une réaction de leur part.

J'étais déjà étonné par la réaction de Abigail à l'égard de Lucie et Marianne mais lorsque cette dernière répond à sa réplique, non, lui crache son venin au visage suivi d'une violence que je ne lui avais encore jamais connu en dehors du terrain, je suis complètement sur le cul. Heureusement que Kévin a eu le réflexe de soulever mon portable parce que je n'étais pas en état de le faire. Je le remercie avant d'embrayer pour tenter de calmer les tensions :

Je vois que chacun a sa vision des choses et qu'il campera sur ses positions. Ce sont des choses qui peuvent arriver au sein d'une équipe, ce n'est rien. On va nettoyer tout ça et reprendre l'affaire calmement avec les éléments que nous avons.

Pour les règlements de comptes, je préfèrerai que cela n'aie pas lieu en pleine réunion si vous le voulez bien. Chacun d'entre-vous sera convoqué individuellement puis conjointement afin de mettre cela au clair au plus vite et d'éviter que cela n'entache l'ambiance au sein de l'équipe ainsi que son harmonie.

Je les laisse nettoyer car je n'ai pas la force de me lever pour faire le ménage, une fois assis, mes douleurs s'amenuisent, mais si je me lève je sens que ça va se réveiller :

Bien. Avant de vous libérer quelques instants, j'aimerais que l'on mette au clair quelques points de l'enquête afin que je sache où nous en sommes exactement. On va donc recommencer par le début : Que sait-on de la victime mis à part le fait qu'elle était journaliste visiblement spécialiste des "enquêtes" sur les gangs ? Quels éléments d'information avez-vous pu tirer de Mila Starton ainsi que de la Groom ?

Dean soupire d'un air un peu excédé lorsque tu continues à enfoncer le clou en leur faisant des remarques sur ce qu'elles auraient du faire mais il laisse passer vu que tu t'excuses derrière. Même, si, ça n'a pas l'air très sincère. Plus par obligation.

Les deux filles s'excusent du coup, elles aussi, à contre cœur, sur le même ton que toi. Puis elles gardent le silence. Dean s'installe à la place de Bryan, récupère le dossier, le relis, un instant puis lève les yeux vers vous. Il attend quelque chose visiblement.

Lucie prend son calepin et se rapproche de toi, avec Marianne. Allez, on repart ! Elle glisse son carnet sous ton nez, tu peux lire de son écriture fine ce que Bryan a demandé tout à l'heure :

Citation :

- Que sait-on exactement de ce Garry Leman ? Quelle profession exerce-t-il ? Quels sont ses hobbies ? Quand les exercent-il ?

- Mila Starton est-elle restée inactive jusqu'à l'annonce de la mort de son amant ? N'a-t-elle pas tenté de l'appeler à un moment donné ne serait-ce que pour lui annoncer la perte de son téléphone ? Si oui, n'a-t-elle pas remarqué un changement de comportement de son amant ?

- Pourquoi l'employée de l'hôtel lui a-t-elle fait confiance ? Que se rappelle-t-elle exactement de la scène ? S'est-elle rendue à un moment ou un autre dans la chambre de la victime permettant une reconstitution la plus fidèle possible de la scène ? Est-elle la seule à avoir été approchée par cet homme ?

Visiblement, Dean ne semble pas du genre à vous donner la réponse comme ça. Il veut de la réflexion et des hypothèses. Tu peux poser des questions à voix basses à tes collègues. Quelqu'un frappe à la porte et on demande Dean, votre chef se relève et vous dit :

Vous avez une heure et demi avant que je ne revienne. Je veux que cette affaire soit rapidement bouclée.

Kévin est toujours là, si vous avez besoin de lui. Il va falloir monter un dossier béton. Retour à l'école de police ? Visiblement oui.